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LA FRAUDE ET LE VIN

Sur cette page sont exposées les affaires les plus médiatisées des dernières décennies sous forme de copies d'articles de presse ou de délibérations de tribunaux.

1) Préambule : Ce que l'on boit aujourd'hui quand on croit boire du vin (1883)

2) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes - faits marquants sur les fraudes liées au vin (2014)

3) Corse (1960-70)

4) Bordeaux LE VIN AMER DES CHARTRONS (1973)

5) SICA DU VAL D’ORBIEU (1989)

6) Scandale au bourgogne frelaté (2000)

7) Languedoc – Edmond Balmefrezol - Un juteux trafic de vin tourne au vinaigre (2001)

8) AOC et châteaux : fraude à Bordeaux (2001)

9) L'affaire GEENS (2002 à 2016)

10) L'affaire RIEUX (2006 à 2012)

11) Le faux pinot – Languedoc (2010)

12) L'affaire Rudy Kurniawan (2014)

13) Les Vignerons de la Méditerranée (2014)

14) Une affaire de fraude aux vins secoue la Bourgogne (2016)

15) Fraude dans le vignoble bordelais : un millésime relevé à l'acide sulfurique (2012)

16) Bordeaux - Fraude au « vin de lune » (2016)

17) Liber Pater : le créateur du vin de Bordeaux le plus cher condamné pour escroquerie (2016)

18) Stanziani Alessandro, « La falsification du vin en France, 1880-1905 : un cas de fraude agro-alimentaire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2/2003 (no50-2), p. 154-186.

19) Un exemple de pseudo-fraude : les vins espagnols commercialisés en toute légalité par la Grande Distribution française. "Sur l'étiquette, l'origine ne prête pas à confusion". (2017)

20) La "francisation" : le consommateur est coupable et aime être berné.

21) 1855.com : pendant plus de neuf ans, le site spécialisé dans les vins de Bordeaux a vendu des bouteilles dont il ne disposait pas.

22) Raphaël Michel (Vaucluse, 2017) : mise en examen pour escroquerie et fraude en bande organisée.

23) Les fraudes invisibles.

24) Bordeaux 2017

25) Romanée Conti 2017

26) Vignobles de Lorgeril 2017

27) Suisse 2018

28) Côte d'Or 2018

29) Commission européenne_Centre de connaissances-2018

30) Bordeaux et Christophe Robert 2018

31) Bordeaux et l'affaire Ferrer 2018

32) Bordeaux et Château Giscours

33) Fraude dans les CHR 2017

34) Fraude à l'étiquetage et chantage à l'emploi dans le Var.

35) Francisation de vins rosés espagnols.

36) Hardy Rodenstock

37) Dérèglementation : capsules représentatives de droits (CRD) et déclaration de récolte (DR)

38) Fraude fiscale

39) Fraude en Italie (2019)

40) L'optimisation fiscale de Pierre Castel

41) Le brandy français

42) Bordeaux, AOC et vins de table

43) Bordeaux, l'affaire Grandeau

44) Bordeaux, l'affaire Maucaillou

45) Bordeaux, les frères Médeville

46) Valdepeñas (2020)

47) LIDL (2015-2020)

48) Bordeaux, Ducru-Beaucaillou et Lagrange, 2021

49) Guillaume Ryckwaert (côtes-du-rhône, châteauneuf-du-pape)

50) Italie. Dénonciation d'une vaste fraude portant sur des vins de table, 1986

51) Autriche. Le scandale du vin autrichien frelaté au diéthylène-glycol, 1985

52) Saint-Brieuc : fraude à petite échelle, 2021

53) Bordeaux (2014-2015-2021)

54) Bordeaux (juillet 2022)

55) article de l'UFC Que Choisir (septembre 2022)

56) Bordeaux (octobre 2022)

57) Champagne (2020-2021)

58) Bordeaux (janvier 2023)

59) Faugères - Languedoc (mai 2022)

60) Bordeaux : 1973-2023 : anniversaire

61) Champagne - 2023

62) Rappel : l'affaire Rodenstock

63) Rappel : cinq arnaques du monde du vin

 

1) Ce que l'on boit aujourd'hui quand on croit boire du vin (1883)

1) Ce que l'on boit aujourd'hui quand on croit boire du vin (1883)

 

2) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes
Faits marquants sur les fraudes liées au vin - 27/06/2014

La DGCCRF recherche les fraudes à tous les niveaux et à tous les stades de la filière des vins et spiritueux ; les jugements récents ou plus anciens témoignent de cette surveillance tous azimuts.

Quelques exemples de faits marquants…

A la production

Le gérant de deux exploitations agricoles (SCEA) a falsifié des vins sous AOC en les aromatisant avec du jus de cassis, alors que cela est interdit. Il avait par ailleurs dissimulé dans des caves et cuves cachées, des vins non déclarés. Ce vin était destiné à être vendu directement de manière clandestine, ou détenu à titre de complément de récoltes déficitaires.

Les délit de tromperie (détention de vins non déclarés), détention de vin falsifiés et falsification par aromatisation ont été retenus contre le gérant qui s’est vu condamné à 1 an d’emprisonnement avec sursis et 37 500 euros d’amende. Les deux SCEA ont été condamnées respectivement à 150 000 et 50 000 euros. L’importance de ces sanctions aura probablement un fort impact en termes de prévention.

Au négoce

Ne pouvant honorer les contrats qu'il avait passés par l'entremise d'un courtier, ce négociant avait préféré tricher et avait vendu, entre 1994 et 1997, environ 15 000 hl de crus bourgeois du Médoc, sous de faux millésimes, de fausses appellations de crus bourgeois. De plus, certains de ces vins avaient été coupés avec des vins du Languedoc-Roussillon pour donner, selon l'intéressé, du « gras » et de la couleur aux médocs et hauts médocs. Ce négociant a été  condamné en 2005 à 18 mois de prison, dont huit avec sursis, ainsi qu’à des peines d'amende et des pénalités douanières s'élevant à 1 million d'euros.

La cour d'appel a également condamné les six négociants qui avaient commercialisé ces vins en considérant qu'il leur appartenait de vérifier la véracité des mentions figurant sur l'étiquetage : « l'absence de contrôle de la part de professionnels établit l'élément intentionnel du délit ». Si les six négociants ne peuvent être tenus pour responsables des assemblages illicites effectués à leur insu, en revanche, ils devaient vérifier la véracité des mentions indiquées sur l'étiquette telle que « mis en bouteille au château ».

Les magistrats de la cour d'appel ont considéré que ces circonstances matérielles auraient dû conduire les négociants à effectuer un minimum de vérifications. La justice a tenu compte de l'importance que revêt la mention de mise en bouteille au château pour le consommateur.

A la distribution

Sur fond de crise, l’offre et la demande se rencontrent parfois dans des niches d’économie souterraine, le vendeur cherchant à compléter ses revenus ordinaires, l’acheteur pistant «la bonne affaire».

Prenez ce «micro-entrepreneur» du vin mousseux de qualité (VMQ) qui s’est retrouvé devant le tribunal correctionnel. Au départ, un simple particulier ayant autrefois travaillé dans la restauration. Comment arrondir les fins de mois ? Et si on essayait, en lien avec la précédente activité, la revente de mousseux  en le faisant passer pour du «petit champagne» ? Il suffirait de peaufiner le stratagème, de trouver le fournisseur et de se constituer une clientèle crédule. L’enquête menée chez le fournisseur de VMQ et auprès de la quinzaine de clients habituels du démarcheur clandestin permit de mettre au jour un trafic portant sur 60 000 bouteilles au minimum, étalé sur plusieurs années. La marge brute par bouteille avoisinait 1,50 €. L’intéressé retirait systématiquement l’étiquetage d’origine selon une technique éprouvée. Peu avertis et fidélisés, les clients pensaient déguster du «surplus de production de champagne» et profiter d’un bon rapport qualité/prix.

Les contrôleurs de la DGCCRF travaillent en soirée : lors d’un contrôle d’une boîte de nuit, il est rapidement apparu que les bouteilles Champagne de maisons prestigieuses vides étaient « rechargées » avec des mousseux sans appellation, rebouchées avec un petit bouchon et stockées en chambre froide, tout comme des vodkas et whisky de grandes marques étaient « re »remplies avec des produits standard de marque distributeur.

L’étude de la comptabilité a confirmé ces pratiques, montrant que la quantité d’achats de vodka de qualité et de prix inférieurs était sans commune mesure avec les rares achats de vodka de marque et qu’il en était de même pour les mousseux et Champagnes. L’examen des factures a montré que le vin mousseux utilisé pour la fraude était acheté 2,70 € la bouteille alors que le prétendu champagne de marque était revendu aux consommateurs 250 € la bouteille.

 

A l'importation

En 2005, la DGCCRF intervenait chez un importateur français pour faire déboucher 230 000 bouteilles de vins bulgares falsifiées par de la glycérine de synthèse, indice de fabrication de vin artificiel,  et les faire réexpédier en Bulgarie pour des usages industriels. Les mauvaises habitudes ne se perdent pas puisqu’en 2013 les services de contrôle allemands signalaient le transit par le port de Sète de citernes entières de vin bulgares présentant la même falsification, réexpédiés par l’importateur français, de bonne foi, chez un embouteilleur allemand.

En 2011, l’attaché agricole de l’ambassade d’Afrique du sud à Paris s’étonnait de la vente en France d’un vin de ce pays présenté comme Pinot rosé, alors qu’il n’y  avait eu aucune exportation d’un tel vin. Les vérifications faites en France et  en Belgique ont montré que c’est au débarquement au port d’Anvers des vins en vrac que l’importateur belge, fournisseur du négociant français qui devait embouteiller les vins, avait rajouté sur les documents accompagnant ces containers de vin d’Afrique du Sud rosé le nom du cépage « Pinot ». A défaut de pouvoir prouver la culpabilité de l’embouteilleur, tous les vins en stock ont été immobilisés pour ré-étiquetage.

A l'export

A la suite du film Sideways, les consommateurs s’étaient épris des vins de cépage Pinot.

Les importateurs US exigeaient toujours plus de ce précieux cépage de la part de leurs fournisseurs de vins de pays du Sud de la France, qui ont fini par fournir sous l’étiquette « Pinot » des vins de même type mais élaborés à partir d’autres cépages.

Les enquêtes ont démontré qu’avaient été vendu plus que ce que tout le Languedoc pouvait produire avec ce cépage. 250 000 hl de cépage frauduleux avaient ainsi été expédiés outre Atlantique en 3 ans. La cour de cassation a confirmé en 2013 la condamnation des responsables des sociétés impliquées dans ce trafic.

 

Source :

http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/faits-marquants-sur-fraudes-liees-au-vin

3) Corse années 1960-70

Le 27 février 1974, au terme d'une enquête de cinq mois, le service de répression des fraudes livre une information stupéfiante : on a fabriqué en Corse du vin sans raisin.

Voici la recette : faites venir d'Italie des moûts concentrés ; ajoutez du sucre, de l'eau et de l'acide sulfurique dilué ; vous obtenez un petit vin corse pour un prix de revient de 0,25 F et un prix de vente de 2 à 3 F selon l'étiquette.

Certains viticulteurs se sont contentés de sucrer des vins à faible teneur d'alcool ; d'autres ont utilisé de la glycérine pour stabiliser leur breuvage.

Ces pratiques ne sont pas nouvelles : à Limoges, en 1961, un ingénieur chimiste avait fabriqué du vin avec du sucre, de l'acide tartrique, des levures, du noir animal et de l'eau, tandis qu'un viticulteur italien, neuf ans plus tard, avait utilisé des extraits de bananes, de dattes et de betteraves, le tout étant finalement soumis à un traitement chimique à base de chloroforme.

Source :

http://www.larousse.fr/archives/journaux_annee/1974/378/faits_divers

Dans l'ouvrage « Le piège d'Aleria », qui sera publié en décembre, Edmond Simeoni affirme : « occuper la cave, c'était accomplir un acte de salubrité publique en braquant les projecteurs de l'actualité sur le scandale, pour obliger l’'Etat à appliquer la loi ».

Voici en tout cas les projecteurs braqués sur le scandale, et bien braqués ! Si ce n'est pas nouveau, c'est totalement différent. Car le scandale du vin, en fait, a éclaté en 1961-62. La Corse n'était alors riche que de quelque 6 à 7 000 hectares de vignoble, produisant environ 200 000 hectolitres par an. Elle en avait possédé 30 000 au lendemain de la Grande guerre, que le phylloxéra, ici comme ailleurs, avait ravagés. Pour pallier les difficultés des viticulteurs, le Parlement avait en 1926 voté une loi autorisant la chaptalisation sur l'ensemble du territoire national puis, progressivement, en avait abrogé les dispositions dans les pays du sud de la Loire. La Corse, dont le vignoble n'avait pas été reconstitué, et qui bénéficiait, de surcroît, d'une législation particulière — héritage des fameux décrets du Premier Empire — avait été oubliée. La mise en valeur progressive de la Plaine orientale, l'arrivée des rapatriés d'Algérie, la prise de conscience des agriculteurs insulaires et les retards apportés dans l'irrigation des terres défrichées avaient pour conséquence majeure la plantation de vignes de préférence à d'autres spéculations. Corollaire inévitable : le choix d'encépagements à haut rendement et la production de moûts de 7 à 10 degrés. Des moûts qui, la loi le permettait expressément, pouvaient être enrichis par simple adjonction de sucre et portés à 12 ou 13 degrés. Dès lors, forts de leur expérience, les rapatriés pouvaient se lancer à la conquête des marchés français et faire prendre aux vins corses le relais de la production algérienne. Car dix ans plus tard, en 1971, la superficie du vignoble atteignait 30 000 hectares et la production 1 500 000 hectolitres. Grâce à la chaptalisation, contre laquelle les viticulteurs du Midi lançaient une offensive victorieuse, aidés par les petits viticulteurs corses enfin admis aux appellations d'origine contrôlée, il était établi par un rapport très officiel qu'avec du sucre et des œnologues, on produisait artificiellement autant de vin qu'avec 12 000 hectares de vignes.

Les textes législatifs abrogés, le problème demeure : 40 millions de manque à gagner si la loi est appliquée ! En 1972, on ferme les yeux. En 1973, voici les premiers remous et les inspecteurs de la brigade nationale des fraudes, tandis que l'on introduit dans l'île et du sucre en fraude et des moûts concentrés d'Italie en bonne et due forme. Le 26 février 1974, le « vin corse » est à la « une » de tous les journaux et les commentateurs de la télévision en font des gorges chaudes. Songez donc, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, songez qu'en Corse on sait (aussi) fabriquer du vin sans raisin ! Il suffit pour cela de produits chimiques — glycérine, acide sulfurique, oenocianine — de sucre et d'eau ! En attendant le procès des « chimistes du vin », qui viendra fin décembre 1975 et début janvier 1976 devant le tribunal de Bastia (les fraudeurs seront naturellement condamnés par application du Code pénal), le scandale éclabousse les producteurs de vins corses d'AOC et VDQS, les négociants qui commercialisent le « Vin corse », mais ne pénalise guère ceux qui tirent profit de la vente de vins de coupage.

17 juillet 1975. L'affaire des vins falsifiés rebondit à la suite du dépôt de bilan de COVIREP, société continentale qui commercialise une partie des vins insulaires. L'ARC tient conférence de presse, explique comment « les grands colons du négoce n'ont plus voulu ap­paraître en première ligne », laissant le soin à COVIREP « d'agir à leur place, servant ainsi d'écran et de couverture ». Mais le système de « cavalerie financière » mis sur pied s'effondre avec le dépôt de bilan. Conséquence : les producteurs ou vinificateurs corses qui ont reçu des effets de commerce ne seront pas payés s'ils les ont conservés en portefeuille, ou bien devront rembourser les banques lorsqu'ils les ont présentés à l'escompte. Arriti consacre le 25 juillet deux pages au scandale sous le titre évocateur : « Vinaccia : colons fora ! » (vinasse : colons dehors D. A Corté, le 17 août, Christian Mondoloni parle longuement de « la politique agraire colonialiste de l'Etat français », de l'aide prioritairement apportée aux rapatriés et de l'effondrement d'une politique « économiquement aberrante » qui, dit-il, « risque de ruiner cinq à, six cents petits et moyens viticulteurs et de servir d'alibi à une nouvelle politique de récupération des terres à très bon compte, bien entendu au détriment des Corses ».

La FDSEA, de son côté, ne reste pas inactive. Elle dénonce elle aussi le scandale et les trafics. Le 19 août, en plein boulevard Paoli, à Bastia, des camions transportant des moûts concentrés italiens sont bloqués et leur chargement répandu sur la chaussée.

Aleria, 21 août, 7 h. 15. Edmond Simeoni et sept militants de l'ARC occupent la cave Depeille, bâtie à l'écart de la route nationale

 

Source :

http://www.interromania.com/corsu-cismuntincu/impara-u-corsu/documentu/aleria-una-storia-doghje-1-10439.html?versione=francese

Extrait de Paul SILVANI
Corse des Années Ardentes (1939 – 1976)
EDITIONS ALBATROS
14, rue de l'Armorique -PARIS XVe

4) Bordeaux

Lundi 27 août 1973

LE VIN AMER DES CHARTRONS

Des fraudes sur "l'appellation" des vins, c'est banal. Mais pas quand les coupables font partie des plus vieilles familles de négociants de Bordeaux.

HERVE CHABALIER Le Nouvel Observateur

Il y a deux mois, le 28 juin, huit inspecteurs de la brigade de surveillance des services fiscaux se présentaient au 124, quai des Chartrons, à Bordeaux. Un immeuble vieillot, grisâtre et cossu, qui abrite l'une des maisons de négoce de vins les plus célèbres de la ville. Une plaque sobre et discrète indique dans une formule surprenante "Cruse et Fils Frères". Le siège de la famille Cruse, le fin du fin de l'aristocratie du bouchon. Une dynastie de négociants, bâtie à coups de tonneaux depuis plus de deux cents ans ; chiffre-d'affaires : huit milliards d'anciens francs. Une maison qui caracole en tête des exportateurs de vins de Bordeaux.

Pour les contributions indirectes, en tout cas, un client à manier avec des pincettes. Pourtant, les polyvalents, après présentation de leur carte (on montre toujours sa carte en arrivant chez Cruse, que l'on soit journaliste, flic ou fonctionnaire...), annoncent qu'ils viennent, comme chaque année, procéder à l'inventaire, bloquent toutes les issues, commencent à fouiner, bref, se comportent en gens mal élevés. Lionel Cruse, P.-D.G. et chef de famille, intervient. Il retient mal son émotion, son indignation. De sa voix rauque, il explique : "Nous avons deux mois de retard dans nos livraisons, nous sommes à la veille des vacances, vous ne pouvez faire un inventaire sérieux dans ces conditions. Revenez au mois d'août." Il menace même : "Si vous insistez, je mets deux cents employés des chais à pied et vous pourrez ainsi faire vos vérifications." Les polyvalents repartent, non sans emporter quelques documents et en notant "Opposition à fonction".

Une insulte au clan

Mais dans le quartier des Chartrons, cours de Verdun, cours Xavier-Arnozan où fleurissent les hôtels XVIIIe siècle, rue de la Verrerie, les grandes familles du négoce du vin décident de réagir. Car, pour elles, outrage il y a. La famille Cruse (prononcer Crouse), fleuron de la haute société protestante, fournit en vins de Bordeaux toutes les ambassades de France, la Compagnie des Wagons-Lits, sans parler des meilleurs restaurateurs installés à New York, Londres, Stockholm ou Tokyo. Une affaire de famille irréprochable. Les Cruse sont aussi propriétaires de vignobles prestigieux dans le Médoc, et Lionel, le P.-D.G., assure les fonctions de consul de Finlande (à Bordeaux, les grands négociants tiennent la plupart des consulats marchands). L'intervention des polyvalents, peut-être un peu sèche, devient une insulte faite à toute une catégorie sociale, la plus haute, la plus riche, la plus snob. Les Chartrons, ces grands négociants en vins venus de Grande-Bretagne, d'Allemagne ou de Hollande au XVIIe siècle, s'appellent Varton, Fischer, Lawton, Schyler, Cruse, De Luze, se marient entre eux, fréquentent le "club" pour le bridge, la villa Primerose pour le tennis, la Saint-Nicholas Church pour le culte, affichent volontiers, même aujourd'hui, un accent anglo-saxon et se mêlent le moins possible aux autres Bordelais. Bref, le clan.

Le 13 juillet, le syndicat des négociants bordelais, émanation du clan, se réunit et proteste « contre les intolérables suspicions et les méthodes des agents du fisc ». En fait, depuis le jour de l'intervention des polyvalents, la maison Cruse n'a reçu ni signification ni nouvelle visite des agents du fisc, encore moins une quelconque inculpation. Fin de la première partie.

Appellation trafiquée

Dans le même temps, on apprend que la brigade spéciale des contributions indirectes vient de découvrir une importante affaire de fraude sur les vins de Bordeaux. La rumeur s'amplifie en passant de la rue Sainte-Catherine à la place Gambetta. Comme toujours, les ragots les plus fantaisistes circulent. Peu à peu, le mécanisme de la fraude se précise, les noms des responsables aussi. Un négociant de Saint-Germain-de-Grave achetait soit du vin du Languedoc, soit du bordeaux ordinaire, le faisait passer par ses chais et le revendait à d'autres négociants sous forme de bordeaux origine d'appellation contrôlée, un vin beaucoup plus cher. Le trafic porte sur vingt mille hectolitres (trois millions de bouteilles). C'est beaucoup. On avait toutes les apparences de la légalité. Le négoce du vin est strictement régularisé en France. Lorsqu'il sort de la propriété ou se promène d'un négociant à un autre, il est toujours accompagné des papiers de régie, les "acquits de mouvement" , qui indiquent quantité et qualité du vin. Le vin acheté par la société Balan de Saint-Germain-de-Grave circulait donc avec des acquits "vin courant". Une fois dans les chais du négociant fraudeur, les papiers étaient subtilement trafiqués. Le vin de consommation ordinaire rebaptisé vin d'appellation contrôlée partait alors, en toute légalité, vers certains gros négociants de Bordeaux.

L'homme orchestre est un courtier, Pierre Bert. Un ancien négociant en vins de Barsac où il possédait, il y a une quinzaine d'années, une très grosse affaire employant trois cent cinquante personnes. A la suite d'une première histoire de fraude, il doit liquider son négoce. Assailli par le fisc, condamné à six mois de prison avec sursis, il se convertit alors et s'installe comme courtier mais reste toujours aussi peu scrupuleux. Il y a trois mois, il est impliqué dans une affaire d'enrichissement de moût de raisin. Peu importe, il continue et monte une société bidon, met un homme de paille à sa tête, dont il devient le salarié comme courtier.

Pierre Bert travaillait-il-pour lui ou pour certains gros négociants de Bordeaux qui, en l'incitant à créer une affaire de paille, pouvaient profiter d'un trafic illicite tout en conservant les apparences de l'honorabilité ? Manifestement, les enquêteurs du fisc penchent pour la deuxième hypothèse, d'autant que Pierre Bert, interrogé par les contributions indirectes, a fait preuve d'une étonnante volubilité. Il s'est mis à table goulûment.

La dette de Chaban

Et voici que l'on reparle à nouveau des Chartrons. Du côté de la direction départementale des services fiscaux, on doute fort que certains clients de Bert — en particulier — n'aient pas été au courant de la qualité réelle des vins qu'elle achetait, ou alors "ce serait inquiétant pour elle". Tout le monde, à Bordeaux, connaît le nom de cette "vieille famille", un secret de polichinelle que les exigences de la loi interdisent de publier. Car il faut des preuves. Pas facile. Aucune analyse, ou presque, ne permet de détecter le coupage d'un vin s'il est bien réalisé et les documents comptables de la maison soupçonnée indiquent que le vin provenant de chez Pierre Bert a été acheté au prix du bordeaux appellation contrôlée. Le fisc affirme avoir d'autres preuves et poursuit son enquête minutieusement car il y a, au bout, des centaines de millions lourds escroqués par usurpation de l'appellation d'origine.

Reste l'exploitation politique du scandale. L'acharnement de quelques polyvalents, tous de Bordeaux (contrairement à certaines indications, aucun n'était descendu de Paris), fait dire ici et là : Giscard d'Estaing continue son offensive, après l'affaire Dega, contre Chaban-Delmas dans une perspective "horizon 76". Et Pierre Bert, qui me reçoit complaisamment, confie que le patron de la brigade de surveillance des indirectes lui a avoué : "Vous, vous ne m'intéressez pas." Le courtier s'étonne aussi que l'on parle d'une seule maison de Bordeaux alors qu'il livrait du vin à d'autres grands Chartrons. La lettre dite "confidentielle" d'un mensuel économique indique même : "C'est une des cinq affaires que le ministre des Finances veut sortir contre le maire de Bordeaux d'ici à l'élection présidentielle." Voire. Mais la ficelle paraît grosse. Ce mensuel fait partie d'un groupe de presse dont le propriétaire a des raisons personnelles de haïr Chaban.

Assurément, Jacques Chaban-Delmas doit beaucoup aux Chartrons et il leur est resté très lié. C'est grâce à eux, au lendemain de la Libération, qu'il est devenu maire de Bordeaux. Depuis, les Chartrons le soutiennent. Le 9 octobre 1972, au château d'Issan, Mme Emmanuelle Cruse reçoit des mains de l'ancien Premier ministre la Légion d'honneur. Il déclare : "Je n'oublierai jamais ce que vous avez fait pour moi quand je suis arrivé à Bordeaux." Lors de chaque bataille électorale, les Chartrons aident généreusement la campagne du candidat Chaban. Les soirs d'élections, Chaban s'enferme dans son bureau du palais Rohan, l'hôtel de ville de Bordeaux, pour écouter et analyser les résultats du scrutin. Quatre personnes seulement l'entourent, dont le père et le fils Lawton, de prestigieux Chartrons. Dans le bureau à côté, où sont admises une vingtaine de personnes au maximum, les Cruse attendent. Peut-on reprocher pour autant au député de Bordeaux d'être responsable des faiblesses de certains de ses amis ? C'est aller un peu vite. Mais, bizarrement, on reparle aussi, en Gironde, des ennuis survenus il y a quelques années à un négociant, membre du conseil municipal, qui sucrait un peu trop son vin.

"De la dynamite"

Officiellement, les fonctionnaires minimisent le trafic frauduleux : "Ce n'est pas l'affaire du siècle." Confidentiellement, ils chuchotent : "Vous maniez de la dynamite." Alors ? En attendant, le climat se pourrit. Les producteurs, aucunement impliqués dans cette fraude, commencent à trouver le silence de l'administration un peu lourd et regrettent l'attitude du procureur de la République qui a le dossier mais ne le transmet pas, pour l'instant, au parquet. "Tous les vins de Bordeaux vont être suspectés, disent-ils, si les coupables ne sont pas connus." D'autant que les journalistes qui enquêtent découvrent que la manipulation du vin par sucrage excessif, coupages divers, coloration à l'oenocyanine — un colorant extrait du raisin — se pratique fréquemment. Des négociants avouent : "On trafique tous." Un spécialiste des problèmes viticoles explique : "Le négoce est fait pour corriger les choses mais point trop n'en faut."

Pierre Bert, décidément loquace, rigole doucement. Il insiste : "A Bordeaux, 90 % du négoce et 50 % de la propriété sont fraudeurs." Il précise : "Deux cent mille ou trois cent mille hectolitres de vin du Languedoc arrivent à Bordeaux chaque année : ils passent bien quelque part." Propos évidemment excessifs et qui s'expliquent par une haine profonde accumulée depuis vingt-cinq ans contre les Chartrons. Une très mauvaise publicité, alors que le vin de Bordeaux atteint des prix prohibitifs et que la clientèle commence à le bouder. Pourtant, cette année, la récolte s'annonce copieuse et de qualité. Producteurs, courtiers et négociants espéraient bien profiter, cette fois encore, des cours très juteux des vins de Bordeaux. Les Chartrons, eux, se voilent dignement la face. HERVE CHABALIER Le Nouvel Observateur

Pierre Bert - In vino veritas - L'Affaire des vins de Bordeaux - Editions Albin Michel

Pierre Bert - In vino veritas - L'Affaire des vins de Bordeaux - Editions Albin Michel

Le Winegate, cette affaire oubliée qui aurait pu ruiner le vignoble bordelais
Alors que les vins de Bordeaux jouissent d'une aura incontestée, l’affaire de 1973, aussi saisissante par son ampleur que par son écho médiatique, a bien failli abîmer une région viticole, qui a préféré oublier ce sombre chapitre de son histoire.
Par Agathe Pigneux
Publié le 18/11/2023
Source : https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o156939-le-winegate-cette-affaire-oubliee-qui-aurait-pu-ruiner-le-vignoble-bordelais

Tout commence par un excès de confiance. Le 28 juin 1973, Lionel Cruse ferme la porte au nez des inspecteurs de la brigade de surveillance des services fiscaux de l'État, descendus inopinément au 124 quai des Chartrons pour l’inventaire annuel du siège de la maison de négoce. Au prétexte d’un retard sur les commandes, le maître des lieux les enjoint d’aller voir ailleurs. Il n’en faut pas plus pour éveiller la suspicion, laquelle se transforme en inculpation, après qu’une cellule annexe du fisc a découvert la fraude à l’étiquette perpétrée par un courtier devenu tristement célèbre : Pierre Bert. Depuis son fief de Saint-Germain de Graves, petite commune de l’Entre-Deux-Mers, l'ancien négociant manifestement pas chauvin, commercialise sous les appellations Pomerol et Saint-Emilion, du vin du Languedoc et du Médoc bon marché. Alors que le millésime 1973 s’annonce exceptionnellement prodigieux, après que la raréfaction des récoltes l’année précédente avait entraîné la flambée des prix, cette promesse lucrative est entachée dès l’été par le début de la révélation d’une des plus grandes fraudes de l’histoire de Bordeaux

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L'affaire Cruse ou le Winegate

Il n’est pas sûr que s’inspirer de Richard Nixon soit toujours une bonne idée. En matière de politique étrangère, pourquoi pas ; sur les planches ou devant la justice, mieux vaut peut-être penser à quelqu’un d’autre. Lorsqu’il est accusé de contrefaçon en 1973, alors que le scandale du Watergate fragilise le président américain tout juste réélu, Lionel Cruse compare son sort à celui de Nixon. Qu’à cela ne tienne, nous n’étions pas encore là pour le prévenir du danger. C’est donc à lui que l’on doit le «Winegate», non seulement parce qu’il est au cœur de l’affaire, mais surtout parce qu’il popularisa l’expression, convaincu de l’innocence du président accusé, comme de la sienne. Dans certains cabinets, et sur d’autres divans, on parlerait de lapsus révélateur.

Une fois Nixon condamné et conduit à démissionner de ses fonctions, la comparaison devient douteuse. Toutefois, la famille Cruse, fine fleur de l’aristocratie du bouchon, propriétaire d’une des plus célèbres maisons de négoce de la ville, reste convaincue d’être salie à tort. Premier exportateur de vins de Bordeaux, la maison fournit toutes les ambassades de France, la Compagnie des Wagons-Lit, les meilleurs restaurants des grandes capitales et contribue ainsi largement au rayonnement du Bordelais. Aussi, il n’est pas si aisé de s’y attaquer, d’autant que leurs confrères participent au front et dénoncent, par la voix de leur chambre représentante, «les intolérables suspicions et les méthodes des agents du fisc». Sans le savoir, en accusant les inspecteurs venus pour un contrôle de routine, ils se trompent de cible. La flèche qui courbe la tige de bois pour les atteindre est tirée d’un autre arc, tenu par ceux qui ont découvert l’escroquerie orchestrée par Pierre Bert. La fraude à l’étiquette de ce modeste courtier nourrit l’appétit des agents de l’État, qui se retrouvent, malgré eux, au cœur d’une des grandes batailles politiques de l’histoire de la droite, alors divisée face à la menace mitterrandienne ; celle qui oppose Valéry Giscard d’Estaing et Jacques-Chaban Delmas, l’un candidat du FNRI, parti orléaniste, et l’autre de l’UDR, parti gaulliste. Il est fort à parier que cet arrière-fond-politique est la cause de la grande médiatisation de l’affaire à l’époque, qu'il est étonnant de découvrir à l'heure où l'affaire a déchu dans les limbes. 

Neuf mois d'investigation suivis de près par la presse 

Si le courtier s’étonne que l’on s’intéresse seulement à une seule des maisons qu’il fournit, les observateurs de la vie politique sont moins surpris et d’aucuns prédisent le coup à venir du ministre des Finances, désireux de faire tomber son rival bordelais, qui pourrait être aisément mis à mal par la condamnation de ses précieux soutiens du quartier des Chartrons. 

Jacques Chaban-Delmas doit beaucoup à l’aristocratie du négoce, dont l’influence facilita son entrée à la mairie, chose que le maire, une fois élu, n’oubliera pas, continuant d’entretenir des rapports étroits avec les Lawton et les Cruse, invités dans son bureau du palais Rohan, les soirs d’élections. Si cette proximité avec le pouvoir local est d’abord gage de protection, c’est aussi un fard un peu tapageur qui suscite l’intérêt. Dès les prémices des investigations, la presse amplifie l’affaire. Le Canard Enchaîné, hebdomadaire aussi libre que le suggère ironiquement son nom, titre à la une de son numéro d’août 1973 : «Fraude généralisée à Bordeaux». Là, il n’est pas question d’humour. Le 31 août, Le Monde emboite le pas du palmipède, et révèle l’avancée de l’investigation des agents de la répression des fraudes, qui ont «la certitude que 15 000 à 20 000 hectolitres de vins du Midi ont été «baptisés» vins de Bordeaux entre mars et juin 1973». Cette information obtenue des confessions de Pierre Bert braque ainsi les projecteurs sur les Cruse, à qui il vendait des vins aux étiquettes falsifiées après transformation des acquits-à-caution, document administratif à valeur de certification de qualité, qui encadre la circulation du vin, du producteur au courtier, et jusqu’au négociant. 

Du tribunal correctionnel à la cour d’appel, une révision étonnante du jugement 

Le procès correctionnel s’ouvre en octobre 1974. Sur le banc des accusés, 18 inculpés sont amenés à comparaître. Dans le réquisitoire définitif établi par le procureur de la République du tribunal de grande instance de Bordeaux, les chefs d’accusation sont clairement établis : «Pierre Bert, commissionnaire en vins, voulait se débarrasser de ses stocks de vin rouge de consommation courante. Il a proposé des échantillons à la maison Cruse. Ces échantillons ont fait l'objet d'une dégustation de la part de M. Yvan Cruse, directeur commercial. Les dirigeants de la maison Cruse ne semblent avoir fait aucune observation quant à la qualité des vins et ont accepté la livraison desdits vins, sous leur dénomination d'A.O.C. rouge. Plusieurs marchés ont successivement été conclus». Pour toute défense, Yvan Cruse, cousin et bras droit du dirigeant de la maison, assure «n’avoir pas été capable de distinguer un Saint-Émilion d’un gros rouge», et reconnaît avoir «peut-être été un peu léger». La défense est un peu facile, mais elle se tient. Hélas, en face, il y a Robert Badinter, et l'avocat d'expérience ne goûte pas trop le coup de la naïveté. Nul n’est censé ignorer la loi, et quand on commercialise du vin, mieux vaut être certain que l’étiquette corresponde au contenu. À l’issue du procès, Ivan et Lionel Cruse sont déclarés coupables de fraude, et condamnés à verser plus de 11 millions d’euros de dommages et intérêts. Les prévenus contestent la décision, et parviennent miraculeusement à effacer leur condamnation.

Alors que les quatre jours d’audience en appel n’apportent aucun élément nouveau, la Cour décide de faire preuve d’une clémence surprenante, effaçant par là le scandale bordelais, considéré, après tout, comme une fraude comme une autre. Chacun voit midi à sa porte, et encore plus, quand on est pressé d’aller déjeuner. La vision du pendule est parfois biaisée par l’intérêt, et il s’agissait là de faire taire une affaire aux répercussions déjà importantes, dans un contexte de surproduction et de décrue des ventes des vins de Bordeaux. Si cette révision du jugement peut surprendre, l’essentiel est ailleurs. Grâce à la découverte de cette fraude qui a contraint les Cruse, propriétaire des châteaux Issan et Lauzac, de céder Pontet-Canet,  le meilleur encadrement de l’étiquetage et la mise en œuvre d'une réglementation sur la traçabilité du produit ont permis de mieux lutter contre la fraude, cependant que les démêlés judiciaires et la lumière peu flatteuse de l’exposition médiatique subie par la famille, ont sûrement convaincu ceux qui seraient tentés de manquer de vigilance, de redoubler de prudence. C'est un poncif éculé, mais d'évidence, le parcours le plus court vers le succès ne marche pas en ligne droite. Et il faut savoir se déplacer pour mieux voir ce qu'il convient, non pas de suivre, mais d'esquisser. Dans la vie, c'est souvent le rôle dévolu aux aînés, dans le monde professionnel, il incombe aux premiers de cordée. Leurs débuts peuvent être brouillons ; qu'importe, ces dessins tracent une voie. Quelque part, la protection accrue des vins de l'appellation, doit aujourd'hui beaucoup aux Cruse et aux balbutiements passés.

5) Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu- 1989

3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu
3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu

3 février 1989 - Tribunal de Grande Instance de Narbonne (Aude) : FRAUDE SUR LES VINS - Michel Raynaud, directeur de la SICA du Val d'Orbieu

6) Scandale au bourgogne frelaté

par David J. Straus avec TF1
le 30 décembre 2000 à 00h00 , mis à jour le 09 janvier 2001 à 04h35.

 

A Beaune, dix personnes sont mises en examen pour une escroquerie portant sur plusieurs dizaines de milliers de bouteilles contenant des grands crus coupés au vin de table tandis qu’une grande chaîne belge de supermarchés doit retirer de ses rayons des milliers de bouteilles de faux champagne.

Pour trouver l’ivresse, qu’importe le flacon, certes, mais pas son contenu ! A Beaune, le quotidien Le Bien Public a révélé cette semaine la mise en examen de dix personnes dont trois négociants en vin pour un trafic portant sur plusieurs dizaines de milliers, peut-être plusieurs centaines de milliers, de bouteilles de bourgogne.

Au début de décembre, le patron de la Sedivip, une maison de négoce beaunoise, et le gérant de la Société bourguignonne d’embouteillage se voient reprocher par la justice la vente frauduleuse de grands crus bourguignons allongés avec des vins du Midi. Du nuits-saint-georges au pommard premier cru, la plupart des grandes appellations de Côte-d'Or sont concernées. Les négociants utilisaient des syrah et des alicante pour rehausser le goût et la couleur de leurs produits frelatés.

Du vinaigre

 

La société Sedivip a livré à un autre négociant beaunois, Manoir de la Bressandière, un stock de meursault coupé à 30% au vin de pays d'Oc. L'enquête montre alors que des étiquettes de grands crus sont apposées sur des bouteilles de bourgogne générique. La société s'est aussi spécialisée dans l'achat de vieux vins, destinés aux vinaigreries, qu'elle vendait après les avoir mélangés à du vin de table. Deux autres sociétés de négoce, Goichot et Léglise et Fils, sont impliquées dans ces falsifications. La dernière venait d'effectuer une expédition de bourgogne sans millésime étiqueté vosne-romanée 1990 lorsque les policiers ont inspecté ses dossiers.

Pas de risque pour la santé

Pour Bernard Hudelot, viticulteur et professeur d'oenologie à l'université de Dijon, de telles affaires n'ont "rien d'étonnant: les vins sont très chers et il y a toujours des gens peu scrupuleux". "Le problème en Bourgogne, c'est que les viticulteurs travaillent à flux tendus et ne font plus que des vins jeunes car il faut des années pour faire un vin. Or, les amateurs de bourgogne cherchent des vins vieux", explique-t-il. Alors certains choisissent de tricher.

Contacté par TF1.fr, Hubert Camus, président de l'Union générale des syndicats pour la défense des producteurs des grands vins de Bourgogne (UGS), déplore cette fraude "qui sème le doute sur l’ensemble des 200 millions de bouteilles de bourgogne produites chaque année et ruine les efforts faits par les défenseurs des vins de la région". "Cette affaire ne met pas en cause des producteurs, remarque-t-il, mais des négociants, souvent nouveaux venus dans une profession dont l’accès n’est pas réglementé". "Heureusement, les produits frauduleux ne sont pas nocifs pour la santé : si les négoces n'avaient pas utilisé les appellations contrôlées, leurs mélanges auraient fait un très honnête vin de marque", conclut le responsable.

Un peu cher pour du mousseux

 

En Belgique, les escrocs n’ont pas fait dans la demi-mesure et s’en sont pris au plus prestigieux des vins. La société Vins Simon a rempli des bouteilles étiquetées Champagne J.Crinet d’un vin mousseux espagnol " dégorgé et réhabilité en champagne ". Mais le préjudice ne se limite pas là pour la chaîne de supermarchés Colruyt qui commercialise cette marque. Pour éviter toute confusion, l’enseigne a dû retirer toutes les bouteilles suspectes, y compris celles des autres fournisseurs non concernés par la fraude. Deux personnes ont été inculpées dans cette affaire qui porterait, selon le quotidien La Dernière Heure, sur plus de cent millions de francs.

Source : http://lci.tf1.fr/economie/2000-12/scandale-bourgogne-frelate-4875365.html

7) Un juteux trafic de vin tourne au vinaigre
Par Une escroquerie à la piquette italienne a été démantelée.
Béziers envoyée spéciale

A Béziers, capitale en berne de la viticulture languedocienne, Edmond Balmefrezol, 68 ans, dirigeant de Frigovins, est tout un symbole. Celui d'une viticulture encore abonnée aux gros volumes et à la piquette, aujourd'hui en crise. «Doudou», présenté aux enquêteurs comme un «voyou», est un homme précieux. Il est le seul négociant à savoir encore écouler les mauvais vins en les assemblant avec de moins mauvais. Un art qui a dérapé en une vaste escroquerie. Le 3 novembre, il a été mis en examen par la juge d'instruction dijonnaise Françoise Vautrin, pour «tromperie sur l'origine des vins commercialisés», «fausses factures» et «faux en écriture». Placé sous contrôle judiciaire, il est aussi interdit de gestion. «S'il ferme, ce sont les petits viticulteurs qui vont trinquer», murmure-t-on à Béziers.

Trafic. A l'autre bout de la région, à Carcassonne, Bernard Péré-Lahaille, et Denis Jaumot, directeur général et directeur des achats de l'Uccoar, un groupement de coopératives viticoles devenu, avec 1 milliard de francs de chiffre d'affaires, l'un des premiers acteurs du marché français, sont eux aussi des symboles. Ils incarnent le sursaut commercial d'une coopération rompue, elle, à l'art de vendre à la grande distribution. Placés en garde à vue par le SRPJ de Dijon, ces deux dirigeants risquent eux aussi une mise en examen.

Frigovins et Uccoar sont soupçonnés par la justice de s'être livrés, par l'intermédiaire de deux courtiers des Pyrénées-Orientales, Michel Parayre et Aimé Alavail, et d'un négociant bourguignon spécialisé dans les alcools, Laur-Ethan, tous trois également mis en examen, à un juteux et gros trafic de vins portant sur une dizaine de millions de francs (près de 1,5 million d'euros).

Négociants. Achetés en Italie, ces vins étaient revendus aux consommateurs comme vins de table français ou vins de pays. Une pratique courante, selon les viticulteurs qui ont fait de ces négociants la cible de leurs manifestations violentes. Les faits remontent au premier semestre 1999 et ont été reconstitués par le SRPJ de Dijon. Ils ont pour décor la pénurie d'alors des vins de table et vins de pays français, produits pour l'essentiel dans le Languedoc-Roussillon. En contact avec des négociants italiens, les dirigeants de Laur-Ethan ont l'opportunité d'acheter 160 000 hectolitres de vins de table italiens, soit l'équivalent de 20 millions de bouteilles. A l'autre bout de la France, Michel Parayre et Aimé Alavail cherchent pour leurs clients des vins de table et de pays. Par leur intermédiaire, entre janvier et septembre 1999, Uccoar se porte acquéreur de 60 000 hectolitres de vin, et Frigovins, de 106 000 hectolitres.

Seulement voilà, entre-temps, le vin de table italien est devenu, par un jeu d'écritures, vin de table français. Partis d'Italie, les 600 camions-citernes font une simple halte à Ruffey-lès-Beaune, siège de Laur-Ethan, et repartent, sans être déchargés, sur le domaine de Selicate à Capestang, lieu de stockage de Frigovins, ou Carcassonne. A Béziers, Frigovins, dirigé par Edmond Balmefrezol, se livre, en parallèle, à une deuxième tromperie, en «labellisant» les vins de table français en vin de pays. Les enquêteurs ont estimé à près de 6 millions de francs (0,91 million d'euros) le montant des bénéfices engrangés par Frigovins.

Prix bradés. Aucun des protagonistes n'a avoué. Les deux courtiers ont néanmoins admis qu'aucun professionnel du vin ne pouvait ignorer qu'il était à l'époque impossible de trouver sur le marché français de tels volumes. Les documents administratifs et les factures épluchés par les enquêteurs révèlent aussi qu'à tous les maillons de la chaîne, les vins ont été négociés à des prix en dessous de ceux du marché. Sur le site web d'Uccoar, on peut lire: «La volonté du groupe est d'assurer la pérennité et l'enrichissement des vins du Languedoc-Roussillon.».

Catherine BERNARD

http://www.liberation.fr/societe/2001/12/18/un-juteux-trafic-de-vin-tourne-au-vinaigre_387650

 

opnieuw fraude in bourgogne?

20/12/2001 | Door | Categorie: Oude site |

FRIGOVINS (Béziers) en UCCOAR (Carassonne) worden door de Franse Justitie verdacht van fraude met Italiaanse landwijn. Frigovins is in verdenking gesteld door de onderzoeksrechter Françoise Vautrin (Dijon) voor “valsheid in geschriften, valse facturen en vervalsing van de oorsprong van wijn”.
Edmond Balmefrezol, zaakvoerder van Frigovins, kreeg verbod om Frigovins nog verder te leiden en aldus is het bedrijf onder curatele geplaatst. In de filière worden ook nog twee courtiers, Michel Parayre en Aimé Alaval uit de Pyrénées-Orientales, verdacht en LAUR-EHTAN, een gespecialiseerde bedrijf (Beaune) in alcohohol en brandy’s in vrac.
(bron:
Libération)
De fraudezaak (ongeveer 900.000 euro) gaat blijkbaar verder dan Italiaanse landwijn om te zetten in Franse wijn, want in Dijon zou de gerechtelijke politie op een andere fraude gestoten zijn… Pierre Bitouzet, wijnhandelaar in Savigny-les-Beaune, zou wijn uit de Côtes du Ventoux en Côtes de Languedoc gebruikt hebben om Pommards, Cortons en Corton Charlemagnes te maken….
(bron: iacchos-list)

http://www.wijnidee.com/2001/12/20/opnieuw-fraude-in-bourgogne/

 

Vaknieuws

Omvang VdP-fraude wordt langzaam zichtbaar

BÉZIERS, 8 december - Langzaam maar zeker begint er enige klaarheid te komen in de enorme zwendel met Italiaanse tafelwijnen die de Franse justitie heeft bloot gelegd en waarvan Zuid-Franse Vins de pays-wijnboeren maar hopen, dat het niet het topje van de ijsberg is. Want imagoverlies en daardoor klantenverlies zou een extra slag betekenen voor veel van deze toch al in het nauw zittende bedrijven. Nu een groot deel van de Europese vins de tabel steeds moeilijker verkoopbaar blijken, komen ook de vins de pays door de neerwaarste prijzenspiraal in het gedrang.
Volgens commissaris Corderot van de speciale opsporingsdienst van de politie van Dijon Is inmiddels duidelijk geworden, dat in 1999 tot maart 2000 alleen al ruim anderhalfmiljoen liter Italiaanse tafelwijn is 'omgeboekt' tot Vin de Pays d'Oc, wat de fraudeurs een nettowinst opgeleverd moet hebben van bijna zes miljoen francs. De politie heeft inmiddels directeur Edmond Balmefrezol van Frigovin in Béziers gearresteerd, samen met twee handelaren (courtiers) uit de Pyrénées Orientales voor het zwendelen met een partij van ruim een miljoen liter Italiaanse tafelwijn. Bij het handelshuis Laur-Ethan in Ruffey-les-Beaune veranderde deze wijn op wonderbaarlijke wijze in VdP d'Oc. Ook hier heeft de politie huiszoekingen gedaan en arrestaties verricht. In afwachting van het proces heeft de politie de arrestanten inmiddels met afname van de identiteitspapieren en een buitenlands reisverbod naar huis gezonden. De overkoepelende organisatie van VdP-gebieden heeft de zwendelaars inmiddels civielrechtelijk aansprakelijk gesteld voor eventuele vervolgschade als gevolg van tanend koopgedrag. Maar zoals altijd geldt ook hier dat het van een kale kip lastig veren plukken is.

Read more:
 
 
http://slijtersvakblad.nl/Vaknieuws/808/omvang-vdp-fraude-wordt-langzaam-zichtbaar.html
 

artikel

Franse wijnboeren protesteren tegen import goedkope wijn
 

Horeca

BéZIERS – Meer dan vijfduizend wijnboeren hebben woensdag in de Zuid-Franse stad Béziers geprotesteerd tegen de import van goedkope wijnen en voor meer overheidssteun. Daarbij kwam het tot ongeregeldheden toen demonstranten de politie met stenen bekogelden en vuilnisbakken, bloembakken en een auto van de gendarme in brand staken. De politie zette waterkanonnen en traangas in om de betogers te verspreiden.

Een kleine groep betogers uit het wijngebied Languedoc-Rousillon richtte zijn woede in het bijzonder op de wijnfirma Frigovin. Daar ontstond aanzienlijke materiële schade. Frigovin en vier andere wijnbedrijven zijn momenteel onderwerp van een politieonderzoek naar fraude. De wijnhandels worden ervan verdacht goedkope wijn uit Italië verkocht te hebben als Franse wijn.

De wijnbouwers verzetten zich tegen de groeiende import van wijnen uit nieuwe wijngebieden als Australië, Argentinië, Chili en Californië. Die heeft tot gevolg dat zij met hun ‘vin de table’ en ‘vin de pays’ steeds minder kunnen verdienen en met overschotten blijven zitten omdat zij steeds minder kunnen exporteren omdat de nieuwe wijnlanden ook op de traditionele Franse exportmarkten oprukken.

De regering kondigde vorig jaar september maatregelen aan om iets aan die situatie te doen, maar volgens de wijnboeren is dat niet voldoende.

 

 

2001

http://www.lsa-conso.fr/aoc-et-chateaux-fraude-a-bordeaux,71578

8) AOC et châteaux : fraude à Bordeaux

Le 29 novembre 2001

Fausses mises en bouteille au château, étiquetages fantaisistes, une affaire de tromperie sur la marchandise jugée en catimini dans le Bordelais.

Le procès des faux vins de Bordeaux qui devait se tenir le 26 novembre devant la troisième chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux a été renvoyé au 18 février 2002 en raison de « l'état de santé », selon ses avocats, de l'accusé Jacques Hemmer, agent commercial pour une société viti-vinicole, domiciliée dans le Médoc.

L'homme est accusé d'avoir vendu à des négociants bordelais parmi les plus importants de la place (Dulong ; Ginestet ; Cordier, filiale de Val d'Orbieu ; CVBG ; les Grands Vins de Gironde...) des vins d'origine pour le moins incertaine. Certains vins issus de vignobles du sud de la France auraient été vendus sous étiquettes prestigieuses (Haut-Médoc, Saint-Julien...). Les faits, remontant aux années 1997 et 1998, ont été découverts par les services interrégionaux de la Consommation et de la répression des Fraudes (DGCCRF).

Les négociants bordelais qui se déclarent victimes d'une tromperie sur la marchandise ont déposé plainte. Affirmant leur bonne foi, ils estiment avoir été abusés par Jacques Hemmer, en qui ils avaient confiance et qui, de plus, travaillait avec leurs courtiers habituels. « Pour mon client [le négociant Dulong], cette affaire ne porte que sur 6 000 bouteilles vendues faussement sous le nom d'un château mais il s'agit bien d'une AOC », souligne Maître Lecoq.

400 000 cols seraient concernés

L'affaire, qui aurait porté sur un total de 400 000 bouteilles, soulève de nombreuses questions. À l'heure où chacun revendique une traçabilité parfaite, la filière n'aurait-elle pas fait preuve d'une certaine légèreté ? Interrogé par téléphone, Jean-Louis Roumage, le président du syndicat des AOC de Bordeaux, a déclaré n'avoir « jamais entendu parler d'une telle affaire ». À l'inverse, l'Inao (Institut national des appellations d'origine) s'est porté partie civile - comme il le fait automatiquement lorsqu'il y a fraude sur les AOC - et suit de près ce dossier jugé « complexe et important ».

L'audience qui se tiendra dans trois mois permettra certainement de mieux évaluer l'ampleur et les contours de ce trafic et, surtout, de cerner clairement les responsabilités de chacun.

 

Société Le 23 février 2002 à 22h23
Des vins de Bordeaux en eaux troubles

Soupçons de fraude, spéculation... trois affaires dans le monde vinicole.

Par NOCE Vincent

Bordeaux, envoyé spécial.

Pluie de mauvaises nouvelles dans le monde vinicole bordelais. Un distributeur, Jacques Hemmer, a été traduit, cette semaine, devant le tribunal correctionnel pour fraudes et publicité mensongère. Il lui est reproché d'avoir, de 1994 à 1997, écoulé des centaines de milliers de bouteilles de «faux châteaux, faux millésimes et fausses appellations». Les six grandes maisons de négoce de Bordeaux et un courtier figuraient parmi ses clients. Pour ne rien arranger, un négociant bordelais se trouverait dans un état financier critique, après avoir spéculé déraisonnablement sur les bordeaux du millésime 2000.

Mais une troisième affaire, qui risque de faire encore plus de bruit, en est à ses balbutiements. La semaine dernière, une vaste opération a réuni le service de répression des fraudes, la police judiciaire et les douanes. Les pandores ont débarqué dans une douzaine d'établissements pour y saisir des documents. En janvier, le parquet de Bordeaux a ouvert une enquête préliminaire sur des soupçons de fraudes sur les vins. Mais aussi d'infractions financières. Comme dans l'affaire Hemmer, la justice a agi sur dénonciation. Celle d'un ancien salarié d'un groupe belge, licencié le 2 juillet dernier pour faute grave après dix-huit ans dans l'entreprise. Affirmant être l'objet de menaces, il est placé sous surveillance. Ce groupe, dont le grand patron s'appelle Roger Geens, possède un bon millier d'hectares de vignobles dans six départements. Plus de la moitié en Gironde. Le reste en Languedoc-Roussillon, le Cognac et la Dordogne. Il a même lancé des micro cuvées de prestige, fort bien faites d'ailleurs, dans le Saint-Emilionnais. Mais son fonds de commerce, c'est plutôt le gros volume vers le Benelux.

Panoplie. Loin de la qualité des grands crus, les rendements étaient, semble-t-il, poussés au maximum. Ce qui n'empêchait pas de jouer sur les étiquettes flatteuses de «château», «Cadet Bragard», «Haut de Granjour» (côtes-de-bourg), «Hauterive» (médoc), «Vieux-Coutelin» (saint-émilion), «Grand Ferrand» ou «Bourdicotte-La Bruyère» (entre-deux-mers), «Domaine la Louisianne» dans le Cognac, «Château Sauvanne» ou «Domaine du Mouton» dans le Languedoc-Roussillon... Jusqu'ici rien d'illégal, l'invention de noms de marque plus ou moins évocateurs fait partie de la panoplie habituelle des distributeurs. Dans le Bordelais, il est ainsi admis d'appeler «château» le vin d'une terre qui n'a jamais vu de château. A condition de respecter certaines règles quand même...

Excédents. En l'occurrence, les services des fraudes comptent vérifier si des vins auraient pu transiter d'une appellation à l'autre, voire d'une région à l'autre, pour aboutir à des mélanges. Ce qui n'est pas non plus illégal en soi, à moins que la bouteille ne soit faussement étiquetée vin d'AOC, voire «château». Ils voudraient aussi vérifier que des excédents de récolte, dépassant les limites autorisées, n'aient pas pu ­ par mégarde ­ passer d'un domaine à l'autre...

Ce n'est pas tout. La brigade financière examine à la loupe une myriade de sociétés gravitant autour de ces vignobles. Le groupe serait ainsi organisé en une vingtaine de sociétés civiles d'ex ploitation agricole (SCEA) et immobilières (SCI): les SCEA Vignobles Rocher-Cap-de-Rive n° 1 (Saint-Emilionnais et Côtes-de-Castillon), n° 2 (Château Ferrand, dans l'Entre-deux-Mers, et Pontet-Chappaz, en Margaux), et n° 3 (le reste du Médoc, Vieux-Coutelin et Granjour). Pour simplifier, sans doute, la SCEA Rollet-Jarbin s'occupe de Château Bourdicotte (Entre-deux-Mers) et de la Louisianne... Quant aux SCI, elles s'appellent Granjour, Haut-Cadet, Frolande International... Sans compter les sociétés de négoce, Pontet-Ferrand et Berger du Vignal. Le tout remonte par une pyramide à des sociétés néerlandaises, BV Duvignal, Latim, Duméry et d'autres encore.

Roger Geens, qui se présente comme un «résident monégasque», se trouve au sommet du holding. Il n'y a rien d'illégal à avoir plusieurs sociétés, assure son bras droit, Guillaume Berckmans, le PDG de la SA Rocher-Cap-de-Rive. Interrogé par téléphone en Belgique, il s'avoue «très énervé par ces questions qui n'ont rien à voir avec les fraudes sur les vins. La presse va nous couler. Nous perdons la vente de centaines de milliers de bouteilles, alors qu'aucune accusation n'est portée contre nous par la justice».

La rationalité de cette nébuleuse de sociétés échappe au commun des mortels. Mais la police et le fisc aimeraient bien qu'on leur explique les déficits récurrents d'exploitation, qui permettent d'éviter l'épreuve désagréable des impôts.

Prêts. Il y a plus: la police et la justice s'interrogent sur des mouvements financiers échangés avec les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Andorre. Des transferts seraient comptabilisés comme des prêts, dont certains, en vingt ans, n'auraient toujours pas été remboursés. Les enquêteurs examinent ainsi de près le financement de la dernière acquisition importante du groupe, l'exploitation Jacques Blanc en Saint-Emilion, payée une trentaine de millions de francs (4,5 millions d'euros). Là encore, Guillaume Berckmans «s'énerve», mais ne nie pas que des emprunts n'ont pas forcément été remboursés. Quand on lui demande d'où venait cet argent, il dit «ne rien savoir» des transferts dans cet organigramme. Un peu compliqué, il est vrai.

 

http://www.ladepeche.fr/article/2002/02/19/148586-medoc-sept-negociants-juges.html

Publié le 19/02/2002 | La Dépêche du Midi

Médoc : sept négociants jugés

GRAND SUD : BORDEAUX Les étiquettes ne correspondaient pas au contenu...

Sept négociants bordelais comparaissent depuis hier matin devant le tribunal correctionnel de Bordeaux.

Le principal accusé, Jacques Hemmer, est le responsable d'une petite société du Médoc qui a entraîné à sa suite six des plus importantes maisons de négoce de la place : Cordier, Ginestet, Dulong, CVBG, Mestrezat et GVG. « Je reconnais que j'ai fait des assemblages malheureux, mais je ne suis pas d'accord sur les volumes » affirme Jacques Hemmer à la barre. Même si l'on évoque 10.000 hectolitres, lui n'en admet que 1.200. « Tout au plus 12 % de mes ventes », estime- t-il. L'ennui, c'est que le commerçant ne tenait aucun registre. En revanche, il honorait toutes les commandes qui lui étaient passées pour les sociétés de négoce par l'intermédiaire d'un courtier. Quel que soit le vin commandé, et ceux qu'il avait en stock! Ainsi, un Haut-Médoc millésimé (Château Haut Lagravière 93 par exemple) pouvait être remplacé à l'embouteillage par un Saint- Estèphe non millésimé, voir additionné de vin de table ou de VDQS en provenance du midi. Les échantillons présentés au courtier ou au négociant semblaient en revanche conforme à la demande. Seul le consommateur pouvait éventuellement s'étonner en bout de chaîne de la qualité de ce qu'il avait dans sa bouteille!

Ces fraudes ne sont pas reprochées aux autres négociants: ils sont en revanche poursuivis pour tromperie et publicité mensongère.

ILS FOURNISSAIENT ETIQUETTES ET BOUCHONS

En effet, ils étaient responsables de l'embouteillage et fournissaient étiquettes et bouchons « mis en bouteille au château ». Or ils savaient pertinemment que la mise en bouteille était effectuée dans un chai du Pian-Médoc. « Nous pensions que ce chai appartenait à la propriété, nous avons été abusés et trompés », ont-ils tous affirmés en se succédant à la barre. Quatre d'entre eux ont d'ailleurs porté plainte contre Jacques Hemmer, et avaient demandé le report de ce procès en l'attente de l'aboutissement de cette autre procédure. Mais ils n'ont pas obtenu gain de cause. En l'absence du courtier, non poursuivi, on a en tout cas eu confirmation que tout repose à Bordeaux sur les « liens de confiance entre négociant, courtier et propriétaire », cités par la quasi totalité des intervenants. Apparemment celle-ci ne suffit pas à garantir la qualité finale du produit en toutes circonstances. Suspendu hier soir, le procès devrait reprendre mercredi matin.

Pierre SAUVEY

9) L'affaire GEENS

Groupe belge: une vengeance ?

Une vengeance interne semble être à l'origine de la vaste opération d'investigation policière déclenchée jeudi dernier dans le vignoble bordelais dans les châteaux de la holding Geens. Le 2 janvier dernier, le groupe a licencié pour faute lourde sa directrice France, qui contrôlait une vingtaine de propriétés viticoles dans différentes appellations bordelaises, mais également dans les Corbières et dans l'Hérault, ainsi qu'en Charente. Selon le Directeur de Geens Benelux, Guillaume Berckmans, celle-ci aurait été « prise en flagrant délit de détournement de fonds », pour un montant que le groupe belge évalue pour l'instant à 1,5 millions de francs. Elle aurait alors dénoncé auprès de la justice française des pratiques frauduleuses de son employeur. Le parquet de Bordeaux a donc lancé une enquête préliminaire. Au total, des sources proches de l'enquête évoquent des contrôles sur environ 800 hectares et 120.000 hectolitres de vin (englobant trois millésimes).

P. S.

 

http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/34895/geens-benelux-on-ne-visite-pas.html

Geens-Benelux: on ne visite pas

(19/02/2002)

© Bernard Demoulin

Pour la transparence, on repassera!

AARSCHOT Depuis hier matin, une firme belge connue - Geens-Benelux SA - fait face à la tempête venue de Bordeaux.
Nous rencontrons - dans son bureau, à Aarschot - son directeur, Guy Bergmans: pas plus tard que jeudi passé, cet homme était entendu comme témoin par le SRPJ de Bordeaux. Combatif. ´ Ça a duré une heure! Je leur ai dit - comme à vous - que j'attendais que leur enquête aboutisse au plus vite. Je ne crains pas les résultats. Vous verrez alors qu'il ne restera rien de toutes ces accusations. Le problème, c'est qu'entre-temps, un mal commercial catastrophique aura été fait. Rien que ce matin, nous avons déjà perdu plusieurs commandes.´
Geens-Benelux SA, c'est pas rien! 1,2 milliard de chiffre d'affaires. Une flotte impressionnante de camions - évidemment couleur bordeaux! - sur chacun desquels est associé le nom - mieux connu en Wallonie - des Cidres Ruwet. Ici à Aarschot transitent chaque année cinq millions de bouteilles de bordeaux!

Trente ans que son directeur, Guy Bergmans, traite avec les Vignobles Rocher Cap de Rive: si quelqu'un sait tout,
c'est lui! Des médias français parlent de 700.000 hectolitres fraudés? `Absurde! ´ fait-il. Et d'ajouter: `Tous nos vins sont contrôlés chez nous, en labo, quand nous les réceptionnons: nous n'avons jamais détecté la moindre irrégularité.´
Du coup, nous lui demandons de visiter ses labos. Comme soudain méfiant, Guy Bergmans refuse. Niet catégorique! Nous lui demandons alors où vont ses 5 millions de bouteilles. `En grandes surfaces.´ Lesquelles? Même réponse évasive: ´Vous comprenez, elles n'aimeraient pas.´ Ben non, au fond, nous ne comprenons pas! A moins de retirer au consommateur le droit de savoir. Alors, Bergmans répond par le bon sens. `Frauder? Mais pourquoi? Pour gagner quelques francs? Et perdre le crédit acquis après tant d'années?´

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=94413

  

Date: 19/02/2002
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: FAITS DIVERS

Magouille dans les vins

Nouvelle Recherche

L'enquête bordelaise vise une société belge

BRUXELLES/BORDEAUX

Nous l'annoncions hier déjà. Le parquet de Bordeaux s'intéresse aux activités d'un des premiers grands négociants belges en vins et spiritueux, le groupe Geens-Benelux s.a. Encore que peu connu du public, un empire en Belgique! Pas moins de cinq millions de bouteilles de bordeaux importés chaque année. Du vin que le consommateur peut trouver tant chez l'épicier du coin qu'en grandes surfaces! Makro, notamment, est cité. Tous ces vins proviennent de propriétés viticoles modestes regroupées dans plusieurs sociétés. Et c'est l'une d'elles, les Vignobles Rocher Cap de Rive, qui intéresse la justice.

Jeudi passé, une centaine de policiers bordelais et leurs collègues des Douanes et de la Direction de la concurrence et des fraudes - la DCF - perquisitionnaient treize châteaux et domaines viticoles à Bordeaux, en Charente et en Charente maritime, principalement dans le Libournais et le Blayais. Ils recherchaient des preuves.

Au parquet de Bordeaux, la substitute Denis insiste que la justice en est seulement au stade des vérifications préliminaires. Il s'agit de vérifier la provenance et la qualité exacte de vins commercialisés en Benelux sous des appellations aussi différentes que Bordeaux, Montagne-Saint-Emilion, Médoc, Côtes de Bourg. La Section économique et financière - la SEF - soupçonne certaines pratiques viticoles, comme la commercialisation de vins provenant d'assemblages contraires à la législation. Ces vins - produits dans des quantités très limitées - seraient coupés à des cépages moins prestigieux mais revendus à des prix très élevés. Pas de preuve à ce stade. Pas d'inculpation non plus.

Dénégation

On en est à saisir des documents liés à la traçabilité et au transport du vin. A recueillir des témoignages de maîtres de chais, d'employés. A effectuer des prélèvements dont aucun résultat n'est attendu avant des semaines.

A Aarschot, Geens-Benelux réfute. D'abord nous ne sommes pas propriétaires des vignobles perquisitionnés. Clients seulement. Avant d'admettre - comme à regret - l'existence de liens juridiques lointains avec Vignobles Rocher Cap de Rive. Un fait est sûr: on ne monte pas une telle opération de police - plus de cent hommes engagés - sans bases solides. Quelles bases?

Le 2 janvier, les Vignobles Rocher Cap de Rive ont viré une directrice. Faute grave. Suspicions de détournements. Visiblement, la dame licenciée n'est pas partie les mains vides. Tout le problème: comment s'assurer que des révélations certes explosives ne sont pas pures inventions motivées par la vengeance?

Si depuis 25 ans Geens-Benelux est honorablement connu en Belgique, certains ne manquent pas de rappeler assez cruellement que le 8 mars 1975, la Dernière Heure annonçait la condamnation de principe en Cour d'appel à Bruxelles de M. Ferdinand Geens pour avoir vendu de la piquette en prétendant qu'il s'agissait de... Chianti et de Valpolicella.

Gilbert Dupont

 

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=101834

Date: 21/03/2002
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: FAITS DIVERS

Trafic de vins?

Nouvelle Recherche

La femme-qui-sait se met à table...

BRUXELLES/BORDEAUX On sait (depuis février) que le parquet de Bordeaux s'intéresse aux activités d'un des premiers négociants belges en vins et spiritueux, le groupe Geens-Benelux s.a.

Pas moins de 5 millions de bordeaux importés chaque année. Du vin de qualité que le consommateur peut trouver tant chez l'épicier du coin qu'en grandes surfaces. Le jour où l'affaire éclatait, son patron Guy Berckmans rencontré à Aarschot avait tout nié en bloc et parlé de mensonges diffamatoires et calomnieux.

L'origine de l'affaire, c'est une ex-directrice des Vignobles Rocher Cap de Rive dont provient pour partie le vin importé en Belgique. Hier, cette dame a expliqué sur France Bleue Gironde comment ce producteur trafiquait les appellations pour écouler ses excédents de vins. Selon elle, des excédents venant de propriétés en appellations Bordeaux se sont miraculeusement transformés en Saint Emilion ou Médoc lesquels étaient ensuite directement exportés en Belgique. La réglementation, très stricte, impose aux producteurs de déclasser les appellations en cas d'excédents: on ne joue pas sur les étiquettes. On ne trompe pas le consommateur. Mais pour cette ex-responsable, les excédents chroniques de certaines propriétés ont servi à couvrir les manques, les déficits chroniques de production d'autres propriétés et d'autres appellations.

Et c'est pour avoir découvert ces trafics que la directrice affirme avoir été licenciée et même accusée d'avoir puisé dans la caisse! Difficile d'en dire plus. La dame a parlé sous couvert de l'anonymat.

Les résultats d'analyses des échantillons saisis par la police bordelaise ne sont toujours pas connus. C'est vrai que le 8 mars 1975, la cour d'appel de Bruxelles condamnait Ferdinand Geens pour avoir tripoté sur des appellations de vins italiens. Mais c'était il y a 27 ans.

Gil.

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=660844

Date: 18/11/2006
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: UNE

Du lait cru dans le vin belge !

Nouvelle Recherche

Libération s'étonne que le Belge Roger Geens ne soit pas inquiété dans le scandale des vins. Les Belges parlent de complot

BRUXELLES Dans deux mois, le juge français de Bordeaux, Alain Godino, soufflera les cinq bougies d'un dossier immobile, le scandale ou prétendu scandale des vins exportés pendant 20 ans en Belgique par la société belge Geens-Benelux, au total de 3 à 5 millions de bouteilles écoulées en grandes surfaces.

Hier, le quotidien Libération s'étonne que l'homme clé, l'homme d'affaires belge de 69 ans établi à Monaco, Roger Geens, qui avait été convoqué par la justice en novembre 2003 et n'a jamais daigné se déplacer, n'ait plus jamais été inquiété.

Depuis 2002, Geens-Benelux n'a jamais varié : selon elle, c'est la vengeance d'une femme, cadre licenciée pour avoir détourné 600.000 € au préjudice de la société. Isabel Teles Pinto se serait vengée en déballant n'importe quoi au service des fraudes... Vrai ou faux ? En février 2002, 140 échantillons furent prélevés dans 15 vignobles. Cinq ans après, ces 140 échantillons, qui pouvaient faire la preuve de la bonne foi du groupe belge, n'ont toujours pas été analysés. C'est, bien sûr, ce qui dérange. Hier, Libé publie des extraits de P.-V. où il est question d'utilisation abusive de noms de châteaux, de tricheries sur les médailles obtenues dans les concours agricoles, et de divers procédés utilisés pour améliorer certains vins médiocres, la glycérine pour les vins rouges, la fleur d'oranger pour le vin blanc moelleux et le lait cru (!) pour masquer l'acidité. Geens-Benelux est accusé d'avoir utilisé les surplus des vendanges de 2002, cite Libération, pour compléter des vendanges de blanc insuffisante en 2001. Selon un chef de culture, "le groupe utilisait constamment des produits illicites pour modifier les vins mis en bouteille pour le compte de la Belgique".

Gilbert Dupont

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=690430

Date: 02/03/2007
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: UNE

http://www.dhnet.be/infos/faits-divers/article/167569/le-scandale-du-vin-belge.html

Le scandale du vin belge

(02/03/2007)

De 30 à 50 cuves saisies en Belgique, 500.000 litres à détruire, des millions de bouteilles trafiquées...

BRUXELLES Une dépêche succincte qui n'a fait aucun bruit annonçait (DH du 17 février) plusieurs arrestations en Belgique "dans une affaire de tromperie sur la qualité du vin" . Selon nos infos, quatre personnes sont arrêtées : Willy Frederickx, patron du groupe Geens-Benelux, géant de la grande distribution de vins et spiritueux en Belgique; son prédécesseur Guillaume Berckmans; le laborant-chef de production depuis 20 ans; et un ancien directeur (libéré hier sous condition).

Si Geens-Benelux faisait l'objet d'une enquête en France depuis 2002, cette enquête s'était enlisée. Avec ces arrestations en Belgique, les Français ont trouvé chez nous toutes les preuves qui manquaient.

Et lesquelles ! Le laborant-chef de production est en aveux. Selon nos infos, on a même saisi au siège de Geens-Benelux un "livre des mélanges de vins différents" avec les bons dosages à respecter pour obtenir les meilleurs résultats; et c'est le chef de production qui a montré aux policiers comment il fallait le décrypter !

Le parquet confirme des fraudes "depuis au moins 10 ans" . Selon le chef de production : depuis toujours. Chez Geens depuis vingt ans, il est en aveux d'avoir toujours procédé ainsi, comme déjà son prédécesseur, et met nommément en cause Berckmans, qui nie.

Le dossier belge est séparé du dossier français ouvert à Bordeaux.

Chez nous, c'est un dossier d'escroquerie, de faux et tromperie sur les denrées alimentaires. En cinq ans, le principal suspect, Guillaume Berckmans, nous a juré trois fois la main sur le coeur qu'il ne trafiquait pas ses vins. Nous savons maintenant que, selon le parquet, les fraudes ont continué après 2002 et n'ont cessé qu'en novembre 2006.

Makro retire

Répercussions. Makro retire les vins de Geens-Benelux et étudie la possibilité d'une plainte en justice.

Mais surtout : désormais, la justice veut interroger le grand patron - bien qu'officiellement pensionné depuis 2001 - Roger Geens, résident monégasque depuis 1993. Persuadé d'être hors d'atteinte, Monsieur Roger s'était offert le luxe de ne pas se déplacer à Bordeaux le 9 décembre 2003 lorsque le juge Alain Gaudino l'avait convoqué. Depuis 15 jours, Geens qui a 70 ans et est de retour en Belgique doit à son seul état de santé de n'avoir pas encore été interrogé par la police fédérale. Pour autant, celle-ci a saisi chez Geens-Benelux de 30 à 50 cuves de 10.000 à 90.000 litres chacune ainsi que tout le vin embouteillé en Belgique, de l'ordre de 500.000 litres.

Hier, la nouvelle direction confirme que tout ce vin qui était destiné à la vente sera détruit. Mais les cidres et spiritueux distribués par Geens-Benelux ne sont pas concernés. Sur la santé, des échantillons ont été prélevés par l'Afsca mais la justice n'est pas informée, à ce stade, d'un quelconque risque. Mais depuis ces arrestations de dirigeants, les éléments sont suffisants pour faire craindre des manipulations.

Les Belges ont trouvé ici ce que les Français n'avaient pas trouvé à Bordeaux, notamment des installations de laboratoire et des stocks complets d'arômes chimiques (comme du vieux, un additif vieillissant artificiellement le vin jeune). L'enquête porte aussi sur du trafic de vins de région avec des ajouts d'additifs spécifiques (fleurs d'oranger, clous de girofle,...) pour modifier le goût et transformer, par exemple, un bordeaux en médoc, le but étant de contourner les limitations de quotas.

En clair, ces arrestations inclinent à penser que le consommateur belge a été floué à très grande échelle, pendant peut-être 20 ans, sur de 3 à 5 millions de bouteilles vendues en grandes surfaces sous des appellations d'invention : on a saisi, mais en France, des étiquettes de châteaux inexistants.

Le Groupe Geens existe depuis 1937. Il y a 27 ans, le 8 mars 1975 déjà, il était condamné à Bruxelles pour avoir vendu de la piquette pour du chianti et du valpolicella !

Ajoutez au scandale le suicide par empoisonnement, dans le bureau de Roger Geens en Belgique, d'un employé maître de chai, Christian Bianchi, licencié après sept ans de bons et loyaux services parce qu'il ne supportait plus les agissements anormaux qu'on lui imposait.

 

Gilbert Dupont

© La Dernière Heure 2007

Les mensonges de Berckmans

BRUXELLES
Maintenant que l'homme est sous mandat d'arrêt, il est piquant de rappeler ce que Guillaume Berckmans prétendait quand nous l'interrogions (DH des 19 février 2002, 13 décembre 2003 et 15 juillet 2006) sur ces accusations portées en France de trafics de vins. Pour avoir dirigé Geens-Benelux de 1993 à l'été 2006, M. Berckmans niait tout en bloc.

"C'est n'importe quoi , vitupérait-il le 14 juillet 2006. D'ailleurs, le parquet de Bordeaux qui enquête depuis quatre ans et demi n'a inculpé personne. Des médias français disent que Roger Geens a été convoqué par le juge en novembre 2003 : même cela est faux. Ce monsieur est âgé, pensionné, il n'a plus rien à voir, il vit à Monaco, loin de tout cela."

Le 12 décembre 2003, M. Berckmans nous disait : "Je vous l'avais dit que tout se dégonflerait. En mettant 100 policiers sur l'affaire, la police française était grotesque. Le parquet de Bordeaux nous a dit que si nous n'entendions plus rien, c'est que tout était en ordre. On aurait préféré un communiqué officiel. Tout ça nous a occasionné un tort énorme, bien que nos clients connaissent notre sérieux et qu'aucun ne nous ait quittés. Il n'y a pas eu de tripotages. Nous n'avons pas modifié nos méthodes parce qu'il n'y avait rien à changer. J'ai moi-même été interrogé (en février 2002, NdlR) à Bordeaux. Une heure. J'ai dit aux policiers que j'espérais que l'enquête aboutisse au plus vite : je ne crains pas les résultats. Il ne restera rien de ces accusations. Tous nos vins sont contrôlés en labo quand nous les réceptionnons. Nous n'avons jamais détecté la moindre irrégularité. Pourquoi frauder ? Pour gagner quelques euros ? Et perdre le crédit acquis après tant d'années ?".

Ensuite, Berckmans nous disait se retirer des affaires en juin 2006. C'est vrai pour Geens-Benelux mais, en fait, l'homme réapparaît discrètement à cette date dans une société Bourvival, aux Pays-Bas.

Enfin, le groupe Geens (qui emploie 450 personnes en France, 55 en Belgique) veut se sauver. Et est déjà sur la bonne voie : désormais, toute sa production fait l'objet d'un contrôle permanent de l'Afsca, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, assure Marc Dewael, administrateur temporaire désigné par la justice.



© La Dernière Heure 2007

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=200655

Date: 23/01/2003
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: FAITS DIVERS

VINS

La collaboratrice du critique Robert Parker en garde à vue

 

Hanna Agostini, principale collaboratrice française du célèbre critique de vins américain Robert Parker, a été placée en garde à vue au commissariat de Bordeaux dans le cadre d'une affaire de malversation comptable au sein du groupe belgo-néerlandais Geens. Son placement en garde à vue mardi, dans cette affaire qui est en cours d'investigation depuis plusieurs mois, fait suite à l'inculpation de l'ancienne gérante du groupe Geens, une société qui commercialise des vins au Benelux et possède notamment une vingtaine de propriétés viticoles dans la région de Bordeaux.

© La Dernière Heure 2003

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=107081

L'affaire des faux Margaux 1900 secoue le monde des vignobles

BORDEAUX Les accusations lancées par le négociant belge Khaled Rouabah sur les pratiques de reconditionnement dans les grands châteaux du Bordelais suscitent des remous dans la région alors que s'ouvre la campagne de vente des primeurs 2001.

Le négociant belge, qui a été inculpé en mars pour escroquerie et contrefaçon de marque, a reconnu avoir retapé quelques dizaines de bouteilles de Margaux et Lafite 1900 avec des vins datant de 1995. Ces derniers jours, il a multiplié les déclarations à la presse en accusant tous les grands châteaux de rajeunir leur millésime au moment du reconditionnement.

Les viticulteurs bordelais se drapent dans leur vertu. Qu'ils arrêtent cette pudibonderie qui frise la malhonnêteté intellectuelle et qu'ils disent vraiment ce qui se passe, a-t-il notamment déclaré au quotidien Aujourd'hui.

Les gendarmes chargés de l'enquête s'efforcent actuellement de cerner l'ampleur des fraudes: ces derniers jours, ils ont saisi des bouteilles que Khaled Rouabah avait entreposées dans les caves des plus prestigieux châteaux de la région, parmi lesquels Margaux, Pétrus, Cheval-blanc, Lafite et Mouton-Rothschild.

Un scandale n'est jamais bon, surtout dans un contexte où, à l'export, le marché va très mal, surtout depuis les événements du 11 septembre. Tout cela n'arrange pas notre image de marque, commente un négociant bordelais.

Déjà, en février, le procès d'un négociant bordelais pour une affaire de bordeaux coupé avec des vins du Midi impliquant les plus prestigieuses maisons de négoce de la place avait eu un retentissement international.

D'autant qu'au même moment, une gérante de la société du groupe belgo-néerlandais Geens, maison mère d'une société d'importation de vins pour les marchés du Benelux, accusait sa direction de pratiquer une curieuse valse d'étiquettes.

Certains n'hésitent pas à évoquer le spectre des années noires du Bordelais. Cela me rappelle 1973, quand on a vu un effondrement des cours de plus de 200%, après un gros scandale de vins coupés: le marché était très exposé, très tendu, et l'affaire Cruze avait servi de détonateur, analyse un négociant.

Après la grande semaine de dégustation des primeurs 2001 qui s'est déroulée fin mars, la campagne de vente va démarrer dans les prochaines semaines.

http://www.lejdd.fr/Societe/Justice/Actualite/Du-blanchiment-dans-le-vin-rouge-87462/

Justice |  3 Septembre 2006  |  Mise à jour le 31 Octobre 2009

Du blanchiment dans le vin rouge

En septembre 2006, le Journal du dimanche révélait l'affaire Geens.

L'Institut national des appellations d'origine (Inao) est en train de se constituer partie civile dans une grosse affaire de fraude vinicole instruite au tribunal de Bordeaux. Une information judiciaire visant une douzaine de délits allant du "blanchiment aggravé" à la "tromperie" en passant par la "falsification de boissons" est confiée depuis 2004 au juge d'instruction Alain Gaudino. L'enquête vise la société Vignobles Rocher Cap de Rives (VRCR), qui possède plusieurs propriétés dans le Bordelais et dans le Languedoc (soit 850 hectares de vignes) et appartient au groupe belge Geens. Le juge Gaudino a procédé récemment à la première mise en examen, celle d'un transporteur impliqué dans le trafic.

Selon l'enquête de la PJ et des douanes, les responsables de VRCR auraient mélangé des vins pour écouler des excédents de production, exporté d'importants volumes sous de fausses appellations d'origine, utilisé des additifs prohibés (produits boisés, glycérine?) pour améliorer la qualité du vin, multiplié des noms de châteaux (trente pour douze propriétés), et enfin blanchi des fonds via des sociétés écran aux Pays-Bas. Embouteillés en Belgique, la plupart de ces vins auraient ensuite été vendus dans les supermarchés de Grande-Bretagne, du Benelux et d'Europe du Nord. Les enquêteurs ont établi que des livraisons litigieuses ont été effectuées par camions-citernes entre le Bordelais, le Languedoc et la Belgique.

L'affaire a été déclenchée par les accusations de la directrice générale de VRCR, Isabelle Teles Pinto. En 2002, elle révèle la fraude, décidée, selon elle, par les dirigeants belges du groupe Geens, et fournit des documents. Les exportations de vins trafiqués représenteraient entre 1.000 et 2.000 hectolitres par an. Une série de perquisitions sont alors effectuées. Une bonne partie des accusations est confirmée par des employés des propriétés concernées. Un maître de chai se donne la mort.

"L'enquête n'est pas étouffée"

Isabelle TelesPinto était sur le point d'être licenciée par le groupe Geens, pour avoir détourné environ 530000 ? en quelques années, ce qui lui vaut d'être mise en examen. Mais ces faits ont été confiés à un autre juge d'instruction de Bordeaux, Jean-Louis Croizier, alors que les deux dossiers sont imbriqués. Aujourd'hui, VRCR est partie civile contre Isabelle TelesPinto et contre celle qui lui avait conseillé de dénoncer les fraudes: Hanna Agostini, alors représentante à Bordeaux du célèbre critique américain Robert Parker. Or Hanna Agostini, qui conseillait par ailleurs VRCR, est elle-même mise en examen par le juge Croizier pour avoir émis des factures litigieuses (50 000 ? en 2000) à en-tête de Wine Advocate, la revue de Robert Parker. Quant à son mari, Eric Agostini, professeur de droit et avocat à Bordeaux, il a été entendu au mois de juin comme témoin assisté, au sujet de 135 000 ? d'honoraires versés par le groupe Geens pour des formalités d'enregistrement des marques.

"L'affaire la plus importante est celle qui porte sur les fraudes, et elle n'avance pas", tonne Me Philippe Guméry. L'avocat de Hanna Agostini, qui conteste la mise en examen de sa cliente, estime qu'il y a "deux poids deux mesures". Il s'étonne ainsi que "les échantillons de vin saisis en 2002 n'aient toujours pas été analysés", et que le propriétaire du groupe belge, Roger Geens, qui coule une retraite paisible à Monaco, "n'ait même pas répondu aux convocations de la PJ et du juge". Me François de Contencin, qui défend VRCR et le transporteur, est d'un autre avis. "M. Geens n'a aucune fonction ni mandat social dans le groupe, il n'y a aucune raison de l'entendre. Cette enquête n'est absolument pas étouffée pour protéger la réputation des vins de Bordeaux, comme on l'entend ici ou là. La vérité, c'est que l'on n'arrive pas à démontrer et à détailler la fraude. On fait des projections à partir des déclarations d'une personne qui était la responsable légale des structures juridiques du groupe en France et qui a piqué dans la caisse."

 

http://www.liberation.fr/societe/0101404785-fraudes-sur-les-vins-un-maitre-de-chai-se-suicide

Société Le 1er mars 2002 à 22h27
Fraudes sur les vins: un maître de chai se suicide

Par NOCE Vincent

Le scandale qui éclabousse les sociétés exploitant les vignobles du Belge Roger Geens rebondit avec le décès du maître de chai. Christian Bianchi se serait donné la mort, alors que cette nébuleuse de sociétés fait l'objet d'une enquête pour établir la validité de soupçons de fraudes sur les vins, mais aussi d'infractions fiscales et financières (Libération du 23 février 2002). Selon une personne de son entourage, il aurait laissé derrière lui un document accusatoire récupéré par le service régional de la PJ de Bordeaux.

 

http://www.page-crime.com/index.php/articles-people/robert-parker-condamne-en-appel-pour-des-propos-sur-une-ancienne-collaboratrice.html

Robert Parker condamné en appel pour des propos sur une ancienne collaboratrice

 

 

 

03-10-2008

   PARIS, 2 oct 2008 (AFP) - La cour d'appel de Paris a confirmé la condamnation du chroniqueur oenologue américain Robert Parker, pour avoir violé la présomption d'innocence d'une ancienne collaboratrice, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Le 19 mars, le juge des référés du TGI de Paris avait condamné M. Parker à verser à Hanna Agostini 2.000 euros de dommages et intérêts pour avoir publié sur son site internet "un texte contenant des imputations précises tenant pour acquise sa culpabilité" dans une affaire où elle est mise en examen.

   Depuis la publication d'un livre sur lui par Mme Agostini, M. Parker critique vigoureusement son ancienne collaboratrice.

   Dans ce livre paru en français en octobre 2007 et intitulé "Anatomie d'un mythe", Mme Agostini dresse un portrait du célèbre critique et décrypte les méthodes de travail et les défaillances du système de notations tant redoutées de celui qui est considéré comme le "pape des vignobles".

   En novembre 2007, M. Parker avait notamment écrit sur son site que Mme Agostini, mise en examen par la justice dans une affaire de fraude, "encourait jusqu'à 5 ans de prison et un million d'euros d'amende pour escroquerie" et que "les preuves contre elle (étaient) accablantes".

   Selon l'avocat de Mme Agostini, Me Philippe Gumery, sa cliente a bien été mise en examen pour "faux et usage de faux" en 2005, mais par pour escroquerie, dans le cadre de l'affaire Geens. Cette affaire porte sur une fraude à grande échelle où des vins d'appellation auraient été mélangés à des
vins de table.

   Quand Robert Parker écrit "les preuves contre elles sont accablantes", cette phrase "ne permet aucun doute, ne souffre ni discussion ni objection et présente un caractère absolument indiscutable, définitif", a considéré la cour dans un arrêt rendu mercredi. Elle a estimé que M. Parker portait ainsi "atteinte à la présomption d'innocence de Mme Agostini".

   dom/sst/DS

 

Bordeaux: L'une des plus importantes fraudes sur le vin jugée ce jeudi

http://www.20minutes.fr/bordeaux/1816551-20160331-bordeaux-plus-importantes-fraudes-vin-jugee-jeudi

JUSTICE Roger Geens a écoulé des millions de bouteilles de vin contrefaites entre 1999 et 2002...

Mélissa Pollet-Villard

  • Publié le 31.03.2016 à 07:05
  • Mis à jour le 31.03.2016 à 07:05

C’est l’une des plus grosses fraudes dans l’histoire des vins de Bordeaux, révélée en 2002. L’affaire Geens a été renvoyée à maintes reprises et l’audience fixée à ce jeudi, à 9h30, au tribunal correctionnel de Bordeaux. Roger Geens a écoulé plusieurs millions de bouteilles de vins sous de fausses appellations.

  • Qui est l’accusé ?

Roger Geens est un ancien homme d’affaires belge de 78 ans. Possesseur de plus de 1.000 hectares de vignes dans le grand Sud-Ouest (de Narbonne à Saint Emilion), plus de 600 salariés travaillaient pour son groupe. Lorsque l’affaire éclate en 2002, il est accusé d’avoir écoulé au Benelux et en Europe du Nord des millions de bouteilles de vin frauduleuses entre le 1er janvier 1999 et le 31 décembre 2002. Après une non-présentation à son procès en 2003, l’affaire tombe dans l’oubli. En 2006, il est victime d’un accident vasculaire cérébral et part s’installer au sein de la principauté monégasque, d’où sa famille requiert une tutelle.

  • Quels sont les chefs d’accusation contre lui ?

Roger Geens est accusé de « tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l’origine ou la quantité d’une marchandise », ainsi que de « présentation de produits faisant croire qu’il bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée ». En clair, l’ex-homme d’affaires, aujourd’hui partiellement handicapé, aurait produit puis exporté des millions de bouteilles de vin falsifiées : étiquettes en inadéquation avec les propriétés indiquées, vins coupés avec des composants chimiques (de la glycérine pour « arrondir » le vin rouge…), restes d’anciennes productions mélangés à des grands crus. De nombreux complices et des pots-de-vin figurent au dossier, mais il reste le seul poursuivi en France dans cette affaire.

>> A lire aussi : Sud-Ouest: Condamné pour avoir coupé du vin rouge avec du blanc pour obtenir du rosé

  • Pourquoi la procédure s’éternise-t-elle ?

Peu après la révélation des faits en 2002, grâce à des témoignages d’anciens proches, Roger Geens est assigné devant la justice en 2003. Il ne se présente pas et ne se fait pas non plus excuser. S’ensuit alors une longue période de disette judiciaire. Une perquisition un an plus tôt a été faite et une centaine d’échantillons de vins du groupe Geens prélevés. Ils ne seront jamais analysés.

Un procès s’ouvre à nouveau en janvier 2016, mais est renvoyé à cause de la santé de Geens. Me Jean-Claude Martin, avocat des parties civiles de la Fédération des syndicats des grands vins de Bordeaux n’exclut pas « un nouveau renvoi jeudi », en ajoutant que « l’audience s’orientera probablement autour de la question de la mise sous tutelle de Roger Geens à Monaco ».

L’avocat de la défense, Maître Daniel Lalanne n’a quant à lui pas souhaité commenter.

Mélissa Pollet-Villard

 

  • Publié le 31.03.2016 à 15:29
  • Mis à jour le 31.03.2016 à 15:41

http://www.20minutes.fr/bordeaux/1817151-20160331-importante-fraude-bouteilles-vin-affaire-geens-fois-plus-reportee

Ce jeudi, une audience sur l’affaire Roger Geens devait avoir lieu mais elle a encore été reportée, cette fois-ci au 28 avril, à 9h30. La magistrate en charge de l’affaire Geens, connue comme étant l’une des plus grandes fraudes dans l’histoire des vins de Bordeaux, a annoncé le report de l’audience.

Me Lalanne, avocat du prévenu, a justifié l’absence de son client en annonçant à l’assemblée que « Roger Geens est dans un état de quasi-coma ».

>> A lire aussi : Bordeaux: L'une des plus importantes fraudes sur le vin jugée ce jeudi

Le défenseur des parties civiles de la Fédération des Syndicats des grands vins de Bordeaux, Me Martin, a rajouté, en ironisant, qu’il sera trop tard pour juger l’ex-homme d’affaires, aujourd’hui résidant à Monaco.

Une procédure très longue

Roger Geens, un Belge âgé de 78 ans, est accusé d’avoir falsifié des millions de bouteilles de vin. Outre l’état de santé du prévenu, plusieurs zones d’ombre semblent entraver la justice qui peine à clore ce dossier depuis son ouverture en 2002.

Face à ce flou judiciaire, l’une des avocates des parties civiles a conclu en affirmant que « le dossier est fixé au 28 avril, ce n’est pas un renvoi. C’est la volonté du tribunal. »

Bordeaux : deux ans de prison avec sursis requis dans le procès Roger Geens

Par Stéphane Hiscock, France Bleu Gironde jeudi 28 avril 2016 à 17:57

 
Le résultat de 14 ans d'instruction © Radio France - Stéphane Hiscock

L'homme d'affaire belge Roger Geens était jugé en son absence ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Celui qui était à la tête d'un vaste système d'arnaque aux vins de Bordeaux début 2000 n'est plus en état de témoigner. Le tribunal rendra tout de même son jugement le 29 juin.

C'est la plus grosse affaire de fraude qui ait secoué le monde du vin au début des années 2000. Après 4 renvois le procès s'est donc tenu mais comme prévu Roger Geens n'était pas présent. Victime d'un AVC en 2006 l'homme d'affaire belge n'est plus en état de témoigner. Il est accusé d'avoir trafiqué de 1999 à 2002 des vins de Bordeaux pour un préjudice estimé à 20 millions d'euros. On parle ici de plusieurs millions de bouteilles.

 

Savez vous ce qu'est la glycérine ? Et bien c'est de l'antigel madame la présidente. > > — Maître Martin, avocat de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux

De l'antigel dans le breuvage : de quoi faire glisser, sans doute, le vin dans le gosier des consommateurs floués. En Belgique personne n'a rien remarqué. Il a fallu attendre 2002 pour que l'on découvre enfin la supercherie. C'est une salarié de Roger Geens qui a fini par dénoncer son patron.

S'ensuit 14 ans d'instruction, beaucoup trop long selon la partie-civile qui dénonce la lenteur de cette procédure. Entre temps Mr Roger a fait un AVC, il vit maintenant dans une clinique à Monaco et il ne peut plus être entendu par la justice.

Tant pis, le procureur demande quand même la peine maximale en matière d'infraction au code de la consommation : deux ans de prison avec sursis. Le tribunal rendra son jugement le 29 juin.

https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/bordeaux-le-proces-de-la-plus-grande-fraude-aux-vins-se-tient-sans-malgre-l-absence-du-prevenu-1461859045

Fraude aux vins de Bordeaux : épilogue d'un procès long et complexe

Publié le 29/06/2016 . Mis à jour à 17h26 par SudOuest.fr avec AFP

 

14 ans après les faits, l'entrepreneur belge Roger Geens a été relaxé dans le volet pénal mais condamné au civil à verser 500 000 euros de dommages et intérêts

L'entrepreneur belge Roger Geens, jugé pour avoir commercialisé des millions de litres de vins frelaté sous de fausses appellations de Bordeaux, a été relaxé mercredi dans le volet pénal de l'affaire, mais condamné au civil à verser des dommages et intérêts.

Ce jugement du tribunal correctionnel de Bordeaux intervient comme un épilogue, plus de 14 ans après l'ouverture du dossier, aussi long que complexe, qui se déclinait au pénal (entre la société et l'accusé) et au civil (entre un plaignant privé et l'accusé). 

De quoi était-il accusé ?

En 2002, la gérante d'une dizaine de sociétés d'exploitation viticole de Gironde se rend à la PJ de Bordeaux. Elle accuse son patron, l'homme d'affaire belge Roger Geens, de la plus vaste fraude de l'histoire récente des vins de Bordeaux.

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Cette gérante dénonce les méthode de son collaborateur, qui aurait fait passer du vin frelaté et coupé pour du Bordeaux.

Selon elle, la "bouillie bordelaise" était particulièrement indigeste : millésimes falsifiés, création de faux châteaux, commercialisation irrégulière de stocks excédentaires, mélanges frauduleux… Le tout coupé aux produits chimiques tels la glycérine, de lait cru ou de caramel pour relever les goûts. Le trafic, s'étendant sur plusieurs années, porte sans doute sur des millions de bouteilles.

Ce vin était écoulé via une nébuleuse de sociétés propriétaires de 1 000 hectares de vignes répartis sur 19 domaines, dont 14 en Gironde. 

Pourquoi un procès si long ?

Depuis 2002, le procès est plombé par une série d'erreurs et dysfonctionnements. Depuis le spectaculaire départ de l'affaire, où l'on soupçonnait une cascade d'infractions financières, il ne reste d'ailleurs "plus que" deux poursuites pour atteintes au droit de la consommation.

Des faits se sont "perdus" en route. Motif invoqué ? "Incompréhension entre les autorités belges et françaises".

Au final, plusieurs dizaines de personnes ont participé à des degrés divers aux opérations illicites, mais Roger Geens, le fondateur du groupe, a été le seul à être poursuivi.

Par ailleurs, Roger Geens, aujourd'hui âgé de 78 ans, a été victime d'un accident vasculaire cérébral en 2006. Lors du procès, il n'était ni représenté par un avocat ni en capacité de comparaître. 

A l'audience, l'essentiel des débats sur ce dossier avaient porté sur la possibilité ou non de juger un homme incapable de comprendre son accusation et de se défendre, car extrêmement diminué physiquement.  

Pour quel résultat ?

Sur le plan pénal, deux ans de prison avec sursis avaient été requis contre Roger Geens, Il a finalement été relaxé. 

Sur le plan civil, les parties civiles (l'association Que choisir, la Fédération des grands vins de Bordeaux et l'INAO) réclamaient près d'un million d'euros de dommages et intérêts. Roger Geens a finalement été condamné à leur verser 500 000 euros.

"C'est un désaveu cinglant pour le parquet", a réagi auprès Me Jean-Claude Martin, qui représentait la Fédération des Grands Vins de Bordeaux. Il déplore les lenteurs inexplicables des justices française et belge dans ce dossier.

Parallèlement à la procédure en France, une négociation sur les intérêts civils est en cours entre les parties civiles et la justice belge.

http://www.sudouest.fr/2016/06/29/fraude-aux-vins-de-bordeaux-epilogue-d-un-proces-long-et-complexe-2418128-4697.php

L’INAO va négocier avec un Belge condamné pour fraude aux vins frelatés

14 décembre 2017

L’INAO, qui gère les appellations agricoles françaises, a été autorisé « à conclure une transaction » avec l’entrepreneur belge Roger Geens, condamné au civil pour avoir vendu des millions de litres de vin frelaté, l’une des plus grandes fraudes de l’histoire des vins de Bordeaux, a-t-on appris jeudi auprès de cet institut.

M. Geens, fondateur du groupe du même nom qui, à son apogée, employait 600 salariés, avait été jugé à Bordeaux pour avoir produit et commercialisé au Benelux et en Europe du Nord des dizaines de milliers d’hectolitres de vin coupé ou frelaté.

Ce vin était écoulé via une nébuleuse de sociétés, propriétaires de 1.000 hectares de vignes répartis sur 19 domaines, dont 14 autour de la ville de Bordeaux.

Lourdement handicapé en raison d’un accident vasculaire cérébral en 2006, M. Geens, 79 ans, avait été condamné en juin 2016 à verser un demi-million d’euros de dommages et intérêts à diverses organisations, dont 150.000 euros à l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). Il avait en revanche été relaxé sur le plan pénal.

Ses avocats avaient fait appel et proposé une transaction à l’Inao.

Un décret du 30 novembre, signé par le Premier ministre et le ministre de l’Agriculture, autorise l’organisme public à conclure une telle transaction « en vue de mettre fin au litige qui l’oppose à M. Geens » depuis quinze ans.

 

Source :Terre de Vins - AFP

14 décembre 2017

10) L'affaire Rieux

Les raisons de la colère

Par LEXPRESS.fr , publié le 20/04/2006
 

C'est peut-être la plus grosse arnaque de ces dix dernières années. Elle risque d'éclabousser l'ensemble du Languedoc viticole, qui, déjà sinistré, n'avait pas vraiment besoin de ce scandale. Il aura fallu deux ans pour que l'enquête de la Répression des fraudes (DGCCRF), commencée en mars 2004, soit suivie d'effets. Les agents qui ont contrôlé la société de négoce Rieux à Bize-Minervois se sont régalés. Trois chefs d'accusation ont été retenus : usurpation d'appellation, tromperie et falsification. En 2005, cette maison ayant pignon sur rue et détenue par Plein Sud (un groupement de caves coopératives de l'Aude et de l'Hérault) est soupçonnée d'avoir vendu en vrac, en quelques mois, plus de 300 000 hectolitres trafiqués. L'équivalent de 36 millions de bouteilles vendues en France et en Europe. Vouliez-vous des bordeaux, des côtes-du-rhône ou de provence AOC, des vins de pays de l'île de Beauté, des coteaux varois ou du Vaucluse? A partir de simples vins de table, de mélanges de vin blanc avec du rouge ou du rosé, ou d'un savant coupage avec de l'eau, Rieux - qui aurait aussi triché sur les cépages - est accusé d'avoir produit tout ce que ses clients désiraient. Dans les vignes et dans les chais, tout le monde était au courant. D'autant que Rieux aurait aussi concocté de faux AOC faugères, fitou, costières-de-nîmes, coteaux-du-languedoc et corbières, ainsi qu'une douzaine de faux vins de pays locaux…

Un an de tentavives de contrôle

Il aura fallu plus d’un an pour que les agents de DGCCRF puissent contrôler la société Rieux de Bize-Minervois. Lors de leur première tentative sur place, ils avaient été accueillis par plusieurs dizaines de viticulteurs qui leur avaient interdit l’entrée des locaux, les avaient menacés physiquement et avaient brûlé l’une de leurs voitures. Une deuxième intervention sur place prévue fin avril avec l’appui d’une compagnie de gendarmerie mobile avait du être reportée de quelques jours. Hasard ou fuite ? Cent-cinquante vignerons armés de fusils de chasse attendaient la Répression des fraudes le jour qui était prévu initialement pour les contrôles. Parallèlement, l’enquête a été ralentie par les marches et contre marches du parquet de Narbonne et de la préfecture soucieuse de ne pas exciter les esprits. Il faudra que Paris donne de la voix pour qu’une visite appuyée par la force publique soit programmé début janvier 2005. Mais les agents ont été de nouveau accueillis par une foule de viticulteurs en colère tandis que les responsables de Rieux s’opposaient au contrôle qui se déroulera finalement à la fin du mois d’avril 2005.  


Source :
http://www.lexpress.fr/tendances/vin-et-alcool/les-raisons-de-la-colere_482388.html

27/06/2006

Crise viticole ? Pas pour tous...

Triche. Un négociant en vins ? Non, un trafiquant envieux.

A Bize-Minervois, dans l'Aude, la société Rieux, la plus grosse maison de négoce du Midi, faisait des miracles. Alors qu'elle n'achetait que du vin de table aux coopératives et aux vignerons indépendants du coin, elle parvenait à vendre aux détaillants du vin de pays et des AOC du Languedoc- Roussillon, des bordeaux, des côtes-de-provence... Les agents de la répression des fraudes ont découvert le pot aux roses de la métamorphose après avoir minutieusement épluché les comptes et calculé les quantités de vin qui entraient et sortaient des chais.
Comme par hasard, avant l'arrivée des contrôleurs, un incendie avait détruit des documents comptables et des ordinateurs. Chez Rieux, on créait aussi du rosé par décoloration du rouge, ou en additionnant du blanc au rouge. L'ensemble de la triche porterait sur 300.000 hl écoulés en six mois en 2005. Il y a trois ans, le patron, Jean Rieux, avait été condamné pour « fraude sur la qualité des vins » à douze mois de prison avec sursis et à une amende de 15.000 €. Son avocat avait plaidé le « désespoir » engendré par la crise viticole.
Lu dans Marianne n°479

Source :
http://lantifadas.midiblogs.com/archive/2006/06/27/crise-viticole-pas-pour-tous.html

Escroquerie et banqueroute : le système qui a conduit la maison de négoce de vin de Bize à la faillite a été décrypté hier devant une salle comble. Un système de gestion qui n’a fait que repousser les difficultés. Le passif est de 14 millions d’euros.

Si le procès de la maison Rieux devait se résumer à une audience, ce serait celle du tribunal correctionnel d’hier. Car la précédente, en 2007, sur la fraude portant à la fois sur les volumes et sur les qualités de vins vendus par la maison de négoce Rieux n’avait jamais décrypté « le système ». Devant une salle comble, et face à une dizaine d’avocats, la présidente du tribunal Catherine Lelong a patiemment analysé le dispositif illégal mis en place. Puis, elle s’est attachée à répondre à la question des responsabilités de chaque acteur-clé.

Un trou de 14 M E

Le 11 juillet 2007, la Sarl Rieux était placée en liquidation judiciaire et affichait un passif de 31 millions d’euros. Or après les contestations de créances (donnant lieu à d’autres litiges en cours) ce passif est ramené à 14 millions d’euros. Maître Karssenty, avocat de la plupart des caves adhérentes à l’Union Plein Sud, le groupement de producteurs (dont la Sarl Rieux est l’outil commercial) dépose plainte suite au résultat d’un audit comptable demandé par les caves et reflétant la situation financière catastrophique. Dès lors, la question que tout le monde se pose est : qui connaissait les anomalies comptables ? Et chacun de se renvoyer la responsabilité jusqu’à l’audience d’hier. Car ce premier audit a été complété par plusieurs documents financiers et rapports transmis par des experts mandatés par le tribunal de commerce. Tous confirment l’audit des caves. Ils dévoilent également que la situation difficile de Rieux date de 2001 avec, déjà à cette date une ligne rouge de 11 millions d’euros de déficit. Le système frauduleux mis en place a été présenté à la barre par Elie Lecha et Bernard Latore pour masquer les difficultés et comme seule solution pour continuer à bénéficier de la confiance des banques et des assurances. « J’ai trouvé la solution pour faire plaisir à tout le monde », explique l’expert-comptable. « On n’intègre pas les dettes en cours et on surévalue la valeur des stocks. On a sous-facturé le prix de vente du vin. Exemple sur 40 E l’hectolitre il était demandé aux caves de ne facturer que 10 E et le reste du prix devant être facturé l’année suivante, sous forme de complément de prix ». Ce report systématique d’année en année tendait en fait à repousser les difficultés et à les accroître. De plus, le SRPJ a démontré la surévaluation des stocks de vins, car alors que le prix moyen à l’hectolitre était de 50 E en 2005, il était chez Rieux à 100 E. La section financière de la Police Judiciaire a souligné la minoration des dettes et l’augmentation concomitante de la valeur des stocks. Ce qui permettait à la Sarl d’afficher une situation bénéficiaire de 6 M E de marge nette. Bernard Latore et Elie Lecha ont expliqué le système en insistant sur le rôle des présidents des caves coopératives. « Tout le monde savait . Le but était clairement, dès le départ, de couvrir cette perte de 11 millions d’euros et tout le monde le savait et était d’accord ! » a martelé Bernard Latore. « On a décidé de sous-facturer mais les livraisons des caves n’ont pas été suffisantes pour couvrir la perte. Je l’ai dit à Lecha qui a dit alors : on va mettre les stocks de tant…. » Et c’est un ainsi que l’escalade a commencé, tel un château de cartes. « Un peu comme des joueurs qui espéraient se refaire » a qualifié Elie Lecha. Et le commissaire aux comptes, Yvan Subra nie avoir eu connaissance du système soutenu par Latore. Au fil des auditions le « Père Rieux  » a désigné Lecha comme le véritable gérant. Quant à Bernard Codina, il s’est dépeint lui-même sous les traits d’une homme naïf, plus préoccupé par l’assemblage du vin que par les comptes : « Je ne signais rien, c’était Lecha qui avait les signatures, embauchait et débauchait au sein de l’entreprise. Oui, j’étais un gérant de paille ». A la question pourquoi dans ces conditions avoir accepté ce poste, Codina répond : « Je voulais que les vignerons soient bien rémunérés. Lecha m’avait embauché pour les vins, pour le reste je fermais ma g … Je pense que j’ai été manipulé. Quant aux augmentations de salaires, elles étaient malvenues compte tenu des pertes de l’entreprise ». Sur la question des augmentations (plus de 90 000 euros de salaires par an en 2004, 2005 et 2006 pour les deux gérants) Elie Lecha répond laconiquement : « il fallait prendre des risques au niveau commercial ». Tous les mois, le point sur la situation était dépeint lors de réunions mais, aux dires des présidents des caves interrogés en tant que témoins, sans qu’ils aient de document comptable à l’appui. « Il aurait été impensable de donner 15 documents comptables aux caves qui auraient été perdus dans la nature », a justifié Latore. Dans son réquisitoire le procureur a demandé pour Elie Lecha : 2 ans ferme, 30 000 E d’amende, 15 ans d’interdiction de gérance. Pour Codina : 6 mois ferme et 6 mois de sursis, 30 000 E d’amende et 15 ans d’interdiction de gérance. Pour Latore : 1 an ferme, 30 000 E d’amende. Pour Subra : 6 mois avec sursis et 20 000 E d’amende.

V.D.

Source :

http://www.intimeconviction.fr/narbonne-la-double-comptabilite-a-la-barre-du-proces-de-la-maison-rieux/12/2009/

 

L’affaire Rieux n’est pas terminée...
par SID MOKHTARI            Midi Libre 26/12/2011

En attendant que soit abordée l’épineuse question des intérêts civils réclamés par les victimes de la fraude massive menée par la SARL Rieux à Bize-Minervois - qui pourraient s’élever à 10 M ! - la cave de Cessenon-sur-Orb vient de remporter le « match » judiciaire qui l’oppose, depuis quatre ans, à son ancien directeur qui était aussi directeur financier de Rieux. En effet, la cour d’appel de Toulouse vient de confirmer que le licenciement pour faute d’Élie Lecha était justifié.

En avril 2007, l’ex-dirigeant avait contesté son renvoi qui intervenait après le scandale de l’affaire Rieux. Devant le conseil des prud’hommes de Béziers, il réclamait 650 000 euros d’indemnités. Mais, défendu par Me Laurent Tesoka, la cave de Cessenon n’avait pas été poursuivie.

Élie Lecha avait alors fait appel. Dans son arrêt rendu le 24 septembre 2008, la cour de Montpellier confirmait le jugement des prud’hommes et déboutait le demandeur. Néanmoins, les juges avaient condamné la cave à verser à Élie Lecha 2 000 € pour une erreur dans la procédure de licenciement et 8 243 € au titre des congés payés non pris.

Élie Lecha formait alors un pourvoi en cassation. Le 21 avril 2010, la juridiction suprême a cassé la décision de la cour d’appel, estimant que... les juges n’avaient pas suffisamment fait état des violations d’Élie Lecha de ses obligations professionnelles en tant que directeur de la cave de Cessenon ! L’affaire avait alors été renvoyée sur ce point devant la cour d’appel de Toulouse. Elle a été plaidée le 3 novembre dernier. Par un arrêt rendu le 16 décembre, la cour d’appel de Toulouse a clairement jugé que le licenciement pour faute grave était justifié.<


Elle a notamment dit "qu’en participant à la fraude (qui a eu lieu à la SARL Rieux dont il était l’un des principaux dirigeants et pour laquelle il a été condamné, Ndlr) et en procédant à des livraisons alors qu’il n’ignorait rien de celle-ci, Élie Lecha a donc manqué gravement à ses obligations contractuelles à l’égard de la société coopérative de Cessenon, portant indéniablement atteinte aux intérêts matériels et moraux tant de cette entreprise que du mouvement coopératif en général".

Les conseillers de la cour d’appel de Toulouse ont débouté Élie Lecha de l’ensemble de ses demandes financières. Et l’ont condamné à verser à la cave de Cessenon la totalité des frais engagés. Dans un communiqué, les 300 coopérateurs de la cave de Cessenon expriment "toute leur satisfaction à voir la justice reconnaître que les agissements de leur ancien directeur étaient constitutifs d’une atteinte grave à ses obligations professionnelles, et qu’il avait porté atteinte à l’image de la cave et à la renommée de toute une profession qui n’a jamais connu, elle, l’aisance financière de M. Lecha".

Source :
http://www.midilibre.fr/2011/12/26/l-affaire-rieux-n-est-pas-terminee,435935.php

 

Narbonne Affaire Rieux : la justice rattrape le commissaire aux comptes

Le 13 novembre 2012 par V. D |

En 2006, s'ouvrait le premier procès pour fraude de la maison de négoce de vins Rieux, à Bize-Minervois. Un procès qui a connu de nombreux rebondissements, dont voici le dernier. Il ne concerne qu'un seul protagoniste de cette affaire, l'ancien commissaire aux comptes, Yvan Subra, intervenu en 2000 pour le compte de la maison de négoce. Yvan Subra était le seul à avoir été blanchi par la Cour d'appel de Montpellier, le 19 octobre 2010. Le commissaire aux comptes de l'ancienne Sarl Rieux, devenue VVS Vins et Vignobles du Sud, avait été relaxé alors qu'il était poursuivi pour complicité de banqueroute et confirmation d'informations mensongères. Des années plus tard, le voici rattrapé par la justice suprême. En, effet, à la suite de l'arrêt de la cour d'appel de Montpellier, le procureur général avait formé un pourvoi partiel en cassation. En des termes sans appel, c'est donc en censeur que le juge a souligné la légèreté de ses collègues : car le juge de cassation rappelle en préambule que "tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à justifier la décision, que l'insuffisance ou la contradiction de motifs équivaut à son absence".
Fraude massive et défaillance
On se souvient peut-être que la société Vins et Vignobles du Sud, ex Sarl Rieux, avait été mise en liquidation judiciaire le 11 juillet 2007. Les comptes de la société avaient été maquillés de façon à masquer des déficits colossaux et à obtenir le renouvellement de la confiance des banques. Or la cour d'appel aux fins de relaxe du commissaire aux comptes, avait souligné que "le fait d'avoir certifié les comptes annuels sans vérification comptable ne constituait pas un acte positif de complicité, que la relative incompétence professionnelle du prévenu, son manque de curiosité et sa passivité ne sauraient davantage caractériser cette complicité". Des arguments qui avaient plongé le parquet dans la perplexité. La cour de cassation saisie a balayé ces prétendus motifs et a relevé que le précédent commissaire aux comptes avait, lui, refusé de certifier les exercices 1997, 1999, émis des réserves sur 1998, et procédé en 2000 à des contrôles ayant révélé une fraude généralisée. Or la cour d'appel avait bien constaté qu'Yvan Subra avait reconnu lui-même son insuffisance et sa défaillance dans l'exercice de sa mission, mais, estime le juge de cassation : "la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations, mais, d'autre part, elle ne s'est pas expliquée sur les faits susceptibles de caractériser le délit de confirmation d'informations mensongères également reproché". La cour de cassation estime que le juge d'appel n'a pas justifié sa décision. Elle casse donc et annule l'arrêt de la cour d'appel de Montpellier du 19 octobre 2010 (uniquement sur la partie de relaxe d'Yvan Subra), et renvoie l'affaire devant la cour d'appel de Toulouse. On repart donc pour un nouvel épisode judiciaire... Elie Lecha reconnu co-responsable au pénal de la fraude de la maison de négoce de vins de Bize, en était le directeur, tout en assurant également la direction de la cave de Cessenon, dans l'Hérault. Après deux appels et une cassation, (aux prud'hommes), il vient de former un second pourvoi en cassation...



Retour sur une procédure à tiroirs
A l'issue de son licenciement pour faute grave de la cave de Cessenon en date du 16 avril 2007, Elie Lecha saisit le tribunal des prud'hommes de Béziers et demande à la cave de lui payer 650 000 euros, pour licenciement injustifié. Après jugement de départage du tribunal de Béziers, la demande de Lecha est rejetée, ce dernier fait appel et, le 24 septembre 2008, la cour d'appel de Montpellier confirme le jugement de Béziers, estimant le licenciement justifié. Elie Lecha est condamné à verser à la cave la totalité des frais non compris dans les dépens qu'elle a été amenée à exposer pour assurer sa défense. Lecha se pourvoit en cassation. La cour de cassation casse l'arrêt de Montpellier au motif qu'elle n'avait pas suffisamment caractérisé dans la rédaction de son arrêt les griefs retenus contre le prévenu pour justifier le licenciement pour faute grave. Elle renvoie uniquement sur ce point devant la cour d'appel de Toulouse, laquelle, le 16 décembre 2011, justifie le licenciement pour faute grave, rejette les demandes, et condamne Lecha à verser à la cave la totalité des frais de sa défense non compris dans les dépens. Elie Lecha a déposé la semaine dernière un pourvoi en cassation contre cette décision. C'est ce que l'on appelle être opiniâtre !

Source :

http://www.lindependant.fr/2012/11/13/affaire-rieux-la-justice-rattrape-le-commissaire-aux-comptes-elie-lecha-2-appels-et-2-cassations-pour-une-procedure-fleuve,178925.php

VIN : Plein Sud se sépare d’un coopérateur encombrant

19/01/2013

 

L’union des caves coopératives agricoles et vinicoles Plein Sud (Bize-Minervois) a décidé de se séparer de l’ex société Rieux, devenue Vins des Vignobles du Sud (Bize-Minervois), en redressement judiciaire et reconnue coupable de fraude. Cette société est en effet accusée d’avoir maquillé 810.000 hectolitres de vins. Trois de ses anciens dirigeants ont été condamnés à de la prison ferme et son passif a été réévalué à 30 M € en perspective des pénalités qui pourraient encore lui être infligées. L’avenir de la société sera fixé le 27 juin prochain, où, faute de repreneur, le tribunal de commerce devrait prononcer la liquidation. L’union Plein Sud compte désormais 8 caves coopératives.

Source :
http://www.businessman.fr/palmares/entreprise-en-difficulte/11-vin-plein-sud-se-separe-dun-cooperateur-encombrant/253917/

Cour de cassation, civile, Chambre sociale, 11 juillet 2012, 11-21.222, Inédit

http://legimobile.fr/fr/jp/j/c/civ/soc/2012/7/11/11-21222/

https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000026189333


La cave coopérative de Cessenon gagne après six ans de procédures judiciaires

JEAN-PIERRE AMARGER 6 janvier 2014

L 'ancien directeur, Elie Lecha, débouté par la Cour de cassation des Prud'hommes.

Après six années de procédures, la Cour de cassation des Prud'hommes vient de définitivement clore le dossier qui opposait la cave coopérative de Cessenon à son ancien directeur Élie Lecha.

La haute juridiction a débouté M. Lecha de l'ensemble de ses demandes et l'a condamné aux dépens, mettant un terme définitif aux revendications de ce dernier. (Lire ci-dessous les détails de la procédure juridique.)

"Manquement à la loyauté"

Dans son arrêt du 18 décembre dernier, la cour vient de juger que : "En participant à un système de fraude sur les vins, notamment ceux en provenance de la société qui l'employait, Élie Lecha avait violé de manière avérée ses obligations professionnelles et commit un manquement à la loyauté qui devait présider à l'exécution de son contrat de travail."

Élie Lecha a été licencié pour faute lourde par les coopérateurs de Cessenon en 2007. Il avait pour mission de vendre le vin de la cave coopérative de Cessenon. Il a alors livré les vins des coopérateurs à la SARL Rieux, « En participant à une fraude qui avait généré un impayé de plus de 361 000 € », explique l'avocat de la cave de Cessenon Me Laurent Tesoka.

650 000 euros de dommages demandés

M. Lecha a toujours contesté formellement la malversation commise par la SARL Rieux ainsi que toute participation de sa part à la fraude. Il était employé de la cave de Cessenon, mais aussi de la SARL Rieux (Société de négoce de vin en gros, NDLR) Et, histoire de compliquer un peu le tout, la cave de Cessenon était aussi actionnaire de la SARL Rieux. Élie Lecha poursuivait la coopé devant les Prud'hommes et demandait quelque 650 000 € de dommages et a fait plusieurs fois appel des différentes décisions rendues.

Élie Lecha a été condamné en audience correctionnelle du tribunal de Narbonne, le 28 juin 2007 en appel pour complicité d'usurpation d'appellation d'origine, tromperie et falsification par coupage de vins destinés à la vente.

Les vins blancs étaient alors coupés avec des rouges ou des rosés afin de les vendre. Des agissements qui avaient nuit à la réputation de la cave et à la renommée de toute une profession.

"Notre cave est sauvée"

Pour sa part, la Cour de cassation estime dans son jugement : "Que le système de fraude litigieux n'avait été mis en place qu'au sein de la société Rieux, par l'établissement de faux documents, et n'était caractérisé que lors de la revente des vins qu'elle avait acquis, d'autre part, qu'en sa qualité de directeur de la cave de Cessenon."

"Notre cave est sauvée, explique Alex Lechène, le président de la coopérative de Cessenon. Lecha demandait 650 000 € aux prud'hommes pour son licenciement. En gagnant devant la justice c'est l'avenir qui est assuré. Les coopérateurs vont pouvoir revenir. À cause de cette affaire, nous avons perdu énormément d'argent, mais aussi nous sommes passés de 86 000 hl en 2006 à 44 700 hl cette année."

Par ailleurs, il faut souligner qu'à la suite de cette affaire les coopérateurs ont quitté en masse la structure passant de 300 à 170.

"Nous avons vécu une crise juridique dans la crise financière avec cette affaire. Nous avons travaillé pendant 7 ans avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. ce jugement c'est un sacré cadeau de Noël pour la cave", insiste encore le président Lechène.

Source :

http://www.midilibre.fr/2014/01/06/le-directeur-de-la-cave-definitivement-condamne,804759.php

Affaire Rieux à Bize-Minervois : six millions d'euros réclamés au commissaire aux comptes
VITICULTURE. L’affaire Rieux ressurgit en justice. Ceux qui pensaient que le feuilleton de la maison de négoce Rieux de Bize-Minervois était clos après 10 années se trompent ! Ce jeudi, le tribunal de grande instance de Narbonne a examiné la demande du mandataire liquidateur maître Sanchez, qui l’avait saisi afin qu’il reconnaisse les fautes commises par le commissaire aux comptes Yvan Subra. Le mandataire demandait à la juridiction d’estimer que ces fautes ont engendré une perte de 6,7 millions d’euros...
 
 
 
11) LE FAUX PINOT

 

Publié le 26/01/2010 à 09:21

Carcassonne. Faux pinot : prison et amendes requises

Tribunal. Dans l'affaire de «faux pinot» vendu aux Etats-Unis, tous les prévenus ont reconnu les faits, sauf Pierre Mirc et Alain Gayda.
 

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Le rêve américain s'est brisé dans le prétoire du tribunal correctionnel pour les treize prévenus (l'un était cité deux fois, à titre personnel et comme directeur de cave) qui ont profité entre 2006 et 2008 d'un marché en or de «faux pinot» avec les Etats-Unis. Accusés de tromperie sur la qualité substantielle du produit, ou de complicité de tromperie, les acteurs de ce filon avaient empoché un chiffre d'affaire de plusieurs millions d'euros. Une manne inestimable alors que la crise financière était solidement installée dans le vignoble languedocien. Les quantités vendues aux Américains ont été comparées par le procureur de la République à l'équivalent de 460 camions citernes et un peu plus de 16 millions de bouteilles.

Les lourdes présomptions de culpabilité qui pesaient jusque là sur la société de négoce Ducasse, à Carcassonne, gérée par Claude Courset, ont été confirmées. Ce négociant était le maillon central d'un système monté de toutes pièces afin d'enlever un marché émergent outre-atlantique. La filière mettait en scène des producteurs dont plusieurs caves coopératives à Montblanc dans l' Hérault, à Barbaira, à Canet d'Aude, un deuxième négociant dans l'Hérault en la personne de Pascal Vailhere. Et au sommet de la pyramide la SICA Sieur d'Arques qui était représentée par Pierre Mirc, président, et Alain Gayda, directeur général.

L'interrogatoire mené au procès par le président Jean-Hugues Desfontaine, les plaidoiries des deux avocats de la partie civile, Christophe Escarguez pour le compte du syndicat des vins de Pays d'Oc, et Régis Pech de la Clause pour la Confédération Paysanne, n'ont pas eu trop de mal à démontrer les mécanismes simples de ce marché. Sur la période entre 2006 et 2008, les huit fournisseurs recrutés ont livré à la société Ducasse 115 000 hectos de vin qui les revendait ensuite à la Sica Sieur d'Arques. Laquelle à son tour expédiait vers le client américain Gallo.

Si ce procès a tourné à la sémantique dans sa première partie et dans la définition du «pinot», qui est le diminutif du cépage «pinot noir», lors de l'interrogatoire de Claude Courset ce dernier a reconnu sa responsabilité dans les faits qui lui étaient reprochés. Il en a été de même pour les autres prévenus. Il eut été difficile de plaider non coupable au regard des volumes vendus aux Américains alors que d'après les relevés pratiqués par Viniflor, organe de référence pour la production et la commercialisation des vins en France, la surface utile du cépage «pinot» dans l'Hérault est estimée à 0,03% du vignoble , et 0,8% dans l'Aude.

Camper sur l'ignorance a pourtant été la ligne de défense des patrons de Sieur D'Arques. Une position difficile à tenir dès lors que l'un des témoins à la barre, une œnologue qui n'est plus aujourd'hui salariée de la société, a déclaré savoir, elle et le directeur financier de la Sica, que le «pinot» vendu aux Etats-Unis était faux. S'estimant agressée par une question de Me Bourland, défenseur de Sieur d'Arques, celle-ci a remis à l'avocat copie de deux mails confidentiels attestant qu'Alain Gayda était, lui aussi, parfaitement au courant de la situation. «Je ne m'en souviens plus», s'est contenté de répondre le directeur général de la société limouxine. Une déclaration qui n'a pas eu l'heur de plaire au procureur de la République. « Deux hauts responsables comme vous donnent une mauvaise image de la viticulture », a dit Francis Battut.

En raison de l'heure tardive à laquelle se sont achevées les plaidoiries, le jugement a été mis en délibéré.


Prison ferme requise contre le patron de Ducasse

Le procureur de la République, Francis Battut, a prononcé les réquisitions suivantes :

- 4 000 € d'amende contre Didier Beltran

- Deux mois de prison avec sursis et 6 000 € chacun pour Pierre-Marie Cros et Jean-Paul Barral

- 60 000 € d'amende pour la coopérative Montblanc

- Quatre mois de prison avec sursis et 8 000 € d'amende pour Pascal Vailhere

- Quatre mois de prison avec sursis et 10 000 e d'amende pour Alain Maurel

-Trois mois de prison avec sursis e t 8 000 € d'amende chacun pour Yves Cros et Marcel Fernandez.

- Trois mois de prison et 8000 € d'amende pour Francis Escamez et trois mois de prison avec sursis et 10 000 € d'amende pour Pierre Fabre.

- Douze mois de prison dont six avec sursis et mise à l'épreuve pour Claude Courset et 40 000€ d'amende;

- 180 000 euros d'amende pour la Sica Sieur d'Arques.

La Dépêche du Midi


Source :

http://www.ladepeche.fr/article/2010/01/26/763217-carcassonne-faux-pinot-prison-et-amendes-requises.html

Publié le 18/02/2010 à 08:34, Mis à jour le 18/02/2010 à 11:35

Exportation de faux pinot noir : amendes et prison avec sursis

Tribunal. Jusqu'à six mois de prison avec sursis et une grosse amende de 180 000 € pour la société Sieur d'Arques.

 

Selon Me Bourland, en dehors du «contexte tendu et très local», la décision du tribunal n'aurait pas été celle-là.

 

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La sulfureuse affaire du faux pinot exporté aux Etats Unis a peut-être trouvé une issue hier. À moins que les condamnés, en l'occurrence la totalité des douze prévenus, n'interjettent appel de la décision.

Le président Desfontaines, en préambule du prononcé de la décision, a souligné l'importance exceptionnelle de cette affaire. « De par son ampleur et les quantités concernées, cette affaire porte un préjudice sévère à l'image des vins du pays d'Oc », a-t-il déclaré avant de détailler les gains estimés des mis en cause dans ce trafic, soit un total cumulé de l'ordre de 7 m € !

Celui qui, durant le procès, a été présenté comme la « cheville ouvrière » de l'affaire, Claude Courset, directeur général de la société de négoce Ducasse, a été condamné à une peine de prison d'une durée de 6 mois avec sursis et à une amende de 45 000 €. Le procureur de la République avait requis à son encontre une partie ferme.

Alain Maurel, viticulteur à Ventenac-Cabardès et Pascal Vailhere, négociant héraultais, ont écopé de peines de prison de 3 mois avec sursis et d'amendes d'un montant de 30 000 €.

L'ensemble des autres prévenus a été condamné à des peines de prison d'un mois avec sursis et à des amendes entre 1 500 et 40 000 €.

Aucune amende douanière

La société limouxine Sieur d'Arques qui se trouvait au sommet de la pyramide de commercialisation et traitait avec le client américain, la société Gallo, a écopé d'une amende record de 180 000 €. Un moindre mal dans la mesure où l'avocat de la SICA, Me Jean-Marie Bourland a obtenu l'annulation totale des demandes formulées par les douanes.

L'avocat affirmait au sortir de l'audience que cette amende n'est pas « ce qu'il espérait et que la décision peut largement être critiquée devant une cour d'appel ». Et d'ajouter qu'en début de semaine il rencontrera ses clients pour définir une stratégie pour la suite : « combat ou apaisement ».

Le tribunal a par ailleurs fait droit aux demandes des parties civiles.
La confédération paysanne sera indemnisée d'1 € symbolique et le syndicat professionnel des vins du Pays d'Oc recevra 5 000 € de chacun des condamnés.

Bien que la sanction soit en deçà des réquisitions qui le visaient, Claude Courset qui passe pour le principal instigateur de l'affaire, a regretté, dans un communiqué de presse, que « le tribunal n'a pas entendu (ses) arguments […] . Un juge d'instruction aurait sans doute dépassé les faits pour s'intéresser de façon plus générale à la situation de la viticulture[…] aux prises avec des règlements abscons qui fluctuent d'un pays à l'autre ». Et de se « réserver le droit de faire appel de ce jugement qui (lui) paraît excessif en ce sens qu'il masque mal l'hypocrisie européenne ».

Sans conséquences, pour l'instant

À l'heure qu'il est, cette pénible affaire n'aurait pas eu de conséquences sur le marché des vins des Languedoc en direction de l'Amérique.

En effet, par exemple, le « gros » client, présumément floué, la société Gallo n'a pas porté plainte. Pas plus que les consommateurs d'outre Atlantique.

L'affaire en question qui portait sur l'équivalent de 16 millions de bouteilles en 2 ans, entre 2006 et 2008.

C'est révélateur des volumes exportés vers les USA… Mardi, la société Gallo a fait savoir qu'elle prendrait, ou non, des décisions après avoir connaissance du jugement.

La déclaration de culpabilité collective prononcée hier qui pourrait « influer sur la confiance » de la clientèle pourrait changer la donne.

Joël Ruiz


Source :

http://www.ladepeche.fr/article/2010/02/18/779798-exportation-de-faux-pinot-noir-amendes-et-prison-avec-sursis.html

Publié le 23/02/2010 à 07:58

Faux pinot : Ducasse et Sieur d'Arques ont fait appel du jugement

 

La société française Sieur d'Arques, qui a commercialisé du faux pinot aux Etats-Unis, a fait appel lundi de sa condamnation à 180.000 euros d'amende pour tromperie sur la marchandise, prononcée mercredi par le tribunal correctionnel de Carcassonne. « Suite au jugement rendu par le tribunal de Carcassonne le 17 février, le conseil d'administration des caves du Sieur d'Arques a décidé d'interjeter appel de la décision », a déclaré l'entreprise dans un communiqué.

Les prévenus, huit caves de l'Aude et de l'Hérault, le directeur du négociant Ducasse et un courtier, étaient poursuivis pour tromperie sur la marchandise, faux et usage de faux, ainsi que la société de commercialisation Sieur d'Arques, qui livrait le négociant américain E.&J. Gallo, en bout de chaîne.

La tromperie consistait à vendre du merlot et du syrah pour du pinot, presque deux fois plus cher. Elle a été découverte lors d'un contrôle de la répression des fraudes en mars 2008 à la société Ducasse à Carcassonne.

Les faux pinots pourraient avoir été destinés non seulement à E&J Gallo, mais à d'autres clients, dont le numéro un mondial du secteur Constellation Brands, propriétaire de Mondavi, selon des sources gouvernementales américaines.

Un négociant de la société Ducasse, présenté comme «la cheville ouvrière » de l'opération, avait vendu le vin - avec l'accord de viticulteurs - à Sieur d'Arques. Il a écopé de 6 mois avec sursis et 45.000 euros d'amende.

La société Ducasse justifie son appel en qualifiant le procès « d'épisode inquisitorial au cours duquel nous avons été livrés en pâture à l'opinion sur le mode accusatoire avant même que nos auditions aient eu lieu ».

Le tribunal correctionnel a prononcé des peines de 1 à 6 mois de prison avec sursis et des amendes -180.000 euros pour Sieur D'Arques- à l'encontre de douze prévenus et a insisté sur « le préjudice sévère pour l'image des vins de pays d'oc ».

Les prévenus, huit caves de l'Aude et de l'Hérault, le directeur du négociant Ducasse Claude Courset et un courtier, étaient poursuivis pour tromperie sur la marchandise, faux et usage de faux, et la société de commercialisation Sieur d'Arques, qui livrait le négociant américain E.&J. Gallo en bout de chaîne, pour tromperie.

Les faux pinot pourraient avoir été destinés non seulement à E&J Gallo, mais à d'autres clients, dont le numéro un mondial du secteur Constellation Brands, propriétaire de Mondavi, selon des sources gouvernementales américaines.

Claude Courset, gérant de la société Ducasse, présenté comme « la cheville ouvrière » de l'opération, avait vendu le vin - avec l'accord de viticulteurs - à Sieur d'Arques. Il a écopé de 6 mois avec sursis et 45.000 euros d'amende.

Sa société a fait un gain de 3,7 millions d'euros grâce à la fraude.

Un viticulteur indépendant à Ventenac-Cabardès, Alain Maurel, a également fait appel de la décision du tribunal.

La Dépêche du Midi

Source :

http://www.ladepeche.fr/article/2010/02/23/783271-faux-pinot-ducasse-sieur-arques-ont-fait-appel-jugement.html

Publié le 28/02/2010 à 09:56

"Faux Pinot" : la polémique enfle

Le procès en appel du «faux pinot» connaît un nouveau rebondissement avec la lettre ouverte d'un vigneron aux syndicats de cru.

 

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Parce qu'il se définit comme « pionnier du pinot noir » sur le terroir de Limoux depuis 1988 et l'achat d'une première vigne ainsi plantée sur la commune de Roquetaillade, Jean-Louis Denois, créateur du Domaine de l'Aigle, qui appartient aujourd'hui au Narbonnais Gérard Bertrand, signe une lettre ouverte « aux producteurs de Limoux et aux syndicats ». Ce texte, qui n'engage que son auteur, critique la gestion de la crise provoquée par les condamnations pénales infligées aux onze prévenus dans l'affaire de vente de « faux pinot » aux Américains. Il est à prévoir que cette lettre va avoir un retentissement certain dans le vignoble limouxin et en Languedoc où l'affaire fait grand bruit depuis les révélations du parquet de Carcassonne.

Très critique sur la ligne de défense des dirigeants de la société Sieur d'Arques, dont l'un des responsables aurait affirmé à Vinisud que le bruit autour du procès carcassonnais « fait de la pub et que c'est bon pour les affaires », Jean-Louis Denois conteste vivement un défaut d'humilité de la part de ces dirigeants. Il écrit : « Un peu de modestie aurait été salutaire, et plaider coupable en invoquant la détresse du Midi viticole aurait mieux valu que nier l'évidence et décrédibiliser toute une filière. C'est l'exemple même de la fameuse arrogance que nous reprochent les Anglo-Saxons. Certes, quelques démissions avant le week-end auraient été mieux ressenties qu'un pourvoi en appel… ».

En marge de ce texte qui vise clairement Pierre Mirc, président, et Alain Gayda, directeur général de Sieur d'Arques, Jean-Louis Denois fait le procès « d'une coopérative hégémonique qui dicte sa politique au syndicat de cru depuis une quinzaine d'années ». Jean-Louis Denois appelle, donc, à une convocation de l'instance syndicale. Ce vigneron veut l'ouverture d'une réflexion afin de lever des pare-feu à l'association qui va être faite partout dans le monde entre les vins d'origine limouxine et une fraude soupçonnée d'être organisée. « L'heure est venue, dit-il, d'en finir avec un système coopératif insularisé, dont les méthodes rappellent celles de la Corse ».

Ce vigneron de Roquetaillade s'en prend aussi aux pouvoirs publics et à la justice qui participent, selon lui, à faire du Midi viticole « une zone de non-droit pour cause de mauvais état économique de la filière ». Un laxisme propice à une perte supplémentaire de confiance sur les marchés américains et anglo-saxons pour les vins d'origine languedocienne.

NDLR : Malgré nos appels téléphoniques quarante-huit heures durant à Pierre Mirc, président, et Alain Gayda, directeur général de Sieur d'Arques, ces responsables n'ont pas souhaité répondre. Pour ce qui le concerne, Jean Fau, président du syndicat de cru des vins de Limoux, déclare : « Je n'ai pas à me prononcer sur une affaire concernant des vins de pays et pas l'AOC que je défends. Nous travaillons la bouteille et pas le vrac. Je n'ai donc pas à m'ingérer dans une procédure en cours. Ce n'est pas non plus dans mon intention de jeter de l'huile sur le feu. Nous en débattrons en bureau du syndicat, et nous ferons en sorte de calmer le jeu ».

Christian Aniort.

Source :

http://www.ladepeche.fr/article/2010/02/28/786434-faux-pinot-la-polemique-enfle.html

Pinot noir passing-off controversy

From Wikipedia, the free encyclopedia

 

The Pinot noir passing-off controversy arose in 2010 within the wine industry over the passing-off by French distributors of Merlot and Syrah wine as Pinot noir in the United States. The controversy involved the mislabeling of wines from vintners in southern France which were falsely sold to American distributors E & J Gallo Winery as Pinot noir. The mislabeling resulted in a French court convicting twelve people for fraud.

Contents

Background

Pinot noir wine is considered particularly difficult to make well.[1] American law requires that wine sold as being from a single varietal must be at least 75% composed of the grape in question,[2] and within the European Union, the requirement is a minimum of 85%. Accordingly, many American winemakers add less expensive but more robust Merlot and Syrah to improve the mainstream appeal of inexpensive Pinot noir.[1] California wine brands often sell Pinot noir from France, Italy, Chile, and Germany, because it is less expensive to produce there than locally.[1] As a result of the blending and importation practices, wine sold as Pinot noir often does not have the characteristic taste of the grape, and can easily be confused by consumers and experts for other varietals.[1][3]

Languedoc has been known for centuries for producing simpler and cheaper wine, which has sometimes been passed off by wine merchants as more expensive wine from Bordeaux or Burgundy. The French Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) system was created in the 1930s to prevent the practice of mislabeling or diluting expensive wines with cheaper ones.[4]

The fraud

The American producer E&J Gallo received a shipment of bulk wine sufficient to fill 18 million bottles, sold by wholesaler Sieur d'Arques as Pinot noir from the Languedoc-Roussillon wine region of France, which was actually a mix of Merlot and Syrah.[1][4] Sieur d'Arques in turn had bought the wine from Ducasse Wine Merchants, a wine broker, which had bought less expensive Merlot and Syrah from at least eight agricultural cooperatives in the Carcassonne area.[2] According to the Guardian, French authorities believe that Claude Courset, owner and general manager of Ducasse Wine Merchants, earned approximately 7 million euros from the scam to pass off "cheap plonk" as Pinot noir from January 2006 through March 2008.[5] Gallo had sold the wine under the 2006 vintage of its Red Bicyclette label, at an approximately $8 retail price per bottle, as being 85% Pinot noir.[2] Fake Pinot noir was also sold to Constellation Brands,[1][6] and possibly other American brands.[7]

Prosecution

The scheme was discovered during an audit of Ducasse Wine Merchants. French investigators were suspicious that the firm was buying Pinot noir wine at 40% less than the going rate, in quantities that exceeded the historical production level of the region.[5]

On February 17, 2010, 12 people from the Languedoc-Roussillon region of France were convicted by a court in Carcassonne in connection with the fraud,[2] including the head of Ducasse, Claude Courset (described as the "kingpin" of the scheme), executives at Sieur d'Arques, and several cooperatives.[5]

Aftermath

The scandal, described as the largest in French winemaking in recent years, was a public relations "nightmare"[4] that hurt the credibility of the Red Bicyclette brand, and of French wine production generally, at least in the United States.[5] Pinot noir had gained some recognition and popularity among American consumers, in large part due to a conceit in the 2004 independent film Sideways that it was superior to Merlot wine. As a result, consumers had been willing to pay more for the supposedly superior grape.[5] The British press used the occasion to scoff at American consumers for their supposed lack of sophistication in wine.[2] In March, 2010, a wine writer for the San Francisco Chronicle coined the name "Pinotgate" to describe the scandal.[3][8][9]

Gallo denied any prior knowledge of the fraud and was not accused of complicity. It has been accused by some of not sufficiently overseeing the quality and authenticity of wine purchased from suppliers.[1][10] A class-action lawsuit was filed against Gallo in connection with selling the mislabeled bottles.[9]

References

  1. ^ Jump up to: a b c d e f g Jon Bonné (2010-02-19). "Pointing Fingers in Pinotgate". San Francisco Chronicle. 
  2. ^ Jump up to: a b c d e Dave McIntyre (2010-02-18). "Red Bicyclette isn't what you thought it was". Washington Post. 
  3. ^ Jump up to: a b Jon Bonné (2010-03-07). "'Pinotgate' controversy gives grape a bad name". San Francisco Chronicle. 
  4. ^ Jump up to: a b c Dave McIntyre (2010-03-10). "This bicycle took consumers for a ride". Washington Post. 
  5. ^ Jump up to: a b c d e Lizzy Davies (2010-02-17). "Ce n'est pas Pinot noir: E&J Gallo conned into buying cheap plonk from French vineyards". The Guardian. 
  6. Jump up ^ "Plot Thickens in 'Pinot Gate' Scandal". Food Service World. 2010-03-01. 
  7. Jump up ^ Dave McIntyre (2010-02-26). "Pinot-gate may involve more brands". Washington Post. 
  8. Jump up ^ Anne-Lise Fernandez. "Faux scoop, faux pinot et faux départ". French Morning. 
  9. ^ Jump up to: a b Christian Aniort (2010-03-06). "Faux-Pinot: les avocats américains demandent l'équivalent en dollars de 500 000 bouteilles". Ladépêche. 
  10. Jump up ^ "Pinotgate – vinfusket avslöjat igen" (in Swedish). 2010-03-07.

 

Source :

Wikipedia, the free encyclopedia
https://en.wikipedia.org/wiki/Pinot_noir_passing-off_controversy
À

La plus grosse société vinicole au monde impliquée dans le scandale du faux pinot

18 février 2010 — Marc André Gagnon

On apprend aujourd'hui que le plus gros fabricant de vin au monde Constellation est lié à cette affaire du faux pinot noir.

La compagnie Constellation aurait acheté d'entreprises françaises du vin supposément de cépage pinot noir alors qu'il ne s'agissait que de merlot et de syrah.

C'est une fraude de 18 millions de bouteilles. Une autre immense entreprise EJ Gallo a avoué aujourd'hui avoir acheté 20 % de ces cargaisons lucratives sur quelques années.

Parmi les entreprises françaises impliquées dans cette immense supercherie il y a la grande coopérative Sieur d'Arques. Ses dirigeants et quelques complices ont été condamnés à payer des amendes totalisant 250 000 $ pour une fraude qui leur a rapporté près de 10 millions de dollars.

Les autorités américaines n'écartent pas la possibilité d'intenter des poursuites contre les firmes américaines qui auraient distribué ce faux pinot à leurs clients.

Constellation et Gallo ont acheté chaque année plus du triple de la production totale de pinot noir de pays d'oc. Il se cultive en effet très peu de ce cépage dans cette région trop chaude.

Le cépage pinot noir est difficile. Produire du bon pinot noir est ardu. C'est pourquoi il coûte et se vend souvent plus cher que les autres. Il est devenu très populaire aux États-Unis depuis le film Sideways.

On peut se demander si personne à Constellation et à Gallo ne connait la différence entre un pinot et une syrah ou un merlot, ni s'ils ignoraient les régions où on produit du pinot. Le site www.pinot-noir-wines.com (en anglais pourtant) mentionne la Bourgogne, l'Oregon, la Nouvelle-Zélande et quelques autres contrées dont le Canada, l'Italie, l'Allemagne, la Serbie, mais pas le Languedoc !

Constellation est propriétaire des marques Robert Mondavi, Inniskillin, Jackson-Triggs, Ravenswood et Kim Crawford.

Faux pinot : la cour d'appel alourdit les peines de prison et les condamnations

Le 13 octobre 2011 à  par Séverine Troucat

Ils avaient déjà été condamnés en février 2010 par le tribunal correctionnel de Carcassonne. Hier après-midi à Montpellier, la cour d'appel a confirmé leur culpabilité et alourdi leurs peines, de 3 à 9 mois de prison et de 5 000 à 150 000 € d'amende (lire le détail ci-dessous).

Eux, ce sont les douze producteurs et négociants audois et héraultais accusés d'avoir vendu, entre 2006 et 2008, plus de 130 000 hectolitres de faux pinot à leurs clients Américains. Ils fournissaient du merlot et de la syrah portant la mention pinot à la Sica Sieur d'Arques à Limoux qui, à son tour, expédiait le vin outre-atlantique chez ses clients, les géants Gallo et Constellation.

"Jugement décevant"

En juin dernier devant la cour d'appel, ils avaient à nouveau contesté la "tromperie sur la nature" qui leur est reprochée, expliquant que leurs clients étaient parfaitement au courant. Claude Courset, le dirigeant de la société de négoce Ducasse, au centre de cette affaire, avait précisé : "Les vins étaient de bonne qualité et répondaient à la demande des Américains qui avaient eux-mêmes goûté et validé les assemblages".

Pour les prévenus, "sans client trompé, il n'y a pas de délit de tromperie".

Mais la cour d'appel n'est pas de cet avis et a confirmé la culpabilité reconnue par le tribunal de Carcassonne.

Dans l'échelle des sanctions, elle a alourdi les peines d'emprisonnement pour tout le monde, suivant ainsi les réquisitions de l'avocat général. En revanche, les peines d'amende ont globalement été amoindries, notamment celle de la Sica Sieur d'Arques.

Pour la Confédération paysanne, partie civile dans ce dossier, "c'est un jugement décevant". Et son porte-parole, Robert Curbières, d'expliquer : "La prison avec sursis, ça ne suffit pas. D'autant que là, les amendes ont diminué. Pourtant, ils ont tous gagné beaucoup d'argent avec cette histoire. Il fallait s'en prendre à leur portefeuille".

En cassation

Mais l'affaire n'est pas terminée. Les principaux acteurs de ce dossier, comme Claude Courset, gérant de la société Ducasse, ont décidé de se pourvoir en cassation. "Nous contestons le principe de culpabilité, explique son avocat Pierre Dunac. Nous irons donc faire du droit, du vrai, en cassation. Être accusé de tromperie à l'égard d'une pseudo-victime qui n'est pas présente au procès, c'est complètement absurde".

À suivre.

Claude Courset, gérant de la société de négoce Ducasse : 9 mois de prison avec sursis et 30 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 6 mois avec sursis et 45 000 € d'amende).

Sica Sieur d'Arques : 150 000 € d'amende.

(En première instance, elle avait été condamnée à 180 000 € d'amende).

Pascal Vailhère, courtier et responsable de la société de commercialisation de la cave de Nissan-lez-Enserune : 4 mois de prison avec sursis et 15 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 3 mois avec sursis et 30 000 € d'amende).

Alain Maurel, vigneron : 4 mois de prison avec sursis et 15 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 3 mois avec sursis et 30 000 € d'amende).

Pierre Fabre, producteur et directeur de la cave de Canet-d'Aude : 4 mois de prison avec sursis et 8 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 3 mois avec sursis et 6 000 € d'amende).

Francis Escamez (*), président de la cave coopérative de Canet-d'Aude : 1 mois de prison avec sursis et 3 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 1 mois avec sursis et 3 000 € d'amende).

Pierre-Marie Cros, directeur de la cave coopérative de Barbaira : 3 mois de prison avec sursis et 5 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 1 mois avec sursis et 6 000€ d'amende).

Marcel Fernandez, président de la cave coopérative de Barbaira : 3 mois de prison avec sursis et 5 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 1 mois avec sursis et 6 000 € d'amende).

Société de commercialisation des vins de Montblanc : 80 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 40 000 € d'amende).

Jean-Paul Barral, directeur de la cave coopérative de Montblanc : 3 mois de prison avec sursis et 5 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 1 mois avec sursis et 4 000 € d'amende).

Yves Cros, président de la cave coopérative de Montblanc : 3 mois de prison avec sursis et 5 000 € d'amende.

(En première instance, il avait été condamné à 1 mois avec sursis et 4 000 € d'amende).

Didier Beltran, directeur de la cave coopérative de Cournonterral : 3 000 € d'amende avec sursis.

(En première instance, il avait été condamné à 3 mois avec sursis et 1 500 € d'amende).


Source :

http://www.lindependant.fr/2011/10/13/faux-pinot-la-cour-d-appel-alourdit-les-peines-de-prison-les-condamnations,72046.php

 

Pinot à Coursan : de la prison avec sursis et une facture salée

Le 09 avril 2011 à 06h00 par V. D.

L'énorme pression des États-Unis, avec l'entrée dans la valse judiciaire des consommateurs américains après le procès du pinot noir à Carcassonne, a plané sur l'audience correctionnelle d'hier à Narbonne.

Car, ici, l'enjeu n'était pas comparable : seuls deux prévenus étaient à la barre, le président et le directeur de la cave de Coursan.

En l'état, il s'agissait de tromperie sur du vin vendu à deux négociants et un courtier : 'Les Celliers du vent', 'Domaine des marins' et 'Sud, Terroirs et cépages'.

Les vins de pays ont été vendus pour du pinot noir et autres cépages alors que ces produits étaient dépourvus d'agréments.

La période relevée par la direction de la concurrence et des fraudes s'étale sur près de trois ans, du 1er janvier 2005 à fin 2007.

"16 000 hectolitres de vins de pays d'Oc ont été vendus à des négociants sous le faux nom de cépages, entraînant tromperie sur l'origine et l'identité", a résumé le président du tribunal M. Desfontaine. Le contrôle a démontré que vous aviez vendu une quantité supérieure à ce que vous produisiez, notamment du viognier, alors que vous n'aviez aucun agrément, du chardonnay et du pinot noir, le bénéfice a été évalué à 134 458 euros", a poursuivi le magistrat.

Déficit abyssal
Interrogé sur les raisons qui l'ont poussé à accomplir cette fraude, le président de la cave de Coursan a reconnu la faute sur le pinot, uniquement : "À ce moment-là, les merlots ne sortaient pas, les négociants nous demandaient du pinot... On avait 1,5 million euros d'encours à la banque et on n'avait aucune solution. Il fallait bien payer les adhérents et le personnel". Le président en a assumé la responsabilité : "Le directeur était tout jeune, c'est moi qui lui ai dit de faire ça. Mais on était en règle sur tout, sauf le pinot".

"Non ! rétorque le représentant des fraudes, c'est une façon de voir les choses !"

"On savait bien que c'était du sauvignon qu'on vendait, même s'il n'avait pas l'agrément. On a profité du fait que Vin de Pays d'Oc ne contrôlait rien. Aucun vin de table n'a été remonté en catégorie supérieure", souligne à son tour le directeur. D'ailleurs, aucun client ne s'est plaint. On a, depuis, changé de commissaire aux comptes et de comptable, pour des gens connus pour leur rigueur".

Sourire du procureur, car l'ancien comptable mentionné n'est autre que celui impliqué dans une affaire de tromperie de vins à fort retentissement, l'affaire Rieux de Bize. Pour l'avocat de Vins de Pays d'Oc et Inter Oc, (le syndicat des vins et l'interprofession, les deux parties civiles), l'impact sur l'image du pinot est immense à la fois en France et à l'export. "Je regrette que les inspecteurs des fraudes ne soient pas allés chez les négociants", a souligné Maître Escarguel, en demandant 50 000 euros à chacun pour chaque partie civile. En Languedoc, la fraude sur le pinot de la totalité des professionnels a eu un effet dévastateur sur le marché américain, où le pinot noir est marqué à l'encre rouge, Vins de pays d'Oc et Inter Oc consacrent des budgets colossaux à tenter de rattraper la perte de ces marchés".

La procureur a relevé la tromperie effective pour le consommateur, tout en notant que la situation tendue de la cave aurait dû déboucher sur une autre solution, de type redressement judiciaire.

Bertrand Baboulenne a requis du sursis : 6 mois pour le président, et 3 mois pour le directeur. À la défense, Maître Karsenty a plaidé la relaxe.

Il a appuyé sur le manque d'enrichissement personnel, fustigeant le fait que les deux hommes soient poursuivis à titre personnel.

Pour lui, ce réquisitoire est sans commune mesure avec celui du procès de Carcassonne, où il était question d'un mois avec sursis.

"On ne peut se permettre de mettre à mal un négociant lorsqu'on est une petite cave", a expliqué Me Karsenty. Le tribunal en a décidé autrement.

Ce procès, en tout cas, ne réhabilite pas le Languedoc aux yeux des pays importateurs, d'autant qu'un autre procès impliquant une cave héraultaise, en tous points similaires, sera audiencé en septembre à Montpellier.

Source :

http://www.lindependant.fr/2011/04/09/pinot-a-coursan-de-la-prison-avec-sursis-et-une-facture-salee,4160.php

 

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Recours collectif aux États-Unis contre le faux pinot noir de Sieur d'Arques

22 janvier 2012 — Marc André Gagnon

Un juge le Los Angeles propose un règlement de 2,1 millions de dollars dans un recours collectif contre les entreprises Gallo et Constellation qui ont vendu du faux pinot noir acheté à la maison Sieur d'Arques à Limoux dans le Languedoc.

Chaque consommateur trompé par cette arnaque pourrait obtenir 21 $ en dédommagement.

Les vins en question étaient de Gallo: Red Bicyclette (2005), Redwood Creek (2005-07), Turning Leaf (2006); de Constellation: Farallon (2006), Rex Goliath (2005-08), Talus (2005-07) ainsi que le Woodbridge de Robert Mondavi dans les millésime 2005 à 2008.

Sur les 2,1 millions prévu pour ce recours collectif, 480 000 $ iront aux avocats et 400 000 $ à la compagnie qui gèrera le fonds, laissant 1,1 million aux consommateurs trompés. 

Durant plusieurs années, l'équivalent de 20 millions de bouteilles contenant de la syrah et du merlot étaient vendues sous le nom de pinot à ces deux entreprises américaines. La coopérative Sieur d'Arques, ses dirigeants, le négociant Ducasse et quelques vignerons a été condamné à des amendes et à des peines de prison avec sursis.

Mentionnons ici que le Languedoc produit très peu de pinot noir, ce qui avait éveillé les soupçons des vérificateurs des douanes françaises.

Sieur d'Arques dont la cour a évalué les bénéfices de la supercherie à 1,3 million d'euros a été condamné à une amende de 150 000 euros, après appel.

Nous ne savons pas si ce faux pinot noir a aussi été écoulé au Canada. Toutefois, une affaire étrange est survenue chez nous il y a deux ans. Un vin étiqueté «Beringer, vin du pays d'Oc Pinot noir» était sur les rayons des vins américains à la SAQ. Sur la contre-étiquette on lisait «produit aux États-Unis». Il a été retiré du marché.  (Voir Un vin de pays d'Oc, produit des États-Unis

 Pour un rappel de cette affaire, lire: Des peines doublées pour le scandale du faux pinot du Languedoc.
 Dans la presse américaine: Fake pinot noir case may soon yield refunds, Los Angeles Times.

Source :

http://vinquebec.com/node/9351

Cour de cassation, criminelle, Chambre criminelle, 7 janvier 2014, 12-80.024, Inédit

 

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Références

Cour de cassation
chambre criminelle
Audience publique du mardi 7 janvier 2014
N° de pourvoi: 12-80024

Non publié au bulletin Rejet

M. Louvel (président), président
Me Bouthors, Me Foussard, Me Spinosi, SCP Garreau, Bauer-Violas et Feschotte-Desbois, SCP Piwnica et Molinié, SCP Waquet, Farge et Hazan, avocat(s)


 

Texte intégral

REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS



 

LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE CRIMINELLE, en son audience publique tenue au Palais de Justice à PARIS, a rendu l'arrêt suivant :

Statuant sur les pourvois formés par :

- La société SICA Sieur d'Arques,
- M. Claude X...,
- M. Pierre B...,
- M. Alain Y...,
- M. Pascal Z...,
- L'association inter Oc-Interprofession des vins de pays d'Oc, partie civile,

contre l'arrêt de la cour d'appel de MONTPELLIER, chambre correctionnelle, en date du 12 octobre 2011, qui a condamné la première, pour tromperie, à 150 000 euros d'amende, le deuxième, pour tromperie et usage de faux, à neuf mois d'emprisonnement avec sursis et 30 000 euros d'amende, le troisième, pour tromperie, faux et usage, à quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 8 000 euros d'amende, le quatrième, pour tromperie et usage de faux, à quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 15 000 euros d'amende, le dernier, pour complicité de tromperie, faux et usage, à quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 15 000 euros d'amende et, sur l'action fiscale, a condamné le second et le quatrième, pour expédition de vins sous couvert de documents d'accompagnement inapplicables, chacun, à 700 euros d'amende, et a prononcé sur les intérêts civils ;

La COUR, statuant après débats en l'audience publique du 13 novembre 2013 où étaient présents dans la formation prévue à l'article 567-1-1 du code de procédure pénale : M. Louvel président, M. Pers conseiller rapporteur, M. Arnould, conseiller de la chambre ;

Greffier de chambre : Mme Leprey ;

Sur le rapport de M. le conseiller PERS, les observations de Me SPINOSI, de la société civile professionnelle PIWNICA et MOLINIÉ, de la société civile professionnelle WAQUET, FARGE et HAZAN, de Me BOUTHORS, et de Me FOUSSARD, avocats en la Cour, et les conclusions de M. l'avocat général BERKANI ;

Joignant les pourvois en raison de la connexité ;

I-Sur le pourvoi de M. Pascal Z...:

Attendu qu'aucun moyen n'est produit ;

II-Sur les autres pourvois :

Vu les mémoires, en demande, en défense et les observations complémentaires produits ;

Attendu qu'il résulte de l'arrêt attaqué et des pièces de procédure que, dans le cadre d'une enquête nationale portant sur l'étude des vins de cépage, les fonctionnaires de la direction régionale de la concurrence et de la consommation ont constaté, le 1° avril 2008, que le volume de vin cépage Pinot commercialisé par la société Ducasse représentait pour la période du 1er janvier 2006 au 31 mars 2008 pour ce seul négociant, l'équivalent de la récolte complète du Languedoc Roussillon en cépage Pinot ; que des poursuites ont été engagées contre des viticulteurs, courtiers et négociants pour tromperie sur les qualités substantielles, la composition du vin, faux et usage, l'administration des douanes faisant par ailleurs délivrer des citations directes sur la base du délit fiscal d'expédition, transport, réception de vins sous couvert de documents d'accompagnement inapplicables ; que le tribunal est entré en voie de condamnation et a prononcé sur l'action civile ; que, sur appels des prévenus, du ministère public et des parties civiles, la cour d'appel a partiellement confirmé le jugement déféré sur la culpabilité tout en le réformant sur les peines et a prononcé sur les intérêts civils ;

En cet état ;

Sur le premier moyen de cassation proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, préliminaire, 513, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;

" en ce qu'il résulte des constatations de l'arrêt attaqué que la formalité du rapport a été effectuée « au cours des débats ;

" alors que la formalité du rapport, qui revêt un caractère substantiel, constitue un préliminaire indispensable avant tout débat et que les mentions de l'arrêt d'où il résulte que la formalité du rapport a été effectuée « au cours des débats » ne font pas la preuve de la régularité de l'accomplissement de cette formalité " ;

Sur le premier moyen de cassation proposé pour la société SICA Sieur d'Arques, pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, préliminaire, 513, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que l'arrêt attaqué constate que le rapport prescrit par l'article 513 du code de procédure pénale a été fait « au cours des débats » ;

" alors que le rapport du conseiller est une formalité substantielle dont l'accomplissement constitue un préliminaire indispensable avant tout débat ; que l'arrêt doit, à peine de nullité, constater qu'il a été satisfait à cette obligation ; qu'en l'espèce, les constatations de l'arrêt, selon lesquelles le rapport a été fait « au cours des débats », n'établissent pas que cette formalité a été régulièrement accomplie " ;

Sur le premier moyen de cassation proposé pour MM. X...et B..., pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, 513, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce qu'il résulte des mentions de l'arrêt attaqué que la formalité du rapport a été effectuée « au cours des débats » ;

" alors que le rapport du conseiller prescrit par l'article 513 du code de procédure pénale est une formalité substantielle dont l'accomplissement constitue un préliminaire indispensable avant tout débat ; que les mentions de l'arrêt attaqué, d'où il résulte que la formalité du rapport a été effectuée « au cours des débats » ne font pas la preuve de la régularité de l'accomplissement de cette formalité " ;

Les moyens étant réunis ;

Attendu que les mentions de l'arrêt mettent la Cour de cassation en mesure de s'assurer que la formalité du rapport oral d'un conseiller, telle que prévue par l'article 513 du code de procédure pénale, a été respectée ;

D'où il suit que les moyens ne sauraient être admis ;

Sur le deuxième moyen de cassation proposé pour la société SICA Sieur d'Arques, pris de la violation des articles 446, 512, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce qu'il résulte des constatations de l'arrêt attaqué que M. C... , directeur de la SICA Sieur d'Arques a été entendu, après accord des parties présentes, à titre de simple témoin sans prestation de serment ;

" alors qu'en matière correctionnelle, l'obligation de prêter serment s'étend à tous les témoins comparants ; que l'omission de la prestation de serment par un témoin vicie la procédure s'il n'est pas démontré que l'audition du témoin entendu sans serment n'a exercé aucune influence sur la décision des juges ; qu'en l'espèce, l'inobservation de la formalité du serment entraîne la nullité de l'arrêt dès lors que celui-ci constate que M. C... a été entendu sans prestation de serment et fait état, dans ses motifs, du témoignage de l'intéressé pour caractériser l'élément intentionnel de l'infraction retenue à l'encontre de la SICA Sieur d'Arques " ;

Attendu que la société SICA Sieur d'Arques ne saurait être admise à contester la régularité de l'audition de M. C..., dès lors que celui-ci a été entendu en qualité de dirigeant de cette personne morale prévenue, après accord des parties présentes ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ;

Sur le troisième moyen de cassation proposé pour la société SICA Sieur d'Arques, pris de la violation des articles 446, 512, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que l'arrêt attaqué, qui constate que la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DIRECCTE) représentée par M. D...a été entendue, ne mentionne pas que la formalité du serment a été accomplie préalablement à cette audition ;

" alors qu'en matière correctionnelle, l'obligation de prêter serment s'étend à tous les témoins comparants ; que l'omission de la prestation de serment par un témoin vicie la procédure s'il n'est pas démontré que l'audition du témoin entendu sans serment n'a exercé aucune influence sur la décision des juges ; qu'en l'espèce, l'inobservation de la formalité du serment entraîne la nullité de l'arrêt dès lors que celui-ci ne constate pas que M. D...représentant la DIRECCTE a prêté serment avant d'être entendu et qu'il n'est pas établi que cette audition n'a exercé aucune influence sur la décision de la cour " ;

Attendu que la demanderesse ne saurait se faire un grief de l'audition par les juges d'appel de M. D..., sans mentionner que la formalité du serment a été préalablement accomplie, dès lors que celui-ci représentait la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi et que la motivation de l'arrêt attaqué n'a pas pour fondement cette audition qui est intervenue sans opposition des parties ;

D'où il suit que le moyen ne peut qu'être écarté ;

Sur les deuxième et troisième branches du deuxième moyen de cassation proposé pour MM. X...et B..., pris de la violation des articles 6 § 1 et 6 § 3 de la Convention européenne des droits de l'homme, L. 211-3, L. 213-1, L. 213-2 et L. 213-2-1 du code de la consommation, 111-3 et 111-4 du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que la cour d'appel a déclaré MM. X...et B... coupables du délit de tromperie prévu à l'article L. 213-1 du code de la consommation ;

" aux motifs que, par application de l'article L. 213-1 du code de la Consommation, le délit de tromperie est constitué lorsque " quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, aura trompé ou tenté de tromper le cocontractant, par quelque moyen ou procédé que ce soit, même par l'intermédiaire d'un tiers :
1- soit sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou le teneur en principes utiles de toutes marchandises,
2- soit sur la quantité des choses livrées ou sur leur identité par la livraison d'une marchandise autre que chose déterminée qui a fait l'objet du contrer »

sur la qualité des contractants, qu'en l'espèce, il est établi, pour la période visée à la prévention, que la SICA Sieur d'Arques a contracté avec dix acheteurs américains, par l'intermédiaire de la société de courtage Joseph W. F...laquelle a établi tous les contrats de vente qui mentionnaient pour ce qui est de la marchandise Pinot Noir WIne, 100 % vintage année XX, 100 % pinot noir, 100 % vin de pays d'Oc (France) ; que, pour honorer ses contrats la SICA a acheté à la SASLI Ducasse des vins acquis par celle-ci auprès des producteurs régionaux ; que l'interprétation soutenue par les prévenus reviendrait à dispenser les professionnels de loyauté dans leurs relations alors que l'esprit du texte est, certes, de garantir la protection des consommateurs, mais également la loyauté des échanges commerciaux ; qu'en visant pour fauteur " quiconque " et pour la victime " le cocontractant " et en l'absence de restriction explicite, l'article L. 213. 1 s'applique bien dans les relations entre professionnels, la qualité de professionnel ou de consommateur étant indifférente (Cass. Crim 4 nov. 2006) ; que, de plus, tout professionnel est tenu de s'assurer de la conformité et des qualités substantielles de la marchandise (Cass. Crim. 5 avril 2011) ; qu'en l'espèce, il appartenait donc au courtier comme à la SICA Sieur d'Arques de s'assurer que les vins achetés provenaient de producteurs bénéficiant d'un agrément cépage pinot ; que, sur la loi applicable, l'article 113-2 du code Pénal dispose que " La loi pénale française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la République. L'infraction est réputée commise sur le territoire de la République dès lors qu'un de ses halls constitutifs e eu lieu sur ce (« Moire. ") ; qu'en l'espèce, tous les vins visés dans les poursuites ont été produits dans l'Aude et l'Héraut ; que l'entente entre producteurs et courtiers pour masquer la fraude en mentionnant pinot ou cépage pinot exclusivement sur les factures et DAA à l'adresse de la SASU Ducasse et l'établissement par la SICA Sieur d'Arques des documents d'exportation comportant de fausses mentions, ont été réalisés sur le territoire national ; qu'en conséquence, l'article L. 211-3 du code de la Consommation est applicable en l'espèce atlas faits relèvent des juridictions françaises d'autant que, contrairement aux allégations de certains des prévenus, les dispositions de l'article L. 211-3 inséré dans le chapitre 1 du livre II, titre I du code de la consommation définissent seulement la qualité de producteur, et ne s'appliquent pas au délit de tromperie prévu à l'article 211-13 qui figure au chapitre 3 ; que, sur l'élément matériel, aux termes de l'article 121-2, dernier alinéa, du code pénal, la responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits ; qu'ainsi, les organes ou représentants de la personne morale ne peuvent se prévaloir d'une Immunité personnelle au motif qu'il aurait agi pour le compte exclusif de la personne morale, dans l'exercice de leur fonction sociale ; que le moyen tenant à l'Irresponsabilité personnelle pour des faits se rattachant à l'exercice des fonctions sociales sera donc rejeté ; que, même si, comme le soutient M. Y..., le règlement CEE 753/ 2002 du 29 avril 2002 ne comporte aucune disposition relative à l'utilisation stricte des qualifications des cépages, en droit interne, l'utilisation des termes de pinot ou cépage pinot suppose un agrément spécifique et ne peut être utilisé comme une référence commerciale, les conditions de production, d'agrément et d'utilisation étant strictement réglementées par les décrets du 15 octobre 1987 et 12 juin 2001 ; qu'en effet, le décret du 16 octobre 1997 prévoyait que, pour avoir droit à la dénomination « Vin de pays d'Oc », les vins devaient être issus de vendanges récoltées dans Aude, le Gard, et l'Hérault, et provenir des cépages recommandés, à l'exclusion de toue autres, notamment pinot noir pour la production de vins rouges ; que, pour y adjoindre le nom de cépage, les vins devaient être issus de superficies exclusivement complantées du dit cépage figurant sur une liste et notamment pour la production de vin rouge, du pinot noir, et le vin doit faire l'objet d'un agrément spécifique ; que seuls les vins ayant fait l'objet d'un agrément avec indication de cépage peuvent porter la mention de ce cépage dans l'étiquetage du produit dans ce cas, le nom du cépage doit obligatoirement figurer sur les documents d'accompagnement et les documents commerciaux (y compris sur les contrats d'achats) ; que ces dispositions ont été reprises par le décret e01-511 du 12 juin 2001 relatif à l'agrément en vin de cépage des vins de pays de département et des vins de pays de zone qui prévoit que " pour avoir droit à la dénomination " vin de pays du département de Muden, " vin de pays du département du Gard ", vin de pays du département de l'Hérault, (...) complétée parle nom d'un cépage, les vins doivent être issus de superficies exclusivement complantées du cépage concerné ; que chaque cépage est vinifié séparément et le nom du cépage doit figurer sur chaque contenant " ; que, comme en 1987, le décret précise : " Seuls ayant fait l'objet d'un agrément aveu indication de cépage pourront porter la mention de ce cépage dans l'étiquetage du produit. Dans ce cas, le nom du cépage devra obligatoirement figurer sur les documents d'accompagnement et les documents commerciaux (y compris sur les contrats d'achats) " ; qu'or, en l'espèce, il est constant qu'à l'exception de la SARL Vignobles Nain Maure qui a acheté et vinifié du vin cépage pinot et obtenu un agrément en 2006 et 2007 mais pour des quantités très nettement inférieures à celles vendues à la société Ducasse, aucun des producteurs visés aux poursuites ne possédaient de parcelles plantées en cépage pinot et n'avaient demandé d'agrément " cépage pinot''; que même si certains producteurs ont seulement mentionné le terme pinot, sans faire figurer le mot cépage, cette différence au regard des textes précités n'est pas de nature à les exonérer de leur responsabilité, car le terme pinot, qui, en matière viticole renvoie nécessairement à un cépage, supposait un encépagement et une vinification séparée de raisins provenant exclusivement de ce cépage, ce qui n'est pas le cas en l'espèce ; que, de jurisprudence constante, la mise sur le marché d'un produit non conforme aux exigences réglementaires formulées pour la commercialisation de ce type produit constitue l'élément matériel de la tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise vendue (Dam Orb 30 mars 1994-13 janvier 2000), ce qui est le cas en l'espèce puisque les vins livrés, destinées à être mis sur le marché américain sous la dénomination pinot, ne répondaient pas aux caractéristiques prévues par les textes ; que, sur l'élément intentionnel, tous les prévenus, à l'exception de la SICA Sieur d'Arques, ont reconnu avoir, en connaissance de cause, mentionné les termes pinot ou cépage pinot sur les factures et les DM à l'adresse de la société Ducasse et ou de la SICA Sieur d'Arques pour cette dernière ; qu'aucun des producteurs ne possédant d'agrément cépage pinot, la mention de pinot ou cépage pinot exclusivement sur les DAA et factures à l'adresse de la société Ducasse et de Viniflhor alors que sur les doubles de ces documents conservés dans les caves ou sociétés productrices ces mentions ne figuraient pas, suffit à établir l'élément Intentionnel ; que M. X..., courtier intermédiaire entre la plupart des producteurs, et la SICA Sieur d'Arques, a eu des contacts avec le courtier de F...à l'époque ou la SICA hésitait à vendre des vins faussement dénommées (voir mail Mme P...du 6 septembre 2006), il n'ignorait nullement que le vin était destiné à des clients américains demandeurs de pinot et a proposé le système de double facturation et double DAA aux producteurs afin de masquer la fraude sur le pinot ; que l'élément intentionnel est donc également caractérisé à son égard ; qu'au regard du texte qui n'incriminent 4 quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, peu importe comme le soutiennent certains que les producteurs et le courtier n'aient pas contracté directement avec les clients américains ; pour les mêmes motifs, producteurs et courtiers français ne sauraient s'exonérer de leur responsabilité en raison de l'entente Illicite conclue entre eux, les contrats incriminés étant ceux liant la SICA Sieur d'Arques et les dix clients américains et non les contrats conclus entre les prévenus ; que, de même, à supposer que le courtier F...dont on peut légitimement s'étonner qu'il n'ait pas été alerté par les quantités vendues et par le prix, inférieur au cours du pinot, obtenu pour ses clients-ait également en connaissance de cause participé à la fraude comme le laisse supposer certains e-mail saisis à la SICA Sieur d'Arques, son implication en qualité de tiers ne saurait davantage dédouaner courtiers et producteurs français, le contractant restant toujours les consommateurs américains susceptibles d'être trompés par les mentions erronées et dont il n'est pas établi qu'ils aient eu connaissance et qu'ils aient consenti à la fraude ; que, pour ce qui est de la SICA Sieur d'Arques, ses dénégations n'emportent pas la conviction de la cour ; qu'en effet, il est établi et non contesté qu'avant la signature du premier contrat, M. C..., au demeurant oenologue, s'était renseigné auprès de Viniflhor sur les superficies plantées en cépage pinot en Languedoc Roussillon ; qu'auditionné par les gendarmes, il a reconnu que les documents relatifs aux assemblages déterminés par les clients américains n'avalent pas été conservés, ce qui, sauf à vouloir détruire des preuves, parait pour le moins étonnant dans le cadre de pratiques commerciales et d'éventuelles contestations du client sur la marchandise livrée ; que, de même, si la SICA, comme elle le prétend, était d'une totale bonne foi, ses responsables auraient du être alertés par le fait que la société Ducasse avait emporté la quasi totalité des appels d'offre pour les marchés pinot destinés aux clients américains ; que, de plus, il a été saisi, lors de l'enquête, deux mails émanant de Mme H...datés du 28 juin et 4 septembre 2006 dans lesquels elle indique avoir stoppé, à la demande de M. C..., l'achat des vins de cépage pinot en vrac pour l'année 2008 eu égard aux volumes déjà vendus ; que l'explication donnée par celui-ci quant à la nécessité de libérer les chais pour traiter les demandes de mise en bouteille, ne résiste pas à l'analyse effectuée par la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, l'activité des vins étant restée très faible jusqu'en septembre 2006 ; que les échanges de mail entre le personnel de la SICA et les agents du courtier F..., quant au prix d'achat, établissent que tous connaissaient parfaitement le prix du marché, notamment celui des vins servant au coupage et ne pouvaient donc ignorer que le vin faussement dénommé cépage pinot était vendu aux clients américains en dessous du cours ; qu'ainsi, la SICA savait que le vin reçu de la SASU Ducasse était coupé dans la proportion de 85/ 15 % (mail de Mme T...du 79 octobre 2006), alors qu'elle entendait procéder elle-même au coupage avec du merlot acheté 70 euros l'hectolitre à sa propre coopérative, pour augmenter sa marge bénéficiaire ; que, dans un mail du 17 octobre 2007, M. I...Indique à M. J..., pivot et l'acteur central de ce marché à la SICA, que la commande de 64 000 hectolitres sera composée de 70 000 hectolitres à 98 euros I'hl et pour les 13 440 hectolitres restant soit pour les 15 % prévus par la Id pour le coupage par du merlot ou de la syrah à 60 euros ; qu'en conséquence de quoi, il est établi que la SICA Sieur d'Arques par l'intermédiaire de ses organes et notamment de M. J...a en connaissance de cause, alors qu'elle n'ignorait pas les superficies plantées en cépage pinot et les quantités de vins agrées pinot produits en Languedoc Roussillon, a conclu avec dix clients américains des contrats portant sur du vin 100 % pinot auxquels elle a livré des vins qui ne provenaient pas de ce cépage et qui était au surplus coupés avec de la syrah ou du merlot soit par ses soins, soit par la SASU Ducasse ; que l'élément intentionnel est donc établi à l'égard de tous les prévenus ; qu'en conséquence de quoi, le jugement sera confirmé sur la culpabilité du chef de tromperie outre que M. Z...sera reconnu également coupable de ces faits commis en qualité de gérant de droit de la SCEA Clairière et M. B... pour les faits commis de directeur de la cave coopérative de Canet d'Aude ;

" 2) alors que la loi pénale est d'interprétation stricte ; qu'il résulte de l'articulation des articles L. 213-1, L. 213-2 et L. 213-2-1 du code de la consommation que le législateur a crée deux infractions de tromperie selon que la marchandise est dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal ou non, et selon le lieu de commercialisation du produit, à l'intérieur ou hors du territoire de la communauté européenne ; que le délit de tromperie portant sur une marchandise qui n'est pas dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal prévu par l'article L. 213-1 n'est applicable qu'aux biens vendus sur le territoire de la communauté européenne, seul le délit de tromperie sur une marchandise dangereuse pour la santé de l'homme ou de l'animal prévu à l'article L. 213-2-1 étant applicable aux biens exportés dans des pays tiers à la communauté européenne ; qu'en appliquant l'article L. 213-1 à des biens exportés hors de l'Union européenne, la cour d'appel a méconnu le principe visé au moyen en appliquant le texte à une hypothèse n'entrant pas dans le champ de ses prévisions ;

" 3) alors qu'enfin, la cour d'appel ne pouvait juger que les dispositions de l'article L. 211-3 du code de la consommation sont applicables en l'espèce, aux motifs inopérants que l'article 113-2 du code pénal rend la loi pénale française applicable aux infractions commises sur le territoire de la République, sans répondre au moyen de défense faisant valoir que l'article L. 211-3 du code de la consommation ne s'applique qu'aux biens vendus sur le territoire de l'Union européenne, le lieu de production des vins n'étant pas à lui seul déterminant de l'applicabilité de l'article L. 211-3, limité à la commercialisation des produits au sein de l'Union européenne " ;

Attendu que, pour dire le délit de tromperie applicable aux biens exportés dans un pays tiers à la Communauté européenne, l'arrêt attaqué, après avoir rappelé les dispositions de l'article 113-2 du code pénal, énonce que tous les vins visés dans les poursuites ont été produits dans l'Aude et dans l'Hérault, que l'entente entre producteurs et courtiers pour masquer la fraude en mentionnant Pinot ou cépage Pinot exclusivement sur les factures et DAA à l'adresse de la société Ducasse et l'établissement par la société SICA Sieur d'Arques des documents d'exportation comportant de fausses mentions ont été réalisés sur le territoire national ;

Attendu qu'en prononçant ainsi, et dès lors que l'offre de vente, fait constitutif du délit de tromperie et de mise en vente des produits portant les indications mensongères Pinot ou cépage Pinot, a été émise en France, la cour d'appel a justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Sur le deuxième moyen de cassation, proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 6 § 1 et 6 § 3 a) de la Convention européenne des droits de l'homme, 113-2 du code pénal, L. 213-1 du code de la consommation, préliminaire, 388, 512, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale, excès de pouvoir, ensemble violation des droits de la défense ;

" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré M. Y...coupable de tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l'origine ou la quantité d'une marchandise ;

" aux motifs que l'article 113-2 du code pénal dispose que « La loi pénale française est applicable aux infractions commises sur le territoire de la République. L'infraction est réputée commise sur le territoire de la République dès lors qu'un de ces faits constitutifs a eu lieu sur ce territoire » ; qu'en l'espèce, tous les vins visés dans les poursuites ont été produits dans l'Aude et l'Hérault ; que l'entente entre producteurs et courtiers pour masquer la fraude en mentionnant pinot ou cépage pinot exclusivement sur les factures et DAA à l'adresse de la SASU Ducasse et l'établissement par la SICA Sieur d'Arques des documents d'exportation comportant de fausses mentions, ont été réalisés sur le territoire national ; qu'en conséquence, l'article 211-13 du code de la consommation est applicable en l'espèce et les faits relèvent des juridictions françaises d'autant que, contrairement aux allégations de certains des prévenus, les dispositions de l'article L. 211-3 inséré dans le chapitre 1 du livre II, Titre I du code de la consommation définissent seulement la qualité de producteur, et ne s'appliquent pas au délit de tromperie prévu à l'article 211-13 qui figure au chapitre 3 ;

" alors qu'il résulte des dispositions des articles 6 § 1 et 6 § 3 a) de la Convention européenne des droits de l'homme que tout prévenu a le droit d'être informé de manière détaillée de la nature et de la cause de l'accusation portée contre lui, ce qui constitue une règle fondamentale du procès équitable et qu'il résulte de l'article 388 du code de procédure pénale que les tribunaux correctionnels ne peuvent statuer que sur les faits dont ils sont saisis par la prévention à moins que le prévenu n'ait accepté expressément d'être jugé sur des faits distincts, acceptation qu'ils doivent constater dans leur décision ; que M. Y...était poursuivi devant la juridiction correctionnelle pour avoir trompé ou tenté de tromper le consommateur sur l'origine et les qualités substantielles, la composition du vin, en l'espèce en commercialisant 13 145, 71 hectolitres de vin (vins de pays d'Oc, vins de pays de l'Hérault) sous la fausse dénomination « cépage Pinot » et qu'en retenant parmi les éléments de faits constitutifs de l'infraction de tromperie une « entente entre producteurs et courtiers pour masquer la fraude en mentionnant pinot ou cépage pinot exclusivement sur les factures et DAA à l'adresse de la société Ducasse et l'établissement par la SICA Sieur d'Arques des documents d'exportation comportant de fausses mentions », faits qui n'étaient pas compris dans la prévention de tromperie et sur lesquels M. Y...n'a pas comparu volontairement, la cour d'appel a excédé ses pouvoirs et méconnu, ce faisant, les droits de la défense " ;

Sur le troisième moyen de cassation proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, L. 213-1 du code de la consommation, préliminaire, 388, 485, 512, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale, excès de pouvoir, ensemble violation des droits de la défense ;

" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré M. Y...coupable de tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l'origine ou la quantité d'une marchandise ;

" aux motifs que, sur l'élément matériel, aux termes de l'article 121-2, dernier alinéa, du code pénal la responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits ; qu'ainsi les organes ou représentants de la personne morale ne peuvent se prévaloir d'une immunité personnelle au motif qu'il aurait agi pour le compte exclusif de la personne morale, dans l'exercice de leur fonction sociale ; que le moyen tenant à l'irresponsabilité personnelle pour des faits se rattachent à l'exercice des fonctions sociales sera donc rejeté ; que même si, comme le soutient M. Y..., le règlement CEE 753/ 2002 du 29 avril 2002 ne comporte aucune disposition relative à l'utilisation stricte des qualifications des cépages, en droit interne, l'utilisation des termes de pinot ou cépage pinot suppose un agrément spécifique et ne peut être utilisé comme une référence commerciale, les conditions de production, d'agrément et d'utilisation étant strictement réglementées par les décrets du 15 octobre 1987 et 12 juin 2001 ; qu'en effet, le décret du 15 octobre 1987 prévoyait que pour avoir droit à la dénomination « Vin de pays d'Oc » les vins devaient être issus de vendanges récoltées dans l'Aude, le Gard, et l'Hérault, et provenir des cépages recommandés, à l'exclusion de tous autres, notamment pinot noir pour la production de vins rouges ; que, pour y adjoindre le nom de cépage, les vins devaient être issus de superficies exclusivement complantées dudit cépage figurant sur une liste et notamment pour la production de vin rouge, du pinot noir, et le vin doit faire l'objet d'un agrément spécifique ; que seuls les vins ayant fait l'objet d'un agrément avec indication de cépage peuvent porter la mention de ce cépage dans l'étiquetage du produit ; que, dans ce cas, le nom du cépage doit obligatoirement figurer sur les documents d'accompagnement et les documents commerciaux (y compris sur les contrats d'achats) ; que ces dispositions ont été reprises par le décret n° 2001-511 du 12 juin 2001 relatif à l'agrément en vin de cépage des vins de pays de département et des vins de pays de zone qui prévoit que « pour avoir droit à la dénomination « vin de pays du département de l'Aude », « vin de pays du département du Gard », « vin de pays du département de l'Hérault » (¿) complétée par le nom d'un cépage, les vins doivent être issus de superficies exclusivement complantées du cépage concerné ; que chaque cépage est vinifié séparément et le nom du cépage doit figurer sur chaque contenant » ; que, comme en 1987, ce décret précise : « Seuls les vins ayant fait l'objet d'un agrément avec indication de cépage pourront porter la mention de ce cépage dans l'étiquetage du produit. Dans ce cas, le nom du cépage devra obligatoirement figurer sur les documents d'accompagnement et les documents commerciaux (y compris sur les contrats d'achats) » ; qu'or, en l'espèce, il est constant qu'à l'exception de la SARL Vignobles Alain Y...qui a acheté et vinifié du vin cépage pinot et obtenu un agrément en 2006 et 2007 mais pour des quantités très nettement inférieures à celles vendues à la société Ducasse, aucun des producteurs visés aux poursuites ne possédait de parcelles plantées en cépage pinot et n'avait demandé d'agrément « cépage pinot » ; que même si certains producteurs ont seulement mentionné le terme pinot, sans faire figurer le mot cépage, cette différence au regard des textes précités, n'est pas de nature à les exonérer de leur responsabilité, car le terme pinot, qui, en matière viticole renvoie nécessairement à un cépage, supposait un encépagement et une vinification séparée de raisins provenant exclusivement de ce cépage, ce qui n'est pas le cas en l'espèce ; que, de jurisprudence constante, la mise sur le marché d'un produit non conforme aux exigences réglementaires formulées pour la commercialisation de ce type produit constitue l'élément matériel de la tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise vendue (Cass. crim. 30 mars 1994, 13 janvier 2009), ce qui est le cas en l'espèce puisque les vins livrés, destinés à être mis sur le marché américain sous la dénomination pinot, ne répondaient pas aux caractéristiques prévues par les textes ;

" 1) alors que les juges ne peuvent modifier le fondement légal de la poursuite sans avoir mis préalablement le prévenu en mesure de discuter de cette modification et que la cour d'appel ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, dire l'élément matériel du délit de tromperie établi à l'encontre de M. Y..., en relevant d'office la violation des décrets des 17 octobre 1987 et 12 juin 2001, laquelle n'était pas visée dans la prévention ;

" 2) alors que le délit de tromperie n'est légalement constitué en tous ses éléments matériels et intentionnels qu'autant que les acheteurs ont pu être trompés sur les qualités substantielles de la marchandise acquise par eux, ce qui implique qu'ils ont acquis une marchandise ne correspondant pas à leurs expectatives ; que dans ses conclusions régulièrement déposées devant la cour d'appel, M. Y...reprenait liminairement à son compte les constatations des premiers juges d'où il résulte que les courtiers américains, acheteurs des vins, avaient participé à des séances de dégustation pour choisir les échantillons préparés par les caves et validés par les oenologues du sieur d'Arques et qu'en ne recherchant pas si les acheteurs américains n'avaient pas été parfaitement informés de la qualité exacte des vins qu'ils avaient acquis et n'avaient pu dès lors être victimes de tromperie sur les qualités essentielles de ces vins, la cour d'appel n'a pas légalement justifié sa décision " ;

Sur le quatrième moyen de cassation proposé pour la société SICA Sieur d'Arques, pris de la violation des articles L. 213-1 du code de la consommation, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;

" en ce que l'arrêt attaqué a confirmé le jugement en ce qu'il a déclaré la SICA Sieur d'Arques coupable de tromperie et, l'infirmant sur la peine et statuant à nouveau, a condamné ladite société à la peine de 150 000 euros d'amende ;

" aux motifs qu'il est établi en l'espèce que la SICA Sieur d'Arques a contracté avec dix acheteurs américains, par l'intermédiaire de la société de courtage Joseph W. F..., laquelle a établi tous les contrats de vente qui mentionnaient pour ce qui est de la marchandise : Pinot Noir Wine, 100 % vintage année XX, 100 % pinot noir, 100 % vin de pays d'Oc (France) ; que, pour honorer ses contrats, la SICA a acheté à la SASU Ducasse des vins acquis par celle-ci auprès des producteurs régionaux ; qu'en visant pour l'auteur « quiconque » et pour la victime « le cocontractant » et en l'absence de restriction explicite, l'article L. 213-1 s'applique dans les relations entre professionnels, la qualité de professionnel ou de consommateur étant indifférente ; qu'en droit interne, l'utilisation des termes de pinot ou cépage pinot suppose un agrément spécifique et ne peut être utilisé comme une référence commerciale, les conditions de production, d'agrément et d'utilisation étant strictement réglementées par les décrets du 15 octobre 1987 et 12 juin 2001 ; qu'en l'espèce, il est constant qu'à l'exception de la SARL Vignobles Alain Y...qui a acheté et vinifié du vin cépage pinot et obtenu un agrément en 2006 et 2007 mais pour des quantités très nettement inférieures à celles vendues à la SASU Ducasse, aucun des producteurs visés aux poursuites ne possédait de parcelles plantées en cépage pinot et n'avait demandé d'agrément « cépage pinot » ; que la mise sur le marché d'un produit non conforme aux exigences réglementaires formulées pour la commercialisation de ce type de produit constitue l'élément matériel de la tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise vendue, ce qui est le cas en l'espèce puisque les vins livrés, destinés à être mis sur le marché américain sous la dénomination pinot, ne répondaient pas aux caractéristiques prévues par les textes ; que les contrats incriminés sont ceux liant la SICA Sieur d'Arques et les dix clients américains et non les contrats conclus entre les prévenus ; que le contractant reste toujours les consommateurs américains susceptibles d'être trompés par les mentions erronées et dont il n'est pas établi qu'ils aient eu connaissance et qu'ils aient consenti à la fraude ;

" 1) alors que l'article L. 213-1 du code de la consommation incrimine le fait pour quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, de tromper ou tenter de tromper le contractant ; que la caractérisation du délit de tromperie implique donc d'identifier les contractants ; qu'en l'espèce, la cour n'a pu, sans contradiction de motifs, retenir que les contrats incriminés sont ceux liant la SICA Sieur d'Arques et les dix clients américains, tout en relevant que le contractant reste toujours les consommateurs américains ;

" 2) alors qu'en tout état de cause, la tromperie n'est caractérisée qu'au cas où le contractant a été induit en erreur ou était susceptible de l'être ; que ce dernier ne peut avoir été trompé lorsqu'il avait connaissance des qualités substantielles de la marchandise vendue ; qu'en l'espèce, comme le faisait valoir la SICA Sieur d'Arques dans ses conclusions d'appel, la société Gallo, principal acheteur américain, était parfaitement au courant de l'origine et des qualités du vin en litige, ce qui exclut qu'elle puisse avoir été induite en erreur par la mention erronée relative au cépage pinot portée sur les contrats de vente ; qu'en retenant l'existence d'une tromperie, sans rechercher si les contractants avaient eu connaissance des caractéristiques réelles du vin acheté, la cour a privé sa décision de base légale " ;

Sur le cinquième moyen de cassation proposé pour la société SICA Sieur d'Arques, pris de la violation des articles pris de la violation des articles L. 213-1 du code de la consommation, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale ;

" en ce que l'arrêt attaqué a confirmé le jugement en ce qu'il a déclaré la SICA Sieur d'Arques coupable de tromperie et, l'infirmant sur la peine et statuant à nouveau, a condamné ladite société à la peine de 150 000 euros d'amende ;

" aux motifs que, s'agissant de l'élément intentionnel de l'infraction, il est établi et non contesté qu'avant la signature du premier contrat, M. C... , au demeurant oenologue, s'était renseigné auprès de Viniflhor sur les superficies plantées en cépage pinot en Languedoc Roussillon ; qu'auditionné par les gendarmes, il a reconnu que les documents relatifs aux assemblages déterminés par les clients américains n'avaient pas été conservés, ce qui, sauf à vouloir détruire des preuves, paraît pour le moins étonnant dans le cadre de pratiques commerciales et d'éventuelles contestations du client sur la marchandise livrée ; que, de même, si la SICA était d'une totale bonne foi, ses responsables auraient dû être alertés par le fait que la société Ducasse avait emporté la quasi totalité des appels d'offres pour les marchés pinot destinés aux clients américains ; que, de plus, il a été saisi lors de l'enquête deux mails émanant de Mme H...datés du 28 juin et 4 septembre 2006 dans lesquels elle indique avoir stoppé, à la demande de M. C... , l'achat des vins de cépage pinot en vrac pour l'année 2006 eu égard aux volumes déjà vendus ; que l'explication donnée par celui-ci quant à la nécessité de libérer les chais pour traiter les demandes de mise en bouteille, ne résiste pas à l'analyse effectuée par la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, l'activité des vins étant restée très faible jusqu'en septembre 2006 ; que les échanges de mails entre le personnel de la SICA et les agents du courtier F...quant au prix d'achat, établissent que tous connaissaient parfaitement le prix du marché, notamment celui des vins servant au coupage et ne pouvaient donc ignorer que le vin faussement dénommé cépage pinot était vendu aux clients américains en-dessous du cours ; qu'ainsi, la SICA savait que le vin reçu de la SASU Ducasse était coupé dans la proportion de 85/ 15 % (mail de Mme T... du 19 octobre 2006), alors qu'elle entendait procéder elle-même au coupage avec du merlot acheté 70 euros l'hectolitre à sa propre coopérative, pour augmenter sa marge bénéficiaire ; que, dans un mail du 17 octobre 2007, M. I...indique à M. J..., pivot et acteur central de ce marché à la SICA, que la commande de 84 000 hectolitres sera composée de 70 000 hectolitres à 98 euros/ hl et pour les 13 440 hectolitres restant, soit pour les 15 % prévus par la loi pour le coupage par du merlot ou de la syrah, à 60 euros/ hl ; qu'en conséquence, il est établi que la SICA Sieur d'Arques, par l'intermédiaire de ses organes et notamment de M. J..., a, en connaissance de cause, alors qu'elle n'ignorait pas les superficies plantées en cépage pinot et les quantités de vins agréés pinot produits en Languedoc Roussillon, a conclu avec dix clients américains des contrats portant sur du vin 100 % pinot auxquels elle a livré des vins qui ne provenaient pas de ce cépage et qui étaient au surplus coupés avec de la syrah ou du merlot soit par ses soins, soit par la SAS Ducasse ; que l'élément intentionnel est donc établi à son égard ;

" 1) alors que l'élément intentionnel de la tromperie est caractérisé, à l'égard du fabricant ou de l'importateur, s'il n'a pas suffisamment vérifié la conformité de sa marchandise aux prescriptions en vigueur ; qu'en revanche, le simple revendeur, qui n'est pas l'auteur de la première mise sur le marché, est tenu à des diligences moindres ; qu'en l'espèce, la SICA Sieur d'Arques a fait valoir dans ses conclusions d'appel qu'elle n'était ni producteur ni premier acheteur mais simple intermédiaire et prestataire de services techniques, et qu'elle avait accompli le contrôle requis à son niveau en vérifiant l'absence de défaut et la correspondance entre le vin livré et la facture ; qu'en caractérisant l'élément intentionnel du délit de tromperie, sans rechercher si le prévenu avait procédé aux vérifications qui s'imposaient à lui en tant que simple revendeur et prestataire de service intervenant en troisième position de transaction, la cour n'a pas légalement justifié sa décision ;

" 2) alors qu'en se fondant, pour caractériser l'élément intentionnel de la tromperie, sur la circonstance que M. C... , directeur général de la SICA Sieur d'Arques, s'était renseigné en octobre 2005 auprès de Viniflhor sur les superficies plantées en cépage pinot en Languedoc Roussillon, sans répondre à l'argumentation de la société qui faisait valoir que cette connaissance ne suffisait pas à établir l'intention frauduleuse dès lors que M. C... n'était pas impliqué dans la conclusion des contrats litigieux et que l'information obtenue en 2005 était sans aucun lien avec les transactions mises en place au printemps 2006 par le négociant Ducasse, la cour a insuffisamment motivé son arrêt ;

" 3) alors qu'en se fondant par ailleurs, pour caractériser l'intention frauduleuse, sur l'analyse des agents de la DRCCRF selon laquelle la demande faite par M. C... à l'été 2006 de stopper les achats de vins de cépage pinot en vrac n'était pas motivée par la nécessité de libérer les chais, sans rechercher, comme l'y invitait l'exposante, si la DRCCRF avait pris en compte l'ensemble des vins traités dans les chais pour aboutir à cette conclusion, la cour n'a pas légalement justifié sa décision ;

" 4) alors qu'en se fondant également, pour retenir l'élément intentionnel, sur la circonstance que le personnel de la SICA Sieur d'Arques ne pouvait ignorer que le vin de cépage pinot était vendu aux clients américains en deça du cours du marché, sans répondre à l'argumentation de la demanderesse qui soutenait que le prix d'achat du vin par la SICA au négociant Ducasse était conforme au prix du marché et que la SICA ne connaissait pas les prix pratiqués par ce dernier avec ses propres fournisseurs, la cour n'a pas légalement justifié sa décision ;

" 5) alors qu'en tout état de cause, en retenant, pour caractériser la mauvaise foi de la SICA Sieur d'Arques, que celle-ci avait livré des vins coupés par ses soins à 15 %, alors qu'il ressortait du rapport de la DRCCRF qu'en cas de coupage, le code correspondant était expressément indiqué sur le contrat et la facture, de sorte que le contractant ne pouvait pas être induit en erreur, la cour n'a pas légalement justifié sa décision " ;

Sur la première branche du deuxième moyen proposé pour MM. X...et B... ;

" 1) alors que tout prévenu a le droit d'être informé de manière détaillée de la nature et de la cause de l'accusation portée contre lui ; qu'en entrant en voie de condamnation du chef de tromperie, au visa des décrets des 17 octobre 1987 et 12 juin 2001, lesquels n'étaient pas visés dans la prévention, la cour d'appel a méconnu les droits de la défense des demandeurs ;

Les moyens étant réunis ;

Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de cassation en mesure de s'assurer que la cour d'appel a, dans les limites de sa saisine, sans insuffisance ni contradiction, répondu aux chefs péremptoires des conclusions dont elle était saisie et caractérisé en tous ses éléments, tant matériels qu'intentionnel, le délit de tromperie dont elle a déclaré les prévenus coupables ;

D'où il suit que les moyens, qui se bornent à remettre en question l'appréciation souveraine, par les juges du fond, des faits et circonstances de la cause, ainsi que des éléments de preuve contradictoirement débattus, ne sauraient être admis ;

Sur le cinquième moyen de cassation proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 111-4, 121-3 et 441-1 du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut et contradiction de motifs, manque de base légale ;

" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré M. Y...coupable de faux et usage de faux ;

" aux motifs, qu'en l'espèce, il est établi par l'enquête de la DCCRF et non contesté par les prévenus que les dix producteurs, personnes physiques et morales (SCVM), ont établi des factures et DAA à l'adresse de la société Ducasse qui portaient indûment les mentions pinot ou cépage pinot, alors qu'elles ne figuraient pas sur les doubles conservés en cave ou adressés à Viniflhor ; que tous les producteurs prévenus ont reconnu avoir sciemment porté ces mentions qu'ils savaient fausses, pour n'avoir aucun agrément pour ce cépage et M. X...a admis avoir adressé pour la société Ducasse à la SICA Sieur d'Arques, des factures comportant ces indications qu'ils savaient erronées en exécution des contrats conclus entre eux, en conséquence de quoi, l'altération de la vérité et le faux intellectuel sont établis ; que, comme le soutiennent les prévenus, la facture soumise à vérification et discussion, document représentatif établi unilatéralement ne peut servir de support au faux, au contraire la pièce justificative d'une comptabilité (document justificatif) peut être le support d'un faux ; qu'en effet, la facture passée en comptabilité ne peut être considérée comme une simple allégation mais acquiert la valeur d'un titre (Cass. crim., 17 nov. 2004 : Bull. crim. 2004, n° 291) et permet dans les relations entre vendeur et acheteur d'établir la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques au sens de l'article 441-1 du code pénal ; que, tel est le cas en l'espèce, puisque les factures portant la mention pinot, des producteurs à la SASU Ducasse et de celle-ci à la SICA Sieur d'Arques, ont toutes été passées dans les comptabilités des sociétés et coopératives, comme établi par l'enquête de la DCCRF et constituent pour celles-ci un titre opposable ; que les producteurs ne sauraient s'exonérer de leur responsabilité au motif qu'ils n'auraient été que l'instrument de M. X..., étant établi que tous ont eu le choix ou non de répondre à la demande de M. X...; que les fausses énonciations ont été concertées dans le cadre d'une entente illicite avec la société Ducasse, avec l'intention coupable de tromper au final le consommateur et non M. X...qui, en qualité de courtier, ne se portait acquéreur pour revendre lesdits vins, lesquels étaient destinés à être consommés ; qu'étant établi et non contesté que la mention pinot sur les factures et DAA était une des conditions de l'achat du vin par la société Ducasse, que les contrats avec les acheteurs américains et les contrats conclus entre Sieur d'Arques et la société Ducasse portaient sur du pinot, il s'en déduit que cette caractéristique était un élément fondamental des contrats et des factures ; qu'enfin, l'atteinte portée à la force probante reconnue aux écritures comptables et aux pièces les justifiant suffit à caractériser le préjudice ; qu'il est constant que les factures comportant la mention pinot établis par les producteurs, personnes morales et physiques y compris pour la SCEA Clairiège, ont été retrouvées par la DCCRF dans les pièces comptables de la société Ducasse, et les factures de celle-ci figuraient dans les pièces comptables de la SICA Sieur d'Arques, l'usage de faux est donc établi ;

" 1) alors qu'une facture, soumise par nature à vérification et à discussion portant des mentions inexactes n'acquiert la qualification de faux qu'autant qu'elle a été passée en comptabilité et que, dans la mesure où il résulte sans ambiguïté des constatations de l'arrêt que les doubles des factures conservés en cave ne portaient pas les mentions indues « pinot » ou « cépage pinot », il en résulte que M. Y...gérant de la Cave SARL Vignoles Alain Y...n'a passé en comptabilité aucune facture portant des mentions inexactes ;

" 2) alors que la cour d'appel ne pouvait, sans se contredire, constater que les doubles conservés en cave ne portaient pas les mentions indues « pinot » ou « cépage pinot » et affirmer, en contradiction avec cette constatation, que les factures portant les mentions pinot avaient été passées dans la comptabilité des sociétés productrices et coopératives ;

" 3) alors que nul n'est responsable pénalement que de son propre fait et que dans la mesure où il résulte des constatations de l'arrêt que les factures comportant la mention « pinot » n'ont été retrouvées par la DGCCRF que dans les pièces comptables de la société Ducasse et de la SICA Sieur d'Arques, l'arrêt attaqué ne pouvait, sans se contredire et méconnaître ce faisant tant le principe susvisé que l'article 441-1 du code pénal, entrer en voie de condamnation à l'encontre de M. Y...du chef d'usage de faux ;

" 4) alors que la constatation de l'élément intentionnel d'une infraction ne saurait résulter de motifs contradictoires et que la cour d'appel ne pouvait, sans se contredire, déduire l'élément intentionnel du délit de faux qu'elle retenait à l'encontre de M. Y...de la circonstance que « tous les producteurs ont reconnu avoir sciemment porté des mentions qu'ils savaient fausses pour n'avoir aucun agrément pour le cépage pinot », cependant que dans ses motifs relatifs à l'élément matériel du délit de tromperie, elle avait expressément constaté que M. Y...avait obtenu un agrément Pinot en 2006 et 2007 " ;

Sur le troisième moyen de cassation proposé pour MM. X...et B..., pris de la violation des articles 441-1 du code pénal, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que la cour d'appel a déclaré MM. X...et B... coupables de faux et usage de faux ;

" aux motifs qu'aux termes de l'article 441-1 du code pénal, " Constitue un faux toute altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice et accomplie par quelque moyen que ce soit, dans un écrit ou tout autre support d'expression de la pensée qui a pour objet ou qui peut avoir pour effet d'établir la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques " ; qu'aucun des prévenus n'a été poursuivi sur le fondement de l'article 410 du code des douanes ; qu'en l'espèce, il est établi par l'enquête de Je occRF et non contestée par les prévenus que les dix producteurs, personnes physiques et morales (SCVM), ont établi des factures et DM à l'adresse de la société Ducasse qui portaient indûment los mentions pinot ou cépage pinot alors qu'eues ne figuraient pas sur les doubles conservés en cave ou adressés à Viniflhor ; que tous les producteurs prévenus ont reconnu avoir sciemment porté ces mentions qu'ils savaient fausses, pour n'avoir aucun agrément pour ce cépage et M. M...a admis avoir adressé pour la société Ducasse à la SICA Sieur d'Arques, des factures comportant ces indications qu'ils savaient erronées en exécution des contrats conclus entre eux, en conséquence de quoi l'altération de la vérité et le faux intellectuel sont établis ; que, comme le soutienne les prévenus, la facture soumise à vérification et discussion, document représentatif établi unilatéralement ne peut servir de support au faux, au contraire la pièce justificative d'une comptabilité (document Justificatif) peut être le support d'un faux ; qu'en effet, la facture passée en comptabilité ne peut être considérée comme une simple allégation mais acquiert la valeur d'un titre (Cass. crim., 17 nov. 2004 : Bull. crim. 2004, n° 291) et permet dans les relations entre vendeur et acheteur d'établir la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques au sens de l'article 441-1 du code Pénal ; que, tel est le cas en l'espèce puisque les factures portant la mention pinot, des producteurs à la société Ducasse et de celle-ci à la SICA Sieur d'Arques, ont toutes été passées dans les comptabilités des sociétés et coopératives, comme établi par l'enquête de la DCCRF et constituent pour celles-ci un titre opposable ; que les producteurs ne sauraient s'exonérer de leur responsabilité au motif qu'ils n'auraient été que l'instrument de M. X...étant établi que tous ont eu le choix ou non de répondre à la demande de M. X...; que les fausses énonciations ont été concertées dans le cadre d'une entente illicite avec la société Ducasse, avec l'Intention coupable de tromper au final le consommateur et non M. X...qui, en qualité de courtier, ne se portait acquéreur pour revendre les dits vins, lesquels étaient destinés à être consommés, étant établi et non contesté que la mention pinot sur les factures et DAA était une des conditions de rachat du vin par la société Ducasse, que les contrats avec les acheteurs américains et tes contrats conclus entre Sieur D'arques et la société Ducasse portaient sur du pinot, il s'en déduit que cette caractéristique était un élément fondamental des contrats et des factures ; qu'enfin, l'atteinte portée à la force probante reconnue aux écritures comptables et aux pièces les justifiant suffit à caractériser le préjudice ; qu'il est constant que les factures comportant la mention pinot établis par les producteurs, personnes morales et physiques y compris pour la SCEA Clalrlège, ont été retrouvées par la DCCRF dans les pièces comptables de la société Ducasse, et les factures de celle-ci figuraient dans les pièces comptables de la SICA Sieur d'Arques, l'usage de faux est donc établi ; qu'en conséquence de quoi, le jugement déféré sera confirmé pour ce qui est de la culpabilité du chef de faux et usage de faux à l'égard de MM. X..., B..., N..., Q..., N..., R..., S...et de la SCVM, outre que M. Z...sera également déclaré coupable de ces faits sur lesquels le Tribunal correctionnel avaient omis de statuer et M. Y...reconnu coupable seulement pour la période du 19 janvier 2007 au 31 mars 2008 et renvoyé des fins de la poursuite pour la période du ?'janvier 2008 au 18 janvier 2007 ;

" 1) alors qu'en déclarant les prévenus coupables de faux et usage, aux motifs qu'une facture acquiert la qualification de faux lorsqu'elle a été passée en comptabilité, lorsqu'il résulte également des mentions mêmes de la décision que les doubles conservés en cave ou adressés à Viniflhor ne portaient pas les mentions « pinot » ou « cépage pinot », la cour d'appel n'a pas mis la Cour de cassation en mesure d'exercer son contrôle, les motifs des juges ne permettant pas de s'assurer que les factures litigieuses ont été passées en comptabilité ;

" 2) alors que la cour d'appel ne pouvait, sans contradiction, constater que les doubles conservés en cave ou adressés à Viniflhor ne portaient pas les mentions indues « pinot » ou « cépage pinot », tout en affirmant que les factures portant les mentions « pinot » avaient été passées dans la comptabilité des sociétés productrices et coopératives ;

" 3) alors qu'il résulte des mentions mêmes de la décision que les doubles conservés en cave ou adressés à Viniflhor ne portaient pas les mentions « pinot » ou « cépage pinot », circonstance exclusive de tout préjudice, dès lors qu'aucun faux n'a été adressé à V Viniflhor ;
qu'ainsi, la cour d'appel ne pouvait, sans méconnaître le sens et la portée de l'article 441-1 du code pénal, déclarer néanmoins les prévenus coupable de ce chef " ;

Les moyens étant réunis ;

Attendu que les énonciations de l'arrêt attaqué mettent la Cour de cassation en mesure de s'assurer que la cour d'appel a, sans insuffisance ni contradiction, répondu aux chefs péremptoires des conclusions dont elle était saisie et caractérisé, en tous leurs éléments, tant matériels qu'intentionnel, les délits de faux et d'usage de faux dont elle déclaré les prévenus coupables ;

D'où il suit que les moyens qui se bornent à remettre en question l'appréciation souveraine, par les juges du fond, des faits et circonstances de la cause, ainsi que des éléments de preuve contradictoirement débattus, ne peuvent qu'être écartés ;

Sur le sixième moyen de cassation proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 111-3, du code pénal, du règlement CEE n° 884/ 2001 du 24 avril 2001, des articles 302 M, 302 P, 433 A, 614 A du code général des impôts, 111 H septième de l'annexe III du code général des impôts, des articles 1798 ter, 1799, 1799 A et 1805 du code général des impôts, 485, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut et contradiction de motifs, manque de base légale ;

" en ce que l'arrêt attaqué a déclaré M. Y...coupable d'expédition et transport de vins de pays sous couvert de titres de mouvement inapplicables ;

" aux motifs qu'aux termes de l'article 3 § 1 du règlement CEE n° 884 du 24 avril 2001 toute personne ou négociant qui effectue ou fait effectuer un transport d'un produit viti-vinicole doit établir un document d'accompagnement comportant la désignation du produit transporté conformément aux dispositions communautaires et nationales ; que tout document non correctement établi, comportant des indications erronées est considéré inapplicable par application de l'article 6 du même règlement ; que l'article 302M du code général des impôts dispose que le document d'accompagnement est établi par l'expéditeur ; qu'en l'espèce, pour ce qui est de l'activité négoce de M. Y..., il est établi que les exemplaires client détenus par la société Ducasse portaient la mention « Vin de pays Oc Rouge Pinot » alors que les exemplaires expéditeur conservés au siège de la SARL Y...ne mentionnaient pas pinot, d'où il se déduit que les DAA n'étaient pas correctement établis ; que les infractions en matière de droits indirects étant purement matérielles et indépendantes de la bonne foi ou de l'ignorance des contrevenants, M. Y...en qualité de dirigeant de la SARL Vignobles Alain Y...est responsable des infractions constatées, sa fonction impliquant par elle-même une participation aux actes de la société et donc à l'infraction ;

" alors qu'une condamnation pénale n'est légalement justifiée qu'autant que le texte répressif qui lui sert de base définit l'infraction en termes clairs et précis et que, dès lors, qu'il résulte des constatations des premiers juges-qui n'ont pas été critiquées par la cour d'appel ¿ que le règlement CEE n° 884 du 24 avril 2 001 définissant le contenu des documents administratifs d'accompagnement pour certaines catégories de vins est un texte « relativement imprécis », l'arrêt attaqué ne pouvait, sans méconnaître les dispositions de l'article 111-3 du code pénal, entrer en voie de condamnation à l'encontre de M. Y...sur le fondement de ce règlement pour expédition et transport de vins sous couvert de titres de mouvement inapplicables " ;

Attendu que, pour déclarer le prévenu coupable du délit d'expédition de marchandises sous couvert de titres d'accompagnement inapplicables, l'arrêt attaqué, après avoir rappelé les termes de l'article 3 § 1 et 6 du règlement CEE n° 884 du 24 avril 2001 et de l'article 302 M du code général des impôts, retient qu'il est établi que les exemplaires client détenus par la société Ducasse portaient la mention " Vin de pays d'Oc Rouge Pinot " alors que les exemplaires expéditeur conservés au siège de la société Y...ne mentionnaient pas Pinot, d'où il se déduit que les DDA n'étaient pas correctement établis ;

Attendu qu'en statuant ainsi, et dès lors que les textes appliqués définissent clairement les mentions devant figurer dans le document d'accompagnement qui doivent être exactes afin de satisfaire aux enjeux d'ordre public, de sécurité publique et de protection de la santé publique en cause, la cour d'appel a justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen doit être écarté ;

Sur le septième moyen de cassation proposé pour M. Y..., pris de la violation des articles 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, 132-1 et 132-24 du code pénal, préliminaire, 388, 512, 591 et 593 du code de procédure pénale, défaut de motifs, manque de base légale, excès de pouvoir, ensemble violation des droits de la défense ;

" en ce que l'arrêt attaqué a prononcé à l'encontre de M. Y...une peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 15 000 euros d'amende ;

" aux motifs que M. Y..., jamais condamné, en qualité de gérant SARL Vignobles Alain Y...a vendu du 1er janvier 2006 au 31 mars 2008 13 145, 71 hectolitres de faux pinot à la société Ducasse, postérieurement au contrôle, il a poursuivi les ventes litigieuses en livrant 10 719 hectolitres entre le 1er avril et le 16 juin 2008 ; qu'il réalisait de plus une prestation de service rémunérée pour la société Ducasse à laquelle il louait ses caves et pour laquelle il a stocké les vins achetés aux autres producteurs et réalisé les coupages 85/ 15 % ; qu'il a également organisé dans ses chais une dégustation pour la sélection d'échantillons pour la société Ducasse et la SICA Sieur d'Arques, ce faisant, il avait une vision globale des quantités de faux pinot vendus par la société Ducasse et savait qu'ils étaient achetés par la SICA Sieur d'Arques pour être exportés aux USA ; que la DCCRF a estimé les gains de SARL à la somme de 458 390 euros ; qu'en conséquence de quoi, le jugement déféré sera infirmé et il sera condamné au titre de l'action publique à la peine de quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 15 000 euros d'amende ;

" 1) alors qu'il résulte tant des dispositions de droit interne que des dispositions du droit conventionnel que les juges ne peuvent, sans excès de pouvoir, fonder la sévérité de la peine qu'ils prononcent à l'encontre du prévenu sur des faits qui, à les supposer délictueux, sont extérieurs à leur saisine et qui ne concernent donc pas des « circonstances de l'infraction au sens de l'article 132-24 du code pénal » et que la prévention visant des faits localisés dans le temps entre le 1er janvier 2006 et le 31 mars 2008 et M. Y...n'ayant pas comparu volontairement sur des faits localisés dans le temps entre le 1er avril et le 16 juin 2008 dont les juges du fond n'étaient pas saisis, la cour d'appel ne pouvait, sans excéder ses pouvoirs, et violer, ce faisant le principe du procès équitable, fonder sur ces faits la sévérité de sa peine ;

" 2) alors que la prévention ne visant pas davantage au titre de la tromperie au coupage des vins, la cour d'appel ne pouvait, sans excéder, à nouveau, ses pouvoirs et violer, ce faisant, le principe du procès équitable, relever ce fait pour justifier la sévérité de la peine qu'elle a prononcée à l'encontre de M. Y...;

" 3) alors que la cour d'appel a justifié le prononcé et le quantum des peines en se fondant sur l'appréciation de la DCCRF quant aux gains supposés obtenus par le prévenu qui seraient de 458 390 euros ; que M. Y...faisait cependant valoir, dans ses conclusions régulièrement déposées, que les gains s'élevaient à 63 141, 34 euros ; qu'en se fondant sur les gains estimés par la DCCRF sans répondre à cet argument péremptoire de M. Y..., la cour d'appel n'a pas justifié sa décision " ;

Attendu que, hormis les cas expressément prévus par la loi, les juges ne sont pas tenus de motiver spécialement le choix de la sanction qu'ils appliquent dans les limites légales ;

D'où il suit que le moyen ne saurait être accueilli ;

Sur le moyen unique de cassation proposé pour l'association Inter Oc-Interprofession des vins de pays d'Oc, pris de la violation des articles 6 et 11 de la Convention européenne des droits de l'homme, de l'article 1 au Protocole additionnel n° 1 à ladite Convention, de l'article 2 de la loi du 5 août 1908, L. 213-1 et suivants du code de la consommation, 2, 10, 591 et 593 du code de procédure pénale ;

" en ce que l'arrêt infirmatif attaqué a déclaré irrecevable la constitution de partie civile de l'Association requérante ;

" aux motifs que les trois parties civiles ayant relevé appel des dispositions civiles les 24 et 26 février 2010, soit dans le délai prévu par la loi, la cour est saisie de l'action civile à l'encontre des douze prévenus ; que, par application de l'article 2 du code de procédure pénale, seules peuvent demander réparation devant le juge pénal les personnes qui ont personnellement souffert d'un préjudice causé directement par l'infraction ; que les personnes morales peuvent demander réparation d'un intérêt collectif, qui doit être autonome et ne pas se confondre avec l'intérêt général défendu par le ministère public et l'intérêt particulier de la victime, les associations visées limitativement aux articles 2-1 à 2-21 du code de procédure pénale peuvent exercer les droits reconnus à la partie civile sous réserve de remplir les conditions fixées par les, dits articles ; qu'en l'espèce, l'association loi 1901 Inter OC-Interprofession des Vins de Pays d'Oc n'étant pas aux nombres des associations visées par les articles 2-1 à 2-21 du code de procédure pénale, sa constitution de partie civile est irrecevable, le jugement déféré sera donc infirmé de ce chef ;

" 1) alors qu'est recevable à se constituer partie civile une association interprofessionnelle ayant pour objet statutaire la défense et la promotion tant en France qu'à l'étranger de vins de pays, à raison du préjudice subi du fait d'une fraude massive ayant affecté la renommée de la production concernée et mis à néant ses investissements publicitaires importants pour développer les marchés étrangers ; que l'arrêt infirmatif n'a pu déclarer irrecevable l'association requérante à raison de la lésion d'un intérêt collectif qu'elle représentait ;

" 2) alors qu'en tout état de cause, la perte des importants investissements dont elle justifiait pour la promotion des vins de pays se trouvant en relation directe avec l'entreprise de fraude pour laquelle elle s'était portée partie civile, l'association requérante justifiait en outre d'un préjudice personnel que la cour d'appel est en tort d'avoir refusé de reconnaître en violation des textes et principes cités au moyen " ;

Attendu que, pour déclarer la demanderesse irrecevable en sa constitution de partie civile, la cour d'appel énonce que celle-ci n'est pas au nombre des associations visées par les articles 2-1 à 2-21 du code de procédure pénale ;

Attendu qu'en prononçant ainsi, et dès lors que l'association ne justifie pas avoir subi un dommage direct et personnel en raison de la spécificité du but et de l'objet de sa mission, la cour d'appel a justifié sa décision ;

D'où il suit que le moyen ne peut être admis ;

Et attendu que l'arrêt est régulier en la forme ;

REJETTE les pourvois ;

DIT n'y avoir lieu à application des dispositions de l'article 618- 1du code de procédure pénale ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre criminelle, et prononcé par le président le sept janvier deux mille quatorze ;

En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le président, le rapporteur et le greffier de chambre ;

 



ECLI:FR:CCASS:2014:CR06155

Analyse

Décision attaquée : Cour d'appel de Montpellier , du 12 octobre 2011

Source :

https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?idTexte=JURITEXT000028584601

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10/06/2012

 

 

Le marché du vrac sur les États-Unis s’est totalement effondré. Les vins de Pays d'Oc ont perdu environ cent mille hectolitres.

 

Deux millions de dollars. C’est ce que devrait coûter à deux des plus grands groupes vinicoles du monde - E & J Gallo Winery et Constellation Brands - la fraude aux pinots noirs qui alimente la chronique régionale depuis plus de trois ans. Près de 8 000 consommateurs se sont associés au sein d’un recours collectif.

Une audience décisive s’est tenue vendredi, à Los Angeles, devant la cour suprême de Californie. Les avocats de Gallo et de Constellation ont dit au juge Kenneth R. Friedmann que l’accord auquel ils étaient parvenus avec les représentants des consommateurs les satisfaisait.

 

Depuis deux ans, les acheteurs des vins frauduleux issus des vignobles du Languedoc sont invités à se joindre à un recours collectif (class action) pour poursuivre les sociétés qui ont écoulé les faux pinots aux États-Unis. Ils sont aujourd’hui 7 897. Pour éviter d’aller au procès, Gallo et Constellation ont accepté d’abonder un fonds d’indemnisation de deux millions de dollars. L’audience de clôture de la class action a été renvoyée au 8 août. Ce rendez-vous devrait être purement formel, même si les importateurs persistent à se faire passer pour les victimes de ceux qui les approvisionnaient en France, notamment la coopérative Sieur d’Arques à Limoux et le négociant carcassonnais Ducasse.

 

Pas plus Gallo que Constellation ne se sont retournés contre leurs fournisseurs. Sans doute préfèreront-ils en rester là, tant a été contre-productive pour eux la campagne de presse qui a accompagné la révélation de l’affaire aux États-Unis.

 

"L’image de la région est durablement affectée" Florence Barthès, InterOc

 

Contre-productive, cette “publicité” l’a surtout été pour les vins du Languedoc, en particulier pour le label “Vins de pays d’Oc” mis en avant sur les bouteilles de faux pinots. "Le marché du vrac sur les États-Unis s’est totalement effondré. Nous avons perdu environ cent mille hectolitres. L’image de la région est durablement affectée", résume Florence Barthès, directrice d’InterOc. Avec le syndicat des producteurs, l’interprofession des vins de pays d’Oc est partie civile dans les trois affaires pendantes devant les tribunaux français.

 

Plus difficile d’accès, le marché des États-Unis l’est également du point de vue administratif. Les autorités fédérales ont en effet imposé aux importateurs de vins du Languedoc-Roussillon avec mention du cépage pinot noir, d’obtenir une attestation du gouvernement français. Toutes les semaines donc, les documents de traçabilité doivent être adressés pour validation aux services parisiens de l’Institut national des appellations d’origine.

 

Entre la région et les “States”, la confiance est loin d’être de retour.

Source :

http://forum.terre-net.fr/topic-258412

12) L'affaire Rudy Kurniawan
«Mister Conti et docteur 47»: Qui est Rudy Kurniawan, l’homme qui a contrefait des bouteilles de grands vins français?

CONTREFACON Passé du statut de génie de l’œnologie à celui d’escroc, il pourrait écoper d’une lourde peine de prison…

Audrey Chauvet

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L’histoire est digne d’un scénario de film: un jeune étudiant asiatique, fraîchement installé en Californie, devient un génie de l’œnologie et vend des centaines de bouteilles de très grands crus de Bourgogne aux riches collectionneurs américains avant d’être démasqué par le FBI. La scène finale aura lieu ce lundi, avec le verdict du tribunal de New York: reconnu coupable de «fraude visant à vendre des vins contrefaits», Rudy Kurniawan risque jusqu’à 40 ans de prison et 500.000 dollars d’amende. 20 Minutes refait le film.

Scène 1: Californie, fin des années 1990. Rudy Kurniawan devient un petit génie de l’œnologie

Rudy a 24 ans lorsqu’il arrive en Californie et se lie d’amitié avec Paul Wasserman, revendeur de grands crus, qui lui fait découvrir l’œnologie. Rudy apprend vite: il devient un «petit génie» de l’œnologie et une bête curieuse lors des ventes aux enchères où il débourse jusqu’à un million de dollars par mois en bouteilles prestigieuses. Son identité reste trouble: il est parfois indonésien, parfois chinois d’Indonésie, parfois héritier d’une exploitation pétrolière, parfois à la tête d’un empire de la bière. L’origine de son argent? Ses riches parents, dont il ne peut révéler l’identité. Pourquoi est-il venu en Californie? Pour ses études un jour, pour devenir golfeur pro le lendemain. La seule chose qui soit sûre, c’est son talent infaillible pour identifier les grands crus. «J’ai vu peu de gens apprendre le bourgogne aussi rapidement que Rudy», témoignera plus tard un critique, cité par Vanity Fair.

Scène 2: New York, 2004. Rudy Kurniawan rencontre John Kapon, commissaire-priseur

Rudy se lie d’amitié avec un jeune commissaire-priseur à la cool, John Kapon, qui a troqué sa vie dans le hip-hop et la cocaïne par des dîners avec la jet-set new-yorkaise et des dégustations de crus rarissimes. Rudy se fait alors surnommer «docteur Conti» ou «mister 47» en raison de son amour pour le romanée-conti 1947. Les deux jeunes hommes fréquentent en particulier le restaurant Cru, auquel Rudy demande de lui envoyer les prestigieuses bouteilles qu’ils ont vidées ensemble. «Ne les lavez pas, j’ai besoin qu’elles semblent d’époque pour une séance de photo», prenait-il le soin de préciser.

Scène 3: New York, 2006. Premiers soupçons sur Rudy Kurniawan

Les ventes aux enchères organisées par John Kapon de vins issus de la «cave magique» de Rudy Kurniawan commencent à faire tiquer certains spécialistes. Des vins extrêmement rares qui arrivent par caisses, des incohérences dans les étiquettes, des saveurs inédites pour du Bourgogne… Et en 2006, le premier hic: après une vente historique atteignant les 24 millions de dollars, les acheteurs déçus renvoient les bouteilles. Kurniawan doit les rembourser. Au restaurant Cru, on devient prudent: en 2007, l’établissement décrète que toute bouteille consommée sera détruite, rapporte Le Monde.

Scène 4: Morey-saint-Denis, Bourgogne, 2008. Laurent Ponsot découvre le pot aux roses

Le dialogue par mail rapporté par Vanity Fair est la scène centrale au cours de laquelle tout bascule: «Quand ta famille a-t-elle produit les premiers clos saint-denis?, demande un avocat installé à Manhattan à son ami vigneron. «Pourquoi tu me poses la question?» s’étonne Laurent Ponsot, cogérant du prestigieux domaine Ponsot. «Une maison d’enchères propose ici un lot de bouteilles allant de 1945 à 1971», lui répond l’avocat. «Impossible! Nous avons commencé en 1982!» Laurent Ponsot saute dans un avion et débarque dans la salle des ventes. Les clos saint-denis sont retirés de la vente.

Laurent Ponsot se lance alors dans une enquête pour identifier l’origine de ces contrefaçons mais se fait mener en bateau pendant près de deux ans par Rudy Kurniawan. Jusqu'à ce que le FBI le contacte pour l’interroger sur un Chinois, Zheng Wang Huang, en situation irrégulière aux Etats-Unis sous le nom de Rudy Kurniawan, et suspecté d’avoir fraudé pour plusieurs millions d’euros en revendant des contrefaçons. Les informations de Laurent Ponsot et celles du FBI se recoupent.

Scène 5: Villa d’Arcadia, banlieue de Los Angeles, mars 2012. Perquisition chez Rudy Kurniawan

Lorsque le FBI vient perquisitionner la villa de Rudy Kurniawan, ses agents découvrent son atelier de fabrication: prestigieuses étiquettes imprimées sur place, bouteilles récupérées, cire à cacheter et bouchons anciens. Ils trouvent aussi des livres de «recettes» expliquant comment recréer un pomerol ou un gevrey-chambertin en assemblant des vins californiens bon marché. Dans sa «cave magique», il détenait 19.000 étiquettes de 27 des meilleurs vins du monde.

Scène 6: Tribunal fédéral de New York, décembre 2013. Procès de Rudy Kurniawan

A la barre, les plus grands vignerons de Bourgogne se succèdent pour démontrer que les bouteilles vendues par Kurniawan étaient des fausses. Certains estiment qu’il n’a pas pu agir seul et le nom de John Kapon revient à plusieurs reprises. Toutefois, Kurniawan pourrait bien être le premier à écoper d’une peine exemplaire: il encourt jusqu’à 40 ans de prison et 500.000 dollars d’amende. Verdict ce lundi.

Générique: Johnny Depp as Laurent Ponsot?

Le vigneron star qui a débusqué Rudi Kurinawan serait en train d’écrire un scénario inspiré de son histoire. Mais si Johnny Depp veut interpréter son rôle, Laurent Ponsot s’y opposera car «il est trop petit.» On a des goûts de luxe, dans les grands domaines bourguignons.

Source : http://www.20minutes.fr/societe/1425155-20140804-mister-conti-docteur-47-rudy-kurniawan-homme-contrefait-bouteilles-grands-vins-francais
 

Un faussaire de vins de Bourgogne condamné à 10 ans de prison

  • Par Pauline Chateau , AFP agence
  • Mis à jour le 11/08/2014 à 10:03
  • Publié le 08/08/2014 à 16:00

 

Rudy Kurniawan, 37 ans, a été condamné en outre à rembourser à hauteur de 21 millions d'euros environ les acheteurs qu'il a trompés entre 2004 et 2012.

Beaujolais, chablis et côte-de-nuits… autant de vins de Bourgogne que l'homme d'affaires Rudy Kurniawan disait connaître sur le bout des papilles. Considéré comme l'un des cinq plus grands collectionneurs de vins au monde, il a été condamné jeudi à dix ans de prison ferme par un tribunal fédéral de Manhattan pour avoir vendu des contrefaçons de vins de Bourgogne. Une première dans le monde du vin et qui pourrait avoir un effet dissuasif sur les faussaires: les vins contrefaits représenteraient près de 20% du commerce mondial selon les experts.

Rudy Kurniawan a écouté la sentence sans broncher. «Je suis désolé pour ce que j'ai fait», s'est-il contenté de déclarer d'une voix presque inaudible. En raison des cinq chefs d'accusation qui pesaient contre lui, Il encourait jusqu'à 40 ans de prison. Les procureurs avaient réclamé entre 11 et 14 ans de réclusion.

Ces derniers ont en effet découvert que le collectionneur assemblait des vins de moindre qualité et les revendait ensuite comme des grands crus, dans son laboratoire californien, aussi appelé «cave magique». 19.000 fausses étiquettes, des bouchons, de la cire, des capsules et des cahiers de notes venaient alors maquiller les bouteilles que l'escroc avait récupérées lors de soirées arrosées. «Sa cave magique, c'est là que Rudy Kurniawan disait dénicher sans fin les vins rares qu'il a vendus pendant des années. Il n'y avait qu'un problème: il n'y a jamais eu de magie dans cette cave, seulement des mensonges», a déclaré lors de son procès le procureur adjoint Joseph Facciponti.

Le «Docteur Conti» trahi par sa méconnaissance

Surnommé «Docteur Conti» en raison de sa passion pour le romanée-conti, l'homme de 37 ans se servait de sa réputation de «petit génie» pour vendre une bouteille, comme un jéroboam (bouteille de 3 litres) Domaine de la Romanée-Conti La Tache, pour 48.000 dollars… Mais aussi pour berner les grands spécialistes comme Robert Parker, célèbre dégustateur de vin et critique de référence avec ses «Guides Parker», qu'il invitait à des dîners et dégustations. La supercherie a tout de même duré huit ans et rapporté plusieurs dizaines de millions d'euros! Le faussaire doit aujourd'hui rembourser 21 millions d'euros aux sept victimes qu'il a trompées.

Pourtant, l'identité de Rudy Kurniawan a toujours été douteuse. Il se disait parfois indonésien ou chinois d'Indonésie. Dans une interview au Los Angeles Times, en 2006, il évoque une fortune familiale alimentée par la distribution de bière en Indonésie et en Chine, et qui lui rapporterait de 1 à 2 millions de dollars par mois. Rudy Kurniawan menait la grande vie, dépensant des millions de dollars par an, collectionnant les montres, les voitures et les œuvres d'art. Il accumule surtout les dettes pour rester dans le cercle de privilégiés qu'il côtoie depuis ses 24 ans.

«Il avait forcément un associé en Bourgogne»

Les premiers soupçons remontent à 2006 où, après une vente aux enchères historique qui atteint les 24 millions de dollars, certains acheteurs sont sceptiques sur la qualité des crus proposés. Mais c'est en 2008 que le faussaire indonésien sera rattrapé par ses mensonges. Rudy Kurniawan a alors essayé de vendre aux enchères un lot de près de 84 bouteilles de Clos Saint-Denis du Domaine Ponsot, en Côte-d'Or, datées de 1945 à 1972. Une grave erreur puisque le domaine n'a commencé à mettre en bouteille ce vin qu'à partir de 1982. Alerté par un spécialiste viticole, le propriétaire du domaine, Laurent Ponsot, débarque à New York pour la vente et obtient que les bouteilles soient retirées des enchères.

Déterminé à mettre en lumière un réseau de vins contrefaits mondial, Laurent Ponsot mène alors sa propre enquête sur l'homme d'affaires indonésien. Il travaille en direct avec le FBI qui boucle le dossier en 2012. «Pénétrer dans les domaines viticoles bourguignons est une chose très difficile. C'est impossible de capter toutes les subtilités de la Bourgogne sans y avoir baigné un temps. Je suis persuadé qu'il avait un associé en Bourgogne», avait déclaré Laurent Ponsot, dans un entretien accordé au journal Le Monde en 2013. Ce dernier a même déclaré à France 3 Bourgogne vendredi qu'il écrirait un livre sur cette histoire.

http://www.lefigaro.fr/societes/2014/08/08/20005-20140808ARTFIG00215-un-faussaire-de-vins-de-bourgogne-condamne-a-10-ans-de-prison.php

 

Rudy Kurniawan, ses faux grands crus, ses millions et sa chute

Par Anaïs Giroux avec AFP, publié le , mis à jour à

 

Considéré un temps comme l'un des plus grands experts en vin, Rudy Kurniawan a été reconnu coupable ce mercredi de "fraude visant à vendre des vins contrefaits". Retour sur cette passionante affaire.

Qui est Rudy Kurniawan?

Né en Indonésie, Rudy Kurniawan, 37 ans, est arrivé aux Etats-Unis à la fin des années 1990, et plus précisément en Californie, où sont produits 90% des vins américains. C'est là que le jeune homme, alors âgé de 24 ans, fait la connaissance de Paul Wasserman, un amateur de grands crus "qui l'introduit auprès des producteurs locaux", rapporte Le Monde. Sans aucune connaissance oenologique, il parvient à se faire une place et à séduire les experts même les plus aguerris grâce à une mémoire gustative exceptionnelle et une rapidité à apprendre hors du commun. "Pendant les dégustations en double aveugle, au cours desquelles il faut deviner l'appellation et le millésime, Rudy reconnaît à coup sûr les nectars les plus nobles comme la romanée-conti, le gevrey-chambertin ou le chambolle-musigny", raconte Vanity Fair

Mais il se fait surtout remarquer par son fastueux train de vie. Entre 2006 et 2011, il dépense 16,32 millions de dollars sur une seule de ses cartes de crédit, en vins, vêtements, bijoux, voyages, etc. En costume Hermès et bottes en croco, l'Indonésien écume les salles de vente, toujours flanqué, relèvent les journalistes de Vanity Fair, d'un caniche blanc prénommé Chloé. "Le truc de Rudy, c'était: 'Je ne baisse pas les bras tant que je n'ai pas la bouteille'", a confié au magazine le mentor du jeune homme, Paul Wasserman. Devenu un collectionneur de renom, il affirme être soutenu par une famille richissime en Indonésie. En réalité, Rudy Kurniawan, dont le véritable nom est Zheng Wang Huang, emprunte à des banques des millions de dollars -dont 3 millions n'ont jamais été remboursés- et réside illégalement aux Etats-Unis depuis le rejet d'une demande d'asile en 2003. Enfin, la majorité des vins qu'il colectionne en vue de les revendre sont des contrefaçons. 

Comment fabriquait-il ses contrefaçons?

Dans sa maison d'Arcadia en Californie, a été retrouvé un véritable "laboratoire de contrefaçon de vins", avec vieilles bouteilles, étiquettes, bouchons, colle, capsules... Rudy Kurniawan mélangeait des vins moins chers pour fabriquer ses grands crus. Il versait ensuite ses créations dans des bouteilles vides anciennes, envoyées d'un restaurant new-yorkais où il organisait de somptueuses dégustations pour les experts et collectionneurs. "Ne les lavez pas, j'ai besoin qu'elles semblent d'époque pour une séance de photo", écrivait-il par e-mail.  

Au total, près de 19.000 étiquettes "représentant 27 des meilleurs vins" au monde ont été retrouvées chez lui, dont 40 étiquettes de Romanée-Conti 1945, une année tellement rare qu'il n'en existe plus. L'Asiatique travaillait à partir d'une étiquette authentique, changeait l'année, parfois d'un seul chiffre, ajoutait un tampon, un numéro de série... et imprimait le tout en haute résolution avant de les vieillir artificiellement. 

Comment a-t-il été démasqué?

En avril 2008, Rudy Kurniawan tente de vendre aux enchères à New York un lot de 97 bouteilles de Bourgogne du Domaine Ponsot, estimé entre 440.000 et 602.000 dollars, pour la plupart fausses. L'une des bouteilles est datée de 1929, alors que le domaine n'a commencé la mise en bouteille qu'en 1934. Informé par un oenophile qui a des doutes, Laurent Ponsot se rend à New York et demande le retrait de ces vins. La vente est suspendue à la dernière minute.  

Le producteur français rencontre Rudy Kurniawan pour connaître l'origine de ses vins et ce dernier lui fournit un nom, Pak Hendra, et deux numéros de téléphone... "Pak Hendra" s'avère l'équivalent indonésien de notre très commun "Monsieur Dupont" tandis que les deux numéros sont liés à une compagnie aérienne et à un centre commercial à Djakarta. Laurent Ponsot comprend que le "collectionneur" se moque de lui. Contacté en 2010 par le FBI, il participe activement à l'enquête sur Kurniawan et permet, le 8 mars 2012, son arrestation. 

Comment sa fraude a-t-elle pu tenir pendant six ans?

Durant son procès, qui a débuté à New York le 9 décembre, la question de complicités éventuelles s'est évidemment posée. Pour Laurent Ponsot, le faussaire n'a pas pu agir seul. "Sans donner de noms, il assure que Kurniawan a bénéficié de l'aide de deux complices", écrit Vanity Fair. La bonne foi des maisons d'enchères est contestée. "Qui a fait de l'argent avec ça?" a ainsi déclaré à l'AFP Maureen Downey, une experte en vins, qui "depuis des années" avait de sérieux doutes sur les vins proposés par Kurniawan. Il avait, selon elle, des relations privilégiées avec la maison d'enchères new-yorkaise Acker Merrall & Condit, "devenue numéro 1", grâce aux vins qu'il lui procurait. 

Venu témoigner au procès, Aubert de Villaine, co-gérant du domaine de la Romanée-Conti, a dit espérer "une vraie condamnation de la contrefaçon". Celle de Kurniawan "était déjà sophistiquée, mais depuis deux ans en Europe, il y en a qui sont encore plus sophistiquées", a-t-il confié. "On se devait d'intervenir", a estimé un autre témoin, Laurent Roumier, du Domaine du même nom. "Ce cas là n'est pas unique". Tous deux regrettent la spéculation, insistent sur le fait que le bon vin est fait pour être bu. Michael Egan, expert en vins depuis plus de 30 ans, dont 24 pour la maison d'enchères Sotheby's à Londres a expliqué lors de l'audience qu'entre 2002 et 2007, les années où Rudy Kurniawan a connu son ascension fulgurante, vendant pour des millions de dollars de vins, certains authentiques, certains contrefaits, le marché des grands vins anciens "a énormément augmenté", passant de 90 millions de dollars par an à plus de 300 millions de dollars. Le spécialiste a aussi indiqué avoir étudié 1433 vins contrefaits achetés par sept de ses clients depuis 2006. "1.077, soit 75% de ces contrefaçons venaient de Rudy Kurniawan". Quid des derniers 25%? 

Que risque Rudy Kurniawan?

Reconnu coupable ce mercredi 18 décembre de fraude visant à vendre des vins contrefaits et de fraude électronique visant à escroquer une institution financière, Kurniawan, resté impassible durant tout le procès, risque jusqu'à 40 ans de prison et une amende -sa peine sera prononcée à une date ultérieure. Ce dernier, amaigri par 19 mois de détention, "niait les charges" retenues contre lui et estimait être "devenu le bouc émissaire" de ce petit monde des vins rares et chers, a déclaré le juge. Son avocat avait défendu ses actes en assurant qu'"il ne le faisait pas pour tromper les gens. Il voulait améliorer" certains des vins qu'il achetait.  

Dans son réquisitoire, l'accusation, qui a fait citer une quinzaine de témoins durant le procès, avait décrit un menteur poussé par l'appât du gain, qui "avait toujours besoin de plus d'argent". Rudy Kurniawan disait avoir "une cave magique. Mais il n'y avait pas de magie, seulement les mensonges de l'accusé", avait conclu le procureur.

http://www.lexpress.fr/tendances/vin-et-alcool/cinq-choses-a-savoir-sur-rudy-kurniawan-le-faussaire-de-grands-crus_1308625.html

 

 

For Immediate Release

Contact:

November 20, 2015

Lynzey Donahue (202) 307-9075
U.S. Marshals Office of Public Affairs (202) 307-9065

 

 

U.S. Marshals to Sell Thousands of Bottles of Wine from Rudy Kurniawan Case

 

Washington - The U.S. Marshals will auction approximately 4,711 bottles of wine, deemed authentic, that belonged to Rudy Kurniawan, the man convicted of fraud in federal court in 2013 for producing and selling millions of dollars of counterfeit wine.

The wine will be sold in two online auctions, one starting Nov. 24 and one starting Dec. 1, at www.txauction.com.

“It may sound ironic that we are selling wine that belonged to a convicted wine counterfeiter,” said Assistant Program Manager Jason Martinez of the U.S. Marshals Service Asset Forfeiture Division, “but we are duty-bound to recoup as much value from the sale of these authentic wines as possible to compensate those who were victims of his fraud.”

The wine was being stored by Kurniawan in a California wine storage facility. It is believed that much of it was destined to be used in the production of fake high-end wines in his now-infamous scheme. In addition, a number of authenticated high-value wines that Kurniawan stored at the facility are included in the auction. Net proceeds from the sale of the wine will be made available to the court to ultimately be returned to victims in the case.

The Marshals contracted for the wine authentication and appraisal. The contract was awarded to Stephanie Reeves, of Houston, who worked with a team that included Michael Egan of Bordeaux, France. Egan was involved in the Kurniawan federal court case as the principal expert witness for the prosecution at trial. Specifically, Egan inspected the bottles with the most risk of being counterfeit, and he uncovered a quantity of counterfeit bottles that were removed from the collection being sold.

Kurniawan, 39, was sentenced to 10 years in prison and is serving his sentence at Taft Correctional Institute in California.

Some of the wines for sale include a 1970 Romanée-Conti, a lot of three French bottles from Chateau Haut Plantey and Hospices de Nuits, and a lot of six bottles from Aves Riverbed Vineyard in California and Gevrey-Chambertin in France.


Additional photos and descriptions of the wine are available at www.txauction.com.

For more information on the case:

www.fbi.gov/news/stories/2014/september/rare-wine-dealer-sentenced-in-counterfeiting-scheme

www.fbi.gov/newyork/press-releases/2014/prominent-wine-dealer-rudy-kurniawan-sentenced-in-manhattan-federal-court-to-10-years-in-prison-for-selling-millions-of-dollars-of-counterfeit-wine

The Department of Justice Asset Forfeiture Program is a key component of the federal government’s law enforcement efforts to combat major criminal activity by disrupting and dismantling illegal enterprises, depriving criminals of the proceeds of illegal activity, deterring crime and restoring property to victims. The U.S. Marshals Service plays a critical role by efficiently managing and selling assets seized and forfeited by DOJ. Proceeds generated from asset sales are used to operate the Asset Forfeiture Program, compensate victims and support various law enforcement and community initiatives.

Additional information about the U.S. Marshals Service can be found at http://www.usmarshals.gov.

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America’s Oldest Federal Law Enforcement Agency

Source : https://www.usmarshals.gov/news/chron/2015/112015.htm

Au Texas, “Docteur Conti” est sorti de prison !
Par Benoist Simmat, la Revue du Vin de France
Mis à jour le
Rudy Kurniawan
“Docteur Conti” doit encore 23,6 millions d’euros à ses victimes. Reverront-elles cet argent ?
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Au Texas, le plus grand faussaire de l’histoire du vin a été libéré avant Noël. Rudi Kurniawan va-t-il disparaître avec ses derniers secrets ?

Il a fasciné l’élite des collectionneurs avant de passer de longues années à l’ombre. Rudi Kurniawan fut longtemps considéré comme un gourou en matière de vins rares, jusqu’à ce que son redoutable système de contrefaçons ne lui explose à la figure.

Au cours de séances de dégustation somptueuses, il faisait goûter d’authentiques bouteilles mythiques à de riches amateurs émerveillés, puis, plus tard, leur revendait à prix stratosphériques les mêmes cuvées, mais trafiquées à la perfection. Destin hors normes que celui de ce Chinois natif d’Indonésie roulant en Lamborghini et dont la carrière a été narrée dans une production Netflix !

L’ardoise du “Docteur Conti”

Fin 2020, en pleine crise du Covid-19, l’affaire a très discrètement connu un nouveau rebondissement : “Docteur Conti” (son surnom à l’époque de sa gloire) a été libéré de la prison fédérale texane où il purgeait sa peine après sept années d’enfermement...

Souce : la RVF

Il fait boire des copies de grands vins à de riches amateurs : Dr Conti est de retour
Après avoir passé dix ans en prison, Rudy Kurniawan est de retour. Le plus grand faussaire de l’histoire du vin sévit à nouveau, mais cette fois à découvert, à l’occasion de prestigieux dîners en Asie.
Par Martin Lemaire
Publié le 07/11/2023
Vin Faussaire Rudy Kurniawan
Rudy Kurniawan était appelé «Docteur Conti». Ricardo DeAratanha/AP

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Une décennie à l’ombre d’une prison texane n’aura pas suffi à entacher la réputation de virtuose du vin qui colle à la peau de Rudy Kurniawan, en tout cas pour une certaine frange d’amateurs internationaux. Cet Indonésien d’origine chinoise a, rappelons-le, traversé les années 2000 en falsifiant grands crus bourguignons et châteaux bordelais. Sans doute réellement œnophile, mais aussi très attiré par l’argent, Zhen Wang Huang, de son vrai nom, a senti très tôt l’explosion du marché des vins français de prestige aux États-Unis. Los Angeles, puis New-York ;  il écume les salles de ventes et les cercles de dégustation mondains, puis profite de ses contacts pour mettre aux enchères des bouteilles que seuls les plus riches collectionneurs peuvent s’offrir.

En fabriquant de toutes pièces de faux Petrus ou d'authentiques copies de Romanée-Conti – l’homme est d’ailleurs surnommé «Dr Conti»  –, Rudy Kurniawan a amassé des dizaines de millions de dollars, bonifiant par la même occasion sa réputation de super dégustateur. «La seule qualité que l’on peut lui trouver, c’est sa mémoire hors pair», tient à rectifier Laurent Ponsot, le vigneron qui a provoqué la chute du célèbre escroc. Celui qui était alors à la tête du domaine éponyme le confond en 2008, en s’apercevant, lors d’une vente new-yorkaise, que des flacons de Clos Saint-Denis millésimés au milieu du siècle étaient mis à l’encan. Problème, la propriété de Morey Saint-Denis a commencé à produire des vins sous cette appellation de la Côte de Nuits bien plus tard, au début des années 1980. S’en suive quatre ans de traque, à laquelle Laurent Ponsot a très activement participé pour faire tomber celui que certains n’hésitent pas à qualifier de gourou.

» À LIRE AUSSI : L'affaire Rodenstock : retour sur un scandale ayant ébranlé le monde du vin

Docteur Conti de nouveau aux affaires

En 2023, Rudy Kurniawan est donc libre, et il n’a pas fallu attendre longtemps pour que circulent des rumeurs selon lesquelles l’homme devenu persona non grata aux États-Unis participe à des dîners d’un genre particulier, à Singapour, où sont servies des copies des plus grands crus… mais cette fois à découvert. Les riches participants à ces soirées dégustent en pleine conscience de faux vins en les comparant aux vrais. Laurent Ponsot a bien confirmé ces informations auprès du Figaro. Nouvelle production spécialement conçue pour ces dégustations ou vestiges de bouteilles falsifiées par le passé, peu importe finalement, puisque les cuvées confectionnées par le contrefacteur durant le début du millénaire sont encore nombreuses à circuler à travers l’Asie.

«Tout cela ne me surprend pas du tout», souffle Laurent Ponsot, qui salue – et c’est une antiphrase –, la capacité de «Rudy», ainsi l’appelle-t-il, de retomber sur ses pattes tel un chat. Ses aficionados, qui ont très bien pu être ses victimes par le passé, se plaisent donc à deviser autour de son prétendu talent, et c'est là le comble du cynisme de ce nouvel épisode de la saga Kurniawan :  la capacité de ce dernier à convaincre que ses créations surpassent les originaux. Dans un document rapportant les notes de dégustation de l’un des participants à ces soirées que nous avons pu consulter, il est clairement exposé une préférence pour les créations du faussaire. «Rudy a réussi à convaincre la majorité d’entre nous de choisir son mélange plutôt que des vins vendus à des prix bien plus élevés. C’est un génie du vin !», peut-on lire. Nous voilà finalement au cœur du problème. «Ce n’est pas un génie du vin. Il n’a même pas de goût !», assène le vigneron bourguignon.

Ses fulgurances lors des dégustations trouveraient leur origine dans la corruption des sommeliers, auxquels Rudy Kurniawan versait des milliers de dollars pour obtenir des informations sur l’ordre des cuvées dégustées. Si le combat de Laurent Ponsot pour mettre un terme à cette gigantesque supercherie bachique s’est avéré fructueux, celui qu’il a entrepris pour démontrer que cet aigrefin du vin n'a aucune connaissance en œnologie n’a visiblement pas encore porté ses fruits. Il nous a cependant confié que ses contacts à Singapour étaient en train d’étudier la question de savoir comment mettre un terme à ces agapes d’un goût douteux.

13) Droit des appellations

Châteauneuf-du-Pape poursuit les Vignerons de la Méditerranée

Publié le mardi 11 février 2014 - 15h06

Vignerons de la Méditerranée

Le tribunal correctionnel de Narbonne (Aude) a été saisi d’un litige opposant l’ODG de Châteauneuf-du-Pape aux Vignerons de la Méditerranée. L’ODG reproche à cette société du groupe coopératif Val d’Orbieu d’avoir usurpé son appellation en embouteillant un de ses coteaux du Languedoc sous le nom « La croix des papes ».

Le 28 février prochain, les Vignerons de la Méditerranée seront fixés sur leur sort. Cette société du groupe coopératif Val d’Orbieu est poursuivie pour délit d’usurpation d’appellation pour avoir vendu, entre 2009 et 2001, pour le marché belge, un de ses coteaux du Languedoc sous le nom « La croix des papes ».

Selon le quotidien « L’Indépendant », l’affaire porte sur 93 000 bouteilles pour un montant avoisinant les 150 000 euros. L’ODG Châteauneuf-du-Pape et la Fédération des syndicats de vignerons de l’appellation demandent réparation pour un montant total avoisinant le million et demi d’euros.

« Quand nous avons eu connaissance qu’un importateur belge souhaitait déposer une marque de vin sous le nom "La croix des papes" au niveau européen, nous avons tout de suite émis des réserves auprès des offices compétents, explique Christine Freslard, directrice de l’ODG Châteauneuf-du-Pape, partie civile au procès. À l’époque, nous ne savions pas qui était le metteur en marché initial de ce coteau du Languedoc. Ce sont les fraudes qui ont mené l’enquête et qui ont remonté jusqu’au groupe Val d’Orbieu. »

Aucun risque de confusion pour Val d'Orbieu

De son côté, la société des Vignerons de Méditerranée, filiale de Val d’Orbieu, se défend en faisant valoir qu’elle n’avait fait que répondre à l’un de ces clients.

« Cet opérateur belge nous a demandé un coteaux du Languedoc embouteillé dans une bouteille gravée de la croix du Languedoc, sous le nom de la marque qu’il avait déposée. Comme il s’agissait de la marque de notre client et que plusieurs éléments rattachaient ce vin au Languedoc, on s’est dit qu’il n’y avait aucun risque de confusion avec un vin de Châteauneuf-du-Pape », indique Bertrand Girard, directeur général du groupe Val d’Orbieu.

En 2011, les vignerons de Châteauneuf-du-Pape avaient fait interdire la dénomination Enclaves des papes, jugée constitutive d’une usurpation d’appellation. La Cour de cassation avait affirmé : « Lorsqu’il est employé dans le secteur d’activité spécifique du vin [...], le mot pape s’associe naturellement et immédiatement à l’AOC Châteauneuf-du-Pape. »

Reste à savoir si les juges du tribunal de Narbonne poursuivront le même raisonnement.

Aurélia Autexier

10 mars 2014

Val d'Orbieu condamné pour avoir employé le mot "Pape" sur une de ses marques en Belgique

Le 28 février dernier, Les Vignerons de la Méditerranée (groupe Val d’Orbieu) ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Narbonne à 10.000 euros d’amende (dont 5.000 avec sursis) pour avoir commercialisé en Belgique quelque 93.000 bouteilles d'un Coteaux du Languedoc sous la marque La Croix des Papes, entre 2009 et 2011. Principalement via internet.

Ils devront également verser 40.000 euros de dommages et intérêt à l'ODG de Châteauneuf du Pape et à la Fédération des producteurs.

Pour rappel, le février 2011, la Chambre criminelle de la cour de Cassation a rendu un arrêt, stipulant que "lorsque le mot pape est employé dans le secteur d'activité spécifique du vin... il s'associe naturellement et immédiatement à l'A.O.C. Châteauneuf-du-pape."

Notons que ce vin est toujours à la vente en Belgique. Il est ainsi, par exemple, à la carte de l'hôtel Stanhope de Bruxelles (voir ICI)

http://hlalau.skynetblogs.be/archive/2014/03/10/val-d-orbieu-condamne-8129244.html

 

Voir aussi le jugement du 3 février 1989.

14) Une affaire de fraude aux vins secoue la Bourgogne
  • Par Pauline Chateau
  • Mis à jour le 05/04/2016 à 07:53
  • Publié le 04/04/2016 à 10:16

La maison Bejot, troisième opérateur en Bourgogne, a fait l'objet d'une vaste opération de contrôles par les douanes et la DGCCRF, mercredi dernier. Le négociant aurait été perquisitionné dans le cadre d'une affaire de fraude aux vins.

Mercredi dernier, aux alentours de 8 heures du matin, le négociant en vins de Bourgogne Bejot, a reçu une visite pour le moins inattendue. Une quarantaine d'enquêteurs du service national de la douane judiciaire et de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) ont perquisitionné les locaux de l'entreprise à Meursault, Nuits-Saint-Georges et Savigny-lès-Beaune. Résultat, les enquêteurs sont repartis mercredi avec «des cartons complets de documents et des données informatiques», rapporte Le Bien Public. L'oenologue et numéro deux de l'entreprise, Mathieu Carrara, a également été mis en garde à vue.

Les faits reprochés ? L'enquête porte sur des infractions fiscales et une gigantesque fraude aux vins de Bourgogne, selon les informations du quotidien régional. Plusieurs dizaines de milliers d'hectolitres de vins auraient été coupés avec des mélanges de vins de différentes appellations. L'investigation aurait débuté il y a plusieurs mois, sous la protection d'un juge d'instruction de Dijon, à partir d'un «bon tuyau» obtenu par les douanes, selon Le Bien Public. Contactés par Le Figaro, le service national des douanes et la DGCCRF n'ont pas souhaité donner de précisions, ni sur les motifs de cette perquisition, ni sur l'avancée de cette enquête.

 

Un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros en 2015

De son côté, Bejot Vins & Terroirs semble abasourdi. «Les accusations qui sont portées ne sont bien évidemment pas avérées», a réagi Vincent Sauvestre, PDG de l'entreprise dans un communiqué transmis au Figaro. «Nous faisons de la qualité notre priorité. (...) Notre expertise et notre réputation n'ont jamais été remises en cause». Le négociant en vins constitue le troisième opérateur de Bourgogne, avec un chiffre d'affaires de 50,7 millions d'euros en 2015, et 10 millions de bouteilles vendues par an. Bejot Vins & Terroirs précise qu'aucun stock n'a été saisi ou bloqué: «L'activité de l'entreprise se poursuit sans aucune restriction opérationnelle ni stratégique».

Si Vincent Sauvestre se dit serein, dans l'attente des résultats de l'enquête, le PDG met en doute la source ayant mené à cette perquisition: «Au regard de la nature des faits reprochés et non-établis, nous nous interrogeons sur les réelles intentions qui animent les personnes ayant porté ces accusations malveillantes, à l'origine de l'enquête en cours».

La fraude au vin, un délit passible d'une amende de 37 500 euros

A ce jour, on recense une affaire de fraude aux vins récente en Bourgogne. En mai dernier notamment, le PDG de la maison de négoce Fromont, dans l'Yonne, a été mis en examen pour «escroquerie en bande organisée, abus de biens sociaux et tromperie». «Il lui est reproché d'avoir utilisé des vins du sud pour les mélanger à des cépages de Chablis et les baptiser Chablis», avait alors indiqué la vice-procureure, Frédérique Olivaux, à France 3 Bourgogne. A titre indicatif, la tromperie sur un produit de consommation est passible d'une amende de 300.000 euros et d'une peine de prison maximale de deux ans.

http://www.lefigaro.fr/societes/2016/04/04/20005-20160404ARTFIG00054-une-affaire-de-fraude-aux-vins-secoue-la-bourgogne.php

 

Vin : AdVini en passe d'acquérir Béjot sur fond de soupçons de fraude
16 juin 2016

AdVini, l'un des leaders du vin en France, est en passe d'acquérir la maison de négoce Béjot, basée à Meursault (Côte-d'Or) et secouée depuis quelques semaines par une enquête sur des soupçons de fraude.
"L'intégration au sein d'AdVini doit être effective dans le courant du mois de juillet", précise Advini dans un communiqué publié jeudi.
Cette offre d'acquisition, dont le montant n'a pas été révélé, doit permettre au groupe de s'implanter pour la première fois dans la Bourgogne viticole.
Béjot Vins et Terroirs, fondée en 1891 et basé à Meursault, exploite 530 hectares de vignes en France (dont 260 en Bourgogne), emploie 200 salariés et réalise environ 50 millions d'euros de chiffre d'affaires.
L'entreprise est depuis quelques semaines secouée par une enquête sur des soupçons de fraude, qui a conduit à la démission du PDG du groupe, Vincent Sauvestre, placé sous contrôle judiciaire. L'entreprise est notamment suspectée d'avoir procédé à des dilutions de différentes productions.
AdVini possède quant à lui plus de 2.000 hectares de vignobles, répartis sur plusieurs maisons de vin, en France (Jeanjean en Languedoc, Laroche à Chablis, Antoine Moueix à Saint-Emilion, etc.) ou encore au Chili ou en Afrique du Sud. Il exporte dans plus de 100 pays.

http://www.leparisien.fr/lyon-69000/vin-advini-en-passe-d-acquerir-bejot-sur-fond-de-soupcons-de-fraude-16-06-2016-5891121.php

15) BORDEAUX

Fraude dans le vignoble : un millésime relevé à l'acide sulfurique

Publié le 09/05/2012 à 06h00 . Mis à jour le 10/05/2012 à 11h57 par Dominique Richard

SUD-OUEST

Douze viticulteurs, un œnologue et un droguiste poursuivis pour avoir utilisé, conseillé et vendu ce produit interdit qui avait redonné de l'acidité à un millésime médiocre

Depuis quelques mois, le tribunal correctionnel de Bordeaux n'en finit pas de dresser l'inventaire des pratiques douteuses des francs-tireurs du vignoble girondin. Après avoir examiné l'ajout d'antibiotiques dans le barsac, de lait dans le sauternes et de sucre dans le sainte-croix-du-mont, les magistrats se pencheront demain sur l'usage d'acide sulfurique concentré, en 2003, par plusieurs viticulteurs de l'appellation Côtes de Blaye.

À l'issue d'une instruction interminable, douze d'entre eux ont été finalement poursuivis pour fraude et détention de produits destinés à corrompre des boissons destinées à la vente. Demain, ils ne seront pas les seuls à s'asseoir sur le banc des prévenus. Bien que protestant de leur bonne foi, le droguiste de Blaye - qui leur a procuré l'additif - et l'un des œnologues de la région - auprès de qui ils disent avoir pris régulièrement conseil - devront eux aussi s'expliquer. Le premier pour avoir écoulé des produits dont il n'ignorait pas l'usage illicite qui en serait fait, le second pour complicité de falsification.

 


Millésime défaillant

Plus communément appelé vitriol, l'acide sulfurique est une substance aussi dangereuse qu'utile. Elle intervient aussi bien dans la fabrication des engrais et le raffinage du pétrole que dans le traitement des eaux et des minerais, le décapage des métaux et le fonctionnement des batteries. Au XIXe siècle, ce liquide visqueux et corrosif servait à la conservation de la viande. Aujourd'hui encore, certains aigrefins l'utilisent pour régénérer des morceaux avariés. C'est interdit, tout comme est banni son usage en viticulture.

En 2003, la sécheresse et les orages qui s'étaient abattus sur le Blayais avaient quelque peu déséquilibré le millésime. Trop d'alcool, pas assez d'acidité. Plutôt que d'injecter de l'acide tartrique, l'un des acides présents dans le raisin et dont l'emploi est autorisé sous certaines conditions, les vignerons avaient choisi l'acide sulfurique concentré, un « remontant » beaucoup plus puissant, seul capable selon eux de sauver leur récolte de la distillation.

Les agents de la répression des fraudes ont retrouvé sa trace en vérifiant en 2004 les registres du commerçant de Blaye auprès de qui ils s'étaient fournis. En un an, ce dernier avait écoulé près de 580 litres, dont 200 à des viticulteurs. La mention « acide sulfurique » n'apparaissait jamais sur les factures. Il était simplement question de « désincrustant » ou de « déboucheur professionnel ». Des mentions que le commerçant disait avoir portées à la demande de ses clients. Selon ses dires, le produit devait servir au nettoyage des cuves, même s'il se doutait qu'un tout autre usage était possible.

Un œnologue sur le gril

La plupart des viticulteurs entendus par les enquêteurs ont reconnu avoir eu recours à la substance prohibée. À raison de 1 à 2 centilitres par hectolitre. Des quantités, minimes certes, qui n'ont jamais mis en danger la santé du consommateur mais dont l'usage laisse songeur.

Pour certains d'entre eux, c'était ça ou déposer le bilan de l'exploitation. Cette année-là, la chaleur et la grêle ayant retardé la maturité, les vins manquaient de fruit et d'équilibre. Presque tous mettent en cause un œnologue, affirmant qu'ils ont agi sur ses recommandations et suivi ses prescriptions relatives au dosage.

La lecture des bulletins d'analyse découverts chez certains vignerons démontre que le conseil a bien été donné d'utiliser de l'acide sulfurique. L'œnologue se défend pourtant d'avoir préconisé cette solution. D'autant que les investigations conduites par le juge d'instruction n'ont pas permis d'identifier l'auteur des mentions manuscrites qui figurent sur les pièces saisies. Un dialogue de sourds a de fortes chances de prospérer demain lors du procès, même si chacun sait que le recours à l'acide sulfurique par une infime minorité de viticulteurs reste un secret de Polichinelle.

Source :

http://www.sudouest.fr/2012/05/09/un-millesime-remonte-a-l-acide-sulfurique-709761-7.php

16) Fraude au « vin de lune » : 2 ans de prison et 8 millions d’amende requis contre un viticulteur
  • 14 octobre 2016

Quinze personnes ont comparu jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour une vaste fraude au « vin de lune », un mélange illégal transporté de nuit, dans laquelle deux ans de prison et près de 8 millions d’euros d’amende ont été requis contre le propriétaire de trois châteaux.

François-Marie Marret, 55 ans, absent à l’audience, est accusé d’avoir acheté via un négociant du vin interdit à la vente – car destiné à la distillerie – en 2011 et 2012, et de l’avoir mélangé avec ses vins, d’appellations plus renommées, Saint-Emilion, Pomerol et Listrac-Médoc. Ce vin était transporté le soir, d’où son nom de « vin de lune ».

« Le problème dans cette affaire, c’est que nous sommes sur un trafic à grande échelle », a déclaré la présidente du tribunal, Caroline Barret. Plus de 8.200 hectolitres de vin ainsi trafiqués ont été saisis par les douanes.

Les trois châteaux concernés – le Couvent, le Moulin à vent et Fourcas Loubaney – ont souffert de l’arrivée de M. Marret à la tête des vignobles, dont il a hérité en 2000. « En cinq ans, le rendement de ces propriétés va s’effondrer », a relevé la présidente.

Le négociant Vincent Lataste, en difficulté financière, avait donc demandé à deux courtiers, dont un est vice-président de QualiBordeaux (organisme de contrôle de la qualité des vins), de trouver des viticulteurs ayant des excédents de vin pour compenser les pertes dans les propriétés de M. Marret.

Du vin de terroirs bien moins prestigieux, parfois même de mauvaise qualité, a été mélangé avec ceux du fraudeur présumé qui les écoulait ensuite plus cher à de nombreux clients, dont les grandes surfaces Auchan et Intermarché.

La procureur Nathalie Queran a requis contre M. Marret deux ans d’emprisonnement avec un mandat d’arrêt et l’interdiction d’une activité professionnelle liée à l’infraction pendant 10 ans. Elle a suivi les demandes des douanes, réclamant près de 8 millions d’euros d’amende au total.

Contre le négociant, Vincent Lataste, elle a requis 18 mois de prison avec sursis, 5.000 euros d’amende et l’interdiction de pratiquer son activité pendant 5 ans.

Pour les trois viticulteurs ayant fourni ce « vin de lune », Mme Queran a demandé des « peines exemplaires » de huit mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende avec sursis.

Enfin elle a requis six mois de prison avec sursis contre le chauffeur qui effectuait le soir les livraisons d’un château à l’autre, et un an de prison avec sursis et cinq ans d’interdiction d’exercer contre les deux courtiers qui avaient servi d’intermédiaires.

Le jugement a été mis en délibéré au 3 novembre.

Sources :
http://www.terredevins.com/actualites/fraude-vin-de-lune-2-ans-de-prison-8-millions-damende-requis-contre-viticulteur/

http://www.lepoint.fr/societe/fraude-au-vin-de-lune-2-ans-de-prison-et-8-millions-d-amende-requis-contre-un-viticulteur-13-10-2016-2075820_23.php

Bordeaux

Gironde: Un négociant en vin condamné à 2 ans de prison et 8 millions d'euros d'amende pour fraude

JUSTICE Il a été jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir mélanger avec ses vins du vin interdit à la vente, car destiné à la distillerie...

E.P. avec AFP

Publié le 03.11.2016 à 17:11

Mélanger du vin d'appellations prestigieuses avec de la piquette pour compenser des pertes sur ses propriétés, c'est ce qui est reproché en partie au négociant François-Marie Marret. Ce propriétaire de trois châteaux de Gironde a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Bordeaux à deux ans de prison et près de 8 millions d'euros d'amende pour une vaste fraude au « vin de lune », un mélange illégal transporté de nuit, d'où son nom. Le négociant, âgé de 55 ans, a décidé de faire appel de cette décision qu'il a jugé d'« une sévérité ahurissante ».

Compenser les pertes

Il était poursuivi pour avoir acheté via un négociant du vin interdit à la vente  car destiné à la distillerie) en 2011 et 2012, et l'avoir mélangé avec ses vins, d'appellations plus renommées, Saint-Emilion, Pomerol et Listrac-Médoc. 

Le négociant Vincent Lataste, en difficulté financière, avait demandé à deux courtiers, dont un est membre de QualiBordeaux (organisme de contrôle de la qualité des vins), de trouver des viticulteurs ayant des excédents de vin pour compenser les pertes dans les trois propriétés de François-Marie Marret (le Couvent, le Moulin à vent et Fourcas Loubaney).

Du vin de terroirs bien moins prestigieux, parfois même de mauvaise qualité, était mélangé avec ceux du fraudeur qui les écoulait ensuite plus cher auprès de nombreux clients, dont les grandes surfaces Auchan et Intermarché. Selon les douanes, « les ventes réalisées représentent près de 800.000 euros ».  6.000 hectolitres de vins ainsi élaborés auraient été écoulés dans les grandes surfaces, entre 2010 et 2012. 

Le prévenu nie les faits

François-Marie Marret a réfuté les accusations de tromperie. « C'est complétement anormal un jugement comme ça, alors que je n'ai jamais vendu que du vin de ma propriété », a-t-il affirmé à des journalistes à la sortie de l'audience. Tout comme son avocate, il conteste les quantités mentionnées - plus de 8.200 hectolitres de vin saisis par les douanes - et une incohérence dans le calendrier, assurant que ce qui lui est reproché est matériellement « impossible ».

Le négociant Vincent Lataste a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, 5.000 euros d'amende et sa société à 30.000 euros d'amende, dont 15.000 avec sursis.

Les trois viticulteurs ayant fourni le « vin de lune » ont écopé de six mois d'emprisonnement avec sursis, ainsi que des amendes et pénalités allant jusqu'à 12.500 euros. Un des courtiers, qui avait servi d'intermédiaire, a été condamné à un an d'emprisonnement avec sursis et cinq ans d'interdiction d'exercer, notamment « en raison de sa fonction au sein de QualiBordeaux », selon la présidente du tribunal, Caroline Barret. Le deuxième courtier a été condamné à huit mois avec sursis.

Quant au chauffeur qui effectuait le soir les livraisons d'un château à l'autre, il a écopé de quatre mois de prison avec sursis.

Source : http://www.20minutes.fr/bordeaux/1954367-20161103-gironde-negociant-vin-condamne-2-ans-prison-8-millions-euros-amende-fraude

Démantèlement d'un trafic de vin dans le Bordelais

Publié le : jeudi 3 novembre 2016 |

Le principal mis en cause, un négociant propriétaire de trois châteaux (des appellations Lalande-de-Pomerol, Saint-Emilion Grand Cru et Listrac-Médoc), vient d’être condamné aujourd’hui par le tribunal de grande instance de Bordeaux à deux ans de prison ferme et plus de 8 millions d’euros d’amende.

A l’origine de l’affaire, le Service Régional d’Enquêtes (S.R.E) de la Direction régionale des douanes de Bordeaux réalise plusieurs contrôles dans les trois châteaux de ce négociant à la fin de l’année 2012. De nombreuses anomalies sont décelées dans la comptabilité et la gestion des stocks de vin. L’enquête du SRE, en collaboration avec les services douaniers de viticulture, permet de mettre à jour un important circuit d’approvisionnement illicite en vin. L’équivalent de 9 millions d’euros de vins AOC détenus par ce négociant étaient en réalité composés d’un mélange de divers vins de Bordeaux acquis frauduleusement en dehors des zones d’appellations.

A l'issue de ces premières investigations, un autre service douanier, le Service National de Douane Judiciaire (SNDJ), est chargé des suites judiciaires de l’enquête.

Celles-ci dureront 2 ans au cours desquels 8 enquêteurs du SNDJ de Bordeaux, en co-saisine avec la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux, confirment l'existence d’un vaste circuit de fraude mis en place par le dirigeant de ce groupe de négoce en vin.

Avec des courtiers complices, il démarchait des viticulteurs pour leur acheter leurs surplus de production de vins de Bordeaux, à bas prix. Alors que ces surplus auraient du être déclarés et livrés en distillerie comme le prévoit la réglementation, ils ont été livrés la nuit, par camion citerne, dans les châteaux de ce négociant.

Plus de 6 000 hectolitres de vins ont ainsi été élaborés en fraude entre 2010 et 2012. Ces vins étaient vendus dans les grandes surfaces sous les appellations commercialisées par ce négociant propriétaire.


L'enquête a montré par ailleurs que les vignes de ces propriétés étaient très mal entretenues. La chute de production qui en découlait depuis plusieurs années était ainsi comblée par des apports en vins frauduleux.

Les ventes réalisées par ce négociant représentent près de 800 000 euros.

Le négociant complice a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 35 000 euros d’amende (dont 20 000 avec sursis).

Les courtiers ont été condamnés respectivement à 1 an de prison avec sursis et 5 ans d’interdiction d’exercice pour le premier et 8 mois de sursis pour le second.

Les trois viticulteurs ayant fournis illégalement du vin ont été condamnés à 6 mois de prison avec sursis et deux d’entre eux à 5 000 euros d’amende avec sursis. Ils ont également été respectivement condamnés à plus de 1500, 3700 et 12 600 euros d’amendes fiscales.

Le chauffeur a été condamné à 4 mois de prison avec sursis.

Source : http://www.douane.gouv.fr/articles/a13030-demantelement-d-un-trafic-de-vin-dans-le-bordelais
 

Contacts presse

  • Nicolas BARRAUD, Service de presse de la douane : 01 57 53 42 11 - presse@douane.finances.gouv.fr
Bordeaux: peines réduites pour une fraude au “vin de lune”

© Caroline Hubert (France Télévisions)

 

Le propriétaire de trois châteaux viticoles en Gironde dont un Saint-Emilion, condamné il y a deux ans pour une vaste fraude au "vin de lune", un mélange illégal transporté de nuit, a vu sa peine allégée en appel, a-t-on appris jeudi auprès de la cour d'appel de Bordeaux.

Par C.O avec AFP Publié le 10/01/2019 à 18:44


    François-Marie Marret, qui exploite toujours ses propriétés, a été condamné à 18 mois de prison dont 12 avec sursis et près d'1,5 million d'euros de pénalité fiscale pour déclaration non conforme de stock de vin et de moût, et pour circulation de vin sans document d'accompagnement. 

    Il avait été condamné en novembre 2016 par le tribunal correctionnel à deux ans de prison ferme et près de 8 millions d'euros de pénalité fiscale. 

    Dans son arrêt rendu en décembre et révélé jeudi par le journal Sud-Ouest, la cour d'appel a constaté une "tromperie organisée avec personnes" et noté "l'incontestable gravité des faits commis avec des méthodes indignes", a-t-elle confirmé à l'AFP. Elle a néanmoins
allégé les peines notamment parce que M. Marret n'avait jamais été condamné à de l'emprisonnement. 

    Ce dernier, âgé de 68 ans et qui conteste toute fraude, a annoncé à l'AFP un recours en cassation.

    Il était
poursuivi pour avoir acheté via un négociant du vin interdit à la vente -car destiné à la distillerie - en 2011 et 2012, et l'avoir mélangé avec ses vins, d'appellations plus renommées, Saint-Emilion, Pomerol et Listrac-Médoc, dans ses
trois propriétés (le Couvent, le Moulin à vent et Fourcas Loubaney).
Ce vin était transporté le soir, d'où son nom de "vin de lune"

    Il y a deux ans, les douanes avaient saisi 8.200 hectolitres de vin et estimé que les ventes réalisées représentaient près de 800.000 euros.

 

17) Liber Pater : le créateur du vin de Bordeaux le plus cher condamné pour escroquerie

Loïc Pasquet, qui en quelques années a réussi le tour de force de faire gonfler le prix de son Liber Pater, un simple Bordeaux en appellation Graves, auparavant inconnu, de 80 à 3.000 euros la bouteille, a été condamné pour escroquerie jeudi 14 janvier 2016 par le Tribunal correctionnel de Bordeaux.

Mis en ligne le 15/01/2016 à 11:14

 

Loïc Pasquet a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende.



Loïc Pasquet a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et 30.000 euros d'amende pour avoir établi une fausse comptabilité afin de percevoir de FranceAgrimer, organisme public des produits de l'agriculture et de la mer, quelque 600.000 euros de subventions pour faire la promotion de ses vins hors de l'Union européenne.

Loïc Pasquet devra en outre rembourser à FranceAgrimer la somme de 230.000 euros, correspondant à un versement de subventions en 2012. Un premier versement de FranceAgrimer de plus de 300.000 euros avait été réglé par la famille du "vigneron".

Selon le ministère public, Loïc Pasquet, ingénieur en matériau, "a produit des factures" par l'intermédiaire d'un partenaire financier en Chine, EuropAsia, "en sachant qu'elles ne correspondaient pas aux prestations réalisées" et a ainsi "sciemment trompé FranceAgrimer".

DIVERS PROBLÈMES POINTÉS À L'AUDIENCE

Des problèmes de registre viticole manquant, de chaptalisation, de facturation, d'identification et de nombre de bouteilles déclarées ont également été pointés à l'audience.

Selon l'avocate de FranceAgrimer, Me Elisa Corazza, Loïc Pasquet avait "développé un imaginaire autour d'un vin rare vendu 100 fois plus cher à des acheteurs étrangers mais avait besoin avant cela d'une aide providentielle pour se développer".

L'avocat de Loïc Pasquet, Me Michel Herlemont, a estimé que son client est victime de son partenaire commercial chinois, "un escroc" qui souhaitait "faire main basse" sur un stock de bouteilles envoyées en Chine, et de "l'incompétence" de son cabinet comptable.


"VIGNES À L'ABANDON"

Le Parquet s'est en outre étonné "du contraste entre le prestige supposé" et des chais "peu reluisants". Et la présidente du tribunal a fait part à l'audience de "vignes à l'abandon", selon un rapport d'experts, et s'est étonnée que le siège social de la EARL "Vignobles XO" soit "une simple boîte à lettres".

Par ailleurs, l'Institut national de l'origine et de la qualité (INAO), également partie civile pour non-respect du cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée (AOC), s'est vu octroyer l'euro symbolique.

Loïc Pasquet, qui vend son entière production à l'étranger, notamment en Russie et en Chine, a fait sa renommée en affirmant produire un vin "au goût oublié" provenant "de vieux cépages pré-phylloxériques". Or les Liber Pater produits depuis 2004 sont un assemblage des cépages traditionnels du bordelais, Merlot et Cabernet.

DES VIGNES COUPÉES AU SÉCATEUR

Le "vigneron" s'est défendu en disant que ces cépages oubliés, plantés en 2010, ont été vinifiés pour la première fois avec la récolte 2015.

En 2011, il avait été distingué par La Revue du Vin de France comme "découverte de l'année".

Une enquête est également en cours après la découverte mi-novembre par Loïc Pasquet de quelque 500 de ses pieds de vignes coupés au sécateur.

 

Source : http://www.larvf.com/,liber-pater-le-createur-du-vin-de-bordeaux-le-plus-cher-condamne-pour-escroquerie,4479198.asp

Stanziani Alessandro, « La falsification du vin en France, 1880-1905 : un cas de fraude agro-alimentaire », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2/2003 (no50-2), p. 154-186.

19) Un exemple de pseudo-fraude : les vins espagnols commercialisés en toute légalité par la Grande Distribution française. "Sur l'étiquette, l'origine ne prête pas à confusion". (2017)

Rebondissement dans l’affaire des Bag-in-Box de vins espagnols vendus en France avec confusion sur l’étiquetage. Sur les linéaires des supermarchés Franprix (filiale du groupe Casino), les producteurs de Pays d’Oc IGP révèlent les premiers cas de vins vendus sous dénomination d’origine frauduleuse.

De gros metteurs en marché français écouleraient des vins espagnols, sous l’étiquette « IGP Oc ». Observé photos à l’appui dans plusieurs supermarchés Franprix de la commune de Rivière-Pilote en Martinique, ce premier cas présumé de détournement de notoriété organisé par la grande distribution, concerne l’ensemble des supermarchés de cette filiale du groupe Casino sur le territoire français. L’accusation est portée par le Syndicat des Producteurs de vins Pays d’Oc IGP qui a vérifié ses sources auprès d’IRI Worldwide, la référence pour le suivi des ventes en grande distribution française.Cette découverte, survenue fin décembre, est très mal perçue par le label Pays D’Oc qui depuis plusieurs mois, dénonce des pratiques commerciales trompeuses sur l’habillage des Bag-in-Box de vins espagnols vendus en France sous marques de distributeurs (MDD). Cette fois, l’accusation est plus grave et concerne des bouteilles portant la mention « Chardonnay, Vin d’Espagne », « Sauvignon, Vin d’Espagne », ou « Merlot, Vin d’Espagne ». Sur l’étiquette, l’origine ne prête pas à confusion… La fraude en revanche apparaît sur le bandeau des linéaires, c’est-à-dire le code barre et sur les tickets de caisse, qui apportent en plus du prix, la précision « IGP Oc ».

« Cela veut dire qu’au niveau des EAN (code barre), c’est de l’IGP Pays d’Oc et non du vin d’Espagne. On fausse nos chiffres de sorties caisses avec des vins espagnols vendus pour des vins français. C’est inadmissible !, s’insurge Jacques Gravegeal, président des Pays d’Oc. Des dizaines de milliers de bouteilles sont achetées à l’Espagne, enrichissent le marché espagnol et s’installent sous pavillon français et en l’occurrence languedocien. Cela affecte donc le marché français et trompe le consommateur. »

Montée au créneau

Contactée ce jour, la direction du groupe Casino déclare en substance qu’il s’agit d’une erreur de livraison entre enseignes : ces produits (cépage MDD d’origine Espagne) sont exclusivement réservés à la vente chez Leader Price et n’auraient pas dû se retrouver chez Franprix. Cette erreur est un cas isolé et n’a bien sûr aucune incidence fiscale.
De son côté, le président des producteurs de vins Pays d’Oc a saisi la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) de l’affaire et n’entend pas en rester là face à la GD.

« Il est hors de question que l’on détruise ce qui a été construit, insiste Jacques Gravegeal. Je suis invité à participer à la réunion organisée par Jérôme Despey (Président de la Commission Viticole de la FNSEA) avec la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) le 1er février prochain et je compte bien m’expliquer sur ces pratiques qui doivent cesser immédiatement. J’ai conscience du poids économique que représente la GD pour le label IGP Pays d’Oc. Toutefois, je ne peux pas passer sous silence ces pratiques frauduleuses. Avec mon Conseil d’Administration, J’ai saisi Jérôme Despey sur l’urgence d’une réglementation du linéaire Bag-in-Box permettant un classement clair et lisible pour le consommateur sur l’origine française de nos vins distinctement des vins étrangers. »

178 contrôles réalisés en GD

Les vins espagnols vendus en France sous une fausse étiquette, argument coup de poing de l’interprofession des Vins de Pays d’Oc révélé en décembre dernier, concernait jusqu’à présent le packaging des Bag-in-Box de 5 litres vendus en GD. L’affaire était suffisamment grave pour que le Ministère de l’Agriculture, saisi de l’affaire début 2016, mobilise la répression des fraudes. Sur 178 contrôles nationaux réalisés en grande distribution, la Brigade d’enquêtes viticoles (BEV) a relevé ces derniers mois 10% de cas de non-conformité d’étiquetage, majoritairement des erreurs d’affichage dans les dénominations de produits et « quelques cas plus graves d’infractions avec tromperie sur l’origine pour des vins d’Espagne revendus avec mention Vins de France », selon les informations communiquées en décembre par Philippe Froelig, inspecteur technique interrégional à la BEV de la Direccte Occitanie.

Alors que les contrôles se poursuivent, le négoce français minimise la portée de telles accusations. « Les producteurs déplacent le débat sur des problèmes d’étiquetage plutôt que de se remettre en question, avance Bruno Kessler, président de l’Association française des embouteilleurs et distributeurs de vins et spiritueux (AFED) qui regroupe les plus gros metteurs en marché français (Castel, La Fié des Lois filiale d’Intermarché, Johanes Boubée filiale de Carrefour, Sieur d’Arques). Il faut sortir de ce débat passionnel pour analyser les chiffres. La production française est excédentaire de 2 Millions d’hl, majoritairement des replis d’AOP entrées de gamme ou d’IGP qui ne trouvent pas preneurs faute de performance commerciale. Le marché a changé : aujourd’hui au-dessous de 2,29 €, les consommateurs achètent du vin comme on achète un pot de moutarde. L’origine n’est pas déterminante dans l’acte d’achat, c’est le prix et le packaging qui comptent.»

Soupçons sur l’origine

Ces affirmations ne concordent pas avec une récente étude de Pays d’Oc sur les attentes des consommateurs de Bag-in-Box réalisée par le cabinet indépendant Segments. Publiée en juillet dernier, elle révèle que l’origine et la confiance sont au contraire deux notions intimement liées, qui vont déterminer l’acte d’achat, même chez les consommateurs peu attachés à la notion d’origine.

Pire, dans le cas des vins espagnols écoulés en France, les soupçons portent à présent sur la présence ou pas dans la bouteille, du cépage revendiqué sur l’étiquette. « En Europe, il n’y a pas de limite de rendements pour les vins sans Indication géographique (ex vins de tables), autorisés depuis 2008 à porter la mention des cépages sur leurs étiquettes », explique Jacques Gravegeal.

Pour le président des producteurs de Pays d’Oc, cette décision de la Communauté européenne a été, pour les vins IGP, le « baiser de la mort ». « Ils ont donné toute latitude à l’Espagne et aux pays de la communauté européenne capables de produire à bas prix, à faire mentionner le cépage sur les VSIG, mais sans contraintes, sans cahier des charges, sans dégustation des vins, donc dépourvus de toute traçabilité alors que chez nous, sous signe de qualité IGP, tous nos cépages sont certifiés par des contrôles rigoureux du raisin jusqu’à la bouteille. Le consommateur ne peut pas être abusé de la sorte[sic]. »

"Si la balance commerciale française s’est dégradée en 2016, les ventes de vins et de spiritueux ne sont pour rien dans cette contre-performance. Bien au contraire. Même si la progression est limitée à 1,2 % par rapport à 2015, elles ont signé un nouveau record historique à 11,9 milliards d’euros. De même pour l’excédent commercial, qui atteint 10,5 milliards d’euros, en hausse de 1 %, selon les chiffres publiés jeudi 9 février par la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS)."
En savoir plus sur :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/02/09/un-record-d-exportations-d-alcools-francais-en-2016_5077068_3234.html#MC8uRrRmLWHxbZAO.99

20) Francisation des vins

60 Millions de Consommateurs

  • 26/04/2017
  • Lionel Maugain

Enquête

Made in France : attention aux faux vins français

En ces temps de défiance vis-à-vis de la mondialisation, arborer du « made in France » fait vendre. Certains producteurs peu scrupuleux l’ont bien compris.

Importer de la matière première agricole à bas coût, lui coller une origine bleu, blanc, rouge fallacieuse, et la revendre en faisant une très belle culbute : la fraude à la francisation semble se répandre, surfant sur la forte demande de produits locaux et la volonté de soutenir les producteurs hexagonaux.

Du vin bas de gamme vendu par un prestigieux domaine

Le fléau touche toutes les filières qui ont l’obligation de mentionner le pays d’origine, mais en particulier le secteur viticole, où les affaires de vrais-faux vins français se multiplient.

 

Fruits et légumes, miel, huile d’olive…

D’autres filières sont touchées par la fraude à la francisation. Découvrez notre enquête complète Made in France ? On voudrait y croire dans le n° 526 de 60 Millions de consommateurs (mai 2017).

À Ouveillan, près de Narbonne (Aude), un prestigieux domaine est soupçonné par les douanes d’avoir introduit plus de 25 000 hectolitres de vins espagnols au cours des trois dernières années, et de les avoir « transformés » en vins français puis revendus en vrac à des négociants.

Une opération ultrarentable : le vin espagnol bas de gamme se négocie en vrac actuellement à 0,35 € le litre, alors que le tricolore se vend entre 0,75 et 0,90 €.

L’inspecteur annonce toujours sa visite

Fin mars, 4 000 viticulteurs et leurs familles sont descendus dans les rues de Narbonne manifester contre la concurrence des vins espagnols à bas coût. « Mon employeur a fait faire une mise en bouteille à l’étranger de 100 000 bouteilles, affirme l’employé d’un domaine de Provence ayant contacté 60 Millions. Elles contiennent du vin rosé espagnol, mais les étiquettes proviennent de notre domaine. »

À LIRE AUSSI >>> Mode d’emploi pour acheter « Made in France »

Ce genre d’embrouille est facilité par le fait que les contrôles sont facilement esquivés. L’inspecteur annonce toujours sa visite quelques jours à l’avance, en transmettant par fax les échantillons qu’il veut examiner. « Cela nous laisse amplement le temps de les préparer », explique l’employé.

Ormes de Cambras et Cambras, du pareil au même ?

Outre la fraude à la “francisation”, la chasse aux étiquettes équivoques est également ouverte. De grands négociants français achètent du vin espagnol en vrac pour le revendre, souvent sous forme de fontaines à vin (aussi appelées cubis, bag-in-box, ou bib), sous des noms aux accents peu ibériques : Celliers du Mazet, Adrien Champaud, Baron de Vairac, Vieux Papes…

Le cas le plus emblématique est celui des Ormes de Cambras. Ce vin porte l’indication géographique protégée (IGP) du Pays d’Oc. Mais dans le même rayon, on trouve un autre bib, de la marque Cambras tout court, qui appartient au même négociant. Il est indiqué en gros caractères qu’il est conditionné en France. En petits caractères, on lit « vin d’Espagne ».

« On trompe le consommateur en lui laissant croire que Ormes de Cambras et Cambras, c’est du pareil au même, s’insurgent les viticulteurs de la Coordination rurale. Le vin français est acheté au producteur à 0,80 € le litre, le vin espagnol à 0,35 €. Dans cette affaire, tout le monde y perd, le producteur français, le producteur espagnol qui est mal payé, et le consommateur. »

Un packaging similaire, mais 20 % de différence dans le prix

Certains vins de marques de distributeur vendus en bib ont discrètement changé de provenance depuis quelques années, abandonnant la France pour l’Espagne. Chez E. Leclerc, cohabitent depuis fin 2016 la marque Les Cépages de Carion (vins espagnols) et Vieux Carion sélection cépages (vins français), les deux portant un packaging similaire, avec une différence de prix de 20 %.

 

L. Maugain / « 60 »


À la demande pressante des producteurs, l’enseigne aurait accepté de revoir le contenant pour mettre fin à l’ambiguïté.
Un contrôle plus strict de l’étiquetage serait souhaitable, notamment en mentionnant l’origine de chaque côté du contenant. Et il serait bon pour la clarté de l’offre que les chefs de rayons installent tous ces vins aux noms francisés dans les rayons de vins étrangers.

Commentaires:
Le consommateur devrait apprendre à lire les étiquettes et arrêter de boire de l'étiquette si il ne veut pas être manipulé car, dans la plupart des cas cités, il ne s'agit absolument pas de fraude mais de packaging astucieux.
Les inspecteurs des Douanes ou de la DGCCRF ne préviennent jamais lorsqu'ils effectuent un contrôle.

Narbonne : 2 gardes à vue dans une enquête préliminaire pour fraude au vin espagnol “francisé”

Deux courtiers audois en vin ont été placés en garde à vue lundi, dans le cadre d'une enquête préliminaire portant sur quelque 30.000 hectolitres de vins importés d'Espagne puis vendus comme vin français, a-t-on appris de source judiciaire à Narbonne.

Par FD avec afp

Publié le 17/01/2018 à 18:31

Plusieurs personnes ont déjà été mises en cause dans une enquête préliminaire pour "faux, usage de faux, escroquerie et tromperie sur la qualité d'un produit", a précisé à l'AFP le procureur de la République de Narbonne, David Charmatz.

 

L'affaire a débuté en 2015 après les "fortes revendications de viticulteurs" sur de très importantes importations de vins espagnols


La préfecture avait alors saisi les douanes pour vérifier les conditions de ces importations par plusieurs négociants audois, a expliqué le magistrat.
Ce sont ces investigations douanières qui ont permis de découvrir qu'un domaine avait importé plusieurs dizaines d'hectolitres de vins espagnols pour les revendre ensuite avec des étiquettes de vins français, a-t-il ajouté.

Courant 2016, une enquête préliminaire a été ouverte pour "faux et usage" car pour "franciser un vin, il faut falsifier les documents d'origine" mais aussi pour "escroquerie" et "tromperie" car le vin n'avait pas les qualités et origines annoncées, a expliqué M. Charmatz.

Depuis, certaines personnes ont reconnu leur culpabilité devant les policiers de la section économique et financière du SRPJ de Montpellier, a ajouté le procureur mais il "reste encore à savoir le rôle exact des intermédiaires, les courtiers", lesquels sont incriminés par la défense du principal mis en cause.
Selon ce viticulteur, "personne ne pouvait ignorer qu'il n'était pas en capacité de vendre de telles quantités de vin et, donc, personne ne pouvait ignorer l'origine étrangère des vins", a rapporté le magistrat qui veut vérifier la véracité de cette assertion.

Le parquet de Montpellier travaille "en coordination étroite" dans cette affaire avec celui de Narbonne, a indiqué le procureur montpelliérain Christophe Barret, en marge d'une conférence de presse sur le déferrement ce mercredi, de six viticulteurs mis en cause pour des actions clandestines attribuées ou revendiquées par le Comité régional d'action viticole.

 

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aude/narbonne-2-gardes-vue-enquete-preliminaire-fraude-au-vin-espagnol-francise-1403407.html

 

21) 1855.com

Challengesoir

Le récit

1855.com et Emeric Sauty de Chalon cernés par la justice

Le 10.07.2015

Pendant plus de neuf ans, le site spécialisé dans les vins de Bordeaux a vendu des bouteilles dont il ne disposait pas. Les procédures se multiplient et mettent fin à cette rocambolesque saga.

La recette du succès? Vendre, encaisser l'argent, et ne jamais livrer! Bien sûr, cela ne fonctionne qu'un temps. Car au bout de quelques mois, les clients finissent pas avoir des doutes! Dans le cas de 1855.com, cela a pris presque une décennie. Mais une nouvelle information judiciaire a été ouverte il y a quelques jours.

Pendant plus de neuf ans, le site 1855.com a en effet vendu des bouteilles dont il ne disposait pas. Non seulement 1855.com ne les avait pas en stock, mais en plus, il se s'embarrassait même pas d'en passer commande aux producteurs! Le bilan: 40 millions d'euros partis dans la nature et 11.000 clients floués. Seuls quelques-uns ont réussi à avoir leurs bouteilles. Des vedettes pour la plupart, car 1855.com, qui organisait de grandes fêtes privées, savait soigner son image et ceux qui comptent. Il a su séduire, un temps, des personnalités aussi diverses que le baron Ernest-Antoine Sellière, l'ex-patron du Medef, et Dominique Farrugia, patron de média et producteur de cinéma. Ce dernier, jamais livré d'une commande de 400 euros, avait obtenu une compensation en bouteilles. Mais uniquement parce qu'il faisait partie des clients VIP…

"Neuf clients sur dix ont été servis", se défend l'avocat de 1855.com, le ténor du barreau Philippe Blanchetier. Faux, réplique Alain Ehrsam, qui fédère, avec son association Abus1855.org, plus de 350 victimes du site, et qui a lui-même perdu dans l'affaire plus de 3.000 euros. Aujourd'hui, avec d'autres, il entend obtenir justice… Or, depuis le début de l'année, la procédure, entamée en 2012, avec une enquête de la DGCCRF (répression des fraudes) s'est brusquement accélérée. En janvier dernier, le groupe Heraclès, le holding qui contrôlait les deux sites 1855.com et Chateauonline, a été placé en liquidation judiciaire. En mars, l'AMF, après des années de passivité, a condamné la société et son ancien président directeur général, à respectivement 200.000 et 150.000 euros d'amendes.

Un prestidigitateur hors pair

Et il y a quelques jours, une information judiciaire a –enfin– été ouverte à Paris. Elle s'ajoute à une autre instruction en cours, à Bordeaux depuis un an… Et hier, les professionnels du vin de la région (Conseil des crus classés en 1855, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, l'Union des maisons de négoce de Bordeaux et la Fédération des grands vins de Bordeaux) ont rendu public une autre plainte qu'ils avaient déposée au Tribunal de grande instance de Bordeaux pour pratiques commerciales trompeuses, en 2012.

Ces procédures donneront lieu à des inculpations, et peut-être, dans quelques mois, à des condamnations pour les responsables de 1855.com. "Le risque, pour eux, c'est la prison", prévient maître Hélène Poulou. Ce sera l'épilogue d'une rocambolesque saga menée par un prestidigitateur hors pair: Emeric Sauty de Chalon… Curieux personnages que ce fils de bonne famille. Charmeur, doté d'une particule rassurante, auréolé de la réputation de son père, respectable chef d'entreprise (Zodiac Marine), Emeric Sauty de Chalon aurait découvert le vin à 18 ans, lorsque son père lui offre sa cave. Surtout, il veut, en cette fin des années 1990, participer lui aussi à la vague Internet. Tout frais sorti de HEC (par la petite porte, un master d'un an), il lance, en 1995, son site marchand: 1855.com. Le concept –court-circuiter les grossistes et les négociants et proposer au grand public les vins les plus rares– séduit quelques investisseurs. Et notamment Jean-Pierre Meyers, le gendre de Liliane Bettencourt, actionnaire de L'Oréal, qui s'est depuis lors prudemment retiré de l'affaire.

Le site 1855.com présente rapidement 25.000 références. Dont certaines, comme le sauternes Château d’Yquem 2012… n’a pas été produit cette année-là. 25.000 références, c’est considérable lorsque l’on sait que la plupart de ses concurrents n’en alignent qu’une dizaine de milliers. Jusqu’au milieu des années 2000, c’est la gloire pour 1855.com. La société entre même en Bourse en 2006 et lève 6 millions d’euros (qui serviront à éponger ses pertes, récurrentes). C’est aussi la gloire pour son créateur, Emeric Sauty de Chalon, qui sera désigné Entrepreneur de l’année par l’Essec en 2007. Mais pour vendre du vin, il faut pouvoir le livrer. Et pour le livrer, il faut l’avoir en stock. Or 1855.com n’a que quelques milliers de bouteilles d’avance. Elle encaisse donc les chèques, et part ensuite à la recherche des bouteilles. Mais pour la plupart des grands crus, le circuit reste complexe et exclusif. Il faut soit être agréé auprès du château, soit être connu d’un grand négociant bordelais, soit avoir négocié des allocations (des séries de bouteilles réservées).

Victime de l'establishment bordelais?

Pour Me Philippe Blanchetier, la société a été victime de «l’establishment bordelais, qu’elle a voulu bousculer et qui ne l’a pas aidée». Pour l’avocat des clients floués d'Abus1855.org, maître Poulou, au contraire, «dès le départ, on constate que la société n’est pas bénéficiaire. Au lieu d’arrêter et de changer son modèle, 1855.com se lance dans ce qu’on peut qualifier, ni plus ni moins, de la cavalerie financière». La cavalerie est un système qui consiste à honorer les premiers clients avec les fonds recueillis auprès des suivants. Il s’est notamment développé pour les ventes de vins primeurs proposés par le site. Ventes qui étaient payées dès la commande, mais livrées, en général, entre 18 et 24 mois après.

Les producteurs ont eux aussi été lésés. Et notamment ceux qui font partie de la très chic sélection des crus classés de… 1855, dont la délimitation remonte à Napoléon III. Le président du Conseil des grands crus classés, le bordelais Philippe Castéja ne cache d’ailleurs pas son agacement: «Il y a eu détournement et usage abusif de la marque 1855 pour tromper le public.»

Mais les déboires de 1855.com font aussi des heureux: ses concurrents, notamment les deux plus gros, Vente-privée.com et Cdiscount (groupe Casino). Ils représentent plus de la moitié des ventes de vins en ligne, devant Wineandco, Vinatis, Millesima, Lavinia et Nicolas. Or ces ventes sont en plein boom, comme nous l’apprend une étude publiée il y a quelques semaines par Kedge Business School: elles ont progressé en 2014 de 36%, pour franchir la barre du milliard d'euros. Et devraient même dépasser 1,5 milliard en 2016, un dixième des ventes totales de vin en France.

https://www.challenges.fr/challenges-soir/1855-com-et-emeric-sauty-de-chalon-cernes-par-la-justice_75574

22) Vaucluse : la société de vin en vrac Raphaël Michel soupçonnée de fraude

> Murielle Kasprzak À Avignon (Vaucluse)|29 juillet 2017

 

Un leadeur du négoce du vin dans le Vaucluse est soupçonné d'avoir frauduleusement surclassé des cuvées.

La société de négoce de vin en vrac Raphaël Michel, créée en 1899 à Piolenc (Vaucluse), faisait ces dernières années figure de réussite. Les établissements, qui vivotaient lorsque Guillaume Ryckwaert les a acquis en 2003, étaient parvenus à s'imposer comme une entreprise majeure de vin en vrac en France avec un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros, une croissance annuelle de 20 % à 30 %, une production de 900 000 hl et des partenariats avec près de 3 000 vignerons ou caves coopératives. Dans l'épais fichier clients du «vraqueur» de vin figurent embouteilleurs, grossistes, cavistes et importateurs.

 

Mais fin juin, le PDG et la société ont été mis en examen pour escroquerie et fraude en bande organisée, ainsi que pour diverses infractions au Code de la consommation et au Code général des impôts.

 

Une pratique courante

 

La justice les soupçonne d'avoir commercialisé plusieurs centaines de milliers d'hectolitres de vin de pays en vin d'appellation d'origine contrôlée, notamment en côtes-du-rhône, entre 2013 et 2017, ce qui permettait de le vendre plus cher mais qui représentait surtout une tromperie sur la qualité. Le préjudice est estimé à plusieurs millions d'euros. Les suspicions de fraudes ont été révélées lors d'une enquête du service national de la douane judiciaire lancée après la constatation de divers manquements lors de contrôles à l'automne 2016. L'homme a été placé sous contrôle judiciaire avec l'interdiction d'entrer en contact avec ses collaborateurs et de gérer la société. Il a dû en outre s'acquitter d'une caution de 1 million d'euros.

 

Surclasser les vins quand les volumes sont insuffisants est une pratique courante, selon le responsable d'une cave coopérative qui traite avec les établissements Raphaël Michel. «Ça se fait dès la production mais sur des quantités peu importantes, ça ne se voit pas, sauf s'il y a des contrôles sur les parcelles, explique-t-il. Et encore, il y a toujours moyen de passer à travers. Nous leur vendons notre vendange, ce qu'ils en font après, on ne le sait pas.»

 

La filière s'inquiète des répercussions

 

L'agriculteur se dit surpris que le grand patron «ait pris autant de risques» et soupçonne «des contrôles orientés». «Il devait faire de l'ombre à certaines personnes influentes, car il propose des coûts de vinification raisonnables», glisse-t-il. «Il y a de très grandes jalousies de certains de ses concurrents à l'encontre de mon client», abonde l'avocat de Guillaume Ryckwaert, Me Olivier Morice.

 

La filière s'inquiète des répercussions de cette affaire, le Syndicat des côtes-du-rhône s'est porté partie civile et d'autres organisations viticoles pourraient l'imiter. «En voulant le clouer au pilori, certains se comportent comme des pyromanes, prévient Me Morice. S'il s'agit d'une escroquerie structurée, même s'il conteste l'ensemble des infractions qui lui sont reprochées, d'autres opérateurs seront concernés. La procédure risque de réserver de grandes surprises dans les mises en cause.»

 

Source :

http://www.leparisien.fr/faits-divers/vaucluse-la-societe-de-vin-en-vrac-raphael-michel-soupconnee-de-fraude-29-07-2017-7163925.php

La DGCCRF chiffre la fraude mais ne dévoile pas l'entreprise impliquée
Vendredi 16 mars 2018 par AFP
 
Le 15 mars, la DGCCRF a précisé le volume qui aurait fait l'objet d'une fraude découverte en 2017. Les fraudes n'ont pas confirmé le nom de l'entreprise mise en cause mais

Une fraude portant potentiellement sur plus de 480.000 hectolitres de faux vin AOC Côtes-du-Rhône, soit «l'équivalent de 13 piscines olympiques», a été mise au jour en 2017 et transmise à la justice, a indiqué jeudi la DGCCRF.
L'enquête a mis au jour une «usurpation massive de l'AOC viticole de Côtes-du-Rhône par une importante société de négoce», écrit la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans le rapport de son action en 2017, publié jeudi.


Dans le document, le nom de la société n'est pas cité. La directrice générale de la DGCCRF Virginie Beaumeunier a indiqué à la presse que le «PDG de la société» a été «mis en examen pour tromperie et escroquerie». Il a été «placé sous contrôle judiciaire avec paiement d'une caution d'un million d'euros assortie d'une interdiction d'exercer dans son entreprise», ajoute la DGCCRF dans son rapport.

Selon une source proche de l'enquête, il s'agit du négociant Raphaël Michel, un des principaux négociants du Vaucluse, spécialisé dans le vin en vrac.

Plusieurs AOC impliqués


Entre octobre 2013 et juin 2016, «environ 200.000 hectolitres de vin sans indication géographique ont été mis en vente avec une fausse appellation d'origine Côtes-du-Rhône et Côtes-du-Rhône Villages, dont 10.000 hectolitres avec une fausse AOP Châteauneuf du Pape», indique le rapport.
«Au total, la fraude porterait sur plus de 480.000 hectolitres de vin, soit l'équivalent de 13 piscines olympiques, et 15% de la production de Côtes-du-Rhône», ajoute le document.
Initialement, les agents de la DGCCRF, appuyés de ceux de la douane judiciaire, avaient découvert une cuve de vin d'un volume de 1.000 hectolitres, présenté comme du vin AOP Châteauneuf du Pape (d'une valeur marchande estimée à 700.000 euros), qui n'en était pas.

Fiabilité du système de contrôle


«Ces contrôles ont un effet positif pour la filière en montrant que les fraudes sont stoppées et sanctionnées», a déclaré Mme Beaumeunier. Ils permettent aussi, vis-à-vis de l'étranger, de «montrer la fiabilité du système français» de contrôle des appellations d'origine viticoles, a-t-elle souligné.
AOC, qui signifie Appellation d'origine contrôlée est un label français, peu à peu remplacé par son équivalent européen AOP Appellation d'Origine Protégée.

Se faire une nouvelle virginité
Anagram réussira-t-elle son pari ?

Jeudi 27 décembre 2018 par Marion Sepeau Ivaldi

 

L’affaire Raphaël Michel est l’affaire de fraude qui a fait le plus couler d’encre ces dernières années. La reprise de ce groupe par Labruyère développement et industrie qui l’a rebaptisé Anagram, permettra-t-elle un rebond ?

Le 13 août dernier, le tribunal de commerce de Montpellier valide la reprise des activités du groupe Raphaël Michel par le groupe Labruyère développement et industrie. Pour réaliser cette opération, Raphaël Michel a apporté ses actifs et passifs à Dolia qui était l’une de ses filiales. Labruyère Développement et Industrie (LDI) est entrée au capital de Dolia à hauteur de 90 %, laissant 10 % à Raphaël Michel. Ces 10 % sont une assurance de solvabilité de Raphaël Michel en cas de condamnation judiciaire (la justice doit toujours rendre son verdict). La part permettra à l’entreprise de payer si elle devait s’acquitter d’amendes. Par cette opération, LDI récupère donc une dette de 28 millions d’euros. Et Guillaume Ryckwaert, directeur de la société Raphaël Michel, reste dans l’ombre de cette opération de reprise. Ce qui fait dire à certaines mauvaises langues que l’homme, mis en examen, tire toujours les ficelles.

La promesse d'un vin loyal

Reste que le président exécutif d’Anagram, Sébastien Bouvet-Labruyère, veut tirer un trait avec la sombre histoire de fraude portant sur 200 000 hl de faux Côtes-du-Rhône et 10 000 hl de faux Châteauneuf-du-Pape. Son ambition, il l’a dévoilé à la presse début septembre : « Nous avons posé un objectif : celui de traiter 400 000 hl d’ici trois ans (Raphaël Michel travaillait 450 000 hl). Notre second objectif est un positionnement très précis : faire du vrac premium. Ce seront des produits AOC génériques ou des crus issus de la Vallée du Rhône, de l’Arc méditerranéen et des vignobles du Sud-Ouest (via une filiale Claude Nicolas). Il y a un marché important pour ce type de produit ; notamment à destination de négociants en complément de gamme.  Le vrac premium est mieux valorisé et peu adressé. C’est aussi un marché où sont travaillés des volumes importants mais avec beaucoup moins de concurrence que sur le marché de la bouteille » avait-il expliqué à Vitisphere tout en soulignant que, désormais « la promesse de l’entreprise est de « vendre du vrac de façon loyale, rigoureuse et transparente ». En 2019, il sera temps de faire un premier bilan et voir si Anagram a pu tisser à nouveau des liens de confiance avec les acheteurs...

Essai de conclusion.

A la lecture de ces articles de journaux et de ces jugements il apparait que la fraude n'est plus maintenant, à quelques exceptions près, qu'une usurpation d'identité, une tromperie sur l'origine. Des vins de consommation courante se transforment en vins de cépages, d'autres en vins d'appellation d'origine protégée. De petits crus deviennent de grands crus.

Qui est le responsable ? Le seul et unique coupable est le consommateur qui, au lieu de se référer à son goût après s'être éduqué, préfère acheter et boire de l'étiquette.

Dans l'affaire du faux pinot languedocien, par exemple, c'est le consommateur américain qui avait découvert le nom de ce cépage et voulait consommer les vins de pinot noir. Il fallait lui fournir ce vin, de n'importe quelle façon. L'importateur américain n'était pas dupe et d'un bout à l'autre de la chaîne commerciale tout le monde mentait. Le consommateur final était satisfait, bien incapable d'identifier un quelconque cépage. Il n'était donc pas grugé.

Mais il existe aussi la fraude non identifiée, celle qu'aucun journaliste ne pourra jamais découvrir et qu'aucune administration ne pourra jamais détecter. Nous y viendrons bientôt.

Voilà un extrait du roman « Le fémur de Rimbaud » de Franz Bartelt.

Son héros, Majésu Monroe,  est un brocanteur marginal peu scrupuleux, spécialiste des pièces uniques.

 

De quel côté était l’inspecteur Bradouate ? De mon côté ? Du côté de Noème ? Je lui ai répété que j’étais un homme honnête.

- « La brocante n’est pas un gage d’honnêteté, monsieur Monroe. Il est certainement arrivé que vous cédiez un objet dont l’authenticité n’était pas établie.

- C’est le client qui fait l’authenticité d’un objet, inspecteur. Plus il paie cher, plus l’objet qu’il acquiert est authentique. C’est mathématique. Je ne force personne. Moi je crois à ce que je vends. Mais c’est de la responsabilité de la clientèle de croire à ce qu’elle achète. »

23) Les fraudes invisibles.

- Les apports de raisins des adhérents des caves coopératives sont souvent traités sans tenir compte des cahiers des charges des appellations d'origine. J'ai vu pratiquer, au sein de ces entreprises, ce type de manipulation. Des raisins provenant de parcelles non classées sont pompés vers des cuves de vins d'appellation parce qu'ils sont jugés de bonne qualité. La qualité du vin n'en sera pas affectée mais qu'en est il de l'origine ?

Des raisins n'atteignant pas tout à fait le degré alcoolique potentiel imposé par décret ne sont pas écartés car leur faiblesse en sucre est compensée par les taux de sucre plus élevés d'autres apports.

Les raisins apportés par certains viticulteurs qui n'ont qu'une parcelle plantée d'un seul cépage, dans une appellation qui impose au moins deux cépages minimum, sont tout de même sélectionnés.

La traçabilité est maintenant obligatoire et il n'y a rien de plus facile que de falsifier ou même de fabriquer de toutes pièces une traçabilité. Les logiciels informatiques sont capables, si on les programme correctement, d'indiquer qu'une benne de raisins non conformes a été éliminée et pompée dans une cuve de vins de table pendant que le transfert s'opère vers une cuve d'A.O.C. Tout le reste n'est que manipulations d'enregistrements. Pendant ce temps les organismes d'inspection des A.O.C. ne contrôlent que l'existence de la traçabilité et non sa véracité. Leurs pauvres petits techniciens seraient bien incapables, même si on leur en donnait le temps et les moyens, de trouver des failles dans les enregistrements des données.

-  le gonflement des volumes de production de vins d'appellation d'AOC : dans les régions où les producteurs ont une partie de leurs vignes classées en AOC il est aisé, aussi bien en caves coopératives qu'en caves particulières, d'élaborer des vins d'appellation avec une partie de raisins n'appartenant pas à celle-ci. Lorsque le rendement est inférieur au plafond autorisé on complète avec des volumes de vins de table ou de vins de pays dont les prix de vente sont inférieurs. L'opération s'effectue au moment de la déclaration de récolte. Ni vu ni connu. Les viticulteurs appellent cette fraude indétectable "faire le plein de l'A.O.C."

- les vins issus de raisins cultivés en agriculture biologique et en biodynamie.

Nombreux sont les viticulteurs qui convertissent leur vignoble à l'agriculture biologique, non par conviction philosophique mais par espoir d'une meilleure commercialisation de leurs produits. Nombreux sont ceux qui pensent que la réduction des "intrants" (produits de traitement, engrais, herbicides) va diminuer leurs coûts de production. Il n'en est rien : la viticulture biologique engendre une augmentation des coûts de production de 25 à 30%. Le résultat est en général, un envahissement des parcelles par des aventices (plantes annuelles, bisanuelles, vivaces, semi-ligneuses et même ligneuses), et la non maîtrise de l'état sanitaire (mildiou et oïdium). Les vignes malades, assoiffées et affamées deviennent chétives et la production dégringole. Le marché ne permet pas une augmentation des prix de vente qui compenserait cette diminution des rendements. La solution est alors d'acheter des raisins à des viticulteurs  qui, eux, savent produire. Ces raisins ne sont pas issus du même terroir, pas toujours de la même appellation et jamais d'une production en agriculture biologique. Seul l'étiquetage A.B. ne change pas. Le consommateur est grugé mais contrôler ce type de pratiques frauduleuses est impossible. Les transferts de raisins se font souvent la nuit et il serait difficile de mettre un contrôleur dans chaque parcelle et derrière chaque tracteur.

En ce qui concerne la biodynamie les rendements varient (les déclarations de récolte sont publiques et consultables en mairie) entre 3 et 8 hectolitres par hectare soit 10 fois moins que les producteurs de la même région. Là aussi l'achat de raisins ou même de vins extérieurs est pratiqué.

24) Bordeaux 2017

Enquête douanière sur du vin languedocien vendu comme AOC du Bordelais

  • 11 décembre

Les douanes ont ouvert une enquête sur un système de fraude qui aurait permis de faire passer plus de 4.000 hectolitres de vin en vrac produit dans le Languedoc pour des appellations du vignoble bordelais, via des faux documents, a-t-on appris lundi de sources proches de l’enquête.

Selon le site spécialisé Vitisphère qui a révélé l’affaire fin novembre, cette fraude aurait été orchestrée entre 2012 et 2014 par une société de négoce de Libourne (Gironde) ayant depuis cessé son activité. Elle est soupçonnée d’avoir brouillé la traçabilité des lots de vin en falsifiant les documents administratifs de départ et d’arrivée.

Le trafic porterait au total sur 4.200 hl de vins, produits dans le Languedoc mais à partir de cépages présents également dans le bordelais, qui auraient été modifiés frauduleusement en Bordeaux, Pomerol, Margaux ou Saint-Julien. Des crus achetés ensuite par « les plus grands noms de la place de Bordeaux » à des prix bien supérieurs à ceux du vin en vrac languedocien, écrit Vitisphère.

Le dossier d’enquête douanière n’a pas encore été transmis à la justice, a-t-on indiqué à l’AFP de source proche du dossier.

La Confédération paysanne de Gironde avait déclenché une polémique en interpellant, la semaine dernière dans un communiqué, les organisations professionnelles des vins de Bordeaux, leur reprochant de se taire sur ces fraudes « au lieu de porter plainte comme cela s’est fait en Bourgogne ou en Languedoc ». « Ne pas porter plainte contre une fraude pareille, c’est réduire à néant l’image des appellations de Bordeaux dont les ventes s’effritent déjà en grande distribution », lançait le syndicat agricole.

La Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB), qui rassemble l’ensemble des producteurs de vins AOC de la Gironde, a répondu lundi en assurant avoir décidé « il y a plusieurs années, de se constituer partie civile dès lors qu’une affaire de fraude concerne les vins d’AOC de Bordeaux ».

La FGVB affirme qu’elle « poursuivra cette politique de lutte contre la fraude quels que soient les opérateurs incriminés et indépendamment de toute pression » mais estime ne pas pouvoir se porter partie civile dans l’immédiat car aucune information judiciaire n’a encore été ouverte.

Source : AFP - Terre de Vins - 11 décembre 2017

Fraude aux vins de Bordeaux :

La confédération paysanne de Gironde porte plainte

 

Par La rédaction de larvf.com

Publié le 09/03/2018 à 10:59

 

Un négociant libournais aurait détouné 4.200 hectolitres de vins produits en vrac dans le Languedoc et rebaptisés frauduleusement en appellations bordelaises.

La Confédération paysanne de Gironde a annoncé mercredi 7 mars qu'elle venait de déposer une plainte contre X auprès du parquet de Libourne, devant les soupçons de fraude massive ayant permis de faire passer des vins du Languedoc pour des AOC du Bordelais.

 

La fraude présumée aurait été orchestrée entre 2012 et 2014 par une société de négoce de Libourne (Gironde) ayant depuis cessé son activité.

Ce négociant libournais est soupçonné d'avoir brouillé la traçabilité des lots de vin en falsifiant les documents administratifs de départ et d'arrivée.

LA CONFÉDÉRATION PAYSANNE DE GIRONDE PORTE PLAINTE CONTRE X

Le trafic porterait au total sur 4.200 hectolitres de vins produits en vrac dans le Languedoc, mais à partir de cépages présents également dans le bordelais, qui auraient été rebaptisés frauduleusement Pomerol, Margaux ou Saint-Julien.

Des faux crus achetés ensuite par "les plus grands noms de la place de Bordeaux" à des prix bien supérieurs à ceux du vin en vrac languedocien, selon le site Vitisphère.

La Confédération paysanne de Gironde, qui s'est étonnée du silence des organisations professionnelles des vins de Bordeaux, a décidé pour sa part de "porter plainte contre X pour tromperie sur la qualité substantielle de marchandises vendues", a annoncé son secrétaire départemental, Dominique Técher.

"UNE ATTEINTE À LA RÉPUTATION DES VINS DE BORDEAUX"

Le syndicat agricole avait déposé une première plainte, en décembre 2017 au tribunal de grande instance (TGI) de Bordeaux, dénonçant une possible "atteinte gravissime à la réputation des vins d'appellation de Bordeaux".

Mais apprenant qu'"une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Libourne sur cette affaire depuis l'été dernier", le syndicat agricole a déposé une nouvelle "plainte contre X par lettre recommandée le 5 mars 2018" auprès du parquet saisi de l'affaire, a précisé Dominique Técher.

(Avec AFP)

Source : http://www.larvf.com/vin-bordeaux-fraude-languedoc-tribunal-confederation-paysanne-gironde-justice-languedoc,4573716.asp

Gironde : un grand négociant de vin accusé d’avoir triché sur les appellations

jeudi 15 mars 2018 à 21:57 Par Lola Fourmy, France Bleu Gironde et France Bleu

La société de négoce Grands vins de Gironde et son ancien directeur des achats ont été jugés ce jeudi à Bordeaux pour tromperie sur la nature, la qualité et l’origine de la marchandise. Plus de 6.000 hectolitres seraient concernés et des milliers de bouteilles auraient été commercialisées.

Bordeaux, France

C’est un rapport de la répression des fraudes d’Aquitaine publié en 2014 qui a mis en lumière un nombre "d’anomalies importantes " sur le site du négociant Grands vins de Gironde à Saint-Loubès.

L’inspecteur venu ce jour-là est reçu par Éric Marin, alors directeur des achats pour GVG et il relève des incohérences dans les quantités. Les volumes des cuves ne correspondent pas aux quantités inscrites dans le logiciel, on trouve 2.000 hectolitres en moins dans l’une, 2.000 hectolitres de trop dans l’autre. Après compléments d’enquête, la DIRECCTE (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) estime que 6.000 hectolitres de vin seraient concernés. 

Du vin de table mélangé à du Bordeaux 

Après avoir signalé au parquet ce problème dans la gestion de la cuverie de GVG et des suspicions "d’assemblages douteux" une enquête a été menée par la police en 2017. Les différentes auditions font état de difficultés dans la gestion du chai et de problèmes sur l’étiquetage. En effet, des AOP étaient mélangés avec des AOC et avec des vins classiques selon les différentes enquêtes. Les millésimes, les châteaux et les appellations auraient donc été assemblés sans respecter les règles et commercialisés jusqu’en 2015. 

A l’audience, la direction de la société Grands vins de Gironde, contrôlée par Philippe Casteja l’un des hommes les plus fortunés de France, n’était pas présente. Seul Éric Marin, ancien directeur des achats pour GVG s’est exprimé devant le tribunal. 

Des assemblages connus dans toute la société ?

L’ancien directeur des achats a reconnu pendant l’audience "avoir fait des erreurs" mais n’évoque à aucun moment des consignes d’assemblages venues de sa hiérarchie. "On restera sur notre fin sur certaines questions" traduit l’avocat des parties civiles représentant la Fédération des Grands vins de Bordeaux, la Fédération des négociations de Bordeaux et Libourne et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux. Pour lui, comme pour l’Inao, en charge de la qualité, et la Confédération paysanne de Gironde, également partie civile, c’est l’image de toute une profession qui est entachée par cette affaire.

C’est toute l’appellation de Bordeaux, tout le patrimoine qui est menacé" - La procureure

Le ministère public a requis 500.000 euros d’amende à l’encontre de la société Grands vins de Gironde, 10.000 euros à l’encontre de l’ancien directeur des achats. La décision sera rendue le 5 avril prochain.

Commentaire : le directeur des achats fait office de fusible et l'amende est égale à environ un euro par bouteille falsifiée. Dérisoire.

400 000 euros d’amende pour la société qui avait fait passer des vins du Languedoc pour des Bordeaux

La fraude a porté sur 6 000 hectolitres et aurait duré de 2014 à 2015.

Le Monde.fr avec AFP | 05.04.2018 à 17h44

La société de négoce Grands Vins de Gironde (GVG) a été condamnée jeudi 5 avril par le tribunal correctionnel de Bordeaux à payer une amende de 400 000 euros, dont 200 000 euros avec sursis, pour avoir utilisé frauduleusement plus de 6 000 hectolitres de vin entre le début de l’année 2014 et la fin de l’année 2015.
 

Le directeur des achats d’alors a par ailleurs été condamné à 15 000 euros d’amende avec sursis. Tout comme GVG, il était poursuivi « pour tromperie sur la nature, la qualité, l’origine ou la quantité d’une marchandise ».
 

Fausses étiquettes, mélanges interdits, traçabilité brouillée

Plus de 6 000 hectolitres de vin, d’une valeur de 1,2 million d’euros, avaient notamment servi à des mélanges interdits et sans traçabilité : des vins de France auraient été revendiqués en Pays d’Oc Indication géographique protégée (IGP), des vins languedociens mélangés avec des assemblages d’appellations bordelaises ou rebaptisés frauduleusement Pomerol, Margaux ou Saint-Julien (trois appellations bordelaises prestigieuses), des étiquettes avec des millésimes et des noms de châteaux incorrects…

« Ils s’agit d’une infraction non négligeable, dont les victimes sont les petits consommateurs de grande surface dont on peut estimer une certaine méconnaissance des produits, ou des clients étrangers, ce qui ne va pas dans le sens d’une bonne image », a déclaré à l’audience la présidente du tribunal correctionnel, Caroline Baret.
 

Le directeur des achats avait déjà été condamné pour fraude

La présidente du tribunal a également soulevé un détail cocasse : le directeur des achats avait déjà été condamné pour fraude :

« La société a déjà été avertie en 2005, son casier judiciaire portant trace d’une condamnation le 27 juillet 2005 à une amende de 30 000 euros, acquittée le 27 mars 2006, pour tromperie sur marchandise et publicité mensongère. »
« Ces pratiques cette fois-ci plus graves, dont il ne peut être imaginé qu’une structure revendiquant le sérieux qu’elle invoque ait pu ignorer l’existence, du fait justement de ses compétences, justifient sa condamnation à une amende de 400 000 euros dont 200 000 euros avec sursis », a poursuivi Mme Baret.

25) Fausses bouteilles de Romanée-Conti : trois hommes jugés à Dijon

  • 25 janvier 2017

 

Un Russe – seul à comparaître – et deux Italiens, soupçonnés d’appartenir à un réseau international ayant confectionné et écoulé de fausses bouteilles du prestigieux domaine bourguignon de la Romanée-Conti, sont jugés depuis mercredi par le tribunal correctionnel de Dijon.

Au coeur de l’affaire, la vente entre 2012 et 2014 de plus de 400 bouteilles portant frauduleusement l’étiquette Romanée-Conti mais aussi, dans une moindre quantité, de crus Musigny du domaine Leroy. Le préjudice est évalué à plus d’1, 5 million d’euros.

« C’est une vraie fraude internationale », un réseau qui « passe par l’Italie et la Russie », décrit Me Marine Cousté, avocate de Romanée-Conti, interrogée par l’AFP.

C’est la première fois que le domaine est victime de ce type d’utilisation frauduleuse de son appellation d’origine contrôlée (AOC), ajoute l’avocate. « Nous faisons la chasse à toutes les contrefaçons : c’est une question d’image. »

Sur une parcelle de moins de deux hectares, le domaine produit chaque année entre 5.000 et 6.000 bouteilles, vendues via un réseau de distributeurs exclusifs à des prix allant de 8.000 à 9.000 euros la bouteille.

« Il y a deux affaires différentes », affirme de son côté Me Julien Dami Le Coz, pour qui son client, le Russe Aleksandr Iugov, n’a jamais été impliqué dans ce réseau. Il compte plaider la relaxe.

Selon une expertise évoquée lors de l’audience, il y aurait bel et bien deux modes de fabrication distincts : les étiquettes frauduleuses « russes », de moins bonne qualité, et les « italiennes », de meilleure facture.

Restés en Italie, les deux négociants en vin Enzio et Nicola Lucca, père et fils, avaient été interpellés par la police italienne en octobre 2013, qui avait retrouvé à leur domicile des emballages similaires à ceux utilisés pour commercialiser les produits contrefaits et des caisses de bois du domaine de la Romanée-Conti.

Les autorités italiennes avaient fini par les relâcher, refusant de les extrader vers la France. Les deux hommes ont depuis été rattrapés par la justice suisse, qui les a condamnés en mars 2015 à 24 mois de prison avec sursis et 5.000 francs suisse d’amende chacun.

Leurs avocats, qui précisent que leurs clients ont aussi été condamnés à indemniser le domaine Romanée-Conti à hauteur d’un million d’euros, estiment qu’il est aujourd’hui impossible de les juger à nouveau pour des faits identiques.

Source : AFP - Terre de Vins - 25 janvier 2017

26) Les Vignobles de Lorgeril ont-ils falsifié des analyses de vin ?

Justice - Tribunal correctionnel

Les Vignobles de Lorgeril ont-ils ou non falsifié des rapports d'analyse de leurs vins entre janvier et décembre 2013 ? C'est la question à laquelle devra répondre le tribunal correctionnel de Carcassonne, le 13 mars prochain, date à laquelle sera rendu le délibéré des juges.

Les débats concernant cette affaire se sont tenus hier, au Palais de justice de Carcassonne. Représentant sa société, Miren de Lorgeril assure que non : «Nous n'aurions eu aucun intérêt à fabriquer des faux. Les analyses en question ne concernent que des données telles que l'alcoométrie ou l'acidité du vin», a-t-elle expliqué à l'audience, hier après-midi.

Mais ce n'est pas l'avis de Laurent Le Guen, à l'origine de l'enquête menée par la Direccte (service de l'état chargé, entre autres, de la répression des fraudes). L'histoire remonte à l'année 2013. Laurent Le Guen, agent commercial d'une entreprise chinoise, Premium Wines, reçoit sa commande de vin. Il le goûte et le trouve «de qualité inférieure». Il veut se faire rembourser la commande, 3 600 bouteilles à 1,50 €, ainsi que les frais de transport et les taxes, ce qui est refusé par les Vignobles de Lorgeril.

«J'ai fait des recherches dans les analyses pour essayer de comprendre pourquoi ces vins étaient aussi différents des précédents. Sur les deux analyses, tous les chiffres étaient les mêmes, c'est là que j'ai vu qu'il y avait falsification», assure-t-il à l'audience.

24 rapports litigieux

Il contacte alors la Direccte, qui mène l'enquête. Outre les analyses fournies par Laurent Le Guen, qui, comparées à la copie émanant du laboratoire d'analyses, présentent des données différentes, soit dans les dates, soit dans des titres analytiques, c'est dans ses dossiers même que l'organisme trouvera d'autres traces de potentielles falsifications.

Pour faire une demande d'attestation d'export, les Vignobles de Lorgeril joignent au dossier des rapports d'analyse. Rapports qui, pour sept d'entre eux, se sont avérés différents de la copie du laboratoire. En tout, 24 rapports sont litigieux.

Pour Miren de Lorgeril, représentante des Vignobles, ces différences peuvent s'expliquer par «une erreur administrative. Les analyses jointes à la demande d'attestation d'export n'ont pas à être certifiées contrairement aux autres. On utilise l'en-tête du laboratoire, on a peut-être utilisé la mauvaise trame d'en-tête sur le logiciel», explique la dirigeante.

En ce qui concerne les rapports remis en cause par Laurent Le Guen, Miren de Lorgeril, si elle ne conteste pas la falsification, se défend d'en être à l'origine : «La société n'a pas falsifié de documents. Mais Monsieur Le Guen a cherché à nous nuire. Nous avons refait des analyses de témoin de lot, le vin était parfait. Nous avons refusé de le rembourser. Il a peut-être de rage transmis ces éléments».

Amende de 5 000 € requise

À la question de la juge «Vous sous-entendez ou vous dites qu'il est à l'origine de la falsification ?», Miren de Lorgeril a répondu : «Il a pu le faire puisqu'il avait les documents originaux».

De son côté, la procureure Florence Galtier a souligné un dossier «pas banal, avec de nombreuses interrogations. Mais ce n'est pas une simple erreur administrative», a-t-elle déclaré avant de requérir à l'encontre des Vignobles de Lorgeril une amende de 5 000 €.

O. L.

Source : La Dépêche du Midi - 6 décembre 2017

27) Fraudes supposées dans le commerce des vins AOC valaisans

22. janvier 2018 - 14:22

Source : swissinfo.ch

 

Le gouvernement valaisan dénonce des irrégularités dans le commerce des vins AOC du canton. Les fraudes supposées remontent à quelques années et concernent plusieurs dizaines de milliers de litres de vin sur une production cantonale moyenne de 38 millions de litres (photo symbolique).

KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

(sda-ats)

Le Conseil d'Etat valaisan dénonce un mécanisme laissant supposer le contournement des règles de l'AOC Valais. Il a déposé quatre plaintes et se constitue partie civile à la procédure pénale, a-t-il annoncé lundi.

Les affaires ont été dénoncées individuellement au Ministère public depuis 2014. Mais un lien entre elles a pu être fait après la réforme du système de contrôle des vins. Sont alors apparus les soupçons de l'existence d'un mécanisme de contournement de l'AOC, communique l'Etat du Valais.

Les irrégularités constatées portent sur de fausses déclarations au registre des vignes, l'utilisation inappropriée de droits de production, de fausses annonces d'apports de vendange ainsi que la commercialisation de vins étrangers sous l'AOC Valais. L'Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVV) avait porté plainte en 2015 contre les fraudeurs présumés.

Réforme efficace

Le système de contrôle des vins a été réformé en 2016. L'échange d'informations entre les différentes instances de contrôle de l'Etat est devenu possible, ce qui a permis d'identifier les liens entre les différentes irrégularités.

Le soupçon de fraude porte sur plusieurs dizaines de milliers de litres selon les éléments identifiés, précise le chef du service cantonal de l'agriculture Gérald Dayer. La production valaisanne moyenne est de l'ordre de 38 millions de litres par année.

L'Etat a porté plainte et s'est constitué partie civile en janvier 2017 pour accéder au dossier pénal et participer à l’instruction. Le secret de l'instruction ne lui a pas permis de communiquer sur cette affaire jusqu'à présent.

Le Conseil d'Etat a mis sur pied un groupe de travail pour déterminer l'ampleur de l'affaire et ses implications. Il est constitué des services cantonaux de l'agriculture, des contributions et de la consommation.

Plainte en 2015

"Les faits dénoncés par le Conseil d'Etat confirment que nos soupçons étaient bien réels et que notre plainte était légitime", écrit lundi l'IVV dans un communiqué. L'organisation professionnelle avait déjà repéré des infractions contre l'AOC. Elle avait déposé plainte en 2015 pour concurrence déloyale, faux dans les titres, escroquerie et gestion déloyale.

Ces faux vins AOC injectés dans le marché ont eu pour conséquence de faire baisser les prix, précise l'IVV. L'organisation chiffre à plusieurs dizaines de millions de francs les pertes économiques subies par les 20'000 propriétaires de vignes et 500 caves du canton, "premières victimes des tricheurs".

22. janvier 2018 - 14:22

 

Le gouvernement valaisan dénonce des irrégularités dans le commerce des vins AOC du canton. Les fraudes supposées remontent à quelques années et concernent plusieurs dizaines de milliers de litres de vin sur une production cantonale moyenne de 38 millions de litres (photo symbolique).

KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

(sda-ats)

Le Conseil d'Etat valaisan dénonce un mécanisme laissant supposer le contournement des règles de l'AOC Valais. Il a déposé quatre plaintes et se constitue partie civile à la procédure pénale, a-t-il annoncé lundi.

Les affaires ont été dénoncées individuellement au Ministère public depuis 2014. Mais un lien entre elles a pu être fait après la réforme du système de contrôle des vins. Sont alors apparus les soupçons de l'existence d'un mécanisme de contournement de l'AOC, communique l'Etat du Valais.

Les irrégularités constatées portent sur de fausses déclarations au registre des vignes, l'utilisation inappropriée de droits de production, de fausses annonces d'apports de vendange ainsi que la commercialisation de vins étrangers sous l'AOC Valais. L'Interprofession de la vigne et du vin du Valais (IVV) avait porté plainte en 2015 contre les fraudeurs présumés.

 

Réforme efficace

Le système de contrôle des vins a été réformé en 2016. L'échange d'informations entre les différentes instances de contrôle de l'Etat est devenu possible, ce qui a permis d'identifier les liens entre les différentes irrégularités.

Le soupçon de fraude porte sur plusieurs dizaines de milliers de litres selon les éléments identifiés, précise le chef du service cantonal de l'agriculture Gérald Dayer. La production valaisanne moyenne est de l'ordre de 38 millions de litres par année.

L'Etat a porté plainte et s'est constitué partie civile en janvier 2017 pour accéder au dossier pénal et participer à l’instruction. Le secret de l'instruction ne lui a pas permis de communiquer sur cette affaire jusqu'à présent.

Le Conseil d'Etat a mis sur pied un groupe de travail pour déterminer l'ampleur de l'affaire et ses implications. Il est constitué des services cantonaux de l'agriculture, des contributions et de la consommation.

 

Plainte en 2015

"Les faits dénoncés par le Conseil d'Etat confirment que nos soupçons étaient bien réels et que notre plainte était légitime", écrit lundi l'IVV dans un communiqué. L'organisation professionnelle avait déjà repéré des infractions contre l'AOC. Elle avait déposé plainte en 2015 pour concurrence déloyale, faux dans les titres, escroquerie et gestion déloyale.

Ces faux vins AOC injectés dans le marché ont eu pour conséquence de faire baisser les prix, précise l'IVV. L'organisation chiffre à plusieurs dizaines de millions de francs les pertes économiques subies par les 20'000 propriétaires de vignes et 500 caves du canton, "premières victimes des tricheurs".

 

https://www.swissinfo.ch/fre/fraudes-supposées-dans-le-commerce-des-vins-aoc-valaisans/43842414

Médias. Affaire Giroud-vins : « Tous contre Giroud ». Explosif !
 
 

NDLR. Cet article est la version française du travail d’investigation du journaliste Alex Baur de la Weltwoche, dernière édition du 21 janvier 2016 : « Alle gegen Giroud ».
Déclaratioon de Roger de Weck, directeur général de la SSR dans son interview donnée à Bilan le 20 janvier 2016 : « La SSR…ce bastion de l’indépendance journalistique »

Soupçonné à tort d’avoir trafiqué ses vins, le négociant en vins Dominique Giroud a fait l’objet d’une campagne médiatique qui l’a poussé au bord de la ruine. Recourant à des méthodes louches, la SSR a joué un rôle central dans cette chasse aux sorcières qui a provoqué des dégâts se chiffrant en millions.

Alex Baur

 

Au début, il y a un article qui paraît dans le Temps auquel, hormis quelques initiés, pratiquement personne ne prête attention. Le 29 octobre 2013, sur la base d’une fuite dont l’origine supposée se trouve au sein de l’administration à Berne, le journal révèle l’existence d’une procédure pour fraude fiscale contre le négociant en vins valaisan Dominique Giroud. La mèche est allumée. Un mois plus tard, le 6 décembre 2013, la télévision romande se charge, durant le 19:30, de faire exploser une grosse bombe : Giroud aurait également massivement trafiqué son vin et vendu celui-ci sous une fausse appellation. On apprend qu’une procédure pénale est en cours. Des experts sont convoqués et ils laissent entendre que « l’affaire est grave ».

 

Les jours et les semaines qui suivent, la RTS ne cesse d’alimenter cette prétendue affaire de vins trafiqués avec de nouveaux détails. Si la fraude fiscale n’a guère suscité d’émotions, le prétendu frelatage de Saint-Saphorin et d’autres crus fait grand bruit en Suisse romande. A la manœuvre : le téléjournal du 19:30, pendant romand du Tagesschau alémanique, même si, dans la forme et le style, l’émission ressemble davantage à 10 vor 10. Mais le sujet est également repris dans d’autres émissions de la télévision publique. Sur le site de la RTS, il suffit d’entrer les mots « Dominique Giroud » et « fraude » pour tomber sur plus de cent références TV, radio et Internet.

 

Entre petits copains

La plupart des journaux romands reprennent les informations de la RTS, les enrichissant parfois de leurs propres ingrédients. Lorsqu’au début de 2014, Giroud cherche par des plaintes à mettre un terme à la campagne de la télévision d’Etat, le Matin s’indigne immédiatement et évoque une tentative de « censurer les médias ». La RTS, pour sa part, reprend sur son site les articles du Temps. La méthode est bien connue des journalistes. Bien qu’employés par des éditeurs concurrents, ils se citent mutuellement et se passent des informations pour faire mousser un scandale et le faire durer plus longtemps.

 

Le 12 juin 2014, la RTS abat son coup de massue : Giroud est arrêté à Genève en compagnie d’un agent de renseignement, d’un ancien informaticien de Ruag, ainsi que d’Antonino Mannisi, détective privé et ancien politicien genevois de niveau local (d’abord UDC, puis Mouvement citoyens genevois, MCG). Le quatuor est soupçonné d’avoir piraté les ordinateurs d’Yves Steiner, journaliste à la RTS, et de Marie Parvex, du Temps. Objectif de Giroud : percer à jour la violation du secret de fonction qu’il subodore derrière ces révélations journalistiques.

 

La TSR met alors en scène l’intervention poignante d’Yves Steiner à l’antenne. Au 19:30, il explique comment il a découvert la cyber-attaque et déposé plainte. Le journaliste laisse entendre que Giroud, qui aurait selon la rumeur des contacts douteux en Europe de l’Est, pourrait travailler lui-même pour les services de renseignement suisses. Il en conclut qu’on se trouve à la veille d’un scandale d’ampleur nationale. Dans la foulée, la moitié du gouvernement valaisan se trouve dans la cible des médias pour avoir prétendument couvert Giroud (avant son élection, le conseiller d’Etat Maurice Tornay, responsable des Finances, était le réviseur de Giroud Vins SA).

 

Giroud et ses espions recouvrent la liberté deux semaines plus tard. Le négociant en vins reconnaît avoir évoqué une cyber-attaque avec ses trois co-prévenus, mais il se défend d’avoir jamais donné le mandat d’agir. La procédure est toujours en cours. Mais la réalité qui transparaît progressivement est beaucoup moins sexy et très peu flatteuse pour le paysage médiatique romand. La puissante SSR a lancé la campagne de dénigrement ; les autres, abandonnant tout esprit critique, ont suivi. Car c’est désormais juridiquement établi : frelatage de vins il n’y a peu eu, ni vaste complot au sein de l’Etat du Valais. Pourtant, on attend toujours un débat sur les dysfonctionnements au sein des médias. En vain, car il manque en Suisse romande une voix critique disposée à briser le consensus.

 

Des accusations infondées

Le 17 novembre 2014, le Ministère public vaudois met fin à la procédure ouverte contre Giroud pour coupage illicite de vin et falsification d’étiquettes : les accusations se sont avérées infondées. Certes, le négociant en vins a été condamné pour fraude fiscale au paiement de quelque 9,5 millions de francs de redressement fiscal et d’amendes. Mais la quotité de la peine (180 jours-amende avec sursis) indique une culpabilité plutôt modérée. En substance, Giroud a notamment caché, à l’aide de factures fictives, l’achat de récoltes excédentaires qui devaient être détruites en dépit de leur qualité, en vertu des restrictions de quantités imposées pour les vins AOC. Il a mis sur le marché ces excédents rachetés à bas prix sans le label AOC. C’était peut-être déloyal à l’égard de ses concurrents, mais cela n’a en rien consisté à trafiquer ses vins.

 

Dans l’intervalle, les résultats de l’enquête pour prétendu copinage au sein du gouvernement et de l’administration valaisans sont également tombés : circulez, il n’y a rien à voir. L’enquêteur spécial Dick Marty, qui passe pour un procureur sans peur et sans reproche, n’a pas découvert la moindre irrégularité. Sur ce point aussi, Giroud est ainsi réhabilité.

 

Alors que les spéculations sur le « faux » Saint-Saphorin avaient généré une couverture massive dans les journaux et à la télévision, la réhabilitation n’est mentionnée qu’en passant, le plus souvent accompagnée de nombreux bémols. La tonalité générale est partout la même : « C’est parce qu’il n’a pas été possible de prouver sa culpabilité. » A l’exception de Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24 Heures, qui critique dans un éditorial la campagne de dénigrement contre le vigneron, aucune rédaction n’a senti le besoin de présenter des excuses.

 

Le paysage médiatique romand souffre d’une absence de diversité. La couverture des enquêtes du Ministère public genevois sur l’affaire de piratage l’illustre une nouvelle fois. Un rapport d’enquête de la police, que la Weltwoche s’est procuré, permet de retracer les événements. Dominique Giroud s’est adressé à fin novembre 2013 à un collaborateur du Service de renseignement suisse, avec lequel il était ami. Celui-ci a fait entrer en jeu un ancien expert de la cyber-guerre du fabricant d’armements Ruag, ainsi que le détective privé Antonino Mannisi. Ces trois spécialistes voulaient, avec l’aide de hackers d’Europe orientale, découvrir les fuites – on soupçonne qu’elle provienne des autorités judiciaires – à l’origine des révélations des médias.

 

Le hasard veut qu’à l’époque la police genevoise écoute le téléphone mobile de Mannisi dans le cadre d’une autre procédure. Il en résulte des procès-verbaux montrant que le détective joue depuis le début un double rôle. Entre novembre 2013 et février 2014, il appelle, souvent plusieurs fois par jour, le journaliste de la RTS Yves Steiner. Il lui fournit en permanence les informations les plus strictement confidentielles sur Giroud. Autrement dit, c’est le supposé homme de confiance qui est l’auteur des fuites que cherche le négociant en vins. Steiner peut en quelque sorte suivre en direct ce que Giroud décide, de manière toujours plus désespérée, pour sa défense. Apparemment, les deux hommes se connaissent depuis des années : le détective avait déjà joué le rôle d’expert sur les écrans de la RTS.

 

A en croire les nombreux procès-verbaux d’écoutes téléphoniques, Steiner ne fait pas que réceptionner des informations, mais s’implique aussi très activement dans le double jeu de Mannisi. Le 10 décembre 2013, par exemple, il pousse l’agent double Mannisi à convaincre Giroud, dont la situation devient toujours plus inconfortable, d’engager un conseiller RP de la société Dynamics en qui le journaliste à confiance. A plusieurs reprises, Steiner demande au détective privé d’enregistrer secrètement les conversations de Dominique Giroud avec ses avocats – ce qui, comme il aurait dû le savoir en tant que journaliste, est juridiquement punissable.

 

Cyber-attaque illégale

Il ressort des écoutes téléphoniques de la police que Steiner a des « petits camarades » à la rédaction du Matin Dimanche, avec lesquels il peut coordonner sa campagne. Grâce à Mannisi, le journaliste de la RTS sait parfaitement qu’une cyber-attaque est projetée, dirigée en premier lieu contre Marie Parvex, du Temps, et contre lui-même. Steiner s’y prépare en conséquence – en revanche, il ne semble pas lui être venu à l’esprit d’en avertir sa collègue Parvex. Le 31 janvier 2014, il en arrive même à déclarer au téléphone à Mannisi que « ça l’intéresserait de voir le résultat, s’ils trouvent quelque chose ». Autrement dit, Steiner aurait pu secrètement consulter les recherches et les sources de sa collègue du Temps.

 

Mannisi et Steiner discutent également en long et en large de la manière de détourner les soupçons des principaux acteurs, les agents secrets, pour les orienter sur Giroud, dans le cas où l’affaire de piratage serait découverte. Clairement, Steiner se sent très fort. « La RTS avec son armada de juristes » le protégera et « s’occupera de ses frais de justice », se vante-t-il auprès de Mannisi. Dans ce contexte, le rôle de victime que Steiner se donnera plus tard au 19:30 face à la caméra apparaît pour ce qu’il est : de la pure hypocrisie. Car, le 4 mars 2014, ceux qui s’attaquent à l’ordinateur de Steiner tombent en fait dans le piège qui leur a été soigneusement tendu.

 

Les écoutes téléphoniques ne livrent aucun indice permettant de penser que Mannisi et Steiner ont entrepris quoi que ce soit pour empêcher l’acte de piratage. La question qui se pose est plutôt de savoir si le détective n’a pas, en réalité, encouragé la cyber-attaque illégale en tant qu’agent provocateur et si de tels agissements sont vraiment compatibles avec le rôle d’une télévision de service public. Comme l’admet Steiner dans le procès-verbal d’une procédure annexe, il s’est occupé de l’affaire Giroud « à près de 100% » de son temps de travail pendant plus de six mois. Au vu de cet immense effort et du tumulte qui en a découlé, il faut bien constater que les résultats obtenus sont bien pitoyables. Ce que Steiner a découvert était pour l’essentiel connu des autorités depuis longtemps et n’a même pas suffi pour une inculpation.

 

Au sommet de son activité, Dominique Giroud réalise un chiffre d’affaires annuel de 56 millions, mais il n’a jamais occupé de fonction publique et il n’était pas non plus une personnalité d’intérêt public jusqu’à ce qu’il le devienne malgré tout, à son corps défendant, grâce à la campagne de la RTS. En attendant, les dommages se chiffrent en millions. En raison du « risque de réputation », de grands clients comme Coop et Denner rompent avec lui au printemps 2014 – ce que, bien sûr, la RTS rapporte immédiatement. Lorsque le Ministère public le blanchit, la marque Giroud est ruinée depuis longtemps. Le nom Giroud Vins SA, pourtant établi au prix de nombreuses années d’efforts, doit être abandonné. Le négociant en vins le remplace par Château Constellation SA, mais cela ne suffit pas à rétablir une réputation perdue.

 

En décembre 2014 déjà, les avocats de Giroud ont déposé auprès de l’Office des poursuites des commandements de payer de plus de 30 millions de francs contre la SSR. La semaine prochaine se tiendra une audience de conciliation devant le juge de commune de Sion. Economiquement affaibli, le négociant en vins se présentera en David face à une SSR qui pèse des milliards. A la différence des histoires bibliques, de tels affrontements devant la justice suisse s’étirent sur des périodes interminables. Or, le temps joue en faveur de Goliath qui se bat aux frais des tous ceux qui paient la redevance.

 

Les nerfs à vif

Une SSR, cela dit, qui n’affiche plus aujourd’hui la même arrogance qu’hier. Une liste de questions de la Weltwoche à l’adresse d’Yves Steiner, qui travaille depuis septembre 2014 comme porte-parole du Contrôle fédéral des finances, ainsi qu’à Bernard Rappaz, son supérieur de l’époque à la RTS, est demeurée sans réponse. A leur place, c’est l’avocat genevois de la SSR Jamil Soussi qui s’est manifesté, expliquant que ses mandants ne pouvaient prendre position eu égard à la procédure en cours. Pour le reste, l’avocat s’est refusé à être cité sous quelque forme que ce soit et a évoqué des suites judiciaires en cas d’article inconvenant.

 

Cette semaine, près de deux ans après les événements, Yves Steiner sera entendu pour la première fois en détail par le Ministère public genevois quant à son rôle dans la cyber-attaque. L’avocat zurichois spécialiste des médias Andreas Meili, qui représente Dominique Giroud dans la procédure contre la SSR, s’est refusé à tout commentaire. Le détective privé Antonino Mannisi a raccroché au nez du soussigné lorsque celui-ci a voulu lui poser des questions sur les procès-verbaux de la police genevoise. Ensuite, la ligne a été coupée. Apparemment, de tous côtés, les nerfs sont à vif.

 

Sur la base de discussions informelles avec des journalistes romands, il transparaît bien une certaine gêne à propos du cas Giroud. En Suisse romande, cependant, à la différence de ce qui se passe en Suisse alémanique et au Tessin, la SSR n’a pas à craindre de se faire ouvertement critiquer. Comme en outre la RTS domine le marché en tant qu’employeur, aucun journaliste ne veut courir le risque de se brouiller avec ce géant. Et comme les deux grands éditeurs Ringier et Tamedia licencient depuis dix ans, chacun se dit qu’il sera peut-être heureux un jour de trouver un emploi sûr, bien payé et plutôt tranquille auprès du colosse d’Etat – lequel s’étend maintenant aussi sur Internet.

 

« A posteriori, les attaques contre Giroud étaient excessives, dit un de ceux qui souhaitent conserver l’anonymat. Mais, en partie, il en est aussi lui-même responsable. » De nombreux journalistes auraient bien voulu présenter également son point de vue, entend-on. Mais au lieu de s’exprimer, Giroud a, en tous cas les premiers mois, évoqué les procédures en cours et le secret de l’instruction pour se taire, menaçant les journalistes les plus insistants de poursuites judiciaires. Ensuite, il a envoyé au front son porte-parole Marc Comina. Cette tactique – l’ironie veut que ce soit celle qu’adopte aujourd’hui la SSR – aurait eu pour conséquence d’aviver l’instinct de chasseur des journalistes investigateurs.

 

Reste qu’il est douteux que Giroud eût mieux fait de tout déballer spontanément. Yves Steiner, en particulier, a dès le début adopté une attitude de confrontation visant l’homme. Lorsqu’il a téléphoné à Dominique Giroud, toutes caméras enclenchées, pour lui demander de prendre position sur le soupçon de frelatage, il a adopté un ton agressif qui ne laissait planer aucun doute sur ses intentions : tout ce que dirait le négociant en vins serait utilisé contre lui. Le fait est que ce journaliste de télévision n’a jamais pu se plaindre d’un manque d’informations. Grâce à l’agent double Mannisi, il a disposé, dès le début, de toutes les informations les plus confidentielles sur les affaires du négociant et sur sa stratégie de défense qui d’ailleurs, a posteriori, paraît plutôt maladroite et naïve.

 

Pour comprendre avec quelle perfidie la RTS a mené campagne contre Dominique Giroud, il faut visionner le documentaire « Affaire Giroud, du vin en eaux troubles » diffusé par Temps présent le 22 janvier 2015, soit deux mois après la réhabilitation judiciaire du vigneron. Le reportage commence bien par évoquer le classement de la procédure pénale, mais consacre ensuite plus de 50 minutes à expliquer pourquoi Giroud, conformément à sa double morale de catholique traditionnaliste, n’en demeure pas moins un filou qui mène les autorités en bateau.

 

L’omertà à la sicilienne

Le documentaire, qui a certainement été scruté du début à la fin et validé par les juristes de la SSR, est un chef-d’œuvre de manipulation que Michael Moore ne renierait pas. Diverses procédures pénales, fiscales et administratives qui, en partie, n’ont strictement rien à voir avec Giroud, sont mélangées les unes aux autres. Bien entendu, on n’y mentionne à aucun moment que certains vins de Giroud ont obtenu les médailles d’or les plus prestigieuses. Quand le texte et l’image ne suffisent plus, on en appelle à la musique. La vraie nature des vignobles valaisans est illustrée par une chanson sur la terrifiante omertà sicilienne. Certes, pour le comprendre, il faut écouter très attentivement – et bénéficier d’informations privilégiées. Les accusations les plus graves ne sont pas dites explicitement ; elles sont insinuées. Lorsqu’on visionne certains passages au ralenti, on s’aperçoit qu’ils disent souvent le contraire de ce qu’on a compris en tant que téléspectateur regardant l’émission à la vitesse normale.

 

Ce film a un mérite : il révèle ce qui a poussé les journalistes au crime. Le leitmotiv religieux du pécheur sert de fil conducteur à tout le documentaire. Il faut savoir que Giroud est adepte de la confrérie catholique ultraconservatrice Saint-Pie X d’Ecône et qu’il était apparu comme adversaire de la Gay Pride. Il y a plus de dix ans, il a aussi été amendé une fois pour avoir diffamé les partisans de l’avortement. Juste avant la diffusion du sujet du 19:30 sur les soupçons de frelatage, cet élément a été rappelé à l’antenne, quand bien même cela n’avait strictement aucun rapport avec le sujet traité. Il fallait, dès le départ, mettre le tout dans un contexte négatif. Après, il ne restait plus qu’à lâcher les chiens. Celui qui s’oppose de manière aussi radicale aux idées dominantes de notre époque ne peut qu’en subir les conséquences : il devient l’homme à abattre.

 

Un collègue romand conteste cependant le « préjugé zurichois » selon lequel seuls des « gauchos avinés » seraient à l’œuvre à la RTS. Peut-être que la télévision voulait juste faire un gros coup. Pour y parvenir, ses journalistes ont fait exactement ce qu’ils reprochent à Giroud : ils ont bidouillé et frelaté jusqu’à ce qu’une histoire somme toute banale se transforme en grosse affaire. Au passage, il a fallu anéantir un négociant en vins ultraconservateur – une sorte de dégât collatéral dont on s’est peut-être accommodé au sein de la télévision, même si cette attitude ne correspond pas tout à fait au journalisme de qualité dont la SSR se vante d’être la garante irremplaçable.

28) Côte d'Or 2018

Faits divers – Justice

Côte-d'Or : ce viticulteur de Chassagne-Montrachet risque gros

mardi 13 mars 2018 à 19:12 Par Thomas Nougaillon, France Bleu Bourgogne

Poursuivi entre autre pour tromperie et utilisation frauduleuse d'une appellation d'origine cet homme risque gros. Il comparaissait ce mardi 13 mars devant le tribunal correctionnel de Dijon.

Le palais de justice de Dijon © Radio France - Thomas Nougaillon

21000 Dijon, France

L'homme âgé de 47 ans, à la tête d'un domaine viticole à Chassagne-Montrachet, était poursuivi pour tromperie sur la qualité du vin, utilisation frauduleuse d'une appellation d'origine, falsification de denrée alimentaire et vente de vin sans facture. Des faits commis entre 2010 et 2013. 

On lui reproche notamment d'avoir vendu des bouteilles de vin sous le manteau à une trentaine de clients. Certains de ces clients revendant eux mêmes ce vin sur internet. Des milliers de bouteilles, sans capsules, étiquetées à tort "Chassagne Montrachet". Montant estimé de cette fraude: 480 000 euros.   

"Mon client n'est pas un fraudeur" explique l'avocat Pierre Bolze

Des accusations balayées du revers de la main par l'avocat du prévenu, maître Pierre Bolze. Non son client n'est pas un fraudeur. "C'est une pratique que mon client reconnaît comme n'étant pas légale et elle ne l'est pas, une  pratique extrêmement minoritaire car on est sur une très faible quantité, aujourd'hui la volonté du ministère public est de faire un exemple, le dossier est très volumineux". 

18 100 euros de dommages et intérêts réclamés par une association de consommateurs

Trois organismes ou associations ce sont portés parties civile dans ce procès l'Institut national des appellations d'origine (INAO), le Centre régional de la consommation de Bourgogne et l'UFC Que Choisir de Côte-d'Or dont l'avocat maître Éric Ruther réclame une forte somme au titre des dommages et intérêts.

"L'UFC Que Choisir de Côte-d'Or se constitue partie civile à chaque fois qu'il y a des poursuites à l'encontre de professionnels qui ne respectent pas le code de la consommation" explique le défenseur. "Nous avions demandé la somme de 18 100 euros au titre des dommages et intérêts parce que l'on considère que c'est une infraction d'une certaine gravité". 

D'autres pratiques douteuses

L'enquête qui a été ouverte à l'époque a mis au jour d'autres pratiques décrites comme "douteuses" par les agents des douanes présents à l'audience. Le viticulteur n'était pas non plus très rigoureux sur la déclaration de certains de ses vins. Il y a une explication à cela nous dit son avocat, maître Bolze. "Je pense notamment à ces erreurs d'appels sur les mentions valorisantes, vous avez par exemple une appellation "Vieilles Vignes" pour laquelle vous devez déclarer dans des colonnes différentes l'appellation "Village" et l'appellation "Village Vieilles Vignes" alors qu'il s'agit de la même appellation!"

"Un vrai petit manuel du fraudeur" pour un agent des douanes

Mais ce viticulteur au casier judiciaire vierge est également soupçonné de faux en écriture, de travail dissimulé et de dépassement de rendement autorisé. Des mauvaises habitudes qui remonterait à l'époque de son défunt père. A la lecture du PV, un agent des douanes présent à l'audience s'est exclamé "c'est un florilège d'infractions, un vrai petit manuel du fraudeur".

Le fisc pourrait lui réclamer jusqu'à 2 millions d'euros

Le procureur de la république a requis 15 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende à l'encontre du viticulteur. Le jugement a été mis en délibéré au mardi 29 mai. Également poursuivi par le fisc pour des "erreurs d'appel sur des mentions valorisantes", le viticulteur pourrait avoir en plus à verser jusqu'à 2 millions d'euros aux impôts.

Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/un-viticulteur-de-chassagne-montrachet-dans-le-collimateur-de-la-justice-en-cote-d-or-1520963482

 

29) Commission européenne-centre de connaissances

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Actualités en bref

Contre la fraude et pour la qualité des aliments, la Commission européenne lance le Centre de connaissances

Rédaction

20 Mars 2018

 

 

La Commission européenne lance un Centre de connaissances pour améliorer la qualité des denrées alimentaires et renforcer la lutte contre la fraude alimentaire dont le fonctionnement sera confié au Centre commun de recherche. Objectif : élaborer des bulletins d'information, des cartes interactives, des bases de données et des rapports réguliers, et publier ces informations.

 

Il suffit de lire la presse : que ce soit la viande avec le scandale de la firme Veviba qui vendait de la viande surgelée périmée au Kosovo en 2016, mettant à jour une fraude à l'étiquetage et à la congélation, ou la viande avariée du Brésil bourrée de salmonelle, ou encore les œufs contaminés au fipronil affectant 34 pays, dont la plupart situés en Europe, sans oublier l'affaire Lactalis ou les lasagnes Findus, ... Les récentes affaires de fraude alimentaire ont notamment porté sur l’huile d’olive, le vin, le miel, le poisson, les produits laitiers, la viande et la volaille.

Les inquiétudes relatives à la fraude alimentaire et à la qualité des denrées alimentaires entament la confiance des consommateurs et portent préjudice à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire en Europe, des agriculteurs aux détaillants.

Par ailleurs, les consommateurs sont susceptibles d’être exposés à des pratiques commerciales déloyales, en particulier en ce qui concerne les denrées alimentaires qui, bien qu’étant de composition très différente, sont vendues sous le même emballage sur les différents marchés.

La chaîne alimentaire dans l'Union européenne est réglementée par, entre autres, la législation alimentaire générale [1], la législation relative à l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires [2] et la directive sur les pratiques commerciales déloyales [3]. Elle exige le respect de certaines normes en matière de composition et de qualité des produits agricoles.

Le Centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité des denrées alimentaires élaborera des bulletins d’information, des cartes interactives, des bases de données et des rapports réguliers, et publiera ces informations. Ses principales missions :

- coordonner les activités de surveillance du marché, par exemple en ce qui concerne la composition et les propriétés organoleptiques des denrées alimentaires proposées dans le même emballage et sous la même marque sur plusieurs marchés à travers l'UE ;

- exploiter un système d'alerte rapide et d'information pour ce qui est des fraudes alimentaires, par exemple en procédant au suivi des médias et en transmettant ces informations au grand public;

- relier les systèmes d'information des États membres à celui de la Commission, tels que des bases de données décrivant la composition de certains produits agroalimentaires de qualité supérieure, tels que le vin ou l'huile d'olive ;

- produire des connaissances propres aux différents pays, par exemple en cartographiant les compétences et les infrastructures de laboratoire dans les États membres.

 

Constitué d’un réseau d’experts internes et externes à la Commission, le Centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité des denrées alimentaires apportera son soutien aux responsables politiques de l’UE et aux autorités nationales en leur donnant accès à des connaissances scientifiques à jour en matière de fraude alimentaire et de qualité des denrées alimentaires, et en diffusant ces connaissances. 

Tibor Navracsics, commissaire chargé de l'éducation, de la culture, de la jeunesse et du sport, responsable du Centre commun de recherche, lancera le nouveau centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité des denrées alimentaires à Strasbourg, en présence du vice-président de la Commission européenne pour l'union de l'énergie, Maroš Šefčovič, et de la commissaire pour la justice, les consommateurs et l'égalité des genres, Vêrá Jourová.

À la veille de ce lancement, le commissaire Navracsics a déclaré : « L'alimentation est un domaine dans lequel la science peut démontrer de manière très directe et tangible les bénéfices qu'elle apporte aux citoyens. La qualité des denrées alimentaires que nous ingérons est importante pour chacun d'entre nous, et dès lors que la fraude alimentaire relève de la criminalité transnationale, l'UE se doit de mener la riposte. Le lancement du centre de connaissances sur la fraude alimentaire et la qualité des denrées alimentaires représente un cap majeur. Il contribuera à protéger l'intégrité de la chaîne alimentaire dans l'Union et à préserver la qualité des produits alimentaires, apportant ainsi une valeur ajoutée indéniable pour les Européens. »

Pour la commissaire Jourová, « La Commission prend très au sérieux la question de la qualité des denrées alimentaires et la différenciation injustifiée des aliments, et a déjà pris des mesures concrètes pour s'attaquer à ce problème. La communication de meilleures données scientifiques probantes constitue une composante essentielle de ce travail. Ce nouveau centre de connaissances, qui réunira des experts et rassemblera des connaissances aux origines diverses, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la Commission européenne, contribuera davantage à la collecte et au traitement de preuves scientifiquement fondées. Par son travail, il contribuera également à l'élaboration d'une méthodologie d'essai commune, laquelle, à son tour, nous aidera à appliquer et à faire respecter les législations relatives aux denrées alimentaires et à la protection des consommateurs ».

Le Centre de connaissances, financé par la Commission européenne, est le cinquième centre de ce genre à voir le jour, après ceux qui ont été lancés dans les domaines de la bioéconomie, des politiques territoriales, des migrations et de la démographie et de la gestion des risques de catastrophes.

 

[1] Règlement (CE) n° 178/2002 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2002 établissant les principes généraux et les prescriptions générales de la législation alimentaire, instituant l'Autorité européenne de sécurité des aliments et fixant des procédures relatives à la sécurité des denrées alimentaires

[2] Règlement (UE) nº 1169/2011 du Parlement européen et du Conseil du 25 octobre 2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires

[3] Directive 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2005 relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le marché intérieur

(Source: CP Commission européenne 12/03/2018

30) L'ex-footballeur Christophe Robert accusé de contrefaçon "grossière" de vin

Déjà condamné dans le cadre de l'affaire de corruption OM-VA, l'ancien attaquant de Nantes, Monaco et Valenciennes Christophe Robert est menacé par la justice dans une affaire de contrefaçon de vins.

L'ancien footballeur Christophe Robert, l'un des protagonistes de l'affaire VA-OM en 1993, a été renvoyé devant la justice dans une affaire de grands crus de Pauillac et Saint-Julien contrefaits, portant sur plusieurs dizaines de milliers d'euros, indique l'AFP. 

"Tromperie", "tentative de tromperie" et "détention de marchandise contrefaite"

Christophe Robert, 54 ans, tout comme un forain originaire de Montpellier, devra comparaître en juin devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour "tromperie", "tentative de tromperie" et "détention de marchandise contrefaite", confirmant une information du quotidien Sud Ouest. L'affaire porterait sur 50.000 à 100.000 euros de marchandise.

Des plaintes des grands crus       

L'enquête de gendarmerie faisait suite à la plainte en novembre d'un négociant, acheteur d'un stock à un autre négociant l'ayant obtenu de la société de Christophe Robert, qui l'avait lui-même acquis dans l'Hérault. Les conditions "un peu particulières" de la transaction initiale "ne cadraient pas avec les conditions de vente normales" de grands crus, a précisé à l'AFP une source proche du dossier. Les châteaux concernés (tous grands cru classés en 1855), Gruaud Larose, Beychevelle et Pichon Longueville Comtesse de Lalande, ont porté plainte.

 

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Pour le directeur-général de Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Nicolas Glumineau, la fraude était "tellement grossière qu'on s'étonne du nombre de transactions successives". "Tout est différent d'une bouteille réelle sauf peut-être les prix", a expliqué à l'AFP Philippe Blanc, directeur du château Beychevelle.

Robert "a eu un doute"

L'avocat de Christophe Robert n'a pu être joint vendredi. Cité dans Sud Ouest, Christophe Dejean assure que son client "conteste avoir eu connaissance de l'origine frauduleuse du produit quand il l'a acheté", même s'il dit "qu'il a eu un doute".

Christophe Robert, ancien footballeur de Nantes, Monaco, Valenciennes notamment, avait été condamné en 1995 à six mois de prison avec sursis et 763 euros d'amende, dans l'affaire du match Valenciennes-Marseille (0-1) de 1993 entaché de corruption, plusieurs joueurs valenciennois ayant été achetés par l'OM à six jours de la finale de Ligue des Champions Marseille-Milan.

Source : RMC SPORT

Christophe Robert jugé à Bordeaux: «Il était sans doute meilleur footballeur que goûteur de vin»

JUSTICE Christophe Robert, ancien footballeur, a comparu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux car il est soupçonné d’avoir écoulé du vin de qualité médiocre sous de grandes étiquettes, pour un préjudice de 100.000 euros environ…

Elsa Provenzano

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  • Christophe Robert, ancien footballeur de Valenciennes impliqué dans l’affaire de corruption VA-OM, a été jugé ce jeudi à Bordeaux pour des ventes de vins frauduleux avec le forain Gérald Debarre qui lui a vendu la marchandise.
  • Entre juin 2017 et mars 2018, il a vendu environ 500 bouteilles de vin médiocre avec des étiquettes de grands crus pour un préjudice estimé à 100.000 euros. Il nie avoir eu connaissance de l’origine frauduleuse du vin.
  • La procureur a requis une peine de 18 mois d’emprisonnement assortie d’une partie de sursis pour les deux prévenus. Le délibéré sera connu le 28 juin.

Christophe Robert avait fait la une des journaux pour son implication en 1993 dans l’affaire de corruption VA-OM  alors qu’il jouait à Valenciennes. Il avait entreposé le magot dans le jardin d’un proche. A 54 ans, il a comparu devant le tribunal correctionnel de Bordeaux ce jeudi pour une tout autre affaire : la vente de 509 bouteilles de vin de contrefaçon à des maisons de négoce, pour un préjudice estimé de 100.000 euros. A ses côtés comparaissait Gérald Debarre, un forain installé dans le sud de la France, qui lui a vendu les soi-disant bouteilles de grands crus classés. Les châteaux victimes et plusieurs organisations professionnelles et de négoce sont parties civiles dans ce procès.

Alors que la fête du vin démarre sur les quais, la procureur Nathalie Queran a rappelé le rôle crucial des vins de Bordeaux dans l’économie locale et l’importance de protéger leur qualité et leur prestige. Elle a demandé pour les deux prévenus 18 mois d’emprisonnement assortis d’une partie de sursis et de mise à l’épreuve, l’obligation d’indemniser les victimes, l’interdiction d’exercer une activité en lien avec les infractions et une amende de 100.000 euros. La peine maximale encourue pour les infractions jugées est de trois ans de prison. Le tribunal rendra son délibéré le 28 juin.

Des clients étrangers ont donné l’alerte

Entre juin 2017 et mars 2018, Christophe Robert, gérant de la société D-Clic, a récupéré auprès de Gérald Debarre, forain, des bouteilles arborant des étiquettes de grands crus (Châteaux Gruaud Larose, Pichon Baron, Pichon Longueville et Beychevelle) du millésime 2000. Il s'agissait du stock de bouteilles laissé par le beau-père de Gérald Debarre à sa mort et que le forain a eu en charge d'écouler. Les négociants à qui Christophe Robert vend les bouteilles ne constatent pas tout de suite la fraude et ce sont des clients, aux Etats-Unis et en Finlande qui alertent leurs fournisseurs. Deux plaintes sont alors déposées par les maisons de négoce flouées, vins et passions et vinonégo.

Pendant l’audience, Christophe Robert garde les sourcils froncés, roulant les yeux d'exaspération au fil des débats. A la barre, il essaie d’expliquer, un peu confusément parfois, qu’il n’était pas du tout au courant de la provenance frauduleuse du vin. Lors de ses auditions, la présidente du tribunal lui rappelle qu’il a expliqué avoir soupçonné en juin 2017 que les caisses n’étaient pas d’origine. « Mais cela ne veut pas dire que les bouteilles ne sont pas bonnes », se défend le prévenu. Même après ces doutes, on lui reproche d’avoir continué à vendre sa cargaison, achetée à des prix 30 à 40 % inférieurs à ceux pratiqués sur la place bordelaise.

Des contrefaçons jugées grossières

Le ministère public met en avant sa connaissance du vin puisqu’il a travaillé auparavant avec un négociant de renom. Il refuse de croire que des contrefaçons aussi grossières aient pu échapper à son œil de professionnel, et qu’il ait eu la naïveté de ne pas goûter un échantillon de sa marchandise. Mais son avocat maître Christophe Dejean pointe dans sa plaidoirie que les négociants aussi sont tombés dans le panneau : « le négoce a juste tiré plus vite que nous et déposé plainte ». Il estime que son client s’est « totalement mis dans la gueule du loup » et concède qu'« il était sans doute meilleur footballeur que goûteur de vin ».

L’avocat de Gérald Debarre a voulu également convaincre le tribunal de la bonne foi de son client : « s’il avait eu conscience que le vin avait de la valeur, il ne l’aurait pas stocké là (dans un semi-remorque) et quand il apprend que le vin est faux, il le rembourse à Christophe Robert ». Pour la Défense, Christophe Robert se serait fait piéger par une cargaison alléchante, sans se rendre compte de son origine frauduleuse, dont l’enquête n’a pas permis de connaître la provenance exacte. Gérald Debarre reconnaît, lui, que sur la fin, il a tenté de mettre en vente du vin, tout en sachant qu’il était faux.

Dans cette affaire, les conseils des châteaux et des maisons de négoce demandent réparations pour un préjudice économique mais surtout pour l' atteinte à leur image.Toutes les bouteilles falsifiées saisies ont été détruites.

La présidente du tribunal Caroline Baret a souligné que la société de Christophe Robert, qui réalisait un chiffre d’affaires moyen de 20.000 à 27.000 euros par an, atteint 100.000 euros en 2017, l’année des faits. 

31) Affaire Ferrer

3 millions d’euros de fraude aux vins de Bordeaux

Jeudi 19 avril 2018 par Alexandre Abellan

Baptisée l’affaire Ferrer par les Douanes, la transformation frauduleuse de vrac languedocien en AOC de Bordeaux est limitée en volume, mais fructueuse en valeur : avec un cours multiplié par six en moyenne et une plus-value s’estimant en millions d’euros.

Armé d’une solide calculette, les procès-verbaux rédigés par les services bordelais des Douanes permettent de saisir l’ampleur de l’affaire Yanka Ferrer, la dirigeante du défunt négociant-commissionnaire Signes de Terres. Entre janvier 2012 et juin 2014, pas moins de 23 transports frauduleux ont été décortiqués par les douaniers. Opérateur sans chai, le négociant-commissionnaire a acheté sur cette période 4 232 hectolitres de vins languedociens. Ces volumes ont été transformés en appellations bordelaises lors du transport, par un jeu de passe-passe de Documents d’Accompagnement Électronique (DAE), puis ont été revendus pour 3 millions d'euros à des négociants de Dordogne et Gironde. Ces derniers les revendant eux-mêmes à d’autres opérateurs locaux. Le tout donnant un air de ruissellement à ce vaste mécanisme de falsification de comptabilité matière.

 

Sur les 2 362 hl de lots frauduleux qui ont pu être complètement tracés par les Douanes*, le prix d’achat global s’élève à 247 540 euros, quand le cours de vente a dégagé 1,4 million €. Rien que sur cet échantillon, le bénéfice de la contrefaçon grimpe donc à 1,2 million d’euros. Avec un prix d’achat moyen de 106 euros l’hectolitre languedocien et un cours de revente bordelais s’élevant à 607 €/hl, Signes de Terres multipliait par six la valeur de ces produits. Selon les lots passés en revue par les douaniers*, cette plus-value allait de +34 % pour un vin de France transformé en Bordeaux supérieur 2013 à une multiplication par 20 pour un lot de vin rouge se faisant passer pour en Saint-Juilien 2011. En passant par un coefficient x15 pour un vin rouge devenu Pauillac 2011, x10 pour un vin de France 2011 transformé en Pauillac 2010, x8 pour un vin de France 2011 devenu Margaux 2010…

Sous couvert d’anonymat

« La malice est d’avoir vendu au prix du marché. Quand on vous propose une Rolex neuve à moins de 100 €, vous vous posez la question de son authenticité, mais quand on vous la propose au prix de la boutique officielle, vous vous méfiez moins… » se justifie, penaud et sous couvert d’anonymat, un négociant girondin. Son entreprise conserve sous scellés un lot délictueux : « une perte sèche, subie de bonne foi » précise l’opérateur bordelais, qui annonce qu'il se portera partie civile aux côtés de la quarantaine de négociants qui auraient été victimes de la fraude.

« Il n’y a eu aucun enrichissement des fournisseurs et revendeurs. Seul l’intermédiaire a agi comme un voyou pour son propre compte » croit dur comme fer un opérateur languedocien, également sous couvert d’anonymat. « J’étais très fier de fournir Signes de Terres pour faire connaître les vins méridionaux aux marchés asiatiques… Mais ce n’était pas le cas » regrette-t-il, encore secoué par la convocation surprise des Douanes bordelaises. Réalisée dans les prix du marché, cette usurpation s'inscrit aussi dans les goûts des consommateurs. Les experts judiciaires mandatés pour déguster les vins délictueux ont en effet jugé que les vins étaient gustativement conformes aux appellations revendiquées. Les assemblages étant constitués de cépages bordelais, avec des élevages sous bois.

"Aucune explication"

En cours d’instruction au Tribunal de Grande Instance de Libourne, le dossier Signes de Terres pose la question des responsabilités. Dans chaque cas, le dossier des Douanes souligne à de multiples reprises que « lors de son audition, Yanka Ferrer ne donne aucune explication concernant le changement de qualité du vin, alors qu’elle a assuré toute la logistique transport et que c’est sur ses indications que les documents ont été remplis, [et qu’elle] ne se considère pas responsable des mentions figurant sur les titres de mouvement établis par l’expéditeur initial du vin et le destinataire final du vin ». Sollicitée par Vitisphere, Yanka Ferrer n'a pas donné suite.

Affaire à suivre lors de l’audience, attendue après l’été.

 

* : Ayant demandé un minutieux travail de fourmi, l’enquête des Douanes n’a pu se baser que sur les factures et traçabilité des fournisseurs, transporteurs et clients du négociant-commissionaire. Yanka Ferrer ayant déclaré le vol des archives de Signes de Terres le 29 juillet 2014.

 

Source :
https://www.vitisphere.com/actualite-87396-3millions-deuros-de-fraude-aux-vins-de-Bordeaux.htm

 

32) Château Giscours, grand cru classé du Médoc sévèrement condamné pour fraude

A La UneVin

Publié le 21/06/2018 à 14h59. Mis à jour à 15h05 par Dominique Richard.

 

Ce cru classé de Margaux avait ajouté des quantités importantes de sucre, sans autorisation, pour augmenter la teneur en alcool des vins

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné le Château Giscours, 3e grand cru classé du Médoc et son directeur Alexander Van Beek a des peines. Le premier en sa qualité de personne morale a écopé d’une amende de 200 000 euros.

Le second d’une peine de trois mois avec sursis. La juridiction a ordonné la destruction des vins qui avaient été placés sous scellés. En 2016, les services de l’État avaient saisi, dans les chais de la propriété située au coeur de l’appellation Margaux, 397 hectolitres pour une valeur estimée de 2,2 millions d’euros.

Dans deux cuves, des quantités importantes de sucre avaient été rajoutées pour augmenter la teneur en alcool des vins. Cette opération très encadrée est soumise à autorisation préfectorale, une autorisation que la préfecture n’avait pas accordée pour les cépages merlot en 2016. Château Giscours et son directeur avaient passé outre.

Source : https://www.sudouest.fr/2018/06/21/chateau-giscours-grand-cru-classe-du-medoc-severement-condamne-pour-fraude-5166257-713.php
 

33) Fraude dans les CHR
Au restaurant, un tiers des vins figurant sur la carte présentent des anomalies !
  • Web Figaro

  • Par Stéphanie ALEXANDRE

  • Mis à jour le 28/06/2018 à 09:26

  • Publié le 27/06/2018 à 16:28

Dans les cafés, hôtels et restaurants, le taux d’anomalie est de 36 % pour les vins de table et de 31 % pour les vins de pays, selon la Répression des fraudes.

Pour protéger les consommateurs, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) met en place chaque année un programme de contrôle renforcé de la carte des vins.

Au cours d’une inspection menée entre le 1er juin et le 15 septembre 2017, les agents de la DGCCRF ont constaté des pratiques commerciales trompeuses sur l’origine des vins. Ils ont relevé que la mention « vin de France » alors qu’il s’agissait en réalité de vin de l’Union européenne (UE). Les agents de la Répression des fraudes ont également noté que l’appellation « rouge Merlot », « blanc Sauvignon » ou « rosé Cinsault » était indiquée sur des vins rouges, blancs ou rosés de l’UE.

L’utilisation de la mention AB (Agriculture biologique) pour des vins non biologiques a également été relevée, tout comme le défaut d’information sur les allergènes et l’information trompeuse sur la nature de certains vins.

En chiffres, les cartes des vins proposées les cafés, les hôtels et les restaurants présentaient un taux d’anomalie de 36,2 % pour les vins de table et 31 % pour les vins de pays.

En France, les cartes des vins font toujours l’objet d’une vigilance particulière car la fraude dans ce domaine est très difficile à démasquer, à moins d’être un fin connaisseur.

 

Source : http://leparticulier.lefigaro.fr/article/au-restaurant-30-des-vins-figurant-sur-la-carte-presentent-des-anomalies-/

34) Fraude à l'étiquetage et chantage à l'emploi dans le Var.
Cet arrêt met en danger 300 familles : la cave prête à se défendre jusqu'au bout

 

Mis à jour le 02/07/2018 à 05:09 Publié le 02/07/2018 à 05:09

 


 

La Cour de cassation a donné tort à la cave coopérative de Grimaud, qui a écoulé plus d'un million de bouteilles de vin avec des étiquettes non conformes à la réglementation en matière d'AOP

L'affaire est allée jusqu'en cassation et pourrait encore être portée au niveau supranational. Dans un arrêt rendu le 4 avril, la chambre criminelle de la Haute juridiction, saisie sur pourvoi du ministère public, a cassé le jugement rendu deux ans plus tôt par le tribunal de proximité de Fréjus, qui avait relaxé la société Les Vignerons de Grimaud et Pascal Etienne, président, poursuivis pour mise en circulation de vin sans étiquetage conforme.


 

L'affaire a donc été renvoyée devant le tribunal de police de Toulon, qui devra à son tour statuer sur l'affaire, probablement en suivant l'interprétation de la Cour de cassation.


 

Unité géographique plus petite

Il est reproché à la cave coopérative, et à son directeur, d'avoir mis en circulation 1 153 128 bouteilles de vin portant les étiquettes « Cuvée du golfe de Saint-Tropez » et « Port Grimaud », en contravention avec l'article 5 du décret du 4 mai 2012 relatif à l'étiquetage et à la traçabilité des produits vitivinicoles.


 

En effet, pour la Cour de cassation, la réglementation en matière d'AOP (Appellations d'origine protégée), interdit de mentionner sur les bouteilles le nom d'une unité géographique plus petite que la zone qui est à la base de l'appellation d'origine protégée.


 

En l'espèce, l'inscription sur les étiquettes des mentions « Cuvée du Golfe de Saint-Tropez » et « Port-Grimaud », unités géographiques plus petites que l'AOP « Côtes de Provence », contrevenait à ce principe.


 

Source : http://www.varmatin.com/vie-locale/cet-arret-met-en-danger-300-familles-la-cave-prete-a-se-defendre-jusqu-au-bout-242811

35) Francisation de vins rosés espagnols.

Les articles de journaux consultés ne donnent pas de détails sur la fraude, si cette fraude est réelle ou si il ne s'agit que de tentatives de tromperie (drapeau français, mention facultative et tout à fait légale "mis en bouteille en France", etc.)

Si le consommateur est dupe c'est qu'il ne sait pas, ou ne veut pas, lire les étiquettes. Le client qui achète du vin rosé à bas prix se contrefout de l'origine du vin et il a bien raison. Il n'y a aucune raison que le vin rosé espagnol soit plus mauvais ou plus "trafiqué" que le vin rosé français.

Les producteurs français ne devraient pas oublier que la balance commerciale vinicole française est excédentaire.  Leurs représentants syndicaux devraient mettre la pédale douce. Que se passerait il si des pays importateurs de vins français fermaient leurs frontières ?

Non, le rosé espagnol n’est pas «l’arnaque du siècle»

Thomas Deslogis — 10 juillet 2018 à 14h09 — mis à jour le 10 juillet 2018 à 14h10

Lundi, le quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France s'émouvait d'un trafic de rosé: du vin espagnol était vendu sous étiquette française. Le pinard ibère est-il forcément de la piquette? Spoiler: non.

 

 

Un drame gaulois. On a osé toucher au plus précieux de nos patrimoines: le vin, le vrai, le français. Le Parisien/Aujourd'hui en France en a fait sa une lundi 9 juillet: «L’incroyable fraude au rosé». Le quotidien y raconte comment la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a constaté une fraude massive touchant plus de 10 millions de bouteilles. L’escroquerie est simple: on vend un rosé espagnol sous étiquette française.

 

 

Pour être plus précis, il faudrait dire que l’on fit passer du petit rosé espagnol à bas prix pour du petit rosé français à bas prix. L'ibère étant moins cher, principalement parce que la situation économique de l’Espagne n’est pas celle de la France. En bref, on échange un mauvais vin par un autre mauvais vin.

 

Le vin n'y est pour rien

Il serait donc judicieux de ne pas se tromper d’ennemi. Si les médias se scandalisaient en boucle, lundi après le scoop du Parisien sur cette «arnaque du siècle», comme le titre un brin outrancier le quotidien français, le problème n’est pas le vin espagnol. Même si ce «vin espagnol» ramené à sa nature ontologique, fut considéré comme le mauvais élève dans les commentaires, tout au long de la journée. Une piquette reste une piquette, quelle que soit son origine, et on trouve des grands vins un peu partout.

Il est bon de rappeler que les seuls vrais coupables de cette histoire sont les importateurs français, ceux qui nous ont trompés sur l’origine d’un produit, et que l’Espagne est un producteur de vin plus que respectable puisque la péninsule est le plus grand vignoble du monde depuis 2013 (975.000 hectares cultivés en 2016 contre 785.000 en France).

Pour les Espagnols non plus il n’y pas que la taille qui compte. Leurs vins rouges, notamment l’appellation d’origine contrôlé Rioja, est de plus en plus apprécié par les spécialistes. De même pour le blanc, dont l'AOC Rueda, proche de nos sauvignons, est l’assurance d'une qualité constante.

Et le rosé, le méchant rosé espagnol, n’est pas en reste non plus. Certes, le «rosado» de piètre qualité vendu en masse pour des prix défiant toute concurrence abonde le marché, mais c’est aussi à cela que tient une économie aussi imposante, et les Français ne sont d’ailleurs pas les derniers à faire de même.

 

Des bijoux à découvrir

À côté de ces rosés de basse qualité, on en trouve d'excellente qualité en Espagne aussi. Ceux issus de l’appellation Rioja font par exemple leurs preuves d’une années à l’autre. En témoigne l’original Marqués de Murrieta Primer Rosé 2016 aux arômes de céréales et dont la production fut limitée à 9.000 bouteilles, noté 94 sur 100 par la très respectée revue gastronomique Sobremesa.

 

Pour un bon rosé ibérique, on conseille aussi d’aller vers la région de Navarre. Il suffit de seulement dix euros pour s'offrir un Chivite Las Fincas, un rosé gastronomique particulièrement apprécié des connaisseurs et élaboré par le grand caviste Julián Chivite et le non moins grand chef Juan Mari Arzak.

On pourrait vous parler de la célèbre élégance du Flor de Muga, Rioja fait à partir de grenaches vieilles de 70 ans. Ou du catalan Jean Leon 3055, provenant de vignes plantées à 600 mètres d’altitude et dont le drôle de nom ramène à l’histoire personnelle du vigneron, espagnol qui a vécu clandestinement aux États-Unis, d’abord en tant que chauffeur de taxi, immatriculé «3055».

La liste, évidemment, est longue. Comme celle des mauvais rosés, français ou espagnols. Cette histoire de fraude, à imputer aux Français, il est toujours bon de le rappeler, ne doit définitivement pas nous pousser à boycotter la très dense culture du vin qui sévit de l’autre côté des Pyrénées.

Et devrait même nous inciter à la découverte, histoire de redorer le blason de vignerons d’exceptions dont la finesse des productions rosées a de quoi faire pâlir leur plus proche voisin.

Source : http://www.slate.fr/story/164393/rose-espagnol-arnaque

Fraude sur les vins rosés : le décryptage de Rayon Boissons [F.G.]

13 Juillet 2018

Vin d’Espagne transformé en vin de France ou en IGP, étiquetage trompeur, mauvaise présentation des bouteilles en linéaires… Rayon Boissons, qui s’est procuré le rapport de la DGGCRF, revient sur le scandale des rosés qui agite la filière.


 

Depuis le début de la semaine et la publication de l’enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) au sujet des vins rosés, la presse grand public n’y va pas avec le dos de la cuillère pour tancer la filière vitivinicole. Pour y voir plus clair, Rayon Boissons a épluché le rapport de la DGCCRF et contacté ses représentants. Décryptage.

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Pourquoi cette enquête ?

Dans un contexte de concurrence très fort entre les vins français et les vins espagnols, de nombreuses alertes dénonçant des fraudes sur l’origine sont remontées auprès de la DGCCRF. Laquelle a d’abord enquêté en 2016 auprès des importateurs avant d’étendre son action à l’ensemble de la filière, y compris la distribution.

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Fraudes sur l’origine

C’est évidemment le fait le plus grave. La DGCCRF a contrôlé les principaux importateurs pour s’assurer que les vins espagnols étaient vendus avec cette origine. Très majoritairement, les mentions « Vin d’Espagne » ou « Vin de la communauté européenne » se trouvaient sur les étiquettes.

Cependant, d’après nos échanges avec la DGCCRF, quatre producteur-négociants ont francisé les vins. C’est à dire qu’ils ont changé l’origine du vin d’Espagne en « vin de France », voire en IGP. Ces quatre opérateurs l’ont réalisé sur des quantités allant de 2 000 hl à 34 500 hl. Le tout pour un volume global de 70 000 hl, d’où les 10 millions de bouteilles repris par la presse.

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Etiquetage trompeur

C’est le second volet de l’enquête dont l’objectif est de s’assurer que l’étiquette n’a pas vocation à faire croire que les vins ont été produits en France alors que ce n’est pas le cas. Plusieurs exemples de non-conformité ont été relevés dont les deux principaux sont : visibilité insuffisante de l’origine et pratique commerciale trompeuse. Dans ce dernier cas, une fleur de lys, une cocarde française ou la mention « Produced in France » sont des éléments que la Répression des Fraudes a jugé illégaux. D’après nos informations auprès de la DGCCRF, les volumes concernés sont bien moins importants que ceux dont l’origine a été changée.

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Présentation des vins en linéaires

Plus que l’implantation des vins en rayons, c’est surtout les informations autour des bouteilles que la DGCCRF a contrôlées. Un balisage « vin de pays » qui abrite des vins d’Espagne n’est ainsi pas conforme. De même, les étiquettes prix ont été passées au crible. Nombre d’entre elles indiquaient « VDF » ou « IGP Oc » alors que le vin vient d’Espagne. C’était plus fréquent pour les marques qui ont changé d’origine au cours de ces derniers mois. Dans ces cas, la DGCCRF a surtout exigé une actualisation et une mise en conformité des informations.

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Conclusion

La fraude de grande ampleur évoquée par la presse est bien réelle. L’équivalent de 10 millions de cols dont l’origine a été modifiée, c’est un volume conséquent, quand bien même seuls quatre opérateurs en sont responsables. Ces fraudes font d’ailleurs l’objet de procédures pénales pour « tromperie, pratique commerciale trompeuse, tromperie en bande organisée et usurpation de signes de qualité ». Les peines encourues vont de 2 ans de prison à 300 000 € d’amende.

Source : http://www.rayon-boissons.com/A-LA-UNE/Fraude-sur-les-vins-roses-le-decryptage-de-Rayon-Boissons-56079

36) Hardy Rodenstock

Retour sur la plus grosse escroquerie qui a frappé le monde du vin


 

5 septembre 2018

Jacob Hemptinne

editor express

Le vin est bien souvent au cœur de grosses arnaques et escroqueries représentant des milliers d'euros. Voici la plus célèbre. 

Le 5 décembre 1985 à Londres se déroule une vente aux enchères organisée par Christie's. Une vente historique puisqu'une bouteille de Bordeaux estampillée Château Lafitte de 1787 trouvera preneur contre la somme record de 156.000 dollars, soit un peu plus de 133.000 euros. L'heureux acheteur n'était autre que Malcolm Forbes, le célèbre éditeur et propriétaire du magazine portant son nom.

La fameuse bouteille avec une particularité: elle avait appartenu à l'ancien président des États-Unis Thomas Jefferson, l'homme qui a écrit la Déclaration d'indépendance américaine. Évidemment, une telle somme déboursée pour une bouteille de vin cela ne passe pas inaperçu et cela avait provoqué un joli scandale. Malcolm Forbes, lui, avait répliqué: "Acheter un morceau d'histoire coûte de l'argent."

Sauf que, le problème, c'est que l'on est même pas sûr qu'il s'agisse d'un morceau d'histoire. En effet, il impossible de prouver que cette fameuse bouteille ait appartenu à l'ancien président américain. Selon les notes de l'ex-président, il aurait acheté la bouteille à l'époque où il était ambassadeur en France. On le connaissait amateur de vin mais impossible de prouver que la bouteille à 156.000 dollars lui appartenait. D'ailleurs la fondation Thomas Jefferson n'a jamais pu confirmer que la bouteille avait appartenu au président.

Hardy Rodenstock

Derrière ce mystère se trouve Hardy Rodenstock, un ancien manager de stars allemand reconverti en marchand de vin. En 1985, il dit posséder plusieurs vieilles bouteilles ayant appartenu à Thomas Jefferson. Cependant, il refuse de dire par quel intermédiaire il en a fait l'acquisition. Il se contente de dire qu'il les a trouvées derrière un mur dans une cave de Paris. Dans un lieu qu'il tient secret évidemment. Beaucoup ont alors exprimé leur scepticisme mais un des grandes pontes du vin, Micheal Broadbent qui est pourtant responsable de la distribution du diplôme des Maîtres des vins, y croyait dur comme fer. En 2002, il déclarait pour le New York Times: "Je reconnais certains vins à la première gorgée et même souvent avant de les goûter, quand ils coulent dans mon verre, au moment du nez. Je doute m'être jamais trompé sur un Mouton 1945 ou un Mas Daumas Gassac 1982."

Il a donc réussi à écouler trois bouteilles dont celle que Malcolm Forbes garde encore précieusement dans sa cave. Les autres se sont retrouvées dans les mains de milliardaires et industriels comme William Koch par exemple. Mais en 2005, Koch se rend compte que Thomas Jefferson notait précisément tous ses achats en vin et ces bouteilles n'apparaissaient nulle part. Il engage donc quelques enquêteurs pour en savoir plus. Il s'avère que les initiales inscrites sur les bouteilles sont toutes fausses et gravées à la machine.

Poursuite

Suite à ces découvertes, William Koch poursuit Rodenstock en justice. Mais dans cette affaire, un autre homme est impliqué: Michael Broadbent qui s'est longtemps porté garant de Hardy Rodenstock. Dans cette entreprise, il avait ignoré les avis sceptiques de la fondation de Thomas Jefferson. Quoiqu'il en soit, il était convaincu de l'authenticité des bouteilles et Benjamin Wallace, l'auteur du livre The Billionaire's Vinegar qui revient sur cette affaire, est persuadé que Broadbent était sincère.

Le bougre espérait bien finir sa majestueuse carrière en vendant des bouteilles ayant appartenu à un président américain. Existe-t-il un meilleur jubilé pour un commissaire priseur spécialiste en vin? Lui explique qu'il s'est fait avoir en ayant été invité à de multiples reprises par Rodenstock à des dégustations et présentations de vins anciens. Broadbent rédigeait alors des notes sur les pinards qu'il avait dégustés. Le spécialiste n'aurait pas risqué de détruire sa réputation en mettant aux enchères de fausses bouteilles. Il s'est tout simplement fait avoir par un escroc qui, d'ailleurs, utilisait un nom d'emprunt. En effet, Hardy Rodenstock s'appelle en fait Meinhard Goerke.

Naïveté collective

Michael Broadbent n'est pas le seul à s'être fait avoir par ce fameux Hardy Rodenstock. Lors de ses fameuses dégustations, l'escroc a floué des dizaines de personnalités importantes du monde du vin comme Robert Parker, le spécialiste américain de vin reconnu dans le monde entier. Pourtant, des signes auraient du leur mettre la puce à l'oreille. Par exemple, Rodenstock insistait pour récupérer les bouteilles vides et refusait catégoriquement de montrer les bouchons à ses invités. C'est d'ailleurs extrêmement surprenant que de tels spécialistes n'aient rien vu venir.

En tout cas, Rodenstock était très fort dans ce qu'il faisait puisque Robert Parker avait attribué la note de 100 (la note maximale) pour un supposé Château Pétrus de 1921 en magnum. Encore une fois, Château Pétrus avait émis des doutes sur l'authenticité de la bouteille. Qu'importe: pour le spécialiste le vin était "merveilleux" et que s'il était faux, Rodenstock était sans doute le plus talentueux des faussaires. Cela prouve que les plus éminents critiques de vins ne sont pas infaillibles mais aussi que la fraude en vin est extrêmement difficile à déceler.

En effet, contrairement à l'art, le vin dispose de nombreux originaux et les plus vieux exemplaires sont rarement embouteillés et étiquetés de la même façon. Par exemple, les Petrus ont longtemps été vendus en tonneaux et les marchands les embouteillaient et les conditionnaient eux-mêmes. De plus, il est presque impossible de déterminer l'origine et la provenance d'une bouteille puisque la documentation à ce sujet est quasiment inexistante. De plus, un même vin peut évoluer différemment en fonction de sa bouteille et son évaluation est fondamentalement subjective. Or pour les vins qui concernent cette affaire, très peu de personnes les avaient goûtés auparavant. Donc, difficile d'avoir deux avis pour les confronter.

La fin de l'histoire?

Au final, comment s'est terminée cette histoire? Koch a fait le maximum pour trainer Rodenstock devant un juge mais celui-ci a systématique refusé de participer au procès en expliquant qu'en tant qu'Allemand, la justice américaine n'avait aucun pouvoir sur lui. Rodenstock a donc été jugé par défaut. Finalement, il s'en sortira indemne, sans débourser le moindre euro. Finalement, on ne connaitra jamais vraiment le fin de mot de cette affaire puisqu'en mai 2018, le fameux Hardy Rodenstock a rendu son dernier souffle.

Quoi qu'il en soit, Benjain Wallace est longuement revenu sur cette affaire dans son livre The Billionaire's Vinegar et quelques passages sont assez frappants. L'auteur explique que des analyses ont été effectués sur des vins vendus par Rodenstock. Ils dataient en fait des années 60, on est bien loin de vin datant du 19ème siècle comme le prétendu faussaire l'affirmait. Le principal intéressé a toujours refusé de s'exprimer à ce sujet et il n'est plus en état de le faire désormais. Ce mystère en restera un à jamais et des centaines de bouteilles de vins frauduleuses resteront à jamais une énigme pour les amateurs de vin.

Source : https://fr.express.live/2018/09/05/retour-sur-la-plus-grosse-escroqueries-qui-frappe-le-monde-du-vin

 

37) Dérèglementation : capsules représentatives de droits (CRD) et déclaration de récolte (DR)

https://www.quechoisir.org/actualite-marianne-facultative-sur-les-bouteilles-de-vin-un-risque-accru-de-fraudes-n58641/

 
"Marianne" facultative sur les bouteilles de vin

Un risque accru de fraudes ?

Publié le : 17/09/2018 

À partir du 1er juin 2019, la Marianne ou capsule représentative des droits (CRD), qui atteste que le producteur s’est acquitté des droits sur l’alcool, ne sera plus obligatoire sur les bouteilles de vin. Les conséquences pour les consommateurs.  

  Amateurs de raretés, gardez précieusement les jolies « Marianne » qui coiffent vos bouteilles de vin ou d’alcool : elles vont peut-être devenir collectors ! Créée en 1960, la capsule représentative des droits, ou CRD, cessera  d’être obligatoire à compter du 1er juin 2019. Attestant que les droits d’accise ont bien été acquittés pour ce contenant, elle permettait la circulation des vins en bouteilles ou en « cubi » jusqu’à 3 litres sur le territoire français, en évitant le recours aux documents d’accompagnement légaux. Devenus dématérialisés, ceux-ci restent obligatoires tout comme les droits d’accise, acquittés par les metteurs en bouteille (récoltants, négociants ou entrepositaires). Simplement, en raison du traitement informatique des déclarations, la preuve sur la bouteille n’est plus jugée nécessaire par l’administration. C’est tout bénéfice pour les maisons de négoce qui souhaitaient mettre fin à l’obligation d’avoir deux chaînes d’embouteillage : l’une pour les vins vendus en France, l’autre pour ceux destinés à l’export et qui ne sont donc pas soumis aux droits d’accise. « Produire des capsules neutres pour toutes les bouteilles, c’est plus simple pour nous, a expliqué à l’AFP le président de l’appellation Saint-Émilion, Jean-François Gaillard. Aujourd’hui, toutes nos entrées sont tenues informatiquement. On déclare nos ventes, nos volumes sont tracés… » Pour les particuliers qui transporteront du vin sans Marianne, peu de changement, une facture en bonne et due forme, et acquittée, fera office de preuve en cas de contrôle (attention, un ticket de caisse ne sera pas suffisant !). Gare toutefois à ne pas dépasser les seuils au-delà desquels les documents d’accompagnement deviennent obligatoires.

Affaire de professionnels, dira-t-on. En fait, pas seulement. Car sur la couronne de la capsule figurent des informations précieuses pour le consommateur, en particulier le numéro du département de l’embouteilleur et la mention de son statut. La lettre R ou « récoltant » indique que le vigneron a lui-même mis en bouteille son vin, produit à partir de raisins provenant de son propre domaine. La lettre E ou « entrepositaire » indique que le vin a été conditionné par une entreprise pratiquant uniquement le commerce de vrac et la mise en marché. La lettre N ou « négociant » indique une activité de négoce basée sur l’achat de raisins, de moût ou de vins, élaborés, assemblés, élevés et mis sur le marché sous sa propre étiquette, par le négociant. C’est le cas des grandes maisons de Bourgogne qui cumulent souvent toutes ces activités, conjointement avec l’exploitation de leur propre domaine prestigieux, les obligeant à gérer deux types de capsules. Une différenciation qui n’a rien de péjoratif pour le négoce dont les produits peuvent être de grande qualité et justifier une renommée parfois internationale ! L’ambiguïté, c’est que sous couvert du négoce se cachent également des transactions en très gros volumes destinées à fournir le marché d’entrée de gamme de la grande distribution. C’est aussi le lieu de pratiques obscures et de nombreuses fraudes qui défraient régulièrement la chronique judiciaire. L’été dernier, les résultats d’une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont ainsi révélé que 70 000 hectolitres de vins rosés espagnols (soit l’équivalent de 10 millions de bouteilles !) avaient été francisés, ou bien vendus sous un packaging ou un merchandising pouvant prêter à confusion sur l’origine des vins.

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Les 3 lettres faisant référence au statut de l'embouteilleur.

Ces dérives regrettables restent l’apanage de gros acteurs de la filière et la présence d’une Marianne sur les bouteilles n’y aurait pas changé grand-chose. Mais il est curieux de constater que sa disparition intervient alors que la frontière entre les différentes activités tend à s’estomper même chez des acteurs beaucoup plus modestes. De plus en plus de vignerons recourent à une activité de négoce (en achetant par exemple du raisin ou des moûts) pour se garantir contre les aléas climatiques et maintenir leur production ou tout simplement pour booster le développement économique de leur entreprise. Rien de répréhensible, bien sûr, à condition que les étiquettes affichent clairement la différence. Si ce n’est pas le cas, un nom prestigieux peut alors servir d’ombrelle à des produits qui ont peu de rapport avec les vins de ce domaine. Une pratique pas si rare dans une filière où l’on sait parfaitement jouer sur les homonymies (au détriment des consommateurs peu avertis). La Marianne et ses mentions N ou R sur la capsule permettent au moins de lever les ambiguïtés et d’éviter le mélange des genres. Un garde-fou en quelque sorte !

Sous couvert de simplification administrative, les douanes n’auraient-elles pas jeté le bébé avec l’eau du bain ? En tout cas, la mesure est loin de faire l’unanimité au sein de la filière. « En prenant cette décision, l’État va affaiblir le dispositif historique qui avait été mis en place il y a plusieurs décennies pour protéger la viticulture contre la fraude et les contrefaçons. Qui garantira demain au consommateur qu’un vin revendiquant le nom d’une appellation d’origine est bien issu de cette région ? […] Même si la Marianne n’est évidemment pas l’arme absolue contre la fraude, c’est quand même un garde-fou », s’inquiète le Syndicat des bourgognes dans un communiqué. Et de pointer la diminution importante des effectifs des douanes depuis plusieurs années. « La baisse des contrôles induite par la baisse des effectifs et la baisse des garanties proposées par cette "simplification" sont un cocktail sinon explosif, du moins risqué », conclut le Syndicat des bourgognes qui préconise, en l’absence d’alternative crédible, le maintien de l’utilisation par les viticulteurs de la Marianne et conseille aux consommateurs de continuer à acheter des vins dûment coiffés de son effigie car elle leur apporte une garantie de traçabilité.

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Tout savoir sur les capsules de vin

Lors de l’achat d’une bouteille de vin, on ne prête généralement pas beaucoup d’attention à la  capsule qui recouvre le bouchon. Dommage, car ce timbre officiel, attestant que les droits sur l’alcool ont bien été acquittés, recèle de précieuses informations sur l’origine et le contenu de la bouteille. Apprenez à les décrypter.

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Au jeu des couleurs

La réglementation impose 7 couleurs normalisées pour les capsules en fonction du type d’alcool contenu :

  • Vert : pour les vins tranquilles ou mousseux à appellation d’origine protégée (AOP) et pour les vins doux naturels AOP.
  • Bleu : pour tous les autres vins (vins de table et vins de pays).
  • Rouge lie de vin : depuis 2011, cette couleur peut remplacer indifféremment les couleurs verte et bleue, sauf pour les champagnes (et pour les boissons fiscalement associées au vin).
  • Orange : pour les vins de liqueur, les vins spéciaux et les autres produits intermédiaires qui bénéficient d’une AOP.
  • Gris : pour les autres alcools intermédiaires comme les ratafias.
  • Jaune d’or : pour le cognac et l’armagnac.
  • Blanc : pour tous les autres alcools.

Des chiffres et des lettres

Outre l’indication de la contenance, plusieurs indications réglementaires figurent sur la couronne autour de la Marianne (par exemple : 83 R 036). Le premier chiffre indique le numéro du département du siège de l’embouteilleur. La lettre qui suit, son statut :

  • il peut être récoltant (R) ;
  • négociant (N) ;
  • ou entrepositaire agréé (E).

Enfin, le dernier chiffre (036)  correspond au numéro administratif d’agrément de l’embouteilleur ou du répartiteur de capsules collectives.

Sursimplification administrative
Après 2022, l’obligation de déclaration de récolte en suspens
Vendredi 14 septembre 2018 par Alexandre Abellan
 

 

 Pour les intimes de la téléprocédure douanière, la déclaration de récolte répond à l'acronyme DR. Pour les intimes de la téléprocédure douanière, la déclaration de récolte répond à l'acronyme DR. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
 
Jouant sur deux tableaux, le gouvernement souhaite mettre en application la réglementation européenne qui lève l’obligation de déclarer annuellement sa production au casier viticole, tout en laissant à la filière le soin de trouver de nouvelles modalités de contrôles… et d’obligation.

Ménager la chèvre et le chou est un exercice politique particulièrement périlleux lorsqu’il s’agit de le retranscrire dans la loi. Mais la logique du « en même temps » cher au président de la République semble bien maîtrisée par son gouvernement, qui en a fait l’éclatante démonstration lors du retour, ce 13 septembre, à l’Assemblée Nationale du projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole. Alors que les vendanges font l’actualité du vignoble français, le texte actuel introduit une nouveauté de taille : à partir premier janvier 2022, la déclaration de récolte devient facultative dans une logique de simplification administrative, mais le maintien de son obligation reste envisageable dans une logique de filière.

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Déclarations de vendanges et de stocks
Simplification administrative ?

C’est en substance le sens de l’amendement 954 déposé à la rentrée par le gouvernement pour modifier l’article 407 du Code Général des Impôts, qui retoque l’article 11 nonies F ajouté par le Sénat à l'article L. 644-6 du Code Rural en juin dernier. Là où les sénateurs souhaitaient simplement « assurer une traçabilité des produits vitivinicoles [en tenant] les personnes physiques ou morales récoltant des raisins de cuve de faire une déclaration de récolte aux autorités compétentes pour la campagne viticole au cours de laquelle la récolte a eu lieu », les ministres se mettent subtilement en conformité avec le règlement européen n° 436/2009, ce qui rendrait facultative la déclaration de récolte après le 31 décembre 2021.

 

"Traçabilité des vins"

 

Malgré sa subtilité, l'amendement gouvernemental est combattu par un trio de députés viticoles*. Souhaitant rétablir l'article validé par le Sénat, ces élus du vignoble estiment que « la déclaration de récolte des raisins est un outil indispensable pour la traçabilité des vins AOP [qui] permet d’effectuer des contrôles efficaces et performants, d’aller vérifier la traçabilité des vins en cas de suspicion. Une suppression de la déclaration de récolte entraînerait un transfert de la maîtrise du cahier des charges des AOP de l’amont vers l’aval. »

La déclaration annuelle de vendanges au Casier viticole informatisé (CVI) permettant de suivre pour chaque propriété « la quantité, la superficie en production, la destination et, le cas échéant, la nature des produits vendus à un vinificateur ou livrés à une cave coopérative », comme le rappellent les Douanes sur leur site.

Entre-deux

Pour soutenir un amendement attaqué par le vignoble, le gouvernement estime pourtant œuvrer pour l’obligation de déclaration de récolte (« conformément à la volonté des sénateurs et des professionnels de la filière viticole »). S’appuyant sur des arguments juridiques précis, le gouvernement précisant que l’amendement du Sénat « est inopérant, notamment parce qu’il ne permet pas d’habiliter les agents des douanes à réaliser les contrôles y afférent, et ne prévoit pas de sanction en cas de non-respect » et parce que « le Code Rural [renvoie] directement à la déclaration de récolte mentionnée à l’article 407 du Code Général des impôts ».

Pour que la déclaration de récolte soit bien opérante, le gouvernement le consolide donc avec son amendement. Mais de manière temporaire, le gouvernement agissant « conformément [à ses] orientations en faveur de la simplification des formalités administratives et en cohérence avec la possibilité offerte par la réglementation européenne » de rendre la déclaration de récolte facultative. Le délai de 2022 est ainsi présenté comme une « période transitoire [qui] permettra aux professionnels d’adapter leurs procédures de contrôle, et de mettre en cohérence les dispositions du Code Rural se fondant sur la déclaration de récolte ». Ménager la chèvre administrative et le chou viticole demande décidément de la dextérité.

 

* : Il s’agit des députés Lise Magnier et Charles de Courson pour la Marne, Antoine Herth pour le Bas-Rhin.

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-88161-Apres-2022-lobligation-de-declaration-de-recolte-en-suspens.htm

 

Une fausse bonne idée de rendre les capsules "Marianne" facultatives ?

Le caractère obligatoire de la capsule représentative de droits (CRD) sur les bouteilles de vin sera supprimé à compter du 1er juin 2019, suite à l’arrêté du 12 juin, s’est félicité les Douanes le 19 juin. L’administration met en avant une simplification. Si la profession réclame à cor et à cri moins de contraintes administratives, pas sûr pour autant qu’ici, les Douanes aient réussi leur coup…

Une capsule permet aussi de savoir s’il s’agit d’une appellation d’origine contrôlée si la capsule est de couleur verte. Le consommateur peut même vérifier s’il s’agit d’un vin de récoltant ou pas.

La CRD est la « Marianne » apposée sur la coiffe d’une bouteille de vin. Sa présence sur la bouteille atteste le paiement des accises (fiscales) en France et vaut document d’accompagnement pour la circulation des bouteilles de vins. La CRD est obligatoire depuis 1960 pour les bouteilles et récipients de vin de trois litres au plus, pour lesquels les droits ont été acquittés. L’arrêté qui vient d’être signé le 12 juin supprime ce caractère obligatoire à compter du 1er juin 2019. « Cette simplification administrative est l’aboutissement d’une phase de consultation des professionnels de la filière engagée par la douane en juin 2017 », explique l’administration.

Et de vite rajouter que néanmoins, les bouteilles de vin devront donc circuler avec un document d’accompagnement ! Les opérateurs de la filière viticole qui embouteillent du vin auront donc désormais le choix de continuer d’apposer la CRD ou d'utiliser un des autres titres de mouvement assurant la traçabilité du produit.

Perte de garanties pour les clients

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir le syndicat des Bourgognes qui écarte tout de suite le procès d’intention d’avoir une activité de répartiteur de capsules. « Ce n’est pas le sujet de fond. Nous n’en dépendons pas financièrement pour fonctionner. Nous proposons un service aux viticulteurs pour leur simplifier leur activité. Nous alertons juste sur le risque en terme de protection des appellations (AOC) et en terme de garantie des produits pour les consommateurs », débute Guillaume Willette, directeur de l’ODG Bourgogne. Pour le Syndicat d’appellation socle de la Bourgogne, « cette décision de supprimer le caractère obligatoire de la Marianne risque d’affaiblir le système de contrôle des vins d’appellation et rendre plus facile les fraudes et les contrefaçons ».

En effet, les responsables des vins AOC bourgognes ont du mal à imaginer comment les consommateurs vont pouvoir se repérer demain s’il n’y a plus de système unique. Si tous les consommateurs de vins ne savent pas forcément parfaitement le rôle fiscal et anti-fraude des capsules, elle était néanmoins pour eux une « garantie par l’Etat français de la véracité du produit qu’ils achètent ». Une perte de repère qui va déstabiliser les clients et les consommateurs. « Sans Marianne, il est quand même plus difficile, pour le consommateur et pour les autorités, d’identifier une bouteille non légitime. Même si la Marianne n’est évidemment pas l’arme absolue contre la fraude, c’est quand même un garde-fou », souligne le Syndicat des Bourgognes.

Hausse des fraudes ?

Sans capsule obligatoire, « les fraudeurs seront moins embêtés », craint le syndicat des Bourgognes qui sait que cela peut entrainer plus d’affaires judiciaires et médiatiques et donc « donner une mauvaise image à tous les producteurs » d’une région. La valeur d’une origine reposant principalement sur la confiance dans le produit.

L’État tente bien de déminer ce point en assurant que les Douanes seront « pleinement mobilisés pour contrôler le respect de la réglementation assurant la traçabilité des produits viticoles et lutter contre les fraudes ».

Malgré cette « affichage » d’un Etat garant des contrôles et de la loi, le Syndicat des Bourgogne rappelle une tendance actuelle : « il n’a échappé à personne que les effectifs des Douanes sont en baisse importante depuis plusieurs années et que la politique suivie par l’actuelle majorité (Gouvernementale, NDLR) ne va pas changer cette tendance ». Si tout le monde en a conscience, les potentiels fraudeurs aussi…

Baisse des contrôles et baisse des garanties proposée par cette soi-disant « simplification » sont donc un « cocktail sinon explosif, du moins risqué », jugent les producteurs de vins bourgognes. En conséquence, le Syndicat des Bourgognes préconise, « en l’absence d’alternative crédible, le maintien de l’utilisation par les viticulteurs de la Marianne et conseille aux consommateurs français de continuer à acheter des vins avec une Marianne ». L’avenir le dira…

Simplification, export… vraiment ?

« Cette nouvelle mesure de simplification pour les entreprises permettra aux opérateurs de la filière viticole de réaliser des gains de compétitivité et gagner de nouveaux marchés à l'export », estiment également les Douanes.

C’est aller un peu vite en besogne et oublier les raisons qui avaient conduit à rendre obligatoire les capsules.

D’abord, sur le volet simplification, si l’apposition de la Marianne devient optionnelle à partir du 1er juin 2019, les entreprises ne sont pas pour autant dispensées de leurs autres obligations. Les entreprises commercialisant des vins pour leurs ventes en France, sans utiliser de Marianne (CRD) comme actuellement, devront établir un document simplifié d’accompagnement (DSA). « Dès lors qu’un vigneron vend aux particuliers, cela va vite devenir ingérable avec un exemplaire pour le fournisseur, un exemplaire pour le destinataire, et le retour du formulaire du destinataire au fournisseur ! Je vois mal un client renvoyer un exemplaire ou avoir autant de documents. Même pour des professionnels - comme des restaurateurs ou cavistes - avec leurs multiples petites commandes ». Il faut savoir qu’outre son volet fiscal (qui lui, ne change pas), la CRD avait été mise en place pour simplifier les démarches administratives des viticulteurs. Elle évite donc déjà au viticulteur d’établir un document administratif à chaque vente de bouteille. « Donc sous couvert de simplification, on rend la simplification initiale facultative », ne comprend pas le Syndicat des Bourgognes. Illogique presque !

Et en matière d’export, les Mariannes (CRD) ne sont obligatoires qu’en France. « Cela ne va rien faciliter pour l’export », coupe court Guillaume Willette.

Une fausse « simplification » et un faux gain de « compétitivité ». La filière n’avait vraiment pas besoin de cela…

38) Fraude fiscale

Un ancien négociant en vin a comparu, ce 20 décembre, devant le tribunal correctionnel d’Auxerre. Il lui est reproché des faits de « fraude fiscale », commis à Ligny-le-Châtel, de début 2009 à fin 2011.
Le Trésor public lui réclame environ 347.000 euros. Selon l’administration fiscale, le prévenu, ancien dirigeant d’une entreprise de négoce en vin, aurait minoré les résultats annuels de sa société afin de payer moins d’impôts sur les sociétés. Cette « minoration de la base imposable » s’élève à plus d’1 million d'euros, précise le président du tribunal, en rapportant ce qui figure à la procédure.

« La fraude reprochée est d’avoir joué sur le résultat de son entreprise en augmentant ses charges. En faisant comptabiliser des charges imaginaires. Des achats inexistants de vins », explicite la représentante du ministère public.

Un voyage aux Antilles pour la famille du prévenu qui se transforme en voyage professionnel à un congrès 

Parmi la longue liste de montages financiers et autres mécanismes frauduleux apparaît un « voyage aux Antilles pour la famille du prévenu qui, pour la comptabilité, se transforme en voyage professionnel à un congrès à Hong-Kong », détaille le ministère public. Selon le président, qui se réfère à l’enquête : « Une gérante d’agence de voyages a dit aux gendarmes que le prévenu lui avait demandé de modifier les factures. »

Huit mois d’emprisonnement requis

L’avocat de la défense souligne que depuis que son entreprise a été liquidée, « en novembre 2015 », son client, placé sous contrôle judiciaire, n’a pu se procurer les documents comptables nécessaires à préparer sa défense. « Depuis, personne n’a interrogé le liquidateur pour avoir un document comptable ! », déplore-t-il. « Il n’y a pas de volonté frauduleuse dans ce dossier », assure-t-il enfin.

Le ministère public a requis huit mois d’emprisonnement assortis d’un sursis simple et 50.000 € d’amende. Le jugement a été mis en délibéré au 17 janvier 2019.

Source : https://www.lyonne.fr/ligny-le-chatel/justice/2018/12/21/un-negociant-en-vin-soupconne-de-centaines-de-milliers-d-euros-de-fraude-fiscale-par-le-tribunal-correctionnel-d-auxerre_13090028.html#refresh


 

39) Fraude en Italie

Une enquête menée sur l’ensemble du territoire italien a conduit les carabiniers à saisir 5 millions de litres de vins frauduleux. Leurs inspections ont révélé de nombreux manquements en termes de méthodes de production, d’hygiène et de traçabilité.Le succès des vins italiens, en particulier du prosecco, fait-il perdre la tête des producteurs ? La brigade antistupéfiants et de protection de la santé des carabiniers (NAS) a annoncé avoir saisi 5 millions de litres de vin frauduleux après 871 inspections menées entre septembre et novembre 2018 dans tout le pays. 20 % de leurs visites dans des domaines viticoles ont permis de soulever de « graves irrégularités » : non-respect des règles d’hygiène, manque de traçabilité, etc. « L'un des phénomènes les plus préoccupants est celui de l'utilisation de substances interdites dans la fabrication du vin, à commencer par l'ajout de sucre au moût dans le but d'augmenter la teneur en alcool », a expliqué le commandement des carabiniers.

« Les interventions nous ont permis d'identifier 29 entreprises ayant exercé leurs activités dans des conditions de graves déficiences structurelles et sanitaires », ont détaillé les autorités, ce qui a entraîné leur suspension. 14 entreprises ont été renvoyées devant la justice et 162 sanctionnées. 245 amendes administratives ont été prononcées.

Dans la région de Trévise, où est produit le célèbre prosecco, les carabiniers ont découvert d'importantes quantités de moût non enregistrées dont la provenance était inconnue. Ils y ont saisi 69 000 litres de moût, 73 000 tonnes de raisins et 743 000 litres de prosecco sur le point d’être étiqueté « DOCG » (Dénomination d'origine contrôlée et garantie) ou « DOC » (Appellation d’origine contrôlée), l’équivalent italien des AOC (appellation d’origine contrôlée). Trois producteurs de prosecco ont été condamnés pour avoir rajouté du sucre et d'autres additifs interdits dans leurs vins.

Ces pratiques, en particulier l’utilisation de raisins d’origine inconnue, peuvent s’expliquer par l’explosion de la demande en prosecco, qui a pris les producteurs par surprise. Avec des exportations en hausse de 75 % en 15 ans et une production de 600 millions de bouteilles en 2018 (le double de la Champagne sur la même période), le prosecco est devenu l’un des vins mousseux les plus populaires au monde. « Cette augmentation des ventes, cumulée à une ou deux années de vendanges moins abondantes, ont mis les stocks sous pression pendant plusieurs années », décrypte un connaisseur du secteur.

Outre cette tentation de frauder, l’augmentation de la production a un fort impact écologique, selon une étude italienne publiée sur le site de prépublication scientifique bioRxiv. Des chercheurs de l’université de Padoue ont estimé que la zone d’appellation DOCG (215 km² où sont produites 100 millions de bouteilles de prosecco par an) perd chaque année près de 550 000 tonnes de collines. Ils observent que les traditionnelles cultures en terrasse ont laissé place à des vignes plantées directement en pente, pour faciliter la mécanisation. Associée à une disparition des haies et à une baisse du couvert végétal, cette évolution entraîne une fragilisation des sols, lessivés par la pluie.

 

Source : Morgan Bourven - https://twitter.com/morganBrv

Que Choisir 02/2019

41) Le BRANDY FRANçAIS

Le brandy français touché par une fraude internationale de grande ampleur ?

Frédéric Sergeur Publié le 15/07/2019

 

Des maisons de cognac françaises, qui produisent également du brandy, auraient été bernées en achetant de l’eau-de-vie frauduleuse. Une enquête a été ouverte par Bercy.


 

C’est une affaire tentaculaire, qui trouve sa source en Géorgie, et qui pourrait avoir des conséquences en France. Le Figaro alerte sur une fraude internationale de grande ampleur dans le secteur du brandy. C’est l’association des producteurs de vins géorgiens qui a tiré le signal d’alarme.

Plusieurs grandes maisons de cognac françaises produisent également du brandy (Saint-Remy, Grand Empereur, Cigogne Noire…) : elles en ont exporté pour 189 millions d’euros l’an dernier à l’international. Le souci concerne l’un des ingrédients de cet alcool : l’eau-de-vie de vin. Les maisons françaises ont l’autorisation d’importer cette eau-de-vie, et uniquement celle-ci. Sauf qu’elles auraient été trompées et auraient utilisé de l’eau-de-vie de grain, utilisé pour le whisky ou la vodka.

8 millions de litres

"Altosa, une société espagnole détenue par Juan Antonio Lopez Ramirez, aurait falsifié des bordereaux de livraison faisant passer de l’eau-de-vie de maïs bon marché, qu’il a fait transiter par la Géorgie, pour de l’eau-de-vie de vin géorgienne, bien plus coûteuse à produire. En 2018, les exportations de la filiale géorgienne d’Altosa ont fortement grimpé. Or seuls des producteurs déjà établis sont en capacité de distiller de tels volumes d’eau-de-vie de vin", dénonce le porte-parole de l’association des producteurs de vins géorgiens dans les colonnes du Figaro, précisant : "Altosa pourrait avoir vendu cette eau-de-vie frauduleuse à des maisons de cognac françaises engagées sur le marché du brandy".

Près de 8 millions de litres d’eau-de-vie frauduleuse pourraient avoir été importés illégalement en Europe. Le brandy French Club, d’A. Staub, serait touché par cette fraude, même si cela n’a pas été confirmé par la maison de cognac. "En écornant l’image de qualité géorgienne et française, [la fraude] pourrait porter préjudice aux ventes de brandy français à l’international", note le porte-parole. L’affaire est prise au sérieux : Bercy a ouvert une enquête et des perquisitions ont été menées en Charente en ce sens. Les Douanes n’ont de leur côté pas souhaité commenter cette information.


 

Source : Capital
https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-brandy-francais-touche-par-une-fraude-internationale-de-grande-ampleur-1344736


 

42) Bordeaux AOC et  vins de table

Un célèbre viticulteur bordelais condamné pour avoir mélangé vin de table et AOC

Claire Domenech Publié le 27/06/2019

 

Le Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux et son frère viennent d'être condamnés par le tribunal correctionnel de Bordeaux pour tromperie et fraude.


 

Coup d'arrêt pour ce célèbre vigneron bordelais. Hervé Grandeau, Président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, a été condamné jeudi 27 juin à six mois de prison avec sursis et 30.500 euros d'amende pour tromperie et fraude, rapporte France Bleu Gironde. Son frère, Régis Grandeau a quant à lui écopé de quatre mois avec sursis et 31.000 euros d'amende. Les deux hommes étaient accusés d'avoir mélangé des surplus de leur production en AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) avec des vins de table, entre 2010 et 2014, au château Lauduc à Tresses. La juge a décidé de suivre les réquisitions.

"Au-delà de l'atteinte au cahier des charges des appellations, que vous avez participé à mettre en place et ne pouviez donc pas ignorer, vous avez contribué à la perte de confiance dans l'image et la qualité des appellations", a déclaré la présidente du tribunal correctionnel de Bordeaux, relayée par France Bleu. Les deux frères devront également payer 200.000 euros chacun au titre des entreprises dont ils sont propriétaires, ainsi que 6.000 euros de dommages et intérêts à l'INAO (Institut National de l'origine et de la qualité) et à la confédération paysanne.

La ligne de défense

Lors de l'audience, Hervé et Régis Grandeau avaient réfuté en bloc les
accusations de fraude, avançant un retard de mise en application d'une nouvelle réglementation européenne. "J’avoue que nous avons eu des difficultés à rentrer dans certaines procédures récentes, comme la tenue de registres que nous avions depuis 2009. Ce qui était, je le pense, le cas de la majorité du vignoble", s’était alors défendu Hervé Grandeau à la barre, comme relayé par le site
Vitisphère. Une défense qui n'a visiblement pas convaincu les magistrats.

Source : Capital
https://www.capital.fr/entreprises-marches/un-celebre-viticulteur-bordelais-condamne-pour-avoir-melange-vin-de-table-et-aoc-1343252

 

L’affaire Grandeau continue de planer sur les vins de Bordeaux

Jeudi 25 juillet 2019 par Alexandre Abellan
 

Hervé Grandeau a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende, dont 20 000 € avec sursis pour une fraude estimée à 5 900 hectolitres de vin pour 1,37 millions d’euros de chiffre d’affaires entre 2010 et 2014. Hervé Grandeau a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende, dont 20 000 € avec sursis pour une fraude estimée à 5 900 hectolitres de vin pour 1,37 millions d’euros de chiffre d’affaires entre 2010 et 2014. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives 2017)

Entre pression médiatique et lettres ouvertes, les suites du procès du vigneron Hervé Grandeau font long feu.

N’ayant pas fait appel de ses condamnations pour « tromperie sur la nature, la qualité substantielle, l’origine » de vins (6 mois de prison et 30 000 € d’amendes ce 27 juin), le vigneron bordelais Hervé Grandeau ne semble avoir qu’une envie : ne plus faire de vague et se faire oublier en ce chaud été. Mais si le président fraîchement réélu de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, et membre de droit du bureau renouvelé du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB), ne répond pas aux sollicitations de la presse, dont Vitisphere, il continue d’alimenter un brûlant feuilleton estival. De la chronique assassine d’Antoine Gerbelle sur la webTV Tellement Soif, au « conflit de canard » décortiqué dans deux éditions successives du Canard Enchaîné, en passant par la « phobie administrative »  subtilement glissée par Jacques Dupont dans Le Point,, la pression médiatique reste forte.

 

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Six mois fermes pour un négociant en vin bordelais

Ciblant un esprit de corps qui refuse de reconnaître la légitimité de contrôles externes, jugés disproportionnés et à charge. Ce refus de la filière bordelaise de se porter partie civile contre l’un de ses élus et de lui tenir rigueur de ses condamnations est même jugé « ambiguë » par le tribunal de Bordeaux, qui a rejeté les constitutions comme parties civiles de la FGVB et du CIVB suite à l’affaire Hervé Grandeau. Inédite, cette décision judiciaire a causé un virulent appel à la démission du président de la FGVB par la Coordination Rurale, et désormais une lettre au ministre de l’Agriculture de la Confédération Paysanne.

 

 

"Déroute déontologique"

« Monsieur le Ministre, pensez-vous que [le CIVB], se déclarant collectivement solidaire d'une fraude, puisse être à même de "développer la réputation des vins de Bordeaux" ? Pensez-vous que cette assemblée soit déontologiquement représentative de la viticulture honnête de Bordeaux ? » assène le vigneron Dominique Techer, le porte-parole girondin de la Confédération Paysanne, dans une lettre ouverte envoyée le 19 juillet au ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. Mettant à profit la prorogation des accords interprofessionnels, le syndicaliste de Pomerol attaque, comme à son habitude, les cotisations volontaires obligatoires, mais en s’appuyant cette fois sur une « déroute déontologique » des institutions bordelaises. Affaire à suivre.

 

 

Contacté, le CIVB n’a pas souhaité commenter.

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-90013-Laffaire-Grandeau-continue-de-planer-sur-les-vins-de-Bordeaux.htm

 

44) Bordeaux,  l'affaire Maucaillou.

Un vin de négoce ne peut s’appuyer sur le nom et les codes graphiques d’un château
Jeudi 12 décembre 2019 par Alexandre Abellan

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-90816-Un-vin-de-negoce-ne-peut-sappuyer-sur-le-nom-et-les-codes-graphiques-dun-chateau.htm

 

 

 

Les poursuites concernent 957 000 cols de rouge commercialisés de 2015 à 2017.
Les poursuites concernent 957 000 cols de rouge commercialisés de 2015 à 2017. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
 
La première marque domaniale jugée par un tribunal bordelais a été assimilée à une pratique commerciale trompeuse, créant une confusion avec le rattachement à la dénomination et à la charte graphique d’une propriété viticole.

Poursuivis pour la commercialisation de la marque jugée trompeuse "le Bordeaux de Maucaillou" (en Bordeaux rouge et blanc), le négoce les Connétables de Maucaillou et son président, Pascal Dourthe, copropriétaire du château Maucaillou (AOC Moulis-en-Médoc), ont été respectivement condamnés à 200 000 et 20 000 euros d’amende (dont 10 000 € avec sursis*) ce 12 décembre au Tribunal de Grande Instance de Bordeaux. Ayant la main moins lourde que la réquisition du parquet (demandant 500 000 € et 6 mois de prison avec sursis), le tribunal correctionnel explique avoir pris en compte la constance de Pascal Dourthe dans la prise de ses responsabilités pénales et des modifications réalisées sur ses étiquettes (la marque étant notamment devenue "le B de Maucaillou").

« Il n’est pas question de la qualité de votre vin ou d’une fraude, mais des nouvelles pratiques du négoce » explique Caroline Baret, la présidente de la quatrième chambre du tribunal bordelais. Soulignant des représentations graphiques proches entre la marque « le Bordeaux de Maucaillou »  et le château Maucaillou (même dessin du château et polices de caractères similaires) et des discours commerciaux entretenant le flou sur l’origine des vins (y compris par des revendeurs), les juges ont balayé les arguments des prévenus. Leurs avocats expliquant que les différences étaient multiples pour permettre une distinction entre une marque de négoce et un vin de propriété (appellation Bordeaux et non Moulis-en-Médoc, absence du terme château…).

 

"Risque de confusion"

 

« Il ne s’agit pas de tromperie ou de déceptivité, mais d’une pratique commerciale trompeuse. Il y a un risque de confusion. Le consommateur normalement informé et raisonnablement attentif s’attend à ce que le Bordeaux de Maucaillou vienne du château de Maucaillou » a estimé la juge. Rappelant que 55 % des volumes des rouges de cette marque étaient issus du château de Beau Rivage, appartenant à la famille Dourthe, pour 45 % d’achats extérieurs (100 % du blanc étant acheté en tiré-bouché).

Pascal Dourthe n’a pas souhaité commenter à la sortie de l’audience. Répondant aux demandes des parties civiles (un euro symbolique pour la Fédération des Grands Vins de Bordeau, 1 000 euros de préjudice moral pour l’INAO et autant pour la Confédération Paysanne), le tribunal correctionnel a regretté l’absence dans les débats du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et la Fédération des négociants de Bordeaux et Libourne (Union des Maisons de Bordeaux).

A suivre

Sujet de vifs débats au sein de la filière bordelaise, la question des marques domaniales devrait revenir sur le devant de la scène judiciaire, alors que d’autres cas seront étudiés par le tribunal correctionnel dans les prochains mois.

 

* : Ainsi qu'à l'annonce de la condamnation dans les colonnes de l'Union Girondine et de Vitisphere, ainsi que son affichage au siège de l'interprofession, cours du XXX juillet à Bordeaux.

 

Source :  https://www.vitisphere.com/actualite-90816-Un-vin-de-negoce-ne-peut-sappuyer-sur-le-nom-et-les-codes-graphiques-dun-chateau.htm

 

45) Bordeaux, les frères Médeville
Vins de Bordeaux : le tribunal  correctionnel condamne les frères Médeville à six mois de prison et 30 000€ d'amendes

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a condamné Jean et Marc Médeville, deux figures du vignoble bordelais à six mois de prison avec sursis et 30 000 € d’amende. 

Marc Médeville, du château Fayau à Cadillac
Marc Médeville, du château Fayau à Cadillac • © Jean-Pierre Stahl

Le 28 mai dernier, Marc Médeville et son frère Jean comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour falsification et tromperie et détention irrégulière de sucre. Relaxé sur ce dernier chef d’accusation, les deux hommes ont tout de même été condamnés à six mois de prison avec sursis et 30 000 € d’amende, dont 15 000 € avec sursis. Leur exploitation à Cadillac, en tant que personne morale, a également écopé de 400 000 € d’amende dont 200 000 € avec sursis.

Erreurs administratives

Lors de l’audience du 28 mai, les deux frères avaient reconnu des erreurs administratives, mais avaient nié toute fraude sur leurs vins. Il leur était reproché des mélanges de vendanges ainsi que des assemblages de blanc, rosé et rouge, sans aucune tracabilité. Autre accusation, les deux hommes auraient commercialisé des vins sous des noms de châteaux. Au total, près de 3 000 hectolitres de vins auraient été frauduleux.

Des accusations qui avaient été réfutées par Jean Médeville. Il déclarait alors “aux grands dieux, je n’ai jamais produit ne serait-ce qu’une microgoutte de vin frauduleux, en dehors du cahier des charges et de l’AOC”.

La peine, de six mois de prison avec sursis, rejoint la requête du procureur de la république. En parallèle, il avait requis 50 000 € d’amendes pour les deux hommes et un million pour leur société. De son côté, l’INAO (institut national de l'origine et de la qualité) avait réclamé 36 000 € de dommages et intérêts. Enfin, la Fédération des Grands Vins demandait également un euro.

Ancien président de l’ODG (organisme de défense et de gestion) Cadillac, Jean Médeville avait démissionné de ses fonctions en mai dernier, suite à son audience. Son frère a quant à lui conservé ses fonctions de président, à l’ODG Bordeaux et Bordeaux supérieur.

46) Valdepeñas     (2020)
Des mois de dénonciations de fraude à l’étiquetage par les différentes parties prenantes de la DO Valdepeñas pourraient provoquer l’implosion de l’une des plus vieilles appellations espagnoles. Et sérieusement remettre en cause deux poids lourds de la filière espagnole.

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-92053-Valdepeas-dans-la-tourmente.htm

 

Valdepeñas admite un fraude en casi la mitad de los vinos de crianza vendidos
  • El secretario de la denominación de origen admite una vulneración de la Ley del Vino

  • La Audiencia Nacional está investigando a Félix Solís y a otras bodegas por la presunta estafa

Foto: Archivo.

  1. Javier Romera

Madrid

 7:15 - 26/06/2020

Fraude masivo en la venta de vino con Denominación de Origen de Valdepeñas, en Ciudad Real (Castilla-La Mancha). Mientras la Audiencia Nacional investiga si Félix Solís y otras bodegas han estado vendiendo como crianzas, reservas y grandes reservas vinos del año, tal y como adelantó el pasado miércoles elEconomista, un documento, al que ha tenido acceso este periódico, demuestra que el consejo regulador no solo está al tanto de la situación, sino que eleva además el fraude hasta prácticamente la mitad de todo los vinos de crianza comercializados. Es algo que, según admite el consejo regulador, no solo vulnera los estatutos de la denominación de origen, sino también la propia Ley del Vino.


 

La Audiencia Nacional investiga a Félix Solís por la venta de vino del año como reserva

Las conclusiones de este documento, un informe firmado por Juan Manuel Cruz Lérida, secretario y director de Servicios Generales de la Denominación de Origen (DO) Valdepeñas, a instancia del presidente de esta organización, Jesús Martín, con fecha de 24 de marzo de 2020, no dejan lugar a dudas.


 


 

Después de analizar todas las medidas de control interno que se llevan a cabo, Cruz extrapola los datos de consumo real en el mercado con los realmente declarados y asegura que "si el porcentaje que representan los vinos criados en los datos Nielsen (62,63%), lo aplicamos a las ventas declaradas a la Denominación de Origen en el año 2019, que ascienden a 47,4 millones de litros, la cifra resultante de venta de vinos criados sería de 29,7 millones de litros, que casi duplica la cifra declarada a la DO de 15,9 millones".

Vino no declarado

Es decir, que hay casi 14 millones de litros que se han comercializado como crianzas o reservas en el mercado por parte de las distintas bodegas más de los que realmente se ha declarado al Consejo Regulador y cuentan, por lo tanto, con su certificación.


 


 

El secretario se muestra contunde y concluye que "entre los datos declarados por el conjunto de operadores inscritos, en lo que se refiere a los vinos criados (crianza, reserva y gran reserva) y los datos de la consultora, existen diferencias muy significativas que indican, como ponen de manifiesto las cifran anteriormente expuestas, que habría vinos que han salido al mercado, bajo las indicaciones crianza, reserva y gran reserva, que han sido declarados a la Denominación de Origen de Valdepeñas como vinos embotellados sin mención de envejecimiento".

Por tanto, asegura que "cabe suponer que ha existido un incumplimiento de lo establecido en la Ley del Vino y en el pliego de condiciones de la DO Valdepeñas, sobre los periodos de envejecimiento".

En el informe del secretario de la denominación de origen se explica, asimismo, que de la cifra de ventas declarada por el conjunto de operadores, que asciende a 47,4 millones de litros, hay 28,6 millones que corresponden al mercado interior y 18,8 millones litros al mercado exterior (datos recogidos en la memoria pendiente de aprobación). "Por lo que respecta a los vinos criados, la cifra declarada es 15,9 millones litros, que representa el 33,68% sobre el total de vinos comercializados, cifra que supone un incremento del 172,54% sobre el porcentaje de vinos criados comercializados en el año 2018", asegura Cruz Lérida.

Tras varias denuncias presentadas por el grupo bodeguero García Carrión y las organizaciones agrarias, la Fiscalía de Ciudad Real dio traslado mediante un escrito a la Audiencia Nacional en el que se asegura que "durante la investigación preprocesal se ha podido acreditar que las irregularidades que se denuncian no sólo han podido ser cometidas por el operador directamente denunciado, D. Félix Solís o sus bodegas o empresas de comercialización" y que "los expedientes de investigación de la Consejería de Agricultura han puesto de relieve que se dan irregularidades en más bodegas".

Ahora, es así la Fiscalía de la Audiencia la que ha abierto una investigación para esclarecer si Félix Solís, dueño de la marca Viña Albali, y otras bodegas han estado vendiendo vino joven como si fuera en realidad crianza, reserva o incluso gran reserva.

El problema de fondo, según García Carrión, es que en lugar de contraetiquetados, se están utilizando tirillas genéricas de tinto, lo que "está permitiendo, sin control ni trazabilidad por parte de la Asociación Interprofesional de la Denominación de Origen ni de la Administración, una práctica fraudulenta en la comercialización de vinos criados bajo la D.O. de Valdepeñas de los operadores denunciados", todos ellos, dicen, agrupados en la asociación Asevivaldepeñas.

La empresa que preside José García Carrión está reclamando ahora la realización de auditorías judiciales, para esclarecer el fraude y, de hecho ha presentado también una denuncia ante la Audiencia.

47) LIDL
Gironde: accusé d'avoir volé de fausses étiquettes sur des milliers de bouteilles de vin

En 2015, des magasins Lidl d'Allemagne et des Pays-Bas ont vendu des vins français dont les appellations se sont révélées fausses. Au total, 31 200 bouteilles sont concernées. Lundi 12 octobre, le tribunal correctionnel de Bordeaux a tenté de faire la lumière sur cette affaire.

Par Le Dauphiné Libéré (avec NG) - 13 oct. 2020
 
 

À l'origine de cette affaire, une société qui achète des lots de vin afin de les revendre, et qui aurait pris quelques libertés avec l'étiquetage de certaines bouteilles. Un client voulant du « graves 2012 », deux lots lui ont été vendus. Le premier était en fait un mélange de graves 2012 avec un mauvais graves 2013 que la société avait du mal à écouler. Le vin du deuxième lot, étiqueté comme un graves, était en fait un bordeaux.

 

Deux complices à la barre

L'accusé n'a pas nié les faits et a plaidé coupable. À ses côtés, dans le box des accusés, l’ancien propriétaire d'une société de stockage est aussi poursuivi pour complicité. Il est accusé d'avoir collé les fausses étiquettes sur le premier lot et d'avoir vendu le second lot au client par le biais d'une entreprise tierce, ce qu'il nie en bloc.

Pour sa défense, son avocate a pointé du doigt un « dossier vierge de preuves irréfutables ». Mais comme le précise Sud Ouest, certaines « coïncidences » ne plaident pas en sa faveur, comme les 45 000 bouteilles de vin qu'il aurait vendues alors qu'il n’en avait acheté que 40 000. Le parquet a requis contre les deux hommes des amendes avec sursis. Le jugement a été mis en délibéré.

48) Bordeaux, Ducru-Beaucaillou et Lagrange, 2021

Les châteaux bordelais Ducru-Beaucaillou et Lagrange condamnés pour fraude

Par La rédaction de larvf.com

Mis à jour le 13/01/2021 à 17:04

 

Les directeurs ont été condamnés à 30.000 euros d'amende dont 20.000 avec sursis.

 

Deux grands noms de Saint-Julien-Beychevelle, dans le Médoc, la SA Ducru Beaucaillou et la SA Château Lagrange, ont été condamnés début décembre à de fortes amendes pour fraudes par le tribunal de Bordeaux lors d'une procédure de "plaider coupable".

 

Ducru-Beaucaillou est condamné à une amende de 300.000 euros dont 150.000 avec sursis pour pratiques commerciales trompeuses. Il lui est reproché d'avoir commercialisé en 2016 comme issu d'un vignoble spécifique, avec vinification séparée, un "Château Lalande-Borie", qui n'existe plus aujourd'hui, précise le journal Sud-Ouest en citant le château.

Château Lagrange est condamné à 300.000 euros d'amende dont 200.000 avec sursis pour falsification, utilisation frauduleuse d'une AOP et tromperie. Il était accusé d'avoir procédé en 2012 à des mélanges illicites d'appellations Haut-Médoc et Saint-Julien, dus selon le château à un logiciel inadapté, et qui ne concernaient pas le premier cru, ajoute le quotidien.

Les directeurs ont été condamnés à 30.000 euros d'amende dont 20.000 avec sursis.

 

Source : la RVF et AFP

49) Guillaume Ruckwaert

Guillaume Ryckwaert : l’escroc du vin en difficulté financière ?
Le négociant français Guillaume Ryckwaert, désormais à la tête des sociétés GR Participations et Westend Investment, est soupçonné par la police française d’être à la tête de la plus vaste escroquerie au vin jamais réalisée en France.

C’est à l’occasion d’un banal contrôle fiscal que les inspecteurs de la DGCCRF repèrent la combine. Ils multiplient les tests sur le vin et découvrent ce qu’ils qualifient « d’escroquerie géante ».

D’après l’enquête, relayée par le Parisien, Guillaume Ryckwaert aurait écoulé, « entre octobre 2013 et juin 2016, 200 000 hectolitres de faux côtes-du-rhône et côte-du-Rhône villages (soit l'équivalent de 26,6 millions de bouteilles !). » Derrière les étiquettes frappées de l'AOC - vendues notamment à Carrefour et aujourd'hui retirées des rayons - se cachait du vin de table bon marché. Idem avec 10 000 hectolitres de faux AOP Chateauneuf-du-Pape (soit 1,3 million de bouteilles). Au total, selon le rapport annuel de la DGCCRF, « la fraude porterait sur plus de 480 000 hectolitres de vin, soit l'équivalent de 13 piscines olympiques, et 15 % de la production de côtes-du-Rhône ».

Il risque aujourd’hui deux ans de prison et 300 000 euros d’amende, sachant que la justice pourra décider de réévaluer le montant à la hausse.

Plus récemment, on apprend que Guillaume Ryckwaert (et sa société GR Participations) aurait des difficultés à honorer ses factures à l’égard de certains de ses fournisseurs, bien décidés à ne pas se faire escroquer à leur tour. Des difficultés de trésorerie qui, si elles devaient perdurer, pourraient faire monter encore la pression sur le négociant relocalisé à Londres. Au risque de lui couper les ailes dans ses velléités de rebond.

50) Italie. Dénonciation d'une vaste fraude portant sur des vins de table (21 mars - 3 avril 1986)

Le 21 mars 1986, le ministère ouest-allemand de la Santé met en garde les consommateurs contre plusieurs vins italiens contenant de l'alcool méthylique (méthanol), qui ont causé la mort de trois personnes et quarante intoxications en Italie.

Le 22, deux viticulteurs du Piémont sont arrêtés et inculpés d'homicide volontaire et de violation des normes sur la préparation du vin.

Le 24, tandis que le nombre des victimes s'élève à sept, la cargaison d'un navire-citerne italien en provenance de Bari est mise sous séquestre à Sète, où 4 000 hectolitres de vin frelaté au méthanol sont saisis chez plusieurs négociants importateurs. Dans les jours qui suivent, 75 000 hectolitres de vins italiens de dix-neuf navires sont placés sous surveillance douanière à Marseille et à Sète.

Le 3 avril, le bilan des victimes s'élève à plus de quinze morts en Italie. La fraude touche plusieurs régions d'Italie, et dans toute l'Europe les contrôles se multiplient sur les vins italiens. L'affaire du « vin qui tue » prend l'allure d'une véritable catastrophe nationale, car l'Italie est le premier producteur de vin du monde en volume, et ses exportations lui ont rapporté près de 10 milliards de francs en 1985.

Source : http://www.universalis.fr/evenement/21-mars-3-avril-1986-denonciation-d-une-vaste-fraude-portant-sur-des-vins-de-table/

51) Autriche. Le scandale du vin autrichien frelaté au diéthylène-glycol, 1985

Vienne. - Le scandale du vin autrichien frelaté au diéthylène-glycol, un produit chimique utilisé dans la fabrication de l'antigel, a pris une ampleur gui a, d'ores et déjà, dépasse les pires inquiétudes des responsables autrichiens. Le ministère de la santé a publié, mercredi 24 juillet, une liste - non exhaustive - de cent quarante et un vins frelatés provenant de quarante-six producteurs susceptibles d'être dangereux pour la santé. Dix viticulteurs ont été arrêtés. Quarante procédures judiciaires sont actuellement en cours. Au total, quelque 5 millions de litres de vin frelaté ont été saisis en Autriche, sans parler des milliers d'hectolitres de vin qui seront retournés aux viticulteurs autrichiens par les importateurs étrangers. Le vin autrichien a été pratiquement retiré de la vente dans toute l'Europe, ainsi qu'aux États-Unis, au Canada et au Japon.

Un "sommet de crise" ayant réuni mercredi 24 juillet à Vienne des représentants d'Interpol, des autorités judiciaires et de la santé doit permettre une meilleure coordination des enquêtes en Autriche et à l'étranger.

Jeudi, les services autrichiens chargés des analyses de vin ont découvert une concentration de 48 grammes de diéthylène-glycol par litre - la dose la plus importante jamais découverte - dans un vin de la maison Sautner de Gols, dans le Burgenland, dont le directeur est en prison. Le ministère de la santé a particulièrement mis en garde la population contre la consommation de vins de ce producteur. Selon les experts de la santé, un taux de 14 grammes de diéthylène-glycol peut être mortel pour les personnes à santé fragile.

Sans parler des conséquences désastreuses du scandale pour la réputation des vins autrichiens et l'existence des quelque cinquante mille viticulteurs autrichiens, qui produisent chaque année environ 3 millions d'hectolitres, les responsables autrichiens se voient confrontés à une autre question d'une brûlante actualité : que faire de cette énorme quantité de vin empoisonné? Il n'est pas question, selon les experts des eaux, de déverser le liquide dans le système de canalisations public, du fait de l'insuffisance des capacités des stations d'épuration, en particulier, dans les petites localités. Le déversement de grandes quantités d'alcool dans les égouts provoquerait un déficit en oxygène dont ont besoin les micro-organismes des stations d'épuration qui absorbent les saletés des eaux domestiques, expliquent les experts de l'Institut pour la qualité des eaux de Vienne.

Source : https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/07/29/comment-s-en-debarrasser_2737864_1819218.html

52) Saint-Brieuc : Il achetait la bouteille de vin 1,50 euro et la revendait au prix d’un grand cru

ESCROQUERIE L'homme ciblait les personnes âgées et vulnérables

20 Minutes avec agence

Le tribunal de Saint-Brieuc ( Côtes-d’Armor) a rendu son verdict jeudi dernier dans une affaire d’escroquerie dont les faits se sont étalés entre 2006 et 2010, rapporte Le Penthièvre.

Au cours de cette période, le prévenu, âgé de 60 ans aujourd’hui, avait escroqué des dizaines de personnes en faisant passer pour des grands crus des bouteilles de vin achetées 1,50 euro au supermarché Metro. Il a été condamné à trois ans de prison ferme.

Abus de faiblesse

L’escroc, avec l’aide de sa compagne qui s’était occupée du démarchage, n’avait ciblé que des personnes vulnérables, toutes âgées entre 70 et 90 ans, et pour certaines handicapées. Les bouteilles leur étaient facturées entre 450 et 700 euros le carton de six. Un bon de commande sans délai de rétractation était établi, tandis que l’argent était directement encaissé.

Le prévenu était absent lors de l’audience, car atteint du Covid-19. Son casier comporte déjà douze condamnations pour diverses autres affaires d’escroquerie en Bretagne, dans le Nord de la France et en Belgique. C’est sa présence régulière dans cet autre pays qui avait rendu sa localisation difficile auprès des enquêteurs. En plus de la peine de prison, l’homme devra également payer 24.500 euros de dommages et intérêts auprès des victimes encore vivantes.
Source : 20minutes.fr

53) Bordeaux : Un négociant condamné à un an de prison ferme dans une affaire de fraude au vin

JUSTICE La fraude concerne plus de 600 hectolitres de vin qui étaient stockés à Cadillac (Gironde) sous des appellations ou des millésimes qui n’ont pu être justifiés

20 Minutes avec AFP

Publié le 01/12/21 à 08h38

 

La fraude, qui remonte aux années 2014 et 2015, portait sur plus de 600 hectolitres, soit plus de 80.000 bouteilles. Un négociant du Bordelais a été condamné fin octobre en appel, à un an de prison pour « tromperie » et « utilisation frauduleuse d’appellation d’origine protégée », selon un arrêt de la cour d’appel de Bordeaux.

Vincent Lataste, exploitant viticole et négociant à Cadillac (Gironde), devra également s’acquitter d’une amende de 30.000 euros dont 20.000 avec sursis alors que sa société de négoce, Awesome (anciennement Séquoia), a été condamnée à une amende de 100.000 euros dont 50.000 avec sursis.

 « D’importantes différences » entre les stocks déclarés et les volumes réellement détenus 

La fraude concerne du vin qui était stocké à Cadillac sous des appellations ou des millésimes qui n’ont pu être justifiés, avec notamment « d’importantes différences » entre les stocks déclarés et les volumes réellement détenus en vrac par la société de Vincent Lataste.


 

En première instance, il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Bordeaux à six mois de prison pour « falsification », « tromperie » et « utilisation frauduleuse (…) d’une appellation d’origine » portant sur environ 900 hectolitres de vin.

Dans son arrêt, la cour d’appel l’a relaxé du chef de falsification et d’une petite partie des accusations de tromperie, mais a alourdi sa peine de prison ainsi que l’amende de sa société, et a confirmé les dommages-intérêts à verser aux cinq parties civiles (Confédération paysanne de la Gironde, Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux, Fédération des grands vins de Bordeaux, la Fédération des négociants de Bordeaux et Libourne, l’INAO), des sommes allant de 1.000 à 8.000 euros.

Déjà condamné dans une affaire de fraude au « vin de lune »

Vincent Lataste avait déjà été condamné en 2016 à 18 mois de prison avec sursis pour avoir servi d’intermédiaire dans une vaste fraude au « vin de lune », un mélange illégal de vins transporté habituellement de nuit.


 

« S’il n’a pas agi en état de récidive », notent les juges d’appel dans leur arrêt, « il a néanmoins réitéré un même comportement frauduleux dans le cadre de son activité de négoce ; la multiplicité des faits dont il s’est rendu coupable et son absence d’amendement rendent indispensable le prononcé d’une peine d’emprisonnement, toute autre sanction apparaissant manifestement inadéquate ».

La cour a par ailleurs ordonné l’aménagement de sa peine.

54) Bordeaux (juillet 2022)
Escroquerie au vin : carton rouge pour des falsificateurs de grands crus

Auteur : Pablo Agnan - publié le 2 juillet 2022

 

 

Une vingtaine d’individus ont été interpellés fin juin par les gendarmes aquitains. Mis en examen pour tromperie sur la marchandise et d’autres chefs d’accusation, ils sont suspectés d’avoir vendu des milliers de bouteilles de Bordeaux qui contenaient en réalité un vin bas de gamme provenant d’un autre terroir.

La supercherie apparaît par hasard aux yeux des enquêteurs en septembre 2021. Alors qu’ils effectuent des perquisitions dans le cadre d’une affaire de trafic de stupéfiants, ils tombent sur du matériel nécessaire à la contrefaçon de bouteilles de vin, telles des matières sèches et autres fausses étiquettes au nom de domaines viticoles.

Un mois plus tard, une de ces contrefaçons est détectée dans le secteur de la Flèche, commune située dans la Sarthe. Pour les limiers de la gendarmerie, ces deux faits sont liés. Ils sont d’ailleurs corroborés par un signalement effectué plus tôt dans l’année par le propriétaire d’un château dans le Médoc. Ce dernier avait constaté une contrefaçon de son vin et l’avait signalé aux militaires.

De la piquette dans des grands crus

Suite à ces découvertes, le parquet de Bordeaux décide d’ouvrir une enquête préliminaire en novembre 2021 du chef de tromperie sur la qualité du produit. Il confit le dossier au groupe d’enquête « atteintes au vin », une unité de la gendarmerie chargée de répondre aux atteintes subies par la filière vitivinicole du sud-ouest. En plus de ce groupe « Vins », le parquet co-saisit la Section de recherches (SR) de Bordeaux.

Bien lui en a pris au vu de l’ampleur de la fraude, révélée par les premières investigations. Le trafic porterait alors sur plusieurs centaines de milliers de bouteilles de vin de contrefaçon. Un trafic potentiellement organisé par le propriétaire d’un vignoble ayant le statut de négociant, installé dans le Médoc.


 

Si le volume de la fraude paraît impressionnant, l’escroquerie mise sur pied par le viticulteur était en réalité plutôt simple. Sa combine consistait à vendre des bouteilles étiquetées aux noms de prestigieux châteaux bordelais à des tarifs défiant parfois toute concurrence. Sauf qu’à l’intérieur, ne se trouvait par un grand cru, mais des vins bas de gamme, provenant la plupart du temps de terroirs assez éloignés du Bordelais.

Pour distribuer sa marchandise, le négociant s’appuyait sur trois complices et sur tout un réseau de distributeurs officiels comme officieux, constitué de sociétés, de retraités, d’auto-entrepreneurs, qui s’étendait sur plusieurs départements.

Une escroquerie sans frontières

Face à tous ces éléments, une instruction est ouverte et confiée à un magistrat instructeur du tribunal judiciaire de Bordeaux. Sur commission rogatoire, les enquêteurs parviennent à établir que cette escroquerie, liée à la qualité du vin, n’est pas que locale. Elle toucherait également la grande distribution, qui aurait commandé plusieurs milliers de bouteilles. Ces grands crus factices seraient même vendus dans des pays étrangers, grâce au soutien d’intermédiaires se livrant à des manipulations illégales.

Des investigations poussées permettent d’identifier avec davantage de précisions ce réseau de revendeurs. On ne parle pas de vente sous le manteau, mais bien de livraisons de vins contrefaits par palettes entières, et ce, sur plusieurs départements.

Un trafic estimé à plusieurs centaines de milliers de bouteilles

L’argent généré par ce trafic aurait servi à alimenter le train de vie des principaux mis en cause. Une partie des bénéfices engendrés a été blanchie grâce aux financements de travaux de rénovation, en recourant à de la main d’œuvre irrégulière, payée en numéraire.

Fin juin, le parquet considère que les preuves sont suffisamment accablantes pour passer à l’action. Le lundi 27, une opération judiciaire de grande ampleur est menée à la fois dans le Médoc et aussi dans sept autres départements. Elle mobilise une centaine de militaires, issus du groupement de gendarmerie départementale de la Gironde, des enquêteurs de la SR de Bordeaux et du groupe « Vins », ainsi que d’autres gendarmes affectés dans divers groupements.

Sur la vingtaine d’objectifs visés, 11 ont été placés en garde à vue et neuf auditionnés sous le statut de mise en cause. Les perquisitions, menées dans le cadre de l’opération, permettent de saisir une dizaine de véhicules, un stock important de vin contrefait, du matériel informatique, des téléphones portables, des documents et enfin du numéraire.

Du côté des mis en cause, trois d’entre eux, dont le principal instigateur, ont été présentés devant le magistrat instructeur le 29 juin. Ils ont été mis en examen pour tromperie sur la marchandise, escroqueries en bande organisée, blanchiment et falsification de denrées alimentaires. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec l’obligation de verser des cautionnements allant de 20 000 à 50 000 euros. L’enquête, elle, est toujours en cours, notamment pour évaluer l’ampleur de l’escroquerie. Mais selon le parquet, elle est estimée à plusieurs centaines de milliers de bouteilles.


Source : https://www.gendinfo.fr/enquetes/2022/escroquerie-au-vin-carton-rouge-pour-des-falsificateurs-de-grands-crus

À "40 % mélangé", le vin de Bordeaux reprend un petit coup de j'arnaque
Le mensuel Que Choisir consacre un long dossier aux fraudes entachant la réputation du vignoble français. Un best-of d'affaires judiciaires qui se concentre essentiellement sur la Gironde, une cible assez habituelle, en ajoutant le soupçon de "l’arbre qui cache une forêt de trafics".
Par Alexandre Abellan Le 26 septembre 2022
 
L’UFC Que Choisir souhaite une bonne foire aux vins d’automne à tous les producteurs de Bordeaux. Daté d’octobre, son dernier numéro consacre 8 pages à « la grande foire des fraudes », avec une enquête « dans les coulisses de la filière viticole. Un monde opaque qui cache de lourds secrets. » Mouillages, coupages et autres falsifications sont passés en revue avec l'évocation d'affaires venant de Bourgogne (deux sont citées) et, surtout, de Bordeaux (dix dossiers évoqués). Parmi les affaires judiciaires ayant animé les tribunaux de Bordeaux et de Libourne ces dernières années, que choisir ?

L’UFC opte pour une liste à la Prévert, de l’attaque pour dénigrement remportée par le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) contre les commentaires d’analyses de résidus phytos de la figure antipesticides Valérie Murat (qui doit régler 125 000 € pour se porter en appel) aux condamnations du vigneron Hervé Grandeau (l'amenant à quitter la présidence de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux, FGVB), en passant par les arrêts contre les Grands Vins de Gironde (GVG) et contre Vincent Lataste (allant en cassation). Sans oublier le dossier, à l’arrêt, des fraudes de la négociante Yanka Ferrer (révélé par Vitisphere et non la Confédération Paysanne comme le rapporte l’UFC Que Choisir*), mais aussi un récent démantèlement de fraudes aux vins d'Espagne dans le Médoc et même l’historique affaire à chausse-trappe Robert Geens… S’il manque les tribulations judiciaires du classement 2012 des grands crus de Saint-Émilion ou les rebondissements des Crus Bourgeois du Médoc, les marques domaniales sont bien citées avec l'exemple du Bordeaux de Maucaillou. Un vrai menu maxi best of...

 

Focale bordelaise

Copieux, ce recueil d'affaires connues décape le lustre des vins de Bordeaux. Ce qui n'est pas une première pour Que choisir. De quoi alimenter les récriminations des opérateurs bordelais, qui se plaignent souvent d'être le centre de toutes les mauvaises intentions médiatico-judiciaires. Ces dernières se focalisant rapidement sur le premier département viticole national, quand les autres vins français seraient moins souvent visés. Ayant défrayé la chronique, les affaires Raphaël Michel en vallée du Rhône ou Jean Albrecht en Alsace dissipent cependant cette odeur de souffre-douleur. Pour Bordeaux, ces « procès à répétition [sont] relatés fidèlement par le journal Sud-Ouest – alors que dans d’autres régions la presse est moins attentive » juge pour sa part le consultant Franck Dubourdieu dans une récente tribune. De son côté, le service bordelais de la Répression des Fraudes a toujours indiqué ne pas être plus intransigeant en Gironde qu'ailleurs.

S’il n’y a pas de grandes révélations dans le dossier Que choisir, des allusions lui donnent une autre dimension. « Les fraudes dévoilées ces dernières années sont-elles l’arbre qui cache une forêt de trafics ? » posent les journalistes Arnaud de Blauwe et Pascale Barlet, qui s’appuient sur des échanges avec l’ancienne présidente de la quatrième chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Bordeaux, Caroline Baret, qui est désormais retraitée et estime, sans doute d’après l’ampleur des dossiers qu’elle a vu passer, qu'« à [son] avis, environ 40 % du vin de Bordeaux est mélangé ». Autre sous-entendu sans fondement, celui de conflits d’intérêts dans la filière vins. Dans une pirouette, les journalistes rapportent qu’« après plusieurs mois d’enquête, nous avons le sentiment d’avoir seulement effleuré le sujet. Il mériterait que l’on noue d’autres contacts, que l’on approfondisse les recherches… Et que l’on vérifie, aussi, ces affirmations selon lesquelles certaines personnes haut placées se trouveraient en plein conflit d’intérêts. »

Déconstruisant l’image d’Épinal de la filière vin, le dossier conclut que « cette opacité du secteur reste ignorée du consommateur. Dans les rayons, le prix n’étant pas un indicateur de qualité fiable, le client ne se fie qu’à l’étiquette collée sur la bouteille pour faire son choix. Or, tout comme l’habit ne fait pas le moine, l’étiquette ne fait pas le vin. » L’UFC Que Choisir souhaite une bonne foire aux vins d’automne à tous les producteurs de Bordeaux.

Commentaire : la fraude la plus répandue et la plus facile en oeuvre est la fraude à l'origine. Le seul responsable en est le consommateur qui achète de l'étiquette et non un produit pour son goût ou sa qualité. Cette fraude est rémunératrice et, en France, très faiblement sanctionnée : les amendes représentent entre un et dix pour cent des bénéfices frauduleux réalisés. Les peines de prison sont rares et, la plupart du temps, assorties de sursis.

56) BORDEAUX (octobre 2022)

Fraude aux vins : les millions de bouteilles de vin de France étaient en réalité du vin d'Espagne

De France Bleu Gironde , France Bleu La Rochelle , France Bleu

Jeudi 27 octobre 2022 à 2:20

Par Jules Brelaz

Le procès d'un important trafic de vin s'ouvre ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Plusieurs négociants girondins et charentais sont sur le banc des prévenus.

Soupçonnés d'une fraude aux vins de grande ampleur, cinq négociants et transporteurs de Gironde et de Charente comparaissent ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Ils auraient importé l'équivalent de millions de bouteilles de vin bas-de-gamme en provenance d'Espagne avant de revendre la marchandise sous des étiquettes françaises, voire parfois d'AOC du vignoble bordelais. Le préjudice se chiffrerait en millions d'euros.

 

"C'est une affaire très conséquente", prévient d'emblée une source proche du dossier jointe par France Bleu Gironde. Dans leur enquête menée entre 2016 et 2019, la répression des fraudes (Dreets), les douanes et la police estiment que 35.000 hectolitres de vin, soit 4,6 millions de bouteilles, ont ainsi été frauduleusement vendus en France. 

D'après ces investigations, un négociant girondin ayant pignon sur rue commandait la marchandise en Espagne. Les citernes de vins étaient ensuite acheminées dans le Sud-Ouest par un transporteur situé en Charente. Une troisième société de courtage se chargeait alors de maquiller les documents de transport afin que le rouge produit sous les Pyrénées devienne, comme par magie, du vin français

Un circuit parallèle de fraude aurait en outre permis d'affubler plusieurs milliers de bouteilles d'AOC prestigieux tels que Saint-Emilion ou Pomerol. Les douanes réclament quatre millions d'euros de pénalité aux prévenus, soit le montant de la marchandise contrefaite.

Sollicités par France Bleu, les avocats des prévenus n'ont pas souhaité commenter ces accusations, affirmant réserver aux juges leurs explications. Seule la représentante du transporteur et assembleur charentais, maître Bénédicte Bertrand a accepté de s'exprimer. "Mon client est plus que le gros pigeon puisqu'il a vendu du vin espagnol et c'est la personne à qui il l'a vendu qui a transformé ce vin espagnol en vin français. Si vous rentrez dans une quincaillerie et que vous achetez un marteau pour aller défoncer la tête de quelqu'un, le quincailler qui vous vend le marteau, il ne sait pas ce que vous allez en faire !"

Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/fraude-aux-vins-les-millions-de-bouteilles-de-bordeaux-etaient-en-realite-du-vin-d-espagne-1666804449

Prison ferme requise à Bordeaux pour trafic de vin : "Une tromperie absolument indigne, surtout ici"

Bordeaux France Bleu Gironde, France Bleu La Rochelle, France Bleu

Vendredi 28 octobre 2022 à 3:19 - Mis à jour le vendredi 28 octobre 2022 à 7:30

Par Jules Brelaz


 

Cinq négociants et transporteurs étaient jugés ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir importé l'équivalent de 4,6 millions de bouteilles de vins d'Espagne qu'ils revendaient ensuite comme du vin de France voire même comme des Margaux ou Saint-Julien.

 

Une tromperie « absolument indigne » selon la procureur de la République qui a requis jusqu’à deux ans de prison ferme pour « les deux chevilles ouvrières de la fraude ». © Maxppp - Alex Baillaud

De la prison ferme requise à Bordeaux pour trafic de vin ! Cinq négociants et transporteurs, originaires de Gironde et de Charente, ont comparu jeudi jusque tard dans la nuit devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Ils sont soupçonnés d'avoir importé l’équivalent de 4,6 millions de bouteilles de vin-de-table espagnol qu’ils revendaient ensuite comme du vin de France, de Bordeaux et même sous de fausses appellations d’AOC St-Emilion ou Pomerol. Les documents de transport douaniers étaient falsifiés. L’affaire aurait rapporté plusieurs millions d’euros entre 2014 et 2016. Une tromperie "absolument indigne" selon la procureur de la République qui a requis jusqu’à deux ans de prison ferme à l'encontre "des deux chevilles ouvrières de la fraude" (détail des réquisitions ci-dessous). Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 26 janvier prochain.

Une fraude sur 34.587 hectolitres de vin, "un record absolu dans la région"

Dans cette affaire renvoyée une première fois en février 2022, les chiffres donnent le tournis. Selon les enquêtes menées entre 2016 et 2019 par la brigade des vins de la Dreets (Répression des fraudes) et les douanes, "la tromperie sur l'origine caractérisée" porte sur 131 camions citernes, 34.587 hectolitres de vin, soit l'équivalent de 4,6 millions de bouteilles. "C'est un record absolu dans la région, un schéma frauduleux à l'échelle industrielle", selon Maître Frédéric Georges, avocat de la Fédération des grands vins de Bordeaux, partie civile au procès. 

Appelée à la barre du tribunal, l'une des enquêtrices de la Répression des fraudes (ex-Direccte) explique par quel "tour de passe-passe" le vin acheté en Espagne se transformait en vin de France. "Il y avait émission de faux documents administratifs électroniques". Ces fameux DAE, ainsi que la double facturation et comptabilité matière des prévenus ont été longuement décortiqués, "un travail de fourmis" salué par le parquet.

 

L'épais dossier d'instruction de l'affaire de trafic de vin jugée jeudi 27 octobre devant le tribunal correctionnel de Bordeaux © Radio France - Jules Brelaz

"Ces prévenus ne sont que des lampistes"

A la différence du ministère public, les quatre avocats de la défense qualifient l'affaire de "fourberie", la procédure de "Moyen-Age judiciaire" et l'instruction "de magma incompréhensible". A la lecture des procès verbaux d'auditions, les robes noires s'insurgent contre "des agents de la Direccte qui se prennent pour des OPJ. De qui se moque-t-on ?" 

"Les droits de la défense n'ont pas été respectés"

Lorsqu'en début d'audience, ils plaident en vain la nullité de la procédure, les avocats rappellent "le délai déraisonnable" entre la commission des faits  et la date du jugement, entre six et huit ans. "On ne peut que regretter le délai pour ce procès", reconnaît-on sur le banc des parties civiles. 

Le "fond de sauce du dossier", la crise climatique

"Je garde le silence". Chacun des prévenus a choisi de ne pas répondre aux questions du tribunal. Mais la lecture des procès verbaux de leurs auditions devant la Répression des fraudes ou les services des douanes a permis d'éclairer leurs motivations. Ainsi, le 5 juillet 2016, Michel Gilin, commercial des Celliers vinicoles du Blayais (CVB), raconte la genèse du trafic. Tout commence en 2013, cette année-là "a été terrible au niveau de la production, les demandes de vin étaient les mêmes donc nécessairement, ça a été compliqué", indique son avocat Maître Lucas Tabone. 

Face à la crainte de ne pas pouvoir honorer les commandes, le négociant de CVB se rapproche d'un courtier de St-Loubès, Jean-Sébastien Laflèche. Décision est prise d'importer du vin bas-de-gamme d'Espagne. Un transporteur charentais, Trans BBP, se charge des 131 camions citernes qui vont être acheminés dans le Sud-Ouest. Les négociants auraient ensuite maquillé les titres administratifs de transport pour franciser la marchandise. "Mes clients, la Sarl Branchereau et TransBBP, ont transporté et livré du vin espagnol à CVB, c'est après la livraison que le vin a subi une modification", insiste l'avocate Bénédicte Bertrand.

Une affaire qui écorne l'image du monde du vin

Partie civile au procès, la Fédération des négociants de Bordeaux et Libourne déplore "le discrédit jeté sur la profession des négociants". Représentant également le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, l'avocate Manon Rava estime que l'affaire porte "atteinte aux intérêts collectifs du CIVB"

A l'instar de la Fédération des grands vins de Bordeaux, la Confédération paysanne, également partie civile, parle d'une "atteinte grave à l'image du vin et à la confiance du consommateur". "Les paysans viticulteurs sont des victimes directes de ce type de pratiques", affirme Maître Frédéric Georges. "On fait passer du vin d'Espagne pour du vin de France ou de l'AOC, c'est une manipulation qui finit par rejaillir sur l'image de toute une corporation".

"Le particulier qui achète son vin de table, qu'il vient d'Espagne ou de France, la première chose qu'il regarde, c'est le prix, ce n'est pas nécessairement la qualité", répond Maître Sophie Benayoun, avocate de Jean-Sébastien Laflèche. Vous avez les grands barons du vin de Bordeaux qui viennent vous parler d'un préjudice quand on vend du vin de table ? Non mais je rêve !"

Face à la pléthore de parties civiles et aux montants des dommages et intérêts réclamées (plusieurs dizaines de milliers d'euros), un autre avocat de la défense ironise. Représentant de Fabien Figerou, Maître Benoît Ducos-Ader estime que les syndicats et fédérations viticoles sont surtout là pour remplir "leurs caisses de trésoreries".

Les réquisitions dans le détail

Après six heures d'audience, la procureur de la République a requis cinq ans de prison dont deux ans ferme à l'encontre de Michel Gilin, ancien commercial de Celliers vinicoles du Blayais (CVB), aujourd'hui filiale du géant Vignerons de Tutiac, basé à Civrac. 

Une peine identique a été requise pour Jean-Sébastien Laflèche, patron de Défivin, une société de négoce située à Saint-Loubès, près de Bordeaux.  Le ministère public a également réclamé pour les principaux prévenus 200.000 euros d'amende dont 100.000 euros avec sursis assorti d'une interdiction de pratiquer le négoce de vin pendant cinq ans. 

Un an d'emprisonnement avec sursis et 30.000 euros d'amende (dont 20.000 avec sursis) ont été requis à l'encontre de Daniel Banchereau, 74 ans, chef d'entreprise dans le négoce et l'assemblage des vins installé à Bellevigne en Charente. Une peine similaire est demandée pour Sylvie Bernard, la responsable administrative de la Sarl Banchereau et gérante de l'entreprise de transport TransBBP, basée en Charente. 

Aucune réquisition n'a été faite à l'encontre de Fabien Figerou, viticulteur et négociant à Bégadan dans le Médoc. Il n'est ni poursuivi pour tromperie ou faux mais pour omission dans sa comptabilité. Il aurait également mis à disposition ses chais aux autres prévenus, "pour rendre service"

L'ironie de l'histoire, comme le révèle le tribunal, est que ce vigneron a, lui-même, été victime du système de fraude, recevant du vin d'Espagne alors qu'il croyait acheter du vin de France. Sourire aux coins des lèvres, la procureur de la République se demande si le prévenu compte se constituer partie civile. Goûtant peu la remarque, l'avocat Benoît Ducos-Ader propose de rappeler à la représentante du ministère public "la situation financière" de son client.

L'administration des douanes réclame quatre millions d'euros de pénalités aux cinq prévenus. Le délibéré sera rendu le 26 janvier.

Source : https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/prison-ferme-requise-a-bordeaux-pour-trafic-de-vin-une-tromperie-absolument-indigne-surtout-ici-1666915683

Des négociants bordelais faisaient passer du vin espagnol pour du vin français : prison ferme

Des négociants et transporteurs étaient jugés devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir importé l'équivalent de 4,6 millions de bouteilles de vins d'Espagne qu'ils revendaient ensuite comme de prestigieux vins français.

Par Solina Prak

Publié le 28/10/2022 à 19h16


Une tromperie "absolument indigne". Tels sont les termes employés par la procureure de la République pour qualifier le trafic de vin qui a été démantelé à Bordeaux et dont les auteurs étaient jugés ce jeudi 27 octobre. Cinq négociants et transporteurs, originaires de Gironde et de Charente, ont en effet comparu devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, relate France Bleu Gironde, vendredi 28 octobre.

Ils sont soupçonnés d'avoir importé l’équivalent de 4,6 millions de bouteilles de vin de table espagnol qu’ils revendaient ensuite comme du vin de France, de Bordeaux et même sous de fausses appellations d’AOC Saint-Émilion ou Pomerol. La procureure a requis jusqu’à deux ans de prison ferme à l'encontre "des deux chevilles ouvrières de la fraude". Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 26 janvier prochain.

 

Grâce à des documents de transport douaniers falsifiés, ils auraient gagné plusieurs millions d'euros entre 2014 et 2016. Selon les enquêtes menées entre 2016 et 2019 par la brigade des vins et spiritueux de la Dreets (Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités) et les douanes, "la tromperie sur l'origine caractérisée" porte sur 131 camions-citernes, 34.587 hectolitres de vin. "C'est un record absolu dans la région, un schéma frauduleux à l'échelle industrielle", a estimé Frédéric Georges, avocat de la Fédération des grands vins de Bordeaux, partie civile au procès.

Tout aurait commencé en 2013, cette année "a été terrible au niveau de la production, les demandes de vin étaient les mêmes donc nécessairement, ça a été compliqué", indiquait en 2016 Lucas Tabone, l'avocat de Michel Gilin, commercial des Celliers vinicoles du Blayais (CVB). Face à la crainte de ne pas pouvoir répondre aux commandes, le négociant décide de se rapprocher d'un courtier de Saint-Loubès, Jean-Sébastien Laflèche. Les deux hommes décident alors d'importer du vin bas de gamme d'Espagne. Un transporteur charentais, Trans BBP, se charge ensuite des 131 camions-citernes qui vont être acheminés dans le Sud-Ouest. Enfin, les négociants auraient maquillé les titres administratifs de transport pour franciser la marchandise.

Source : https://www.capital.fr/economie-politique/des-negociants-bordelais-faisaient-passer-du-vin-espagnol-pour-du-vin-francais-prison-ferme-1450589

Un passe-passe "record" francisant 34 587 hl de vins en 2 ans

Marquante par ses volumes, l’affaire de fraudes étudiée par le tribunal bordelais repose sur des jeux de substitution de documents d’accompagnement entre un courtier, un négociant, un transporteur, un entrepositaire…

Par Alexandre Abellan Le 28 octobre 2022


 

Tous les avocats vous le diront : un prévenu n’a pas de pire ennemi que sa parole. En témoignent les cinq personnes comparaissant ce 27 octobre devant la quatrième chambre correctionnelle du Tribunal Judiciaire de Bordeaux. Formant un réseau efficace de francisation et de modification d’appellations de vins entre Charente, Blaye et Médoc de 2014 à 2016, les prévenus ont eux-mêmes donné les clés de leur fonctionnement et de leur accusation durant l’instruction. À charge, les procès-verbaux des Douanes et de la Direction Régionale de la Consommation (Direccte) sont remis en question par leurs défenses*, qui ont conseillé à leurs clients d’user de leur droit au silence durant l’audience pour protester.

Se basant sur les déclarations des uns et des autres lors de la procédure, la présidente Marie-Élisabeth Boulnois retrace deux triangles de fraudes alimentés par la difficulté d’approvisionnement en vins après la petite vendange 2013. Le premier triangle est celui la francisation de 34 587 hectolitres de vins espagnols en 2014 et 2015. Tout commence en Charente, où le négoce de Daniel Banchereau (basé à Monchaude) achète des vins espagnols qu’il envoie par le transporteur PPB, dirigé par Sylvie Bernard (également responsable administrative du négoce Banchereau), avec un Document d’Accompagnement Électronique (DAE) indiquant une expédition au négoce bordelais Defivin (basé à Saint-Loubés). Un DAE falsifié car, dans les faits, l’intermédiaire dirigé par Jean Sébastien Laflèche ne reçoit pas les vins, mais émet un autre DAE où le vin devient français pour être cédé aux Celliers Vinicoles du Blayais (CVB, à Civrac), où travaillait Michel Gilin (également courtier, dont l’épouse est coactionnaires de Defivin). Avec l’envoi de 130 camions citernes, l’opération représenterait un gain de 252 222 € d’après les calculs de la Direccte (avec 31 587 € de frais de courtage et 34 310 € de facture de transports).

Avec une usurpation frauduleuse d’AOC, le deuxième triangle transforme du vin en vrac générique en 204 600 bouteilles d’appellations bordelaises pour un bénéfice estimé à 825 879 €. Ce schéma part de CVB avec des expéditions fictives de vins de France/Bordeaux vers Defivin, qui bascule en réalité ces volumes sur d’autres appellations (Margaux, Saint-Julien, Montagne Saint-Émilion…) avec de nouveaux DAE et à destination des chais de Bégadanet (à Bégadan), géré par Fabien Figerou (où les mises sont réalisées). Le tout pour un commanditaire restant nimbé de mystère pendant l’audience : « monsieur Pasquet » résidant à Perpignan (Pyrénées-Orientales). Concrètement, la comparaison entre les stocks traçables et les ventes témoigne de l’ampleur des changements d’AOC. Ainsi, sur un stock initial de 9 269 bouteilles de Margaux en 2014 et 2015, Defivin a facturé 81 000 bouteilles, illustre la juge Élisabeth Boulnois, qui cite une déposition de Michel Gilin : « le mécanisme a été dicté par les circonstances. Peu importe l’approvisionnement, l’important était le chiffre d’affaires et la marge. »

Au total, les Douanes estiment à 1,252 million € la marge de ces circuits ayant trompé le consommateur final. « C’est indigne de professionnels du vin, surtout avec la réputation que tout le monde connaît du vin de Bordeaux, de procéder de la sorte. Et dans quelles quantités : 34 587 hl, 131 transports, tout ça sur deux ans! », tonne la procureure Nathalie Mathieu : « c’est tellement simple que ça rapporte beaucoup d’argent. Faire passer l’argent avant la conscience que l’on peut avoir de son travail est parfaitement inentendable pour le ministère public. »

Fortes réquisitions

S'ensuivent de fortes réquisitions. Pour les faux réalisés par le négoce/transporteur Daniel Banchereau et Sylvie Bernard sont requis contre chacun 1 an d’emprisonnement (assorti de sursis) et 30 000 € d’amendes (dont 20 000 € de sursis). Pour le pilotage de la fraude par le courtier Michel Gilin et le négociant Jean Sébastien Laflèche sont requis 5 ans d’emprisonnement (dont 3 ans de sursis), 200 000 € d’amendes (dont 100 000 € de sursis) et l’interdiction d’assurer une activité professionnelle en lien avec l’infraction (soit le négoce du vin). S’ajoutent à ces réquisitions des demandes douanières de pénalités s’élevant à plusieurs millions d’euros pour les diverses infractions (circulation irrégulière sans titre…) dans le cadre de la réglementation (sanctionnant au prix des marchandises chaque déplacement irrégulier).

Des peines et sommes déconnectées du dossier pour les avocats des prévenus, qui minimisent les marges dégagées, rappellent l’ancienneté du dossier et réfutent toute atteinte à l’image des vins de Bordeaux. « Quand j’entends dire que c’est scandaleux de tromper, je suis d’accord avec vous, madame la procureure, c’est dégueulasse » plaide maître Sophie Benayoun, la défense de Jean Sébastien Laflèche, déportant la faute sur les absents. « Est-ce que vous avez un seul des négociants qui ont acheté le vin** qui est partie civile ? Aucun ! Il n’ont rien à réclamer, ce qui laisse à penser que soit ils savaient, soit ils s’en fichaient » enfonce l’avocate, ajoutant que « comme souvent, vous n’avez devant vous que les lampistes. Vous avez demandé la confiscation de 3 000 hl à CVB, qui n’est pas dans la procédure. C’est extraordinaire. Il faut vous poser la question d’à qui tout cela bénéficie à la fin. À l’acheteur final, CVB. »

Limpidité initiale

« Monsieur Gilin a toujours dit avoir agi seul, de sa propre initiative. Il n’a jamais mis en cause ses responsables hiérarchiques dans la cave coopérative de Tutiac, qui est l’entité au-dessus de CVB » rappelle la présidente Marie-Élisabeth Boulnois. Des propos rappelant qu’à l’origine, le dossier était d’une limpidité presque totale. Laissant « un regret : dès le 5 juillet 2016 dans un procès-verbal d’audition de la Direccte, monsieur Gilin reprend par le menu très exactement les faits. La messe était dite. On ne peut que regretter que l’on soit 6 ans après sur ce dossier » note maître Audrey Téani, la défense de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO, constitué partie civile).

Défendant Fabien Figerou (« négligent », « qui rendait service »), Benoît Ducos-Ader critique pour sa part « cette cohorte de parties civiles qui viennent, pour la trésorerie de leurs syndicats, réclamer des sommes qui atteignent le prix de la mort d’un enfant ». Et de viser les demandes de versement d’un préjudice de 20 000 € aux cinq prévenus par le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et la fédération des négociants de Bordeaux et de Libourne (Bordeaux Négoce).

Des demandes fortes, reposant notamment sur l’ampleur inédite de ce dossier. Avec 34 587 hl, il s’agit d’un « record absolu dans la région au vu de l’historique (le plus fort était 6 100 hl il y a quatre ans) » pointe maître Alexandre Bienvenu, la défense de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (partie civile pour les atteintes aux AOC et vins de France). « Et à supposer même que certains PV de la Direccte passent à la trappe en raison de violation de droits de la défense, je crois que les faits parlent d’eux-mêmes. A ce niveau-là, quasi-industriel, il n’y a pas seulement quelques erreurs commises avec 130 camions citernes et des DAE tous faux » poursuit l’avocat.


 

« Il y a un problème de contrôle interne qui doit interroger les acteurs du vin en général » pose maître Frédéric Georges, la défense de la Confédération Paysanne (constituée partie civile), qui demande : « comment est-ce que l’on peut si facilement agir par faux-semblant et créer par magie du vin de France avec du vin espagnol, du vin AOC à partir de vin sans indication géographique ? Il est assez affligeant qu’il suffise d’un opérateur pour blanchir des vins en usant d’un logiciel de gestion. »

Jeu de loi du silence

Des questions qui s’écrasent sur le mur de silence des accusés, sauf quand le naturel l’emporte pendant les réquisitions. « Vous refusez de parler quand on vous le propose et quand madame le procureur commence ses réquisitions vous la coupez. C’est une attitude un peu particulière devant un tribunal » s'agace durant l’audience la présidente Marie-Élisabeth Boulnois, rappelant aux prévenus qu’ils peuvent avoir le dernier mot à l’issue de l’audience. Une possibilité déclinée par les cinq prévenus.

Délibéré le 26 janvier 2023.

*: Soulevant des exceptions de nullité pendant deux des six heures d'audience, les avocats des cinq prévenus critiquent les délais de la procédure (ouverte en 2016 pour un délibéré en 2023) et les conditions d’audition par l’administration (pour la répression des Fraudes et les Douanes). « La lenteur de la justice joue contre les droits de la défense » pour maître Sophie Benayoun, qui souligne la difficulté à réunir des pièces plusieurs années après les faits. L’avocate attaque également le manque de cadre légal des interrogatoires administratifs : « il faut que l’on arrête d’être les dociles serviteurs de procédures malmenées et que l’on arrête de faire croire à ces gens que leur travail est formidable, qu’ils ont droit à des félicitations parce qu’ils sont très contents de venir devant le tribunal ». Que l’administration, via la Direccte et les Douanes, mène des interrogatoires tient du « Moyen-Âge procédural » pour maître Benoît Ducos-Ader, pour qui le non-respect du contradictoire est aggravé par l’inintelligibilité des citations à comparaître. Le tribunal a joint les exceptions au fond. Si les avocats de la défense estiment que le fondement de cette affaire est nul par la nullité des PV, le parquet et les Douanes répliquent que la procédure s’est déroulée normalement (d’abord une enquête administrative, puis des investigations judiciaires). Et d’ajouter que les falsifications de factures et documents d’accompagnement restent la base factuelle de cette affaire (déclenchée suite à des irrégularités repérées par l'administration).

 

 **: Parmi les victimes on trouve Boisset, Constellation Brands, les Grands Chais de France...

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-97901-un-passe-passe-record-francisant-34-587-hl-de-vins-en-2-ans.html

 

BIS REPETITA PLACENT

Rien ne change. Paul Bert décrivait parfaitement la technique de la fraude en 1975 dans son livre "In vino veritas". Seul le consommateur, qui n'achète que de l'étiquette, est coupable.

In vino veritas - L'affaire des vins de Bordeaux

Albin Michel

In vino veritas - L'Affaire des vins de Bordeaux - Envoi de l'auteur., l'affaire des vins de Bordeaux

57) CHAMPAGNE (2020-2021)

2020-2021 : le bilan de la brigade d’enquête vins et spiritueux (BEVS) en Champagne

4 janvier 2023

Le bilan des investigations en Champagne 2020-2021  menées par la brigade d’enquête vins et spiritueux (BEVS) a été publié fin décembre. Je vous le livre tel quel en n’oubliant pas que comme il est souligné dans ce rapport que « la majorité des contrôles ont permis de constater le respect de la réglementation ». 

 » Afin d’assurer la bonne information du consommateur et garantir la concurrence loyale entre les entreprises, la brigade d’enquête vins et spiritueux (BEVS) de la DGCCRF sillonne le vignoble champenois qui s’étend sur cinq départements dont la Marne et l’Aube (lire encadré), à la recherche de fraudes. Les contrôles sont effectués dans l’ensemble des entreprises impliquées dans la production de Champagne : vignerons, coopératives, négociants mais aussi fabricants de produits œnologiques, embouteilleurs, tonneliers, imprimeurs…

Le ciblage des entreprises s’effectue sur la base d’un travail de prospection réalisé par les enquêteurs (sites Internet, analyse de données…), via la transmission d’informations de la part des professionnels ou des autres administrations, et en tenant compte de l’historique de contrôle de chaque opérateur.

En 2020 et 2021, la BEVS a contrôlé 226 entreprises dans le bassin champenois. Si la majorité des contrôles ont permis de constater le respect de la réglementation (dans la filière vitivinicole française, de manière générale, environ 85 % des actions de contrôles aboutissent à un résultat satisfaisant), plusieurs infractions ont été constatées.

Trois principaux types de fraudes ont été relevés, liés à l’étiquetage, aux pratiques œnologiques et aux vendanges.

AOP, Grand cru… : les fraudes en matière d’étiquetage du Champagne

En matière d’étiquetage, les enquêteurs de la DGCCRF contrôlent l’ensemble des mentions figurant sur les bouteilles, mais également les documents commerciaux, sites Internet, etc.

  • Deux sociétés ont fait l’objet d’une lourde condamnation en 2021 en raison de la revendication de l’AOP « Champagne » sur des vins ne pouvant y prétendre. Le jugement, confirmé en appel puis en cassation, a donné lieu à la saisie de 158 000 flacons, plus de 800 hectolitres de vin en cuve (valeur : 2,1 millions d’euros) ainsi que les sommes créditées sur les comptes en banque des deux sociétés.

  • 10 opérateurs ont par ailleurs fait l’objet de procès-verbaux et d’injonctions administratives en raison de l’utilisation indue des mentions « Premier cru » et « Grand cru », qui impliquent une qualité supérieure précisément définie, sur des lots de vins ne pouvant y prétendre.

  • En outre, plusieurs non-conformités relatives à l’utilisation indue de la mention « domaine » ont été relevées. La mention valorisante « domaine » signifie en principe que les raisins sont récoltés sur les vignes du domaine et que la vinification y est réalisée. A titre d’exemple, un opérateur a fait l’objet d’un procès-verbal pour pratique commerciale trompeuse, car il se présentait comme un domaine familial mais achetait ses vins à une maison de négoce. Une transaction d’un montant de 60 000€ a été réglée par la société incriminée.

  • Plusieurs opérateurs ont également été sanctionnés pour avoir indument utilisé le logo « agriculture biologique » ou la mention « biologique » / « biodynamique ». A titre d’exemple, une maison de Champagne commercialisait des vins avec la mention « biodynamie » alors que ses produits ne pouvaient prétendre à une telle revendication. Cette société se présentait également comme une « maison de Champagne bio » alors que la majorité des produits commercialisés par ses soins n’étaient pas issus de l’agriculture biologique. Ces constatations ont donné lieu à l’établissement d’un procès-verbal pour pratique commerciale trompeuse. Une transaction de 150 000€ a été réglée par la société.

  • D’autres non-conformités comme l’usage indu des mentions « haute valeur environnemental », ou « brut », ou « extra brut », qui portent sur la sucrosité, ont fait l’objet d’avertissements ou d’injonctions administratives.

Fraudes lors de la vinification du Champagne

En matière de pratiques œnologiques, la BEVS contrôle l’ensemble des pratiques physiques et des produits œnologiques utilisés pour vinifier, élever et conserver le vin. Ces pratique et produits sont limitativement définis dans la réglementation européenne.

  • Deux procédures contentieuses ont été établies, à l’encontre d’une coopérative et d’un récoltant, pour non-respect du taux maximal de chaptalisation (ajout de sucre au moût avant la fermentation alcoolique). Pour la même raison, un autre opérateur a fait l’objet d’une procédure transactionnelle d’un montant de 8 000€, les volumes concernés étant faibles.

  • Pour un autre opérateur, 1 528 bouteilles ont par ailleurs été détruites par envoi aux usages industriels (distillation, vinaigrerie…) en raison d’un titre alcoométrique volumique inférieur au minimum fixé par le cahier des charges de l’AOC Champagne.

  • En outre, une procédure a abouti à la destruction volontaire de 1 089 bouteilles en raison du développement de divers mauvais goûts liés à la technique de vinification.

  • Les contrôles peuvent également concerner des opérateurs intervenant en appui de la vinification. Ainsi, un laboratoire d’analyse a fait l’objet d’un avertissement pour avoir établi des « certificats de pureté et de libre vente » concernant des vins falsifiés par ajout d’un colorant.

Fraude dans le pressurage des raisins

Lors des vendanges, les enquêteurs de la DGCCRF effectuent des contrôles visant à vérifier le rendement au pressurage des raisins, qui constitue une spécificité champenoise. En effet, alors que celui-ci n’est pas réglementé dans les autres vignobles, le cahier des charges de l’AOP Champagne prévoit que 160 kg de raisins sont nécessaire à la production d’1,02 hectolitre de moût.

  • Plusieurs injonctions administratives, établies à l’encontre d’opérateurs ne respectant pas ces dispositions règlementaires, ont abouti à la destruction de volumes excédentaires obtenus au-delà du rendement au pressurage.

  • En outre, lors de la vendange 2020, plus de 12 000 kg de raisins récoltés mécaniquement ont été déclassés car le cahier des charges de l’AOC Champagne interdit l’utilisation d’outils ne permettant pas la récolte de grappes de raisin entières.

  • Font également l’objet d’une attention particulière les obligations des opérateurs en matière de traçabilité, notamment relatives à l’origine géographique des raisins (noms de lieux-dits, Grand Cru ou Premier cru…). Plusieurs injonctions administratives ont donné lieu au déclassement en « Champagne » de vin indûment revendiqué en « Champagne Grand Cru » ou au déclassement en « vin sans indication géographique » de vin revendiqué en Champagne… « 


Source : https://lachampagnedesophieclaeys.fr/2020-2021-le-bilan-de-la-brigade-denquete-vins-et-spiritueux-bevs-en-champagne/

58) BORDEAUX (2023)

Justice : ils maquillaient du vin espagnol en grands vins de Bordeaux

Publié le 26/01/2023

Écrit par Cendrine Albo .

 


 

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a rendu un délibéré sévère dans cette affaire de fraude massive aux vins de Bordeaux. Condamnant les prévenus à plus d'un million d'euros d'amendes et pénalités fiscales. Deux prévenus écopent de prison ferme.

Les condamnations sont lourdes : plus d'un million d'euros d'amendes et de pénalités fiscales et jusqu'à un an de prison ferme dans cette affaire de vaste escroquerie aux vins de Bordeaux.

Combler un déficit de production

Les faits remontent aux années 2014 - 2016. À l'époque, en 2013 notamment, les rendements viticoles se sont avérés plus faibles que prévu. Ils ne permettaient pas de répondre à la demande. Plutôt que de perdre des marchés, certains ont préféré remplacer le vin manquant par du vin acheté en Espagne. 

 

Les cinq personnes condamnées ce jeudi ont permis d'acheminer près de 35 000 hectolitres de vin espagnol bas de gamme, à bord de 131 camions citernes. Soit l'équivalent de 4,6 millions de bouteilles. Certaines étaient revendues estampillées Margaux, St-Julien, St-Emilion ou Pomerol.

Les vrais responsables absents ?

Ce sont des commerciaux de maisons de négoce, un viticulteur et un transporteur qui viennent d'être condamnés dans cette affaire.

 

Leurs avocats dénoncent des peines extrêmement sévères alors même que les commanditaires n'ont pas été inquiétés. "À qui a profité le crime et le délit ?" interroge Maître Sophie Benayoun.


 

De son côté, Dominique Techer, porte-parole de la confédération paysanne et partie civile, regrette lui aussi que "certaines choses n'aient pas été élucidées". "Tout le monde sait comment ça se passait. 2013, 2014, ça manquait de vin. Des gens ont donné des ordres disant "tu me trouves du vin". C'est un secret de polichinelle. Et ces donneurs d'ordre n'ont pas été poursuivis dans ce procès.

Prison ferme et lourdes peines fiscales

Deux hommes, un courtier de Saint-Loubès et un commercial du négoce dans le blayais, ont écopé de deux ans de prison dont un ferme pour le premier et vingt mois de prison dont dix ferme pour le second. Des peines qu'ils purgeront à domicile, munis d'un bracelet électronique. Ils ont aussi interdiction d'exercer toute activité en lien avec le négoce du vin pendant cinq ans.

Les trois autres prévenus ont été condamnés à du sursis et/ou des peines d'amende. 

Au total, amendes, pénalités fiscales et dédommagements aux représentants de l'interprofession (fédération des grands vins de Bordeaux, fédération des négociants de Bordeaux et Libourne, conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux, confédération paysanne constitués parties civiles) s'élèvent, pour l'ensemble des condamnés, à plus d'un million d'euros.

Source : https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/justice-ils-maquillaient-du-vin-espagnol-en-grands-vins-de-bordeaux-2702290.html


 

 

 

 

Justice
1 million € de condamnations pour un passe-passe francisant 34 587 hl de vins espagnols

Poursuivies pour un vaste réseau de francisation et d’usurpation d’appellation dépassant 2 millions de cols et ayant généré 1,24 million € de bénéfices, 5 personnes viennent d’être condamnées sévèrement par le tribunal de Bordeaux.

Par Alexandre Abellan Le 26 janvier 2023

 

L

’un des plus vastes réseaux de fraude aux vins de Bordeaux de ces dernières années vient d’être condamné ce 26 janvier le Tribunal judiciaire de Bordeaux. Ne prenant en compte qu’une partie des exceptions de nullité soulevées par les avocats de la défense*, la présidente de la quatrième chambre correctionnelle, Marie-Elisabeth Boulnois, condamne lourdement les cinq membres d’un réseau actif de 2014 à 2016 pour la francisation de vins espagnols et l’usurpation d’appellations bordelaises entre Charente, Blaye et Médoc. Tirant partie de la petite récolte du millésime 2013, les cinq condamnés ont généré 1,252 million d’euros de bénéfice d’après les estimations des Douanes (voir encadré pour le mécanisme de fraude).

Interdiction d'exercer

S’ils ont gardé le silence lors de l’audience du 27 octobre dernier, pour protester contre les méthodes de l’enquête administrative qui les a ciblés, les prévenus ont eux-mêmes donné les clés du fonctionnement de leur réseau durant l’instruction. Leurs condamnations s’en ressentent, notamment pour les faits de tromperie sur la marchandise réalisés par Jean-Sébastien Laflèche, l’intermédiaire dans la francisation, et Michel Gilin, l’acheteur de vrac revendant les lots francisés. « En raison de la gravité des actes, la nature des faits, leurs durées, les quantités concernées et des condamnations précédentes », Jean-Sébastien Laflèche est condamné à deux ans d’emprisonnement (un avec sursis simple et un à domicile sous contrôle électronique), à la confiscation des biens et fonds pour 253 000 euros (via des saisies**) et l’interdiction d’exercer toute profession et/ou activité en lien avec le négoce du vin pendant cinq ans. Pour les mêmes motifs, Michel Gilin est condamné à 20 moins d’emprisonnement (10 mois avec sursis probatoire, 10 mois à domicile), une amende de 200 000 € et l’interdiction d’exercer dans le négoce du vin. Tous deux ayant « un rôle prépondérant » dans le réseau pour la magistrate (ils sont les seuls poursuivis pour tromperie).

Pour faux et circulations de marchandises sans document d’accompagnement Daniel Banchereau, l’acheteur charentais de vins espagnols, et Sylvie Bernard, assurant la logistique depuis la Charente, sont chacun condamnés à 8 mois d’emprisonnement avec sursis et 20 000 € d’amendes (dont 12 000 avec sursis). Pour infractions douanières, Fabien Figerou, le négociant mettant en bouteilles les vins frauduleux, est seulement condamné dans le cadre des circulations sans titres de transports. Sur ce dernier point, le tribunal valide 670 000 euros de pénalités partagées solidairement par les prévenus selon chaque circulation de vins. Concernant les parties civiles, seuls Jean-Sébastien Laflèche et Michel Gilin sont condamnés à verser 2 000 € de préjudice moral 500 € de frais de procédure aux cinq parties civiles (INAO, Confédération Paysanne, Fédération des Grands Vins de Bordeaux, Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux et Fédération des Négociants de Bordeaux et de Libourne). Au total, les condamnations pécuniaires prononcées dépassent 1,2 million €.

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-98545-1-million-de-condamnations-pour-un-passe-passe-francisant-34-587-hl-de-vins-espagnols.html


 

 

59) Faugères - Languedoc (mai 2022)

Fraude à l'AOP Faugères dans l'Hérault.

De un an à quatre mois de prison avec sursis pour les prévenus et de lourdes amendes.

 

Article du Midi Libre 14 mars 2022. L'AOP Faugères se bat contre la fraude.

Déjà,  en 2015,  2016 et 2017, la société L'enclave des Mas, SIREN : 483 427 035 domiciliée à Roquessels et présidée par M. Jacques CADENAT, avait eu l'honneur du Tribunal de Commerce de Béziers (commercialisation d'AOC Faugères sans présentation de déclaration de récolte).
https://www.societe.com/societe/enclave-des-mas-483427035.html

1. Tribunal de commerce de Béziers, 15 mai 2017, n° 2016007753
 

[…] Avocats […] […] M e OLIVIER REDON Avocat SCP RAYNAUD ET ASSOCIES Avocats 17, […] CONTRE : ENCLAVE DES MAS (SARL) 5, CHEMIN DE L'[…] Composition lors des débats en audience publique : Juge Délégué : M. Nicolas DAUDE Greffier : M e Emmanuelle MONESTIER

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https://www.doctrine.fr/d/TCOM/Beziers/2017/V6D195083D830CF65AEDC

2. Tribunal de commerce de Béziers, 11 juillet 2016, n° 2016003982
 

[…] ENTRE : STE LES X Y D'ALIBERT (SA) […] […] […] SCP RAYNAUD & ASSOCIES 17 BD […] ET : STE L'ENCLAVE DES MAS (SARL) 5, CHEMIN DE L'AIRE […] Composition lors des débats en audience publique : Juge Délégué : Mr Nicolas DAUDE Greffier : M e Emmanuelle MONESTIER PIQUET

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https://www.doctrine.fr/d/TCOM/Beziers/2016/VADB67A44AC2E92348931
 
3. Tribunal de commerce de Béziers, 13 avril 2015, n° 2014005389
 

[…] ME C D Mandataire Judiciaire à la Liquidation de la CAVE COOPERATIVE DE GABIAN 47, […] DEFENDEUR (S) : ENCLAVE DES MAS (SARL) 5, CHEMIN DE L'[…] COMPOSITION DU TRIBUNAL : L'affaire a été débattue le 23/02/2015 en audience publique devant le Tribunal composé de :

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https://www.doctrine.fr/d/TCOM/Beziers/2015/V78319885B854F87CCD12

 

Article du Midi libre du 10 mai 2022 - Fraude à l'AOP Faugères.

60) 1973-2023 : anniversaire

Rien n'a changé...

Accueil / Gens du vin / Il y a 50 ans naissait l’affaire des affaires de fraude aux vins de Bordeaux

Qui l’eut Cruse
Il y a 50 ans naissait l’affaire des affaires de fraude aux vins de Bordeaux

Marquant l'histoire de la place de Bordeaux depuis un demi-siècle, l’affaire Cruse reste avant tout la création frauduleuse de Pierre Bert, qui ne manquait pas d’imagination pour transformer un vin du Midi en cru bordelais, mais aussi pour défendre de la plus vibrante des façons un droit à la fraude. Pardon, "à l’assaisonnement".

Par Alexandre Abellan Le 22 juin 2023


 

L

e millésime 1973 ne compte pas parmi ceux ayant laissé un souvenir impérissable aux amateurs de vins de Bordeaux. Si ce n’est un goût de revanche, avec l’accession au statut de premier grand cru classé du château Mouton Rothschild. Mais aussi un goût amer, avec la saga judiciaire et médiatique de ce qui est devenu « l’affaire des vins de Bordeaux ». Défrayant la chronique internationale, du Monde au New York Times, cette fraude était hors-norme par son ampleur et son efficacité : transformant de février à juin 1973 des dizaines de milliers d’hectolitres de vins du Midi en appellations bordelaises, du Médoc comme de Saint-Émilion ou des Graves, pour un bénéfice estimé à 4 millions de francs (soit 4 millions € d’après l’INSEE). Le cerveau de cette opération de fraude massive était Pierre Bert, disparu en 2003, qui n’était pas peu fier de son idée pour produire à la demande n’importe quel vin rouge pendant le printemps 1973. Dans son livre In Vino Veritas (Albin Michel, 1975), Pierre Bert décrit par le menu un « mécanisme de la fraude relativement simple », avec un habile passe-passe entre les souches et les volets détachables de titres de transport des vins de l’époque.

Un tour permettant de changer la qualité d’un vin rouge de consommation courante à faible prix (utilisant une fiche d’acquit de couleur verte) en vin d’appellation trois à quatre fois plus cher (fiche blanche) grâce au déclassement inverse d’un vin blanc d’appellation bon marché en vin de consommation courante (ce qui cause une dévalorisation pour le vin blanc entre l’achat et la revente, mais moins importante que le bénéfice du subterfuge sur le rouge). En écrivant des choses différentes sur ces volets remis à l’administration (contributions indirectes et Institut National des Appellations d’Origine, INAO), des vins changeaient de classe selon les demandes sans même être déchargées par le camionneur (une fraude aux titres de transport encore utilisée récemment, des affaires Yanka Ferrer à Jean-Sébastien Laflèche). Estimant que la mise à jour du pot aux roses était « sinon impossible du moins hasardeuse », Pierre Bert se voit pourtant rattrapé par la patrouille le 22 juin 1973 : il y a 50 ans jour pour jour. Avec un contrôle des contributions indirectes, l’édifice s’écroule.

 

Crime sans victime

 

Ne cachant pas son dédain pour les contrôleurs qui ont progressivement mis à jour son système, Pierre Bert se pare de surprenantes vertus, défendant l’idée que son délit n’en était pas un. Au contraire, il aurait même servi la filière vin et ses consommateurs ! « Certain de ne mettre en circulation que des vins de qualité, je ne portais pas tort aux consommateurs ni même à mes clients. Gonflant mon chiffre d'affaires, je paierais davantage d'impôts, ce qui serait excellent pour la collectivité » écrit-il, ajoutant avec le même aplomb désarmant que « les producteurs de bordeaux ne pourraient pas non plus se plaindre étant donné qu'ils se trouvaient dans l'incapacité absolue d'approvisionner le marché, et que, dans une certaine mesure, assurant une continuité, je leur rendrais service. Les négociants du Midi auxquels j'allais m'adresser étaient naturellement ravis de me vendre leur marchandise, et les négociants de Bordeaux avec qui j'avais pris contact, de me l'acheter. C'était donc bien là un "crime" sans victime. La société elle-même y trouvait son compte, alors que la Morale ne coïnciderait cependant pas avec le Droit écrit. »

Le problème de Pierre Bert reste qu’il n’était pas dans le droit chemin, ni même dans celui de la morale. Se qualifiant de « gentleman fraudeur » pour se donner le beau rôle, il rejette donc l’idée d’une tromperie sur la marchandise, en parlant d’usages immémoriaux face aux déséquilibres économiques de la production de vin (voir encadré). « Curieusement, ce que l'on a appelé "l'Affaire des Vins de Bordeaux" a révélé au Grand Public des pratiques courantes dans le négoce, depuis que le monde est monde* » ajoute-t-il, citant aussi bien son grand père qui lui « apprend qu'il faut couper le vin blanc d'un soupçon de tilleul pour lui donner une jolie couleur dorée et qu'il préfère les additions de miel à celles de sucre », qu’un comptable lui révélant les pratiques du négoce de citernes menteuses, de vin de la lune, de chaptalisation, de coloration à l’œnocianine…

Source : https://www.vitisphere.com/actualite-99657-il-y-a-50-ans-naissait-laffaire-des-affaires-de-fraude-aux-vins-de-bordeaux.html

 

 

61) Champagne - 2023

Deux salariés, un ancien et un actuel accusent un vigneron de la Marne d’avoir produit près de deux millions de bouteilles de faux champagne. La Répression des fraudes est saisie. Le parquet de Reims envisage une enquête

 
 

Un vigneron de la Marne est soupçonné d’avoir produit du faux champagne par deux salariés, un ancien et un actuel. Ils accusent Didier Chopin – qui produit du champagne à Champlat-et-Boujacourt, dans la Marne, et du vin pétillant près de Soissons, dans l’Aisne – d’avoir importé des vins d’Ardèche ou encore d’Espagne pour y ajouter du CO2 et de la liqueur, et le faire passer pour du champagne, selon une information de l’Union.

Source : SudOuest.fr

62) Rappel : l'affaire Rodenstock

L'affaire Rodenstock : retour sur un scandale ayant ébranlé le monde du vin
À l’initiative d’une escroquerie sidérante, étrangement méconnue en France : Hardy Rodenstock a réussi pendant plus de vingt ans à tromper son monde. Retour sur une affaire étonnamment passée sous silence.
Par Agathe Pigneux
Publié le 02/11/2023
Source : https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o156890-l-affaire-rodenstock-retour-sur-un-scandale-ayant-ebranle-le-monde-du-vin

5 décembre 1985 : une vente aux enchères historique

C’est un jeudi, 14 h 30. Michael Broadbent, célèbre commissaire de la maison Christie’s, dégustateur averti décrivant les vins en dandy, avec les mots de la littérature et la sensibilité d’un séducteur, est sur le front. Nous sommes le 5 décembre 1985, soit le jour même où deux siècles plus tôt, James Christie organisa la première vente aux enchères de l’institution qui porte son nom. Cette année, plus que toute autre, l’histoire est au rendez-vous. Après avoir consulté un expert en verre ayant confirmé l’authenticité de la bouteille, correspondant bien à celles produites en France au siècle des Lumières, le commissaire-priseur intègre au catalogue la cuvée présentée par Rodenstock : un Château Lafite 1787, dont le propriétaire certifie qu'il a appartenu à Thomas Jefferson, troisième président de la récente histoire des États-Unis. 

Lot 337. Le plus vieux flacon jamais mis à l'encan est orné des initiales de celui qui contribua notamment à la rédaction de la Déclaration d’Indépendance de l’ancienne colonie britannique. Le goût affirmé pour les vins de Bordeaux du célèbre œnophile n’enlève rien au charme de l’histoire qui se pique même d’une certaine magie lorsque Rodenstock consent enfin à dévoiler l’origine de sa découverte. Selon le récit fragmentaire et sporadique de l'intéressé, la bouteille aurait été retrouvée à la faveur de l’abattage d’une cloison factice, située au sous-sol d’une maison parisienne. Derrière le mur démoli, une cave contenant des trésors, dont la fameuse cuvée Lafite. Si on admet qu’elle a été ainsi découverte, le récit de Rodenstock ne nous dit toujours pas comment elle lui échut. Toutefois, Thomas Jefferson ayant vécu à Paris entre 1784 et 1789 en qualité d’ambassadeur, l’affaire, aussi surprenante soit-elle, reste plausible. D’autant qu’au terme de ce séjour en France, Jefferson, rentré aux États-Unis, ne renonce pas aux vins bordelais qu’il se fait désormais livrer, en exigeant, dans une lettre datée de 1790, que les bouteilles soient estampillées de ses initiales, «Th.J.», sigle qui permet à Rodenstock de conforter sa version – celle que Broadbent est loin de remettre en question.

Un contexte historique qui sème le flou et consacre un «lot inestimable»

Au-delà de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale, l'Occupation nazie sur le sol français a également porté atteinte aux vignobles et aux caves : beaucoup de collections ont été pillées, d'autres ont été perdues. Aussi, dans ce contexte, il n'est pas improbable que Rodenstock ait tout simplement mis la main sur une collection restée cachée jusque-là. Selon ses dires, la cave parisienne dans laquelle il affirme avoir trouvé le Lafite 1787, comptait aussi un Château Yquem 1784 également mis à l’encan, et des cuvées de Château Mouton et Château Margaux. Malgré l'absence de preuve claire d'authenticité, Broadbent se laisse séduire. Il faut dire que proposer à la vente une pièce d’un tel prestige, qui n'est autre qu'un des plus rares millésimes de son château favori, donne envie d'y croire.

Au catalogue, le lot est déclaré «inestimable» car considéré comme «l’une des pièces les plus précieuses du monde». La mise à prix démarre à 12 000 $. Quelques minutes plus tard, Malcom Forbes, fondateur du célèbre magazine éponyme, remporte la mise. La bouteille est vendue 75 000 $, soit presque le double du record pour une adjudication de vin, établi l’année précédente, lors de la vente, non pas d’une bouteille de 75 cl., mais d’un jéroboam de Mouton Rothschild 1870, vendu 38 000 $. C’est dire la valeur de l’objet, et la réputation acquise dès lors par Rodenstock. Or, c'est bien connu, une réputation s'établit aussi difficilement qu'elle s'effondre en un instant. 

De la vente de 1985 aux ventes privées : la folie des grandeurs 

Faire parler de soi, cela peut être grisant. À l'instar de l'ivresse, c'est une véritable ligne de crête. D'un côté, l'envol, de l'autre, la chute. Mieux vaut être funambule pour ne pas tituber. Averti de la vente Christie's, Bill Koch, un magnat de l’industrie à la tête d’une entreprise de pétrole et amateur d'objets rares, se met en quête du propriétaire de la collection, dont deux bouteilles seulement avaient été mises en vente en 1985. Quelques mois plus tard, par le truchement de deux sociétés de négoce, Koch achète à Rodenstock quatre bouteilles estampillées «Th.J.» : un Brane Mouton 1784, un Brane Mouton 1787, un Lafite 1784 et un Lafite 1787. De quoi augmenter la côte de sa collection, évaluée à plusieurs centaines de millions d’euros.

Près de vingt ans s'écoulent. Rodenstock passe pour l'un des plus fins connaisseurs de vins au monde, et organise des dégustations, où de Robert Parker à Serena Sutcliffe, critiques et spécialistes reconnues se pressent. Or,  voici que le destin s'en mêle. Bill Koch est contacté pour présenter ses pièces au public, et en 2005, le Boston Museum of Fine Arts s’attelle à la préparation de l’exposition. Il faut donc tout à coup s’assurer que les fameuses bouteilles «Th.J.» ont bel et bien appartenu à l'ancien président. Jusque-là, la seule preuve n’est autre que l’authentification rapide de Broadbent lors de la vente de 1985. Les commissaires d'exposition prennent alors contact avec la fondation Thomas Jefferson, établie sur la propriété de l'ancien président, à Monticello, en Virginie. Le constat est sans appel. Susan Stein, curatrice de la fondation, affirme au nom de l’institution «qu’elle ne croit pas que les bouteilles aient appartenu à Thomas Jefferson». Aïe. 

La naissance du soupçon 

Alors qu’il avait exigé que les bouteilles proviennent de la collection authentifiée par Broadbent, Koch découvre qu’il a été trompé. En réalité, les bouteilles que Rodenstock lui a vendues en lui assurant qu'elles avaient été découvertes en même temps que le Lafite 1787, ont été acquises après la fameuse vente, celle qui l'a fait connaître. C'est dans les mois qui ont suivi qu'il entre en contact avec un homme dont il n’a jamais dévoilé l’identité et qui lui propose alors de lui vendre une caisse de six bouteilles exceptionnelles, dont les fameuses cuvées revendues ensuite à Koch. «Un simple coup de chance» selon le malfaiteur, une fraude inadmissible aux yeux de Koch, qui exige, non seulement d'obtenir une réparation financière, mais surtout que le coupable soit puni. Ainsi commence l’enquête du FBI, dont Patrick Radden Keeffe consigne les éléments les plus décisifs dans un reportage exhaustif de l’affaire, paru dans The New Yorker en 2007, soit deux ans après que le FBI a commencé ses investigations.

Les débuts de l'investigation 

La première chose que découvrent les agents en charge de l'enquête, c'est que les doutes sur le fait que les millésimes 1787 revendues par Rodenstock aient réellement appartenu à Thomas Jefferson ne concernent pas seulement les cuvées vendues à Koch. Un mois avant la vente de 1985, Michael Broadbent avait été informé par courrier du scepticisme exprimé par une spécialiste de la vie privée de l’ancien président, dont elle a, 15 années durant, étudié toute la correspondance, les archives et les factures de transactions viticoles. Dans une lettre adressée au commissaire de Christie’s, Cinder Goodwin affirme «que parmi tous les reçus d’importations de vins français, aucun ne mentionne de millésimes 1787», tout en ajoutant que les initiales gravées sur les bouteilles semblaient contrefaites, car, dans sa correspondance, Jefferson signait «Th:J.» et non pas «Th.J.». Le diable se cache dans les détails, et Michael Broadbent, trop occupé à prendre des vessies pour des lanternes, n’a manifestement pas voulu les voir. Aurait-il été aveuglé par sa passion pour les découvertes les plus rares, son goût des millésimes du XVIIIe siècle, son affection particulière pour Lafite et son intérêt moindre pour son supposé possesseur ? Qu’importe. Bien qu’il se soit défendu d’avoir sciemment orchestré la fraude, sa responsabilité est évidemment engagée. D’autant que dans le sillage impertinent tracé par les lettres grossières de Rodenstock adressant à Cinder Goodwin des accusations en illégitimité, Broadbent a eu l’aplomb de discréditer les preuves matérielles récoltées par la chercheure, sous couvert d’expérience sensible, gageant que la qualité des vins dégustés était une preuve éloquente de l’âge du vin – c'est vrai qu'il est bien connu que la dégustation est un exercice qui ne laisse aucune place au doute.

Qu’à cela ne tienne, la mauvaise foi est l’arme favorite des coupables et elle attise le soupçon. D’une visite en Allemagne sur le lieu de naissance de Rodenstock, les enquêteurs rapportent un élément décisif : la double identité d’Hardy Rodenstock, de son vrai nom Meinhard Görke. Cela confirme ce qu’on ne dira jamais assez ; à savoir, que la distinction jungienne entre la «persona» et le «moi» est encore peut-être l’une des plus grandes dialectiques de la psychanalyse, et partant, de la compréhension du profil psychologique d’un être, qui dans le cas de Rodenstock, interroge largement.

Les conclusions de l'enquête

À l’instar du plus grand faussaire de grands vins, Rudy Kurniawan, Rodenstock était réputé pour ses qualités exceptionnelles de connaisseur et de dégustateur. De là à soupçonner qu’il ait pu les mettre au service de la production de vins contrefaits, il n’y a qu’un pas que les investigateurs n’ont pas hésité à franchir. Il faut dire que dans la valse des contrefaçons de vin, le faussaire mène la danse et il est difficile à suivre. D’abord, beaucoup des cuvées prestigieuses copiées sont vendues à des collectionneurs, dont l’art de la conservation et de la garde prime sur celui de la dégustation. Aussi, plusieurs années, voire plusieurs décennies, peuvent s’écouler avant que le vin contrefait ne soit goûté. Or, n’en déplaise à Michael Broadbent, la dégustation étant un exercice où la certitude laisse place à l’expérience, voire à l’ineffable, il est très difficile d'affirmer de manière absolue que son étiquette a été contrefaite.  Et ce, d'autant plus lorsque le vin a été prétendument mis en bouteille il y a plus de 250 ans, et que sa rareté offre peu d'éléments de comparaison.

Ainsi, pour démasquer un faussaire, il convient davantage de regarder du côté des faits et de l’Histoire. Rudy Kurniawan ne saurait dire le contraire, puisque c’est à un anachronisme que ses fausses cuvées doivent d’avoir été démasquées – en 2006, il avait soumis à l’encan des Clos Saint-Denis du Domaine Ponsot datées de 1945 à 1972, alors que cette cuvée n’a été produite qu’à partir de 1982. Malgré la difficulté de prouver la fraude, le commissaire en charge de l’affaire, Jim Elroy, convaincu de tenir là un escroc, refuse de déposer les armes. Après les preuves récoltées à Monticello, puis en Allemagne, il décide d'élargir son enquête et rend notamment visite à de nombreux chimistes et oenologues, dans l'espoir d'en apprendre davantage sur la qualité du vin.

Désappointé par l’impossibilité de dater scientifiquement l’âge du nectar, il décide de miser, non plus sur le contenu, mais sur le contenant. Comme l’agent Dale dans Twin Peaks, c’est une intuition qui le met enfin sur la bonne piste. En s’offrant les services d’un retraité du FBI, ancien expert en analyse des outils, Elroy cherche à déterminer quelle méthode de gravure a été utilisée pour accoler les initiales sur l’étiquette. Au XVIIIe siècle, on utilisait des pièces circulaires en cuivre, et un tel outil produisait des lettres relativement fines et assez difformes, semblables à celles qu’esquisse un stylo plume. Or, sur les bouteilles vendues par Rodenstock, les initiales n’avaient ni l’inclinaison propre à la gravure dix-huitièmiste, ni la légère difformité attendue du stylo à encre. L’expert conclut donc à l’impossibilité d’une gravure authentique et suggère même que celle contrefaite par le faussaire a été réalisée à l’aide d’une fraise dentaire ou d’un outil Dremel. Elroy ne perd pas de temps à spéculer, et s’en remet à la démonstration empirique. Elle ne laisse aucun doute quant au fait que la gravure est bien l’œuvre d’un graveur contemporain, donc d’un escroc. Les pièces sont réunies, et Bill Koch dépose plainte le 31 août 2006 contre Rodenstock, reconnu comme le chef d'orchestre d'une partition que les premiers violons, les sociétés de négoce Chicago Wine Company et Farr Vintners, clament avoir interprété sans savoir que le compositeur était un usurpateur. De toute façon, ce ne sont pas eux qui intéresse le collectionneur multimilliardaire, qui cherche à faire tomber l'instigateur, et non pas les intermédiaires.

La culpabilité avérée d'un escroc jamais condamné 

Juste avant de déposer plainte contre l'escroc, qui alors, n'est pas au fait des soupçons de son ancien client, Bill Koch lui tend un piège. Prétextant vouloir converser avec un spécialiste des flacons rares, il invite celui qui l'a dupé à venir le rencontrer autour d'un verre. Son invitation reste lettre morte, ce qui ne fait que renforcer la conviction du collectionneur : Rodentsock est coupable. Dans le même temps, il charge ses avocats d'adresser au suspect un courrier lui demandant à nouveau de certifier l'authenticité des initiales de Jefferson. Ignorant avoir été découvert, Rodenstock s'enfonce dans son mensonge.

Une fois averti de la plainte, il refuse de comparaître au procès. Aussi, en 2010, c'est par un arrêt par défaut que la cour de Manhattan donne raison au plaignant. Après avoir gagné plus d'une dizaine de millions de dollars pendant plus de trente ans, l'homme qui fût également dénoncé par Serena Sutcliffe pour avoir organisé une fausse dégustation de cuvées impériales Petrus – le millésime 1921 servi alors n’avait jamais été mise en bouteilles au format six litres – s'en sort légalement indemne, bien que reconnu coupable de fraude. Bill Koch, qui aura dépensé plus de 12 millions de frais d'investigations, ne sera donc pas parvenu à obtenir juridiquement gain de cause. Toutefois, sur le terrain de la morale, il restera le héros d'une croisade de plusieurs années, durant laquelle il ne se sera battu ni pour l'argent ni contre un homme, mais contre le mensonge et pour la vérité. De ce côté, justice est faite. Benjamin Wallace, journaliste américain, a consacré une somme dénonçant l'imposteur : The Billionaire's Vinegar, ouvrage paru en 2014, au sujet duquel il se murmure qu'il devrait être adapté au cinéma. À l'heure où les rumeurs d'un retour aux affaires de Rudy Kurniawan circulent, il serait bienvenu de rappeler combien l'expertise d'un vin est une affaire sensible. 

Source : https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o156890-l-affaire-rodenstock-retour-sur-un-scandale-ayant-ebranle-le-monde-du-vin

63) Rappel : cinq arnaques du monde du vin

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Publié par Henri - dans histoire viticulture